Statistique et expérience (Simiand)/Chapitre IX

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IX

Du type de relations à viser
et de la technique appropriée

Et maintenant à quel type de relations voyons-nous encore le plus communément utiliser les statistiques ? et quelles indications tirerons-nous, à cet égard, de l’expérimentation des sciences positives ? Il n’est pas besoin, je crois, de longuement signaler combien le post hoc, ergo propter hoc et même le cum hoc, ergo propter hoc vient souvent accompagner et couronner les insuffisances d’argumentation statistique que nous venons de sommairement indiquer ; mais il est clair que, si l’argument de base n’est pas lui-même valable, l’interprétation causale est encore bien plus à écarter.

L’expérimentation des sciences positives établit, selon les sciences, selon les problèmes, selon la nature et le degré des connaissances, divers types de relations : relations de simple coexistence ou concomitance, relations d’interdépendance, relations spécifiques, relation de causation (au sens positif, tout au moins, d’antécédence liée par la relation la plus générale ou la moins conditionnée). Il déborderait de beaucoup le cadre de ces quelques observations d’examiner auxquels de ces types l’expérimentation statistique s’appliquerait de la façon la plus propre et la plus efficace ; et, au surplus, la réponse varierait aussi avec les disciplines, les questions et les données où cette expérimentation serait employée.

Disons seulement que, de façon générale, la valeur de preuve de la relation, quel qu’en soit le type, dépendra, pour une bonne part, du degré de simplicité, de netteté, de pureté, présenté par la ou les expériences statistiques d’où elle aura été dégagée.

Elle dépendra, pour une plus grande part encore, de la convenance plus ou moins exacte, plus ou moins heureuse que la technique statistique, employée dans toute cette expérience, présentera par rapport au caractère du phénomène et à la nature du problème. Sur ce point, il n’apparaît pas encore, je crois, que les divers ordres de recherche statistique aient atteint le même degré d’avancement, de juste adaptation, la même maîtrise de leur technique. Pour les recherches d’expérimentation statistique en matière économique, par exemple, je ne crois pas qu’à plusieurs égards encore, l’instrument soit au point, et réponde le plus efficacement possible aux caractères des phénomènes les plus importants peut-être à étudier ainsi.

Mais, pour améliorer cette technique dans les divers domaines, — justement parce qu’il y a des différences à y apporter selon les problèmes et selon les phénomènes, mais parce qu’en même temps il y a des analogies, des suggestions, des comparaisons profitables à tirer pour chacun de l’exemple des autres, en un mot parce qu’il y a une communauté propre de méthode entre les divers emplois de l’expérimentation statistique, — un contact, un rapprochement constant entre les divers spécialistes est hautement souhaitable, de même qu’un contact, un rapprochement de cette expérimentation spéciale avec les conditions d’expérimentation ordinaire des sciences de la nature ne saurait être, je crois, trop recommandé.