« Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, III.djvu/137 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
AkBot (discussion | contributions)
Pywikibot touch edit
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
En-tête (noinclude) :En-tête (noinclude) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{numérotation|<center>{{Sc|le plan de guerre.}}</center>|134|}}
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
été dans les expéditions des Tartares et que la bourgeoisie, si ce n’est le peuple lui-même, avait pris une si grande part à la direction des affaires dans les anciennes républiques et an moyen âge, au XVIII<sup>e</sup> siècle la nation ne pouvait exercer d’influence sur la guerre que par ses qualités ou par ses défauts.
été dans les expéditions des Tartares et que la bourgeoisie, si ce n’est le peuple lui-même, avait pris une si grande part à la direction des affaires dans les anciennes républiques et au moyen âge, au {{s|XVIII}} la nation ne pouvait exercer d’influence sur la guerre que par ses qualités ou par ses défauts.


C’est ainsi que le gouvernement s’isolant de plus en plus de la nation et en arrivant à se considérer lui-même comme l’État, la guerre devint exclusivement une affaire de gouvernement. On y procédait au moyen des êcus que l’on tirait des caisses publiques et des vagabonds que l’on enrôlait chez soi ou dans les pays voisins. Il en résulta que les moyens auxquels on pouvait recourir étaient assez limités, aussi bien dans leur valeur intrinsèque que comme durée, et que, de part et d’autre, il était facile de les apprécier. La guerre perdait ainsi ce qu’elle a de plus redoutable, la tendance aux efforts extrêmes et toute la série des événements imprévus que ces efforts peuvent produire.
C’est ainsi que le gouvernement s’isolant de plus en plus de la nation et en arrivant à se considérer lui-même comme l’État, la guerre devint exclusivement une affaire de gouvernement. On y procédait au moyen des écus que l’on tirait des caisses publiques et des vagabonds que l’on enrôlait chez soi ou dans les pays voisins. Il en résulta que les moyens auxquels on pouvait recourir étaient assez limités, aussi bien dans leur valeur intrinsèque que comme durée, et que, de part et d’autre, il était facile de les apprécier. La guerre perdait ainsi ce qu’elle a de plus redoutable, la tendance aux efforts extrêmes et toute la série des événements imprévus que ces efforts peuvent produire.


On avait des données à peu près certaines sur le trésor, les ressources et le crédit de son adversaire ; on connaissait l’effectif de ses forces et l’on savait n’avoir à redouter aucune augmentation considérable de ses moyens pendant la guerre même. On pouvait ainsi apprécier quelle serait la limite de ses efforts, et, en comparant cette limite à celle où l’on savait pouvoir soi-même porter les siens, on en arrivait à se fixer un but moyen strictement suffisant. Se sentant dès lors à l’abri des extrêmes, on n’avait plus besoin d’y recourir pour y parer, et, par suite, l’énergie et l’ambition eussent seules été capables d’y porter si ces mobiles n’eussent trouvé des contre-poids puissants dans les relations et les intérêts politiques des différents États. Les souverains eux-mêmes ne maniaient l’instrument de guerre qu’avec circonspection. Hors de l’armée, en
On avait des données à peu près certaines sur le trésor, les ressources et le crédit de son adversaire ; on connaissait l’effectif de ses forces et l’on savait n’avoir à redouter aucune augmentation considérable de ses moyens pendant la guerre même. On pouvait ainsi apprécier quelle serait la limite de ses efforts, et, en comparant cette limite à celle où l’on savait pouvoir soi-même porter les siens, on en arrivait à se fixer un but moyen strictement suffisant. Se sentant dès lors à l’abri des extrêmes, on n’avait plus besoin d’y recourir pour y parer, et, par suite, l’énergie et l’ambition eussent seules été capables d’y porter si ces mobiles n’eussent trouvé des contre-poids puissants dans les relations et les intérêts politiques des différents États. Les souverains eux-mêmes ne maniaient l’instrument de guerre qu’avec circonspection. Hors de l’armée, en

Version du 14 avril 2021 à 16:00

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
134
le plan de guerre.

été dans les expéditions des Tartares et que la bourgeoisie, si ce n’est le peuple lui-même, avait pris une si grande part à la direction des affaires dans les anciennes républiques et au moyen âge, au XVIIIe siècle la nation ne pouvait exercer d’influence sur la guerre que par ses qualités ou par ses défauts.

C’est ainsi que le gouvernement s’isolant de plus en plus de la nation et en arrivant à se considérer lui-même comme l’État, la guerre devint exclusivement une affaire de gouvernement. On y procédait au moyen des écus que l’on tirait des caisses publiques et des vagabonds que l’on enrôlait chez soi ou dans les pays voisins. Il en résulta que les moyens auxquels on pouvait recourir étaient assez limités, aussi bien dans leur valeur intrinsèque que comme durée, et que, de part et d’autre, il était facile de les apprécier. La guerre perdait ainsi ce qu’elle a de plus redoutable, la tendance aux efforts extrêmes et toute la série des événements imprévus que ces efforts peuvent produire.

On avait des données à peu près certaines sur le trésor, les ressources et le crédit de son adversaire ; on connaissait l’effectif de ses forces et l’on savait n’avoir à redouter aucune augmentation considérable de ses moyens pendant la guerre même. On pouvait ainsi apprécier quelle serait la limite de ses efforts, et, en comparant cette limite à celle où l’on savait pouvoir soi-même porter les siens, on en arrivait à se fixer un but moyen strictement suffisant. Se sentant dès lors à l’abri des extrêmes, on n’avait plus besoin d’y recourir pour y parer, et, par suite, l’énergie et l’ambition eussent seules été capables d’y porter si ces mobiles n’eussent trouvé des contre-poids puissants dans les relations et les intérêts politiques des différents États. Les souverains eux-mêmes ne maniaient l’instrument de guerre qu’avec circonspection. Hors de l’armée, en