Suprême affront (Guaita)

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Rosa MysticaAlphonse Lemerre, éditeur (p. 116-117).


Suprême affront


Umbrœ ibant tenues, simulacraque vita carentûm.
P. Virgilius Maro.


Parim des buissons roux, béait une caverne
Hideuse, ouvrant sous terre un couloir ténébreux :
Là, je m’aventurai le front bas, amoureux
Des souterrains qui font rêver du sombre averne.

Des hiboux — noirs témoins dont l’œil de flamme alterne, —
Secouaient pesamment leurs ailes, dans le creux
De la paroi rocheuse ou du plafond ocreux.
Un feu follet errait, vacillante lanterne.


Des Esprits effarés voletaient devers moi.
La crypte s’éclaira soudain. — Glacé d’émoi,
Je vis un fleuve lent qui roulait une eau verte.

Tombant à deux genoux, j’eus ce cri : — « Le Léthé !
« Flot clément, sois suave à ma lèvre entr’ouverte… »
Le flot se déroba, sonore — et dégoûté !


Mars 1884.