Tableau de Paris/511

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CHAPITRE DXI.

Arsenal.


Larsenal du roi de France n’est point à Paris, sous les deux magnifiques vers de Nicolas Bourbon, que Santeuil[1] étoit si jaloux de n’avoir pas faits.

Ætna hæc Henrico Vulcania tela ministrat :
Tela gigantæos debellatura furores.

Malgré ces deux vers, il n’y a point d’artillerie dans l’arsenal. Quelques fusils rouillés, quelques mortiers hors d’état de servir, voilà tout ce qu’on y voit.

Les fonderies qui furent construites par ordre de Henri II, n’ont servi qu’à la fonte des statues qui décorent les jardins de Versailles & de Marly.

Il s’y trouve un magasin à poudre. Le feu y prit en 1562. Dieu nous préserve de la répétition !

Au lieu de machines de guerre, on y voit, à travers de larges carreaux, une bibliotheque curieuse, qui appartient à M. de Paulmi. Un jardin en très-belle vue offre une promenade aux habitans du Marais, qui ont toujours l’air un peu antique & de plus ennuyé. Ce quartier tranche en tout, même dans la façon de se promener, avec le reste de la ville.

L’arsenal du roi de France n’est donc pas sur le quai des Célestins : il est à Strasbourg, à Metz, à Lille, à Toulon, à Brest. Voilà le miroir imposant où se réfléchit sa toute-puissance. Le fer qui est à l’arsenal de Paris n’est bon qu’à faire des marmites. Les véritables foudres de la guerre sont sur les frontieres, où les disciples de Mars veillent à la sûreté du royaume, & sont tout prêts à recevoir l’ennemi, s’il se présentoit.

  1. Il s’écria dans un enthousiasme poétique, qu’il auroit voulu les avoir faits & être pendu.