Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau/Chapitre 20

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Texte établi par Henri MartineauLe Divan (Ip. 88).

CHAPITRE XX


Peut-être que les hommes qui ne sont pas susceptibles d’éprouver l’amour-passion sont ceux qui sentent le plus vivement l’effet de la beauté ; c’est du moins l’impression la plus forte qu’ils puissent recevoir des femmes.

L’homme qui a éprouvé le battement de cœur que donne de loin le chapeau de satin blanc de ce qu’il aime, est tout étonné de la froideur où le laisse l’approche de la plus grande beauté du monde. Observant les transports des autres, il peut même avoir un mouvement de chagrin.

Les femmes extrêmement belles étonnent moins le second jour. C’est un grand malheur, cela décourage la cristallisation. Leur mérite étant visible à tous, et formant décoration, elles doivent compter plus de sots dans la liste de leurs amants, des princes, des millionnaires, etc.[1].

  1. On voit bien que l’auteur n’est ni prince ni millionnaire. J’ai voulu voler cet esprit-là au lecteur.