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VOYAGE DANS LES RÉGIONS ARCTIQUES.

il y avait en outre, du côté de la terre et un peu à l’écart, un homme qui paraissait assis dans un traîneau. J’envoyai alors le matelot qui m’accompagnait, chercher le commandant Ross ainsi que quelques hommes, avec ordre à ces derniers de se tenir un peu en arrière de lui. Je poursuivis mon chemin seul jusqu’à environ cent cinquante pas des étrangers ; chacun d’eux était armé d’une lance et d’un couteau, mais je ne leur vis ni arcs ni flèches.

« Sachant que les diverses tribus d’Esquimaux, lorsqu’elles se rencontrent, se saluent par les mots de Tima, Tima, je m’adressai à eux dans leur langue, et j’eus aussitôt pour réponse un cri général ; l’homme isolé de la troupe s’en rapprocha aussitôt et se mit en avant des rangs. Ayant été rejoint en ce moment par les hommes que j’avais demandés, nous nous avançâmes jusqu’à la distance de quatre-vingts pas, et nous jetâmes nos fusils en criant : Aja, Tima, sachant que tel est l’usage lorsqu’on veut ouvrir des communications amicales avec ces peuplades. Là-dessus, ils jetèrent en l’air leurs lances et leurs couteaux dans toutes les directions en criant aja, et écartant leurs bras pour montrer qu’ils étaient sans armes. Cependant, comme ils ne bougeaient pas de place, nous nous approchâmes et embrassâmes successivement tous les hommes du premier rang en frappant sur leurs vêtemens, cérémonial d’amitié qui nous fut rendu aussitôt. Ceci parut leur faire un vif plaisir, à en juger par leurs éclats de rire et leurs clameurs, accompagnés des gestes les plus étranges Nous nous trouvâmes ainsi et sans la moindre hésitation en possession de leur confiance la plus entière.

« L’expérience du commandant Ross nous fut ici d’un grand secours ; nos nouveaux amis, ayant appris que nous étions Européens (Kabluna), nous firent savoir, en retour qu’ils étaient des Innuit. Ils étaient au nombre de trente-un ; le plus vieux qui s’appelait Illicta, était âgé de soixante-cinq ans ; six autres paraissaient en avoir de quarante à cinquante, et vingt de trente à quarante ; le reste se composait de jeunes gens ; deux étaient boiteux, et leurs compagnons les voituraient avec un vieillard dans des traîneaux ; l’un avait eu la jambe emportée par un ours, à ce que nous apprîmes, et l’autre s’était brisé ou mutilé une cuisse. Ils étaient tous pourvus de doubles vêtemens, faits, pour la plupart, d’excellentes peaux de daim ; celui de dessus entourait exactement le corps depuis le menton jusqu’au milieu des cuisses, et se terminait en arrière par une pointe assez semblable aux basques des habits militaires d’autrefois ; les manches recouvraient les doigts. Des deux peaux qui composaient ce vêtement, l’une, celle de dessous, avait le poil tourné en dedans, tandis que l’autre était en sens inverse. Ils avaient deux paires de