Tableau de l’instruction primaire en France/1

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CHAPITRE PREMIER.

MAISONS D’ÉCOLE ET MOBILIER DE CLASSE.

Rien ne donne une plus juste idée du mépris qu’on fait généralement en France de l’instruction primaire que le petit nombre de bâtiments spéciaux affectés à cet emploi. Des Pyrénées aux Ardennes, du Calvados aux montagnes de l’Isère, sans en excepter même la banlieue de la capitale, les inspecteurs n’ont poussé qu’un cri de détresse ; et, si les récits de quelques-uns d’entre eux n’étaient capables d’émouvoir jusqu’aux larmes, en songeant à ces pauvres enfants qu’on entasse dans des foyers d’infection et d’épidémie, qui pourrait garder son sérieux à la lecture de ces combinaisons comiques, de ces réunions contre nature, inventées par la plus extrême misère ou par le plus sordide intérêt pour reléguer l’instruction primaire dans un repaire qui ne coûte rien à personne ?

Heureuses les communes où les conseils municipaux, en accordant une salle à l’instituteur, n’en exigent d’autres redevances que de la céder le jour d’assemblée (1), ou bien encore d’y laisser le percepteur tenir son bureau et régler ses comptes (2) ! Il en est d’autres où le local de la classe peut voir, dans la même journée, l’instituteur du matin, monter une faction citoyenne pendant la nuit, après avoir présidé le soir, comme ménétrier, à la danse joyeuse du village (3) : car la classe a le triple privilége d’être à la fois l’école, le corps-de-garde et la salle de danse (4).

C’est un phénomène assez rare, dans le logement habité par le maître, de lui voir consacrer à tous les usages domestiques une chambre séparée de la classe. Il lui est plus commode, en faisant réciter le catéchisme, de verser une chopine aux buveurs, ou de battre sur la forme la semelle des chaussures qu’il débite dans le voisinage (5), de surveiller son pot-au-feu, et d’écumer la marmite qui profite sur le poêle des bûches fournies dans un autre but par les familles (6). Peu lui importe que les émanations de son dîner futur contribuent à infecter l’air épais qu’on y respire, et donnent à l’appétit facile de ses élèves des distractions peu favorables à l’étude ; peu lui importe que les soins empressés de sa ménagère, dans une classe transformée en cuisine (7), troublent l’attention fugitive de ses marmots.

Pour que rien ne manque à l’inconvenance d’un pareil état de choses, la classe n’est pas seulement sa cuisine, c’est sa chambre à coucher (8), c’est son ménage tout entier. Si quelque membre de sa famille est malade, sa femme ou sa fille, ou si quelque circonstance les retient au lit un peu plus tard qu’à l’ordinaire, on en est quitte, je le crains, pour tirer modestement les rideaux. « L’habitation, dit un des inspecteurs, se compose d’une seule salle d’école, où le maître, sa femme et deux enfants habitent. Les enfants sont continuellement distraits par ceux qui entrent chez le maître. Lors de mon passage, sa femme était accouchée la veille dans le local de la classe. » (Meuse.)

En vérité, je ne sais, si, pour la moralité de la chose, surtout dans les écoles composées de garçons et de filles, plutôt que de les faire assister aux suites des couches de la maîtresse et de la nourriture du nouveau né, il ne vaudrait pas mieux encore, comme dans quelques communes de Saône-et-Loire, les faire cohabiter avec le pourceau du ménage (9) et les autres animaux domestiques que nourrit l’instituteur, au risque d’effrayer l’inspecteur surpris à l’improviste par une nuée de poules qui viennent se jucher sur sa tête (10).

Qu’on s’étonne ensuite de la malpropreté qui règne dans ces écoles (11), lorsqu’on voit quelquefois les maîtres rechercher plus volontiers les écuries et les étables pour y tenir leur classe, dans l’espérance de mettre à profit la chaleur des bêtes qui l’habitent (12). C’est ainsi, comme s’exprime un des inspecteurs, dans la naïve horreur qu’il éprouve pour un tel degré d’humiliation, c’est ainsi que la science se donne en présence des animaux.

