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{{AN|{{sc|Keller}}, <small>employant toujours le dialecte alsacien</small>. — Citoyens ! Comment pouvez-vous vous exprimer d’une façon aussi obscure ! Vous oubliez donc que l’Europe entière a les yeux fixés sur nous ! Ce n’est pas le tout de jouer la comédie ! Il faut que les Allemands la comprenne et qu’ils sachent bien que nous, Alsaciens, nous sommes des Français enthousiastes.}} |
{{AN|{{sc|Keller}}, <small>employant toujours le dialecte alsacien</small>. — Citoyens ! Comment pouvez-vous vous exprimer d’une façon aussi obscure ! Vous oubliez donc que l’Europe entière a les yeux fixés sur nous ! Ce n’est pas le tout de jouer la comédie ! Il faut que les Allemands la comprenne et qu’ils sachent bien que nous, Alsaciens, nous sommes des Français enthousiastes.}} |
Version du 24 mars 2016 à 09:43
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Victor Hugo. — Ah ! Ah ! pour un romantique ce n’est pas très classique.
Mottu. — Répétons.
Le Chœur, sans enthousiasme et avec force grimaces. — Ciel ! Croix ! Tonnerre ! Sacrelot !
Mottu. — Bien ! Serrez vos rangs ! Marchons sur Metz !
Mottu. — Où est le Lorrain ?
Keller. — Le voici.
Mottu. — Thionvillier ! Jurez en Lorrain !
Diedenhofer. — Grêle ! Bombes ! Boum…
Hugo, retirant sa tête. — De mieux en mieux !
Mottu. — Répétons.
Mottu. — Citoyens grenadiers ! imprimez-vous bien ce que vous venez de jurer, c’est-à-dire : de défendre ces deux villes jusqu’à la dernière goutte de votre sang, et de ne jamais souffrir qu’une seule pierre en soit prise par l’ennemi barbare.
Diedenhofer. — Faut-il aussi chanter un petit air ?
Mottu. — Assez de chants frivoles, la situation est trop sérieuse. Dansons autour de l’autel de la République.
- Le chœur se dirige vers l’autel et se livre aux ébats d’une ronde guerrière, interrompue, de temps à autre, pour exécuter le cancan en chantant : République ! République ! blique ! blique !
Mottu. — Attention ! maintenant, entrons en conseil de guerre.
Keller, employant toujours le dialecte alsacien. — Citoyens ! Comment pouvez-vous vous exprimer d’une façon aussi obscure ! Vous oubliez donc que l’Europe entière a les yeux fixés sur nous ! Ce n’est pas le tout de jouer la comédie ! Il faut que les Allemands la comprenne et qu’ils sachent bien que nous, Alsaciens, nous sommes des Français enthousiastes.
Lefèvre. — Pas si bête ! Vraiment, nous avons les allemands pour public !
Dollfus. — Quant à moi, je ne saurais plus deutsch spreken.
Diedenhofer. — On s’y fera.
Mottu. — Bien ! Bien ! pour des allemands !
Hugo. — Ah ! c’en est trop ! Mon âme se brise ! Mais je suis forcé de reconnaître combien j’illumine et inspire tout !
Le Chœur. — On a appelé… Une voix gémit au fond de l’égout.
Hugo, essayant de sortir du trou. — C’est moi, Victor ! Victor ! Vous ne me reconnaissez pas ?
Les Voix, dans le fond de l’égout. — Reste ici, ne sors pas !
Hugo. — Ô Fatalité !