Suite de Joseph Delorme/« Plus que narcisse et pâle tubéreuse »

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IV


Plus que narcisse et pâle tubéreuse,
Plus que blanc nénuphar aux troublantes odeurs,
Doux sont à l’âme, après l’absence affreuse,
L’heureux retour et l’haleine amoureuse
De ma Beauté, la plus chaste des fleurs.

Parfum léger qui dit d’abord : C’est elle !
Petit parfum qu’on distingue entre tous,
Qu’à chaque brise on sent venir vers nous,
Qu’on voit sortir de la tige fidèle :
L’air s’en embaume, et connaît l’Immortelle.

Mais qui dira l’autre parfum caché,
Parfum mortel et d’amères délices,
Qui fait pâlir nénuphars et narcisses ?
Oh ! l’amant seul, à vos genoux penché,
Sait le mystère et garde les supplices :
Au fond de lui, c’est la fleur de désir,
Par vous craintive, et si close au plaisir !