Souvent l’école se tient dans des granges humides (13), des salles basses, des caves où l’on est obligé de descendre en rampant (14), dans un local d’une petitesse incroyable, et dont nous ne citerons que cet exemple. « L’école de P… n’a que douze pieds carrés : dans ce local se trouvent réunis, au fort de l’hiver, quatre-vingts élèves. » Ardennes (15). Lorsque cet amas d’enfants n’a d’autre secours pour respirer l’air qu’une croisée de la grandeur d’un carreau (16), le résultat le moins fâcheux qu’on puisse en attendre, c’est que l’instituteur donne lui-même à ses élèves l’exemple d’un sommeil de plomb contre lequel il ne peut lutter longtemps (17). Mais il n’en est pas ainsi : des accidents plus graves ne peuvent manquer de se produire souvent. L’enfance est l’âge où les précautions de ce genre sont le plus nécessaires, et combien la privation d’un air pur doit-elle être plus préjudiciable encore à la santé de ces jeunes campagnards, arrachés tout-à-coup à l’air libre des champs, et transportés d’un ciel ouvert dans ces prisons étouffantes (18), dans ces cloaques étroits, infects (19), mal sains (20), où le jour pénètre à peine (21). Notre intention n’est pas ici de calculer tous les accidents partiels qui ne peuvent manquer d’être produits chez de si jeunes enfants par la nécessité d’escalader une échelle pour monter à la classe (22), j’allais dire au grenier, par ces portes, ces toits, ces fenêtres ouverts à tous les vents (23), ce sol humide, sans carreau, sans pavé, sur lequel reposent leurs pieds nus (24) ; ces plafonds menaçants qu’une bûche salutaire dressée pour les soutenir ne défend pas long-temps contre une ruine inévitable (25). Mais, quoique de pareils inconvénients vaillent bien la peine d’attirer l’attention des autorités et du gouvernement, j’insisterai seulement sur les rapports uniformes d’un grand nombre d’inspecteurs qui n’hésitent pas à voir, dans ces foyers d’infection, la cause d’une foule de maladies graves, épidémiques, quelquefois annuelles, qui attaquent la jeunesse des écoles.

« Cette grande réunion d’enfants, presque tous malpropres et souvent entassés les uns sur les autres, répand une odeur insupportable à l’homme le plus vigoureux. Cette infection de l’air est encore augmentée, dans plusieurs écoles, par l’usage pernicieux d’échauffer la salle au moyen de chauffoirs ou couvets que les enfants y apportent. De ces couvets s’exhale une si grande quantité de gaz carbonique, surtout dans les temps humides, qu’il n’est pas rare de voir dans une matinée cinq ou six enfants tomber à demi asphyxiés. Toute la classe, à commencer par le maître, se trouve dans un état de stupeur qui ne leur permet pas de faire usage de leurs facultés. Il ne faut pas s’étonner qu’à la fin de l’hiver toute cette partie de la population paraisse sortir du tombeau, pour respirer avidement l’air libre et pur qui ranime la campagne. » (Marne.)

— « Il est un abus que nous avons observé dans les campagnes, c’est l’absence de tous moyens hygiéniques, l’oubli général et constant de renouveler l’air par l’ouverture des croisées ou des ventilateurs. Aussi avons nous appris sans étonnement qu’après quinze jours de présence, la plupart des enfants tombent malades, et quittent l’école. » (Meuse.)

— « La salle d’école est très-mal saine : j’ai reconnu qu’il est dangereux de l’habiter, et l’instituteur m’a déclaré que les enfants sont souvent malades. » (Haute-Marne.)

— « Le local des classes est presque partout mal-sain, mal aéré, mal éclairé. Je suis certain que les trois quarts des maladies des enfants de nos campagnes proviennent de leur séjour dans des classes malpropres et infectes, dans lesquelles l’air est vicié. Plusieurs maires, qui ne les visitent jamais, en ont été frappés ; l’un, celui de B..... s’y est trouvé indisposé. Les maîtres ont la manie de laisser les fenêtres et même les portes fermées. Dans le local de beaucoup de classes se trouvent du bois, des matériaux sous lesquels il ne serait pas rare de trouver des reptiles. » (Calvados.)

— « Le jour y est si faible qu’on ne peut y tailler une plume. En deux mois et demi les élèves ont perdu 39 jours de travail à cause de l’obscurité ; et en 19 jours l’école a perdu cinquante-quatre élèves qui se sont absentés par maladie. Aussi, l’aspect des enfants est triste comme le local humide qui les renferme. Au lieu de cette gaîté, de cette vivacité qui distinguent ailleurs les élèves de l’enseignement mutuel, vous ne trouvez ici que teints pâles, que visages abattus, que langueur dans tous les mouvements. Les parents, avertis par une fâcheuse expérience, retirent successivement les enfants de l’école. » (Vaucluse.)

— « L’école communale est si petite et si malsaine que, tous les hivers, il y a une épidémie qui enlève un grand nombre des enfants qui fréquentent l’école. » (Somme.)

Sinite parvulos venire ad me. C’est peut-être en voyant cette coupable indifférence, que l’Église, dans un grand nombre de communes, ouvre un asile à ces petits enfants délaissés. Sans doute il vaudrait mieux que l’école eût une place fixe et consacrée, plutôt que d’être obligée d’aller se rassembler sous le porche de la paroisse, et de servir de passage aux fidèles (26). Mais il y a quelque chose de touchant dans ce soin religieux avec lequel l’Église ramène sous son aile la jeunesse du village, tantôt lui livrant ses portiques, quelquefois l’intérieur de la nef, d’autres fois enfin, à défaut d’autre place, les logeant même sous le clocher (27).

C’est toujours, on le pense bien, un mauvais refuge contre les rigueurs de la saison que la charpente d’un clocher, ou le portail d’une église ; mais il n’est pas sans exemple qu’une commune n’ait eu à offrir à l’école aucun local, soit pour le louer, soit pour l’acheter (28), et nous n’avons pu lire sans étonnement qu’un instituteur français, faute de logement actuel, donnait tous les jours rendez-vous à son école sous le soleil d’Espagne, où il faisait la classe en plein air, delà le pont qui sépare les deux nations (29).

