« Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 12.djvu/338 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
Phe-bot (discussion | contributions)
Phe: split
 
AkBot (discussion | contributions)
Pywikibot touch edit
(Aucune différence)

Version du 26 juillet 2018 à 16:03

Cette page n’a pas encore été corrigée

endroit : « Le général Ignatief dit que la Porte n’admet dans les propositions des puissances que ce qui est conforme aux lois existantes et à la Constitution. Son Excellence se demande alors pourquoi le gouvernement ottoman a accepté la Conférence. » Il a accepté la Conférence pour donner à l’Europe une apparence de satisfaction, mais il rejette toute immixtion étrangère dans l’administration de ses provinces. Il compte, pour l’avenir, sur les divisions des puissances : d’ailleurs, de quel droit et au nom de quel principe celles-ci, qui ont elles-mêmes introduit la Turquie dans le droit public européen, exerceraient-elles une pression sur elle ou une coercition contre elle ? La Porte a pris des engagemens, mais ils ne sont pas précis, et l’application en est laissée à sa libre initiative. Ils ne donnent pas le droit aux puissances d’intervenir ou de prendre en mains les réformes. Le jeu, cependant, ne va pas sans danger pour la Turquie. La Russie conclut son accord avec l’Autriche (convention de Reichstadt, juillet 1816) et brusque le dénouement en lançant ses armées vers Constantinople.

A l’éternel problème des rapports de la Turquie avec ses sujets chrétiens, le traité de San Stefano apporte une solution radicale qui supprime le problème en affranchissant les chrétiens et en enlevant au Sultan les territoires qu’ils habitent. Mais le traité de Berlin rouvre l’ère des « réformes, » promises par l’Europe, promises par la Porte, jamais réalisées. Son article 23 est la base juridique des revendications des populations chrétiennes. Il suffit de lire les protocoles du Congrès pour se convaincre que si, en réalité, les hauts plénipotentiaires étaient peu préoccupés du sort des populations, en apparence ils ne laissaient pas de s’en inquiéter, d’en parler, de stipuler en leur faveur. Dans la convention du 4 juin, par laquelle l’Angleterre se fait donner Chypre, le Sultan lui « promet d’introduire les réformes nécessaires, à être arrêtées plus tard par les deux puissances, ayant trait à la bonne administration et à la protection des sujets chrétiens et autres de la Sublime-Porte, qui se trouvent sur les territoires en question. » Abd-ul-Hamid, fidèle à la tactique invariable de la Porte, prévient les vœux de l’Europe et, en conformité avec l’article 23 du traité de Berlin, rédige et promulgue tout un code de réformes : c’est cette fameuse loi des vilayets, du 23 août 1880, qui ne fut jamais exécutée et que le gouvernement de Moukhtar pacha tirait de la poussière des