« Chansons posthumes de Pierre-Jean de Béranger/L’Officier » : différence entre les versions

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Version du 17 mars 2012 à 15:24


L’OFFICIER



— Voilà les hussards ; viens, Rosette ;
Devant la porte ils vont passer.
Ma sœur, viens ; j’entends la trompette ;
Tiens ! tiens ! les vois-tu s’avancer ?
Combien de brillants jeunes hommes !
Qu’ils laissent d’amours à Paris !
Nous, paysannes que nous sommes,
N’aurons point de si beaux maris !


Devant Rose, brune élancée,
Un jeune officier passe alors :
— Amis, voilà ma fiancée ;
Comptez, dit-il, tous ses trésors :
Œil vif, teint rosé, fine taille.
Oui, dans un an, à pareil jour.
Je l’épouse, si la mitraille
Permet de vivre à mon amour.

Ces mots d’un fou, dits au passage,
Tu les entends, car tu rougis,
Rose, et, sans rien voir davantage,
Tu rentres rêveuse au logis.
Depuis, Rose à part soi répète
Ces mots qui lui semblent si doux ;
Et, chaque soir, sur sa couchette,
Pour l’officier prie à genoux.

Un an de rêves ainsi passe.
Le jour qu’il fixa brille enfin.
L’aube entrevoit Rose qui lace
Pour lui son corset le plus fin.
N’entend-on pas quelque bruit d’arme ?
Elle écoute, sort, rentre, sort ;
Attend, attend, et, toute en larmes,
À minuit s’écrie : — Il est mort !