Heureusement, les sages dispositions prises par le Ministre pour l’exécution de la loi, les secours accordés aux communes qui n’ont pas craint les frais d’une construction destinée à leur école et le progrès du bon sens promettent qu’un pareil état de choses ne saurait durer long-temps (30). Et même à l’époque où ces renseignements ont été recueillis, aux observations raisonnables faites sur la nécessité d’améliorer le local de l’école, tout le monde ne faisait pas la réponse du paysan des Ardennes : « Pourquoi donc nos enfants n’y recevraient-ils pas l’instruction ? C’est bien là que nous avons été élevés, nous et nos pères (31). » Des améliorations notables étaient dès-lors remarquées dans un petit nombre de localités, dans l’arrondissement de Chaumont (Haute-Marne) par exemple, ainsi que dans celui de Neufchâteau (Vosges).

Toutefois, ces améliorations mêmes ne sont pas toujours conçues avec assez d’intelligence ; et, sans attribuer aux autorités plus d’action qu’elles ne doivent en exercer raisonnablement dans l’emploi des fonds votés à cet effet par les communes, nous croyons, dans l’intérêt de l’instruction primaire, qu’elles ne cessent de veiller avec exactitude à ce que ces frais, ordinairement considérables, ne soient pas bientôt inutiles par leur mauvais emploi. L’entrepreneur chargé par la commune de dresser et d’exécuter un plan d’école n’en connaît pas toujours suffisamment les besoins ; de là une distribution mauvaise, des dimensions mal assorties à la méthode qu’on y doit pratiquer. Souvent les nécessités les plus grossières ont été mises en oubli. Il ne faut pourtant pas exposer les passants à rencontrer dans la rue de ces spectacles continuels qui ne déposent que trop contre l’honnêteté ou la prévoyance de l’architecte  (32). Une économie mal entendue devient aussi quelquefois ruineuse. Nous savons telle commune qui, pour ne pas donner au bâtiment une étendue qu’on supposait superflue, n’ayant pas compté sur l’accroissement subit de son école, ne sait aujourd’hui comment réunir dans un local devenu trop étroit tous les enfants qui la fréquentent (33).

Un ouvrage utile a été publié sur ce sujet par un architecte qui s’est spécialement occupé de ce genre de construction ; M. Bouillon a prévu un grand nombre de cas différents, et embrassé, dans une série de proportions variées les besoins présumés de la plupart des communes. Il a joint à ses instructions des plans et des dessins gravés qui les font mieux comprendre. Le Ministre, convaincu de l’utilité d’un pareil livre, l’a fait adresser aux comités supérieurs, et il serait fort à désirer que dans les campagnes, on le connût davantage ; mais on n’a que trop lieu de craindre que cet envoi gratuit fait par l’administration n’ait subi le sort de tant d’autres présents de même nature, dont on n’a pas assez senti le prix, et qui se sont ensevelis dans les cartons des comités, sans pénétrer jusqu’à leur véritable destination.

Sans vouloir ici prévoir tous les soins particuliers qu’il faudra apporter dans la construction de ces écoles, on devra veiller au moins à ce que les précautions commandées par la santé des enfants soient surtout observées (34) ; que le mobilier simple, mais suffisant, permette aux élèves de s’asseoir sur des bancs et non sur la terre ou sur le pavé (35), au maître de les surveiller, placés sur leurs tables en face de lui, et non le dos tourné, comme c’est encore l’usage général dans les campagnes (36) ; que les encriers, fixés sur ces tables, ne voyagent pas de main en main, laissant partout sur les cahiers et les exemples des traces de leur passage (37) ; qu’une armoire commune recueille avec exactitude, à la fin de chaque classe, les différents objets d’étude qu’on voit trop souvent errer sur les tables (38) ; enfin, selon une idée ingénieuse que l’instituteur de Perrigny (Jura, arrond. de Lons-le-Saulnier) avait déjà mise à profit, il serait bon que chaque maître s’exerçât à dissimuler la nudité des quatre murs de l’école en les couvrant de dessins géographiques, de figures de géométrie, d’astronomie, etc., exécutés de sa main : décoration peu dispendieuse et qui aurait bien des avantages, celui d’accoutumer le maître à un exercice utile, celui de frapper les yeux des élèves par des spectacles appropriés à leur instruction, enfin celui de tenir propres des murs ordinairement noircis par la poussière, la fumée, et la négligence.






Basses-Alpes ; arr. de Castellane. — Il faut dire en outre que lorsque le conseil municipal s’assemble, les élèves ont congé de droit.

Aude ; arr. de Narbonne, cant. de Coursan. — Dans ce canton il n’existe pas de local bien approprié. Les sieurs Vivet à Fallet, Benazet à Fleury, et Gazet à Armissan, sont logés dans la Mairie.

