Tout près de Sens, à Courtenay,
Au pays du vin je suis né ;
Mon père était ivrogne
En Bourgogne ;
Et son père et lui faisaient deux,
Et moi trois, puisque j’fais comme eux ;
J’illumine ma trogne
En Bourgogne.
Le vin qu’on fait dans c’pays-ci
On peut s’en fourrer jusqu’ici,
Sans jamais être en rogne,
En Bourgogne ;
Qu’ils soient en ic, en ac, en oc,
Tous les autres vins c’est du toc,
On n’boit pas d’vin d’Gascogne
En Bourgogne.
Les femmes de ce pays-là
On peut les aimer jusque-là,
Ell’s sont dur’s à la b’sogne
En Bourgogne ;
À chaque pas, à chaque instant,
De tous les côtés on entend
Jean du Cogno qui cogne,
En Bourgogne.
Ell’s n’ont pas d’aussi beaux chapeaux
Ni d’aussi beaux manteaux qu’les peaux
Qu’on voit au bois d’Boulogne,
En Bourgogne ;
Ell’s ont des tétons, des girons,
Et des derrièr’s qui sont plus ronds
Que ceux d’la mèr’ Gigogne,
En Bourgogne.
Et voilà pourquoi, maintenant,
Tous les ans je vais, en r’venant
Des sources d’la Dordogne,
En Bourgogne.
Et Jean du Cogno, mon cousin,
Me purge avec du jus d’raisin,
J’fais ma cure à Coulange
En vendange.
|