Tableau de Paris/119

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CHAPITRE CXIX.

Petites Écoles.


On connoît les abus nombreux de l’éducation scolastique, combien il en coûte pour entendre Virgile & quelques pages de Tite-Live ; mais on peut à toute force se passer de cette langue, au lieu qu’il est absolument nécessaire à chaque individu de savoir lire, écrire & chiffrer.

Eh bien, cette science commune s’achete encore fort cher, & la capitale n’est pas plus avancée à cet égard que le dernier village de Hongrie.

On tourmente l’aimable enfance ; on lui inflige des châtimens journaliers. La foiblesse de cet âge ne devroit-elle pas intéresser en sa faveur ? Pénétrons néanmoins dans l’intérieur de ces petites écoles. On y voit couler des pleurs sur des joues enfantines : on y entend des sanglots & des gémissemens ; comme si la douleur n’étoit pas faite pour des hommes formés, & non pour les enfans. On y voit des pédagogues, dont la vue seule inspire l’effroi, armés de fouets & de férules, traitant avec inhumanité le premier âge de la vie.

Que fait donc M. le grand-chantre de Notre-Dame, maître de ces petites écoles ? Pourquoi n’est-il pas attentif à réfréner ces barbaries ? Il a soin que le pédagogue soit de la religion catholique, apostolique & romaine ; mais il lui permet d’être brutal, dur, féroce, de battre d’innocentes créatures au nom de la croix de Jésus, & pour l’honneur du catéchisme de Christophe de Beaumont.