Gard ; arr. d’Uzès, cant. de Bagnols. — L’instituteur a pour tout logement une seule pièce non pavée, et si étroite qu’elle ne peut contenir qu’une dizaine d’écoliers ; il fait cependant sa classe, comme il peut, dans ce petit réduit, qui sert également de réunion aux membres du conseil municipal.

Marne ; arr. d’Epernar, cant. d’Anghire. — Dans certaines communes, la salle d’école sert à la fois de salle de conseil.

Somme ; arr. d’Amiens, cant. de Malliens-Vidame, comm. de B........ — Un abus criant existe ; le percepteur vient s’établir dans l’école pour y faire sa recette, parce que la chambre commune n’est pas disponible, attendu que le maire la trouve bonne pour y mettre des cendres.

Basses-Pyrénées ; arr. de Mauléon, cant. de Saint-Étienne-de-Baigorry. — B........, instituteur à Saint-Étienne-de-Baigorry, joue quelquefois du violon pour faire danser la jeunesse.

Jura ; arr. et cant. de Lons-le-Saulnier. — Le local dégoûtant où se tient l’école sert en même temps de corps de garde et de salle de danse.

Hautes-Pyrénées ; arr. de Bagnères, cant. de la Barthe, comm. de la Bastide. — L’école de R… est assez mal tenue, et l’instituteur fait des sabots.

Sarthe ; arr. de Saint-Calais. — Dans bien des communes l’école se tient dans l’appartement où l’instituteur tient son ménage, fait sa cuisine, reçoit son monde, quelquefois dans un fournil, dans une boutique de cordonnier, dans la cave d’un tisserand.

Meuse ; arr. de Commercy, cant. de Saint-Mihiel. — Au milieu de l’école est placé sur un poêle ardent le pot-au-feu domestique, dont les émanations ne contribuent pas peu à rendre l’air de la salle et plus corrompu et plus infect.

Jura ; arr. de Dôle, cant. de Rochefort. — La classe de Vriange sert de cuisine à l’instituteur : c’est un abus qu’il faut faire cesser.

Aisne ; arr. de Château-Thierry, cant. de la Fère en Tardenois. — Les classes sont en général tenues dans des locaux peu favorables, et j’ai même remarqué que quelques-unes n’étaient autre chose qu’une chambre à coucher. J’en ai fait la remarque à l’autorité, qui m’a répondu qu’il n’y avait pas moyen de faire autrement.

Charente-Inférieure ; arr. de Saint-Jean-d’Angely, cant. de Malta. — On ne trouve dans les classes que des tables et des bancs, très-peu de tableaux noirs ; plusieurs sont mal éclairés et servent au ménage de la famille.

Dordogne, arr. de Bergerac, cant. de Velines. — Partout les locaux sont incommodes, insalubres et impropres à leur destination ; souvent la même salle sert au logement de l’instituteur et de sa famille.

Gironde ; arr. de Blaye et Saint-Ciers-la-Lande. — Partout malpropreté des enfans ; presque partout malpropreté des écoles qui se tiennent dans la chambre même où couche l’instituteur. Tables et bancs dans le plus mauvais état.

Meuse ; arr. de Verdun, cant. de Charmy et de Souilly, comm. de Lemmes. — La maison est assez spacieuse, mais en écuries et grangeages. L’habitation n’est composée que d’une seule salle d’école, où le maître, sa femme et deux enfants habitent. Les enfants sont continuellement distraits par ceux qui entrent chez le maître. Lors de mon passage, sa femme était accouchée la veille dans le local de la classe.

Bas-Rhin ; arr. de Strasbourg, cant. de Truchtersheim. — Rien de plus misérable que la plupart des maisons d’école de ce canton. Basses, étroites, obscures, malsaines ; beaucoup n’ont qu’une seule pièce servant à la fois de salle d’école, et de logement à l’instituteur et à sa famille, qui n’y trouvent pas toujours un abri contre les intempéries des saisons.

Haut-Rhin ; arr. de Colmar, cant. de Neuf-Brisach. — Dans plusieurs communes, une seule pièce contient le lit de l’instituteur et les bancs des élèves.

Saône-et-Loire ; arr. d’Autun, cant. de Saint-Léger et de Saint-Beuvry. — Plusieurs instituteurs sont logés dans des huttes sales et étroites, où cohabitent l’instituteur, sa femme, ses enfants, ses élèves et quelquefois le pourceau du ménage.

Saône-et-Loire ; arr. de Louhans, cant. de Saint-Pierre et de Saint-Germain-des-Bois. — Se fait remarquer par la malpropreté de son école, le sieur B...... de F..... La classe sert en même temps de grange, de chambre à coucher et de poulailler. Une nuée de poules est venue fondre sur la tête de l’inspecteur à son entrée dans l’école.

Ardennes ; arr. de Mézières. — Je crois devoir ajouter ici quelques observations sur les écoles elles-mêmes. En général il n’y règne pas assez de propreté.

Lot ; arr. de Cahors, cant. de Puy-l’Évêque. — En général point de maisons d’école convenables ; peu ou point de mobilier.

