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« Page:Nietzsche - Aurore.djvu/121 » : différence entre les versions

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{{sc|Pour l’histoire naturelle du devoir et du droit}}. — Nos devoirs — ce sont les droits que les autres ont sur nous. Comment les ont-ils acquis ? Par le fait qu’ils nous considérèrent comme capables de conclure des engagements et de les tenir, qu’ils nous tinrent pour leurs égaux et leurs semblables, qu’en conséquence ils nous ont confié quelque chose, ils nous ont éduqués, instruits et soutenus. Nous remplissons notre devoir — c’est-à-dire que nous justifions cette idée de notre puissance, l’idée qui nous a valu tout le bien que l’on nous fait, nous rendons dans la mesure où l’on nous a donné. C’est donc notre fierté qui nous ordonne de faire notre devoir, — nous voulons rétablir notre autonomie, en opposant à ce que d’autres firent pour nous quelque chose que nous faisons pour eux, — car les autres ont empiété sur l’étendue de notre pouvoir et y laisseraient la main d’une façon durable, si par le « devoir » nous n’usions de représailles, c’est-à-dire si nous n’empiétions sur leur pouvoir à eux. Ce n’est que sur ce qui est en notre pouvoir que les droits des autres peuvent se rapporter ; ce serait déraisonnable de quelqu’un de nous demander quelque chose qui ne nous appartînt pas. Il faudrait dire plus exactement : seulement sur ce qu’ils croient être en notre pouvoir, en admettant que ce soit la même chose que ce que nous considérons nous-mêmes comme étant en notre pouvoir. La même erreur pourrait facilement
{{sc|Pour l’histoire naturelle du devoir et du
droit}}. — Nos devoirs — ce sont les droits que les
autres ont sur nous. Comment les ont-ils acquis ?
Par le fait qu’ils nous considérèrent comme
capables de conclure des engagements et de les tenir,
qu’ils nous tinrent pour leurs égaux et leurs
semblables, qu’en conséquence ils nous ont confié
quelque chose, ils nous ont éduqués, instruits
et soutenus. Nous remplissons notre devoir —
c’est-à-dire que nous justifions cette idée de notre
puissance, l’idée qui nous a valu tout le bien
que l’on nous fait, nous rendons dans la mesure
où l’on nous a donné. C’est donc notre fierté qui
nous ordonne de faire notre devoir, — nous
voulons rétablir notre autonomie, en opposant à ce que
d’autres firent pour nous quelque chose que nous
faisons pour eux, — car les autres ont empiété sur
l’étendue de notre pouvoir et y laisseraient la main
d’une façon durable, si par le « devoir » nous
n’usions de représailles, c’est-à-dire si nous
n’empiétions sur leur pouvoir à eux. Ce n’est que sur ce qui
est en notre pouvoir que les droits des autres
peuvent se rapporter ; ce serait déraisonnable de
quelqu’un de nous demander quelque chose qui ne nous
appartînt pas. Il faudrait dire plus exactement :
seulement sur ce qu’ils croient être en notre pouvoir,
en admettant que ce soit la même chose que ce que
nous considérons nous-mêmes comme étant en
notre pouvoir. La même erreur pourrait facilement

Version du 17 août 2021 à 19:38

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AURORE

112.

Pour l’histoire naturelle du devoir et du droit. — Nos devoirs — ce sont les droits que les autres ont sur nous. Comment les ont-ils acquis ? Par le fait qu’ils nous considérèrent comme capables de conclure des engagements et de les tenir, qu’ils nous tinrent pour leurs égaux et leurs semblables, qu’en conséquence ils nous ont confié quelque chose, ils nous ont éduqués, instruits et soutenus. Nous remplissons notre devoir — c’est-à-dire que nous justifions cette idée de notre puissance, l’idée qui nous a valu tout le bien que l’on nous fait, nous rendons dans la mesure où l’on nous a donné. C’est donc notre fierté qui nous ordonne de faire notre devoir, — nous voulons rétablir notre autonomie, en opposant à ce que d’autres firent pour nous quelque chose que nous faisons pour eux, — car les autres ont empiété sur l’étendue de notre pouvoir et y laisseraient la main d’une façon durable, si par le « devoir » nous n’usions de représailles, c’est-à-dire si nous n’empiétions sur leur pouvoir à eux. Ce n’est que sur ce qui est en notre pouvoir que les droits des autres peuvent se rapporter ; ce serait déraisonnable de quelqu’un de nous demander quelque chose qui ne nous appartînt pas. Il faudrait dire plus exactement : seulement sur ce qu’ils croient être en notre pouvoir, en admettant que ce soit la même chose que ce que nous considérons nous-mêmes comme étant en notre pouvoir. La même erreur pourrait facilement