Suite de Joseph Delorme/« Triste, loin de l’Amie, et quand l’été décline »

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IX

SONNET


8 septembre, cinq heures du soir.


Albaque populus !


Triste, loin de l’Amie, et quand l’été décline,
Quand le jour incliné plait à mon cœur désert,
Sans un souffle de vent, sous un ciel tout couvert
D’où par places la pluie échappait en bruine,

Je sortais du taillis au haut de la colline :
Soudain je découvris comme un sombre concert
De la nature immense : avec un dur flot vert
La rivière au tournant, d’ordinaire si fine ;

Et tous les horizons redoublés et plus bleus
Fonçaient d’un ton de deuil leur cadre sourcilleux ;
Les bois amoncelaient leurs cimes étagées ;

Et la plaine elle-même, embrunissant ses traits,
Au lieu de l’intervalle et des longues rangées,
Serrait ses peupliers comme un bols de cyprès.

Au bord de l’Oise.