Somme ; arr. d’Abbeville, cant. d’Abbeville. — Caours : Cette commune n’a point d’école. Depuis longues années, un soi-disant instituteur s’est installé dans la maison commune. Il n’a aucun enfant ; l’école lui sert à ranger des pommes de terre et des betteraves.

Basses-Alpes ; arr. de Barcellonnette, cant. de Barcellonnette — Les leçons se donnent presque partout dans des écuries malpropres où l’on ne respire souvent qu’un air infect.

Hautes-Alpes ; arr. de Briançon, cant. d’Argentière. — L’éloignement des divers hameaux, l’exiguité des moyens, et les habitudes locales maintiendront long-temps l’usage des écoles d’hiver, qui se tiennent presque toutes dans les écuries, où la population entière va chercher une température douce, saine et peu coûteuse ; mais où le papier est presque toujours humide, sans parler des autres inconvénients pour une école.

Alpes-Hautes ; arr. de Briançon, cant. de Monétier. — On est tellement habitué aux écuries, que les maîtres qui gardent des élèves pendant l’été, ne changent généralement pas de local, quoiqu’ils ne puissent y tenir ni tableaux ni cartes, et qu’ils se voient fréquemment dérangés par les gens qui viennent donner de la nourriture aux bestiaux, ou simplement pour passer leur temps.

Ardennes ; arr. de Réthel, cant. de Réthel. — En général, les classes sont étroites et peu salubres : j’ai vu des enfants réunis dans une écurie à côté des chevaux (à Ambly).

Puy-de-Dôme ; arr. de Riom, cant. de Pontgibaud. — Les trois quarts et demi des communes n’ont point d’instituteurs. Pendant trois ou quatre mois de l’hiver, il est vrai, certains hommes et certaines femmes, sachant à peine distinguer les lettres alphabétiques, rassemblent dans les écuries des bestiaux cinq ou six enfants de l’un et de l’autre sexe, et là, en présence des animaux, ils leur apprennent fort mal ce qu’ils ignorent eux-mêmes.

Charente-Inférieure ; arr. de La Rochelle. — Les maires économisent sur le loyer de l’école, en adoptant des salles basses, humides, sur la terre, mal éclairées ou trop petites.

Drôme ; arr. de Montélimart, cant. de Marsanne. — À Savanne, outre les deux instituteurs que j’ai cités, il s’en établit, l’hiver, un ou deux autres au milieu des granges.

Basses-Pyrénées ; arr. de Pau, cant. de Pau. — Les malheureux instituteurs logeant et mangeant par semaine chez chaque propriétaire, exercent dans une grange, ou cellier humide, qui ne reçoit le jour que par l’entrée (Bizanoir, Idran, Meillon, Lezans, Mazères et Celais).

Yonne ; arr. et cant. d’Avallon, comm. de Vault. — Le local est un affreux cloaque, petit, sombre, enfumé, où les enfants sont entassés ; les poutres et les solives vermoulues qui menacent ruine, sont étayées de tous côtés. Il y a, pour éclairer ce lieu infect, une fenêtre, ou mieux, un trou de deux pieds ou un peu plus. L’eau vient quelquefois dans la classe d’un pied de haut, quand il pleut abondamment. Il y a, je crois, du danger sous tous les rapports dans un local aussi peu solide et aussi malsain. Le fonds noir de cette classe est rempli de bourrées.

Meuse ; arr. de Commercy. — Malheur aux communes sans ressources ! là, cent enfants sont entassés dans des cavités obscures, impénétrables à l’air, nous dirons même à des rayons suffisants de lumière.

Sarthe ; arr. de Mamers, cant. de Marolles, comm. de Monthoudon. — La pièce où l’instituteur tient sa classe est une espèce de cave ; il faut, pour ainsi dire, se mettre à quatre pieds pour y entrer.

Vosges ; arr. de Mirecourt, cant. de Monthureux. — Les salles d’école sont dans un état vraiment déplorable, au point qu’à Monthureux même, où cent cinquante élèves du sexe masculin devraient fréquenter l’école, la salle peut en contenir environ cinquante. La salle !… c’est-à-dire la cave, car elle est enfoncée, voûtée et malsaine.

Aisne ; arr. de Soissons, cant. de Villers-Cotterets. — En général, les locaux destinés aux écoles sont trop étroits et trop peu éclairés.

Aisne ; arr. de Laon, cant. de Channy. — Les écoles sont en général mal aérées ; dans plusieurs communes, la réunion d’enfants est trop grande, vu l’exiguïté du local.

Gard ; arr. d’Alais. — Les salles d’école sont dans le plus mauvais état ; toutes trop petites et nullement en rapport avec les enfants qui devraient les fréquenter.

Marne ; arr, de Châlons, cant. de Suippes. — Les maisons d’école sont presque partout trop petites, mal meublées et tenues avec peu de propreté.

Meuse ; arr. de Verdun, cant. de Clermont et de Varennes. — Dans la commune des Illettres, la salle est si petite, qu’en hiver on est obligé d’ôter le poêle après que la classe a été chauffée, pour faire de la place. Le maître est debout pendant toute la séance. Cent quarante enfants des deux sexes y sont entassés.

