« Page:Tolstoï - Résurrection, trad. Wyzewa, 1900.djvu/533 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
YannBot (discussion | contributions)
m Yann : ocr
 
YannBot (discussion | contributions)
m Yann : ocr
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
RÉSURRECTION 75
{{OCR en cours}}
— Eh bien, oui, en partie!
— Et comment pourrais-j e disparaître en partie ?
-— Je m`aperçois que je n’ai pas répondu a votre pre-
miere question, — reprit-elle, cherchant évidemment à
détourner Pentretien. — Je voulais vous dire que Katia
doit certainement s’être rendu compte de cét amour
exalté que Simonson éprouve pour elle, bien que lui,
jamais, né lui én ait parlé. Comme vous savez, je né
m’entends pas beaucoup à ces questions-là; mais j‘ai
l’impression que cé sentiment n’est rien d`autre que
l`amour le plus ordinaire, malgré tous les beaux sem-
blants dont il est revêtu. Vladimir prétend que son
amour est tout platonique, qu’il a pour effet de relever
en lui l’énergie, au lieu de la rabaisser. Mais, moi, je
sens bien que, au fond, ce n’est rien de tout cela, que
c’est simplement un désir physique, comme celui qui
attire Novodvorov vers Lubka Grabetz... '
Et Marie Pavlovna allait s’étendre sur ce thème, qui
lui était cher; mais Nekhludov l'interrompit.
— Enfin, que mé conseillez-vous de faire ‘? ——
demanda-tril.
— Je crois qué vous devriez tout d'abord parler de
tout cela avec Katia. S’expliquer a fond, c`est toujours
la meilleure méthode. Entendez-vous avec Katia! Vou-
lez-vous que je vous l’envoie ici ?
— Oui, je vous en prie! - dit Nekhludov.
Et Marie Pavlovna sortit.
D`étranges sentiments agitaient l’àme de Nekhludov,
— pendant qu`il restait seul dans la petite chambre,
entendant près de lui le souffle régulier de Vera Efre-
movna, et, plus loin, le vacarme incessant des con-
damnés de droit commun. Ce que venait dé lui dire
Simonson avait pour avantage de l’afi`ranchir de l’obli-
gation qu’il avait prise sur lui, et qui, bien souvent, dans
les derniers temps encore, lui avait semblé effrayante
et lourde. Et cependant ce qué venait de lui dire

Version du 3 décembre 2008 à 18:56

Cette page n’a pas encore été corrigée

RÉSURRECTION 75 — Eh bien, oui, en partie! — Et comment pourrais-j e disparaître en partie ? -— Je m`aperçois que je n’ai pas répondu a votre pre- miere question, — reprit-elle, cherchant évidemment à détourner Pentretien. — Je voulais vous dire que Katia doit certainement s’être rendu compte de cét amour exalté que Simonson éprouve pour elle, bien que lui, jamais, né lui én ait parlé. Comme vous savez, je né m’entends pas beaucoup à ces questions-là; mais j‘ai l’impression que cé sentiment n’est rien d`autre que l`amour le plus ordinaire, malgré tous les beaux sem- blants dont il est revêtu. Vladimir prétend que son amour est tout platonique, qu’il a pour effet de relever en lui l’énergie, au lieu de la rabaisser. Mais, moi, je sens bien que, au fond, ce n’est rien de tout cela, que c’est simplement un désir physique, comme celui qui attire Novodvorov vers Lubka Grabetz... ' Et Marie Pavlovna allait s’étendre sur ce thème, qui lui était cher; mais Nekhludov l'interrompit. — Enfin, que mé conseillez-vous de faire ‘? —— demanda-tril. — Je crois qué vous devriez tout d'abord parler de tout cela avec Katia. S’expliquer a fond, c`est toujours la meilleure méthode. Entendez-vous avec Katia! Vou- lez-vous que je vous l’envoie ici ? — Oui, je vous en prie! - dit Nekhludov. Et Marie Pavlovna sortit. D`étranges sentiments agitaient l’àme de Nekhludov, — pendant qu`il restait seul dans la petite chambre, entendant près de lui le souffle régulier de Vera Efre- movna, et, plus loin, le vacarme incessant des con- damnés de droit commun. Ce que venait dé lui dire Simonson avait pour avantage de l’afi`ranchir de l’obli- gation qu’il avait prise sur lui, et qui, bien souvent, dans les derniers temps encore, lui avait semblé effrayante et lourde. Et cependant ce qué venait de lui dire