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Un jour, tu chanteras cet Ange du pays.
Pour son front virginal tressant une guirlande,
Aux hommes des cités tu diras sa légende ;
Oui, tu raconteras ce que tu vis, — errant
De cabane en cabane, au bord du Saint-Laurent ;
Ivre encor des parfums de son île bénie,
Ton âme, en débordant de sauvage harmonie,
A l’Europe lettrée, en d’incultes concerts,
Chantera sa louange, en chantant-les déserts ;
Oui, tu diras son vœu, ses épreuves, sa fuite,
D’infidèles parents la lointaine poursuite,
Et sa vie angélique, et sa tranquille mort,
Son doux sommeil d’amour, — extatique transport !

  Heureux Daniel Boon, en ses rapides courses,
Rencontrant sur ses pas de faciles ressources !
Heureux l’Artiste errant, le nomade Audubon,
Changeant, avec le jour, de hutte et d’horizon !
Heureuse l’Indienne, en sa forêt natale,
Retrouvant l’élément de la force vitale !
Heureux en ses instincts le sage Bas-de-Quir,
Qui voulut dans les bois vivre ainsi que mourir !
Heureux donc, mille fois, celui dont l’âme forte
Peut fuir des froids humains l’incrédule cohorte !
Heureux qui peut briser, libre enfin de ses fers,
La prison des cités, pour voler aux déserts !
Que- la nature est belle, et que le monde est triste !
Que la nature est bonne, et le monde égoïste !
Que la nature, en tout, est pleine de son Dieu ;
De ce Dieu que le monde aime et connaît si peu !


LE POÈTE.

L’Amérique a des bois, des forêts primitives ;
Poétiques abris, solitudes plaintives ;
Sous le dôme ogival des cèdres, des cyprès,
Des sonores sapins, aux feuillages épais ;
Sur les monts, les rochers, et sur toutes les plages,
Pour l’âme solitaire, elle a des ermitages !
L’Amérique a son Nil, traversant les déserts ;
Ses vertes oasis, sous des climats divers ;
Elle a d’obscurs recoins, de profondes retraites,
Des grottes où cacher d’humbles anachorètes ;
Elle a tout ce que rêve, en fuyant l’Orient,
Le poète exalté, l’extatique croyant !
Oh ! qui n’a pas rêvé, dans les villes troublées,
Ces tranquilles abris, ces grèves isolées,
Ces déserts inconnus, où l’homme, enseveli,
En n’aimant que Dieu seul, vit calme et recueilli ?
Oh ! qui n’a pas rêvé, dans les villes fiévreuses,