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Dans mon pauvre pays, je crus avoir rêvé. |
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Version du 12 décembre 2013 à 11:35
Il en est parmi vous qui sont pères ! Mais moi
Je ne l’avais jamais été ! — Si votre Roi
Savait ce que l’on souffre, il prendrait le cilice !
J’étais père !… j’étais père ! Chacun m’entend !
Et je devais mourir sans le voir, lui, pourtant ! —
Je tombai net, j’avais épuisé le calice.
Quand je repris mes sens, je vis le vieux Badois
À mes côtés. — « Va-c’en, me dit-il, tu le dois !
« Fais plus que ton devoir, jeune homme, pour le faire !
« Tu méritais ma fille : elle est veuve, c’est bien.
« Mérite ta patrie à présent ! — Citoyen,
« Venge-la, c’est ton droit, — et je te le confère. »
Je partis dans la nuit. Mais lorsque j’arrivai
Dans mon pauvre pays, je crus avoir rêvé.
Des cadavres blêmis pourrissaient dans la boue ;
Des chevaux éventrés craquaient sous des caissons,
Et des chemins affreux s’ouvraient dans les moissons
Au sein des épis mûrs qu’avait fauchés la roue !…