Moselle ; arr. de Thionville. — Chémery : — Les enfants sont entassés dans une petite chambre haute, sur des planches soutenues par des pierres ; ils n’ont ni tables ni tableaux de calcul ou de lecture ; c’est une chose déplorable.

Nord ; arr. de Lille, cant. de Lannoy et de Tourcoing. — Je n’ai pas trouvé dans ces deux cantons une seule école qui fût proprement tenue, saine, bien aérée, et assez grande pour le nombre d’élèves qui y sont journellement renfermés.

Oise ; arr. de Compiègne, cant. de Compiègne. — Les maisons d’école sont généralement mal disposées pour leur destination ; on entasse les enfants dans un local trop petit, mal aéré, mal éclairé ; il y règne une humidité constante qu’on s’efforce de combattre en échauffant outre mesure l’appartement, au moyen d’un poêle. Ce qui augmente ainsi l’insalubrité.

Oise ; arr. de Clermont, cant. de Breteuil, de le Fretoyez, de le Tronquois. — École petite, dix pieds de long sur neuf de large et six de haut, deux croisées de deux pieds en tout sens ; il faut, en baissant la tête, descendre trois marches pour entrer dans la classe, en prenant garde de se heurter contre la poutre.

Bas-Rhin ; arr. de Strasbourg, cant. de Bischwiller. — Dans ce canton, comme dans tous les autres, beaucoup de salles d’école sont trop petites ; dans les unes, les enfants sont entassés, serrés de manière à ne pouvoir faire aucun mouvement ; un grand nombre est obligé de rester debout ou de s’asseoir à terre ; dans les autres, on ne peut recevoir que la moitié, quelquefois même le tiers des élèves, au grand mécontentement des familles, et au grand préjudice de l’enseignement.

Haute-Saône ; arr. de Vesoul, cant. de Jussey. — La commune de Vougécourt a pour la classe un local si étroit, que les enfants y sont entassés les uns sur les autres ; sur cinquante élèves, qui y sont réunis pendant l’hiver, vingt sont presque sans place. L’air qu’on y respire est tellement vicieux, que l’instituteur est gravement malade chaque année, par suite de cette corruption.

Seine-et-Oise ; arr. d’Etampes, cant. d’Etampes. —Étampes : — École des frères. J’ai trouvé quatre-vingts enfants dans une petite pièce, peu aérée, mal éclairée, où l’air vicié doit porter une atteinte grave à la santé de ces jeunes enfants.

Ardennes ; arr. de Vouziers, cant. de Buzancy. — J’ai engagé plusieurs maires à faire mettre, aux fenêtres des écoles, un nombre suffisant de ventilateurs.

Eure-et-Loir ; arr. de Châteaudun, cant. de Cloyes. — L’instituteur de..... est cabaretier !!! L’école est, on ne peut plus mal saine. Depuis long-temps il est question d’y ajouter une pièce pour séparer les filles ; mais on prétend dans le pays que le maire ne réalisera pas ce projet. Il y avait des fenêtres au fond de la classe, le maire, que ces ouvertures gênaient dans son jardin, les a fait murer (sans autorisation) ; l’instituteur, qui a intérêt à ménager le maire, ne s’y est pas opposé. Aujourd’hui, l’air ne circule plus dans l’école, on est suffoqué en y entrant.

Eure-et-Loir ; arr. de Chartres, cant. d’Illiers. — À Ermenonville-la-Petite, la classe se fait dans une petite chambre obscure, où il m’a été impossible de rester plus de cinq minutes, sans aller respirer à la porte. Les enfants y sont privés d’air et de jour.

Oise ; arr. de Beauvais, cant. de Granvilliers, comm. de Damereaucourt. — École trop petite et pas assez éclairée. Les écoles, en général, ont de petites croisées, de la dimension d’un grand carreau.

Haute-Saône ; arr. de Lure, cant. de Luxeuil et de Faucogney. — Dans toutes les communes où l’instituteur n’est pas logé et nourri chez les parents des élèves, successivement, la chambre où se tient la classe est petite, basse, mal éclairée, peu aérée, humide et malsaine.

Ardennes ; arr. de Mézières, cant. de Charleville. — M..... N....... a un instituteur qui ne manque pas de capacité ; il est un peu mou dans l’exercice de ses fonctions, et s’endort, à ce qu’il paraît, en classe. Ce défaut peut provenir aussi de ce que le local étant trop petit et trop bas, quand il y a un certain nombre d’élèves réunis, il est fort difficile de respirer librement.

Eure-et-Loir ; arr. de Dreux, cant. de Châteauneuf. — Partout l’instituteur, se logeant à ses frais et dans une chétive maison, ne peut donner pour lieu d’école aux élèves, qu’un bouge toujours beaucoup trop petit, trop bas de plancher, rarement pavé, et toujours très-mal aéré, où les enfants sont entassés sur des bancs, le long des murs, pour y rester immobiles pendant les six heures entières des classes. Ils y étouffent de chaleur et respirent un air vicié.

