Tableau de Paris/329
CHAPITRE CCCXXIX.
Bureau des Nourrices & des Recommandaresses.
Les meres de Paris ne nourrissent pas leurs enfans, & nous osons dire qu’elles font bien. Ce n’est point dans l’air épais & fétide de la capitale, ce n’est point au milieu du tumulte des affaires, ce n’est point au milieu de la vie trop active ou trop dissipée qu’on y mene, que l’on peut accomplir tous les devoirs de la maternité. Il faut la campagne, il faut une vie égale & champêtre, pour ne point se détruire en donnant son lait à ses enfans.
On voit donc arriver une grande quantité de nourrices qui viennent toutes offrir leurs seins mercenaires. Il n’étoit pas facile de remédier aux nombreux abus qui résultoient du trafic qui s’établissoit entre les parens & la mere pauvre qui se vendoit ; c’est ce qu’on a fait cependant avec beaucoup de sagesse, de prévoyance & de douceur.
Les bureaux des nourrices & des recommandaresses sont le modele d’une direction éclairée, active, vigilante. Cet établissement ne mérite que des louanges ; & le mal que fait à la population une trop nombreuse société, a été réparé, pour ainsi dire, par sa police : tant l’ordre modifie cette étrange espece humaine, & supplée à la nature !
On a vu le jardinier, c’est-à-dire, le gouvernement, avoir soin de sa graine, & s’occuper des générations futures.