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Tableau de Paris/204

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CHAPITRE CCIV.

Conseil de Santé.


Il n’existe pas encore ; mais ne devroit-on pas l’établir ? Il devroit être composé, non de ces médecins, si dangereux avec leur routine, si ignorans avec leurs theses ; mais de ces chymistes qui ont fait de ces belles & neuves découvertes, qui nous promettent enfin le vrai secret de la nature.

Ce conseil examineroit à Paris tout ce qui sert à la nourriture de l’homme ; l’eau, le vin, l’eau-de-vie, la bierre, les huiles, le bled, les légumes, le poisson, &c. Il reconnoîtroit les perfides mélanges ; souvent la marée est corrompue, les huîtres gâtées ; les légumes récelent des charansons. De là des maladies dont on ignore l’origine.

Des physiciens préposés pour examinateurs des denrées & des boissons, arrêteroient dans leur source les maladies épidémiques. On appelle les médecins lorsque le danger se manifeste : pourquoi ne le préviendroit-on pas ? Mais les médecins ne songent pas à conserver la santé de l’homme ; ils attendent le profit de la maladie.

Les chartreux, les bénédictins & les carmes, qui mangent la meilleure marée, ont un frere surveillant & qui s’y connoît. Mais pourquoi ce qu’on livre à un peuple affamé, venant acheter le rebut des riches, parce qu’il faut qu’il soupe pour pouvoir travailler le lendemain, ne seroit-il pas soumis à une inspection sévere, puisque la faim & la nécessité le font passer sur la bonté de la marchandise ? Du poisson pourri ne seroit-il pas de la contrebande, comme une livre de tabac d’Alsace ?