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Version du 29 décembre 2018 à 21:41
de qui et de quoi l’a-t-on faite cette preuve ? Aux dépens du clergé français qui va souffrir mille maux et de la paix religieuse qui deviendra pour longtemps ardue à rétablir. La diplomatie vaticane est parvenue à ses fins lesquelles étaient essentiellement politiques : il s’agissait de montrer que le Saint-Siège est un véritable gouvernement et le pape un vrai souverain. On affectait d’en douter à Paris mais ailleurs, en doutait-on ? En tous cas, voilà bien des ruines pour atteindre un résultat qui n’est pas très évangélique car, avant d’être chef de gouvernement, Pie x est chef d’Église. Un État peut recourir à mille moyens pour défendre ses intérêts et maintenir sa suprématie ; il peut renverser son système d’alliances, s’appuyer sur l’Allemagne après s’être appuyé sur la France ; il peut chercher à embarrasser ses adversaires en les tenant en suspens sur ses véritables intentions et en ne dévoilant celles-ci qu’au moment propice. Tout cela est légitime et, encore une fois, cela se résume d’un mot : c’est de la politique. Mais une Église, si hiérarchisée et centralisée qu’elle soit, a-t-elle le droit d’en agir ainsi avec des fidèles qui se réclament d’elle au titre unique de la foi et de la conscience, soient-ils Américains, Espagnols, Autrichiens, Anglais, Allemands, Français ou Belges ? Le Saint-Siège s’est orienté ouvertement du côté de l’Allemagne, accomplissant même cette évolution avec une telle énergie que Guillaume ii, souverain protestant, s’en est senti un peu gêné. D’autre part, Rome a tout subordonné au désir d’embarrasser le gouvernement français dont elle avait, certes, beaucoup à se plaindre. Les non possumus qui en sont partis étaient, nous dit-on, théologiquement obligatoires. Fort bien ; ne discutons point leur caractère. Mais à coup sûr, il n’était pas obligatoire de les prononcer à la dernière minute et de donner ainsi en même temps qu’un tracas aux adversaires, un pénible désaveu aux fidèles qui, ayant cherché un modus vivendi croyaient l’avoir trouvé et prenaient le silence papal pour un acquiescement. Trois fois de suite, le cardinal Merry del Val et ses conseillers se sont arrangés pour que le désaveu fut aussi tardif qu’inattendu sans s’inquiéter si le désarroi ainsi créé parmi les républicains ne s’étendrait pas et de façon plus complète encore à l’Église de France. Voilà bien ce qui est arrivé. Grâce à cette politique, des milliers de prêtres sont condamnés non pas aux exaltantes cruautés du martyre ou de la persécution, mais aux quoditiennes misères de l’indigence et de l’instabilité. Ils ont accepté leur sort avec un esprit de discipline et d’abnégation, un