Tableau de Paris/541

La bibliothèque libre.

CHAPITRE DXLI.

Hôtel de la Force.


Cet hôtel appartenoit à Jacques de Caumont, duc de la Force. Le hasard a voulu qu’il devînt une véritable maison-de-force, & l’on n’ôtera plus désormais de la tête du petit peuple que cet hôtel de la Force prend sa dénomination des guichets, des clefs & des larges verroux. Ainsi l’origine de plusieurs antiquités est devenue équivoque par l’ignorance ou l’entêtement du peuple.

Cette prison est un exemple du bien qu’amenent les justes réclamations des écrivains plaidant la cause de l’humanité. Il faut donc écrire, ou plutôt tourmenter la partie qui gouverne. La punition d’une faute n’est plus un supplice, l’imprudence ne se trouve plus à côté du crime ; on n’y a point creusé ces cachots & ces souterreins, où je ne sais quel oubli cruel ajoutoit à la rigueur de la loi.

Louis XVI (qu’il en soit béni !) jetant un regard paternel sur ces lieux d’horreur & de misere, a accordé aux prisonniers les commodités qui peuvent alléger leur état, & ôter aux infortunés, quels qu’ils soient, le sentiment affreux du désespoir. La question a été anéantie ainsi que les cachots, & l’on reconnoît aujourd’hui que c’étoit une cruauté gratuite.

Louis XVI a donné plusieurs édits bienfaicteurs de cette espece. Il ne faudroit pas d’autres trophées à l’entour de sa statue, que le titre de ces édits publiés sous son regne. La nation en attend de nouveaux aussi favorables à la partie souffrante. Ils viendront… Oh, qu’il est beau de voir un homme enchâssé dans un roi !