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Tableau de Paris/720

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CHAPITRE DCCXX.

Millionnaire ou Roué vif.


On prête cette devise à plusieurs personnages, parce qu’ils ont agi conséquemment.

Ah ! si les intrigans (dont le nom est si connu qu’il est inutile de l’écrire) vouloient faire leur confession, & accuser vrai ! oh le bon livre ! Ab uno nosce omnes. Tel médite sa banqueroute, & puis un beau jour plastronné de quatre porte-feuilles de maroquin, bien rembourrés de billets noirs, il part pour l’Angleterre.

Combien les spéculations modernes des financiers & les ruses actives de l’agiotage n’ont-elles pas coûté de bonheur & d’innocence aux sociétés ? Peu de temps & peu de moyens déterminent des bénéfices considérables. De-là cette soif de l’or, qui toujours enivre & toujours altère. La fausseté dans les actions devient l’état habituel de l’intrigant ; mais l’homme qui trompe, est obligé, pour soutenir ses succès perfides, de vivre dans sa torture d’une tension continuelle de l’esprit.