Meurthe ; arr. de Château-Salins, cant. de Dieuze. — Ce qui est triste à voir, ce sont les écoles mêmes ; dans quel délabrement sont-elles ? Généralement petites, malsaines et sombres, ce sont de véritables taureaux de Phalaris où les enfants étouffent. Je n’en excepte que l’école de Bourgostroff qui est grande, commode et bien éclairée.

Eure ; arr. d’Andélys. — Locaux insuffisants et infects.

Nord ; arr. d’Avesnes. — Que peut produire l’instituteur dans cet état de choses ? Rien, ou presque rien. Ne peut-il pas alléguer, d’ailleurs, que son école est un lieu infect où l’enfant croupit, au lieu de se développer ? Ce qui est vrai pour trente écoles sur quarante-quatre.

Nord ; arr. et cant. d’Avesnes (sud). — Les locaux de classes sont pires encore que partout ailleurs ; dans certaines communes j’en ai vu, à Fayt-le-Grand, et surtout à Marbais, qui sont de véritables souterrains. Dans ce dernier village, le logement de l’instituteur tombe de vétusté, cela fait frémir. Les enfants, entassés dans ces lieux obscurs et infects, sont bienheureux de n’avoir à y rester que quelques mois, car leur santé s’en ressentirait nécessairement.

Oise ; arr. de Beauvais, cant. de Méru, comm. de Formaison. — Un cloaque infect se trouve tout près de l’école.

Aisne ; arr. de Laon, cant. de Marle. — J’ai recommandé, quand cela m’a paru possible à obtenir, de blanchir les salles d’école, d’y percer quelques fenêtres pour les rendre plus saines et plus claires, et j’ai demandé s’il ne serait pas possible aux communes, d’y faire un parement en briques (celles qui n’en ont pas), car il est impossible que les enfants ne soient pas, tout l’hiver dans l’humidité et même dans la boue.

Ardennes ; arr. de Rocroy, cant. de Rumigny. — Peu de communes ont un logement pour l’instituteur. La plupart des écoles sont mal éclairées ou malsaines, ou trop petites pour contenir la foule des élèves qui y est, pour ainsi dire, entassée pendant les mois les plus rigoureux de l’hiver.

Aude ; arr. de Narbonne, cant. de Sigean. — Dans ce canton, il n’y a que l’école de M. Ferrier dont le local est fort bien approprié, tous les autres locaux sont malsains et mal distribués ; les enfants y sont entassés.

Aude ; cant. de Ginestan. — Les locaux sont tous mal appropriés, trop resserrés et malsains.

Basses-Alpes ; arr. de Castellane. — Il est difficile de dire dans quel pitoyable état sont la plupart des maisons communes de l’arrondissement de Castellane, exception faite des chefs-lieux de canton.

Calvados ; arr. de Bayeux, cant. de Trévières. — Le local des classes est presque partout malsain, mal aéré, mal éclairé. Je suis certain que les trois quarts des maladies des enfants de nos campagnes, proviennent de leur séjour dans les classes malpropres, infectes, dans lesquelles l’air est vicié. Plusieurs maires qui ne les visitaient jamais, en ont été frappés ; l’un, celui de Bernesq, s’y est trouvé indisposé. Les maîtres ont la manie de laisser les fenêtres et même les portes fermées. Dans le local de beaucoup de classes, se trouvent du bois, des matériaux sous lesquels il ne serait pas rare de trouver des reptiles.

Cher. — Les maisons d’école sont loin, en général, d’être ce qu’il faudrait, même les constructions nouvelles. Aux Aix, par une sorte de distraction, on a percé toutes les ouvertures au midi.

À Crasses, un réduit étroit reçoit le jour par un chassis à verre dormant. À Pigny, le lit du maître est dans la classe, qui compose tout son logement ; une mare où croupit le fumier s’étend devant la porte.

Gard ; arr. d’Alais, cant. d’Alais. — Presque partout on aurait besoin de faire bâtir des maisons d’école, car les locaux que se procurent les instituteurs, avec la modique indemnité allouée par le conseil municipal, sont malsains, obscurs et insuffisants.

Jura ; arr. de Dole, cant. de Dampierre. — La classe de Courtefontaine est sombre et malsaine.

Le logement de l’instituteur de Salange est tout à fait inconvenant et malsain. L’école de cette commune est malsaine.

La classe de la commune d’Our est malsaine et mal éclairée.

Jura ; arr. de Dole, cant. de Montbarey. — La classe de Montbarey est trop petite et mal éclairée. — La classe de Germigny sert en même temps de chambre à coucher à l’instituteur.

Jura ; arr. de Poligny, cant. de Salins. — Bien des écoles sont petites, mal éclairées, malsaines et d’un accès difficile.

Maine-et-Loire ; arr. de Saumur, cant. de Montreuil et de Saumur. — La presque totalité de MM. les instituteurs occupent des locaux étroits et resserrés, humides et peu aérés ; par suite, incommodes et malsains pour les enfants. Dans la plupart, la pièce de l’école sert en même temps de chambre à coucher et de cuisine.

Marne ; arr. de Rheims, cant. de Fisme. — La plupart des communes sont privées de maisons d’école ; presque toutes celles que j’ai visitées sont trop petites, malsaines et mal éclairées...... Une maison d’école distribuée et meublée convenablement est, selon moi, la pierre fondamentale de tout l’édifice de l’enseignement élémentaire. C’est en réalisant cette pensée que je suis parvenu à établir en Corse des écoles primaires qui existeront long-temps, j’espère, dans un grand nombre de communes, qui depuis plusieurs siècles étaient privées des bienfaits de l’instruction.

Meuse ; arr. de Commercy, cant. de Commercy. — Quelques communes ont pour logement de l’instituteur, les maisons les plus sales, les plus malsaines du village.

Haute-Marne ; arr. de Vassy, cant. de Chevillon, comm. de Narcy. — La salle d’école est très-malsaine, j’ai reconnu qu’il est dangereux de l’habiter, et l’instituteur m’a déclaré que les enfants sont souvent malades ; elle est aussi trop peu vaste pour le nombre des élèves qu’elle contient.

Oise ; arr. de Beauvais, cant. de Fouiloy. — L’école est sombre, sale et noire. Le logement de l’instituteur est dans un état pitoyable. Il est obligé de coucher dans un cellier, moins propre qu’une étable, où, pendant l’hiver, l’eau croupit comme dans un cloaque.

Basses-Pyrénées ; arr. d’Oleron. — Accaus : — Le local de l’école est vaste, mais en très-mauvais état ; l’hiver, les élèves y périssent de froid.

Saône-et-Loire ; arr. de Louhans. — La partie matérielle, aussi bien que la partie intellectuelle et morale, laisse beaucoup à désirer dans un grand nombre d’écoles. L’œil y est souvent affligé par l’aspect de la malpropreté. Le local est trop resserré, trop peu au-dessus du niveau de la terre. L’humidité des murs peut y compromettre la santé des élèves et du maître.

Seine-et-Oise ; arr. de Corbeil, cant. de Boissy-Saint-Léger. — O...... : — La cave la plus humide et la plus obscure n’est pas plus hideuse que le local où se fait la classe d’O...... La maison d’O...... paraît devoir à la commune une rente de 500 francs, dont elle acquitte 150 francs en fournissant le traitement du maître ; les 150 autres sont représentés par le logement du maître et la classe qui sont à peu près aussi dégoûtants l’un que l’autre.

Somme ; arr. d’Amiens, cant. de Molliens-Vidame. — Renelles : — L’école communale est si petite et si malsaine, que tous les hivers il y a une épidémie qui enlève un grand nombre des enfants qui fréquentent l’école.

Aisne ; arr. de Château Thierry, cant. de Neuilly-Saint-Prout. — Presque tous les locaux qui servent de classes sont mal disposés, mal éclairés, et peu pourvus de tables et de bancs.

Ardennes ; arr. de Mézières, cant. d’Omont. — À Omont chef-lieu du canton, les enfants sont entassés dans une chambre obscure et peu aérée, où il est impossible de bien faire une classe.

Hérault ; arr. de Saint-Pons, cant. de Salvetat. — Le logement des instituteurs est en général obscur, mal approprié et même malsain. Les ameublements d’école sont de mauvaises planches mal unies et très-peu solides.

Haute-Marne ; arr. de Chaumont, canton d’Arc et de Château-Villain. — Bien des écoles sont peu propres à l’enseignement. Le défaut le plus ordinaire, c’est le manque de jour. Quelques-unes ne sont pas assez spacieuses.

Haute-Marne ; arr. de Chaumont. — Dans quelques communes j’ai trouvé pour les écoles des locaux resserrés, humides et peu éclairés.

Haute-Saône ; arr. de Vesoul, cant. de Vesoul. — À Pusy, le sieur Jassey, instituteur, loge ses pensionnaires dans un local très mal sain. Les pieds enfoncent dans le lieu où se tient sa classe ; c’est une salle peu éclairée ; on n’y arrive qu’après avoir traversé des granges. Le local où il fait coucher ses élèves est malpropre. Les enfants couchent jusqu’à trois ensemble.

Oise ; arr. de Beauvais, cant. de Nivillers, comm. de S........ — Le maire a retiré son fils de l’école parce que l’instituteur le frappait. Il paraît cependant qu’il se corrige de ce défaut. L’école n’est pas assez éclairée. la plupart des carreaux sont en papier.

Seine ; arr. de Sceaux, cant. de Villejuif. — En général aussi, presque toutes les écoles sont mal disposées, mal éclairées et mal aérées, ce qui est préjudiciable à la santé des enfants.

Vaucluse ; arr. et cant. d’Avignon (Nord et Sud). — (École d’enseignement mutuel). Le jour y est si faible, qu’on ne peut y tailler une plume. En deux mois et demi, les élèves ont perdu trente-neuf jours de travail à cause de l’obscurité ; et en dix-neuf jours, l’école a perdu cinquante-quatre élèves qui se sont absentés par maladie. Aussi, l’