Suite de Joseph Delorme/« Il est au monde un lieu, quel lieu ! quelles délices ! »

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IV

SONNET


Il est au monde un lieu, quel lieu ! quelles délices !
Un bois, et dans ce bois un arbre, sous lequel
J’ai tant reçu de toi de bonheur immortel,
Où j’ai tant de tes yeux essuyé les calices ;

Où tant de fois, criant comme dans des supplices.
Nous avons dit au Temps qui fuit d’être éternel ;
Où tu m’as tant aimé, tant appelé cruel,
Tant brûlé du poison de tes folles malices ;

Que si jamais un jour, une heure, un seul instant,
Femme, redevenue ingrate et résistant,
Devant moi, sous ce Ciel qui tous deux nous regarde,

Tu pouvais, en passant, le front haut, sans me voir,
Au bal ou dans l’église insolemment t’asseoir ; —
Que si tu m’oubliais jamais, — je te poignarde !