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599. Soyez fidèles à votre drapeau, démocrates, et toutes ces choses vous viendront infailliblement. |
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Fuyez ceux dont l’impuissance ne connaît de remède aux misères publiques que le retour à des idées vaincues, et dont la |
Fuyez ceux dont l’impuissance ne connaît de remède aux misères publiques que le retour à des idées vaincues, et dont la bouche ne s’exprime jamais sur l’égalité qu’avec des réserves injurieuses. |
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bouche ne s’exprime jamais sur l’égalité qu’avec des réserves injurieuses. |
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Laissez la religion aux prêtres : « Qu’ont-ils vu, ces théologiens ? qu’ont-ils vu plus que les autres ? quelle ignorance est la leur, et qu’il serait aisé de les confondre, si, faibles et présomptueux, ils ne craignaient d’être instruits ! Ils n’ont rien vu ; ils ne savent rien ; ils n’ont pas de quoi établir leur chimère de révélation : et cette fragilité de la raison humaine, qui faisait leur science, leur échappe <ref>{{sc|Bossuet}}, ''Oraisons funèbres''.</ref>… » |
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Laissez la religion aux prêtres : « Qu’ont-ils vu, ces théologiens ? |
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qu’ont ils vu plus que les autres ? quelle ignorance est la leur, et |
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qu’il serait aisé de les confondre, si, faibles et présomptueux, ils |
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rien ; ils n’ont pas de quoi établir leur chimère de révélation : et |
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La religion n’a que la foi ; le peuple veut qu’on lui fasse raison |
La religion n’a que la foi ; le peuple veut qu’on lui fasse raison et justice. |
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et justice. |
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⚫ | Méprisez les philosophes : le plus grand effort de leur prétendue sagesse a été de poser en dogme le doute universel, le chef-d’œuvre de leur politique est cet ignoble juste-milieu, qui, opposant à la royauté la bourgeoisie, prétend soumettre à la bourgeoisie le peuple. Par eux la royauté, dont les destinées devaient être si glorieuses, a été faite instrument du monopole ; par eux la bourgeoisie, jadis avant-garde de la colonne révolutionnaire, n’est plus, si j’ose ainsi dire, que le ''punctum saliens'' de l’égalité. |
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plus, si j’ose ainsi dire, que le ''punctum saliens'' de l’égalité. |
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La philosophie, aujourd’hui comme toujours, est girondine et |
La philosophie, aujourd’hui comme toujours, est girondine et thermidorienne ; le peuple entier est jacobin. |
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thermidorienne ; le peuple entier est jacobin. |
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N’attendez rien, ni des rhéteurs qui vous gouvernent, ni des |
N’attendez rien, ni des rhéteurs qui vous gouvernent, ni des prêtres qui vous sermonnent : leur cerveau est moulé, leurs idées sont irréformables. |
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prêtres qui vous sermonnent : leur cerveau est moulé, leurs idées |
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sont irréformables. |
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Ne cherchez point à les convaincre : le délire qui les agite est un signe non équivoque de mort. En vain leur diriez-vous que votre propre intérêt vous défend d’exiger une rigoureuse justice ; en vain offririez-vous à la dynastie les plus belles espérances : ils ne vous croiront pas ; leur mauvais génie les pousse à refuser tout : ''Quos vult perdere Jupiter dementat''. |
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Ne cherchez point à les convaincre : le délire qui les agite est |
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un signe non équivoque de mort. En vain leur diriez-vous que |
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Plus de pétitions ni de remontrances : on y répond par des pasquinades. — À la balance du monopole, les douleurs du peuple ne |
Plus de pétitions ni de remontrances : on y répond par des pasquinades. — À la balance du monopole, les douleurs du peuple ne pèsent rien. |
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pèsent rien. |
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600. Travaillez à la réforme, à la constitution de la science nouvelle, qui est la constitution même de la société et de l’ordre public : travaillez-y par le dépouillement des institutions et des lois, |
600. Travaillez à la réforme, à la constitution de la science nouvelle, qui est la constitution même de la société et de l’ordre public : travaillez-y par le dépouillement des institutions et des lois, par la critique des fonctions sociales, par l’interprétation des {{tiret|prin|cipes}} |
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par la critique des fonctions sociales, par l’interprétation des {{tiret|prin|cipes}} |
Version du 19 mai 2019 à 19:23
599. Soyez fidèles à votre drapeau, démocrates, et toutes ces choses vous viendront infailliblement.
Fuyez ceux dont l’impuissance ne connaît de remède aux misères publiques que le retour à des idées vaincues, et dont la bouche ne s’exprime jamais sur l’égalité qu’avec des réserves injurieuses.
Laissez la religion aux prêtres : « Qu’ont-ils vu, ces théologiens ? qu’ont-ils vu plus que les autres ? quelle ignorance est la leur, et qu’il serait aisé de les confondre, si, faibles et présomptueux, ils ne craignaient d’être instruits ! Ils n’ont rien vu ; ils ne savent rien ; ils n’ont pas de quoi établir leur chimère de révélation : et cette fragilité de la raison humaine, qui faisait leur science, leur échappe [1]… »
La religion n’a que la foi ; le peuple veut qu’on lui fasse raison et justice.
Méprisez les philosophes : le plus grand effort de leur prétendue sagesse a été de poser en dogme le doute universel, le chef-d’œuvre de leur politique est cet ignoble juste-milieu, qui, opposant à la royauté la bourgeoisie, prétend soumettre à la bourgeoisie le peuple. Par eux la royauté, dont les destinées devaient être si glorieuses, a été faite instrument du monopole ; par eux la bourgeoisie, jadis avant-garde de la colonne révolutionnaire, n’est plus, si j’ose ainsi dire, que le punctum saliens de l’égalité.
La philosophie, aujourd’hui comme toujours, est girondine et thermidorienne ; le peuple entier est jacobin.
N’attendez rien, ni des rhéteurs qui vous gouvernent, ni des prêtres qui vous sermonnent : leur cerveau est moulé, leurs idées sont irréformables.
Ne cherchez point à les convaincre : le délire qui les agite est un signe non équivoque de mort. En vain leur diriez-vous que votre propre intérêt vous défend d’exiger une rigoureuse justice ; en vain offririez-vous à la dynastie les plus belles espérances : ils ne vous croiront pas ; leur mauvais génie les pousse à refuser tout : Quos vult perdere Jupiter dementat.
Plus de pétitions ni de remontrances : on y répond par des pasquinades. — À la balance du monopole, les douleurs du peuple ne pèsent rien.
600. Travaillez à la réforme, à la constitution de la science nouvelle, qui est la constitution même de la société et de l’ordre public : travaillez-y par le dépouillement des institutions et des lois, par la critique des fonctions sociales, par l’interprétation des prin-
- ↑ Bossuet, Oraisons funèbres.