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348 · ntsonnncriox
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lors, les conséquences qui en résultaient. Une fois par
semaine, pour se conformer au règlement, le vieux
général faisait le tour de toutes les cellules, et deman
dait aux prisonniers s’ils n'avaient pas quelque requête
a lui présenter. Les prisonniers, souvent, lui présentaient
des requêtes : il les écoutait tranquillement, sans rien
répondre; et jamais il n’en tenait aucun compte, sachant ”
d’avance que toutes ces requêtes demandaient des choses .
qui n’étaient pas d‘accord avec le règlement.
Au moment ou Nekhludov se présenta chez le vieux ‘
général, celui—ci était assis dans un petit salon dont toutes ,
les fenêtres avaient leurs rideaux baissés, de façon qu'on
s’y trouvait en pleine obscurité. Il était occupé à faire
tourner un guéridon, en compagnie d’un jeune peintre, j
frère d’un de ses subordonnés. Les doigts minces et
fréles du jeune artiste s’entremèlaient aux doigts épais, l
ridés, en partie ossifiés, du vieux général. Le guéridon
était en train de répondre a une question posée par le
général, et qui consistait à savoir si les âmes se recon-
naissaient l’une l’autre, après la mort.
C’était l’àme de Jeanne d’Arc qui parlait, ce jour-là,
par l’intermédiaire du guéridon. Elle venait déjà de dire:
« Les âmes se reconnaissent », et elle avait commencé a .
dicter le mot suivant lorsque, soudain, elle s’était arré- ,
tée. Elle avait dicté, du mot suivant, les trois premières
lettres, un p, un 0, et un s. Et elle s’était arrêtée, en
réalité, parce que le général aurait voulu que la lettre
suivante fût un Z, tandis que l’artiste désirait que ce fût
un v. Le général voulait que Jeanne d’Arc dit que les
âmes se reconnaissaient après (pos'!) leur purification; «
l’artiste désirait faire dire par Jeanne d’Arc que les âmes
se reconnaissaient d’après la lumière (po svitu) qui se l
dégageait d’elles.
Le général, fronçant d’un air maussade ses énormes
sourcils blancs, considérait fixement ses mains, espé-
rant toujours que le guéridon allait se décider à écrire
un Z; l’artiste, le visage tourné vers le coin de la pièce
imprimait machinalement a ses lèvres le mouvement
nécessaire pour prononcer lalettre v. C’est sur ces entre- N

Version du 3 décembre 2008 à 14:03

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348 · ntsonnncriox lors, les conséquences qui en résultaient. Une fois par semaine, pour se conformer au règlement, le vieux général faisait le tour de toutes les cellules, et deman dait aux prisonniers s’ils n'avaient pas quelque requête a lui présenter. Les prisonniers, souvent, lui présentaient des requêtes : il les écoutait tranquillement, sans rien répondre; et jamais il n’en tenait aucun compte, sachant ” d’avance que toutes ces requêtes demandaient des choses . qui n’étaient pas d‘accord avec le règlement. Au moment ou Nekhludov se présenta chez le vieux ‘ général, celui—ci était assis dans un petit salon dont toutes , les fenêtres avaient leurs rideaux baissés, de façon qu'on s’y trouvait en pleine obscurité. Il était occupé à faire tourner un guéridon, en compagnie d’un jeune peintre, j frère d’un de ses subordonnés. Les doigts minces et fréles du jeune artiste s’entremèlaient aux doigts épais, l ridés, en partie ossifiés, du vieux général. Le guéridon était en train de répondre a une question posée par le général, et qui consistait à savoir si les âmes se recon- naissaient l’une l’autre, après la mort. C’était l’àme de Jeanne d’Arc qui parlait, ce jour-là, par l’intermédiaire du guéridon. Elle venait déjà de dire: « Les âmes se reconnaissent », et elle avait commencé a . dicter le mot suivant lorsque, soudain, elle s’était arré- , tée. Elle avait dicté, du mot suivant, les trois premières lettres, un p, un 0, et un s. Et elle s’était arrêtée, en réalité, parce que le général aurait voulu que la lettre suivante fût un Z, tandis que l’artiste désirait que ce fût un v. Le général voulait que Jeanne d’Arc dit que les âmes se reconnaissaient après (pos'!) leur purification; « l’artiste désirait faire dire par Jeanne d’Arc que les âmes se reconnaissaient d’après la lumière (po svitu) qui se l dégageait d’elles. Le général, fronçant d’un air maussade ses énormes sourcils blancs, considérait fixement ses mains, espé- rant toujours que le guéridon allait se décider à écrire un Z; l’artiste, le visage tourné vers le coin de la pièce imprimait machinalement a ses lèvres le mouvement nécessaire pour prononcer lalettre v. C’est sur ces entre- N