Tableau de Paris/240

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CHAPITRE CCXL.

Filles entretenues.


Au-dessous des courtisannes par le rang, elles sont moins dépravées. Elles ont un amant qui paie, dont elles se moquent, qu’elles rongent & dévorent, & un autre à leur tour, qu’elles paient, & pour lequel elles font mille folies.

Ou ces femmes deviennent insensibles, ou elles aiment jusqu’à la fureur. Alors elles paient à l’amour le tribut d’un cœur délicat. Sur le retour elles ont la rage de se marier. Ceux qui préferent la fortune à l’honneur, les épousent & s’avilissent. Ces épouseurs sont ordinairement un petit violon, un médiocre peintre, un mince architecte.

On ne dit point en Perse (selon le marquis d’Argens) la Zaïde, la Fatime ; mais la cinquante tomans, la vingt tomans. (Un toman vaut quinze écus de notre monnoie) De même, ajoûte-t-il, aux noms de nos filles entretenues, on devroit substituer ceux de la cent louis, la cinquante louis, la dix louis, &c. le tout pour l’utilité publique & l’instruction des étrangers, qui paient fort souvent à un prix excessif ce qui est à très-bon marché pour tout le monde.