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Sur la route (Bruant)/Sur Bordeaux

La bibliothèque libre.
Sur la Route : chansons et monologuesAristide Bruant (p. 45-48).
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SUR BORDEAUX


Que pourrais-je bien vous écrire
Sur Bordeaux, mon cher Berthelot ?
J’y fus si peu… mais, à vrai dire,
J’y fus comme le matelot
De la chanson : Bonne cuisine,
Les meilleurs crûs du meilleur vin,
Puis, et surtout, la vieille fine

Du chapon fin.


Ceci n’est pas une réclame,
Mais je veux l’écrire en passant ;
Quand on dîne bien, on le clame
En estomac reconnaissant.
Certes, j’aime toute la France,
Ses montagnes, ses villes d’eaux,
Mais je donne la préférence
À votre Gironde… à Bordeaux,
Au citadin qui vous accueille
Le verre en main, le rire aux yeux,
Et dont la gaieté sent la feuille
Du cep planté par ses aïeux ;
À sa franche et joyeuse mine ;
À ce gai Bordelais, enfin,
Auquel on doit la vieille fine

Du chapon fin.


En désirez-vous des louanges ?
En voilà, mon cher Berthelot.
Sur ce, pressez bien les phalanges
De l’ami Toché-Gorenflot.
Il habite dans la cuisine
Où, plus heureux qu’un séraphin,
Il déguste la vieille fine,

Au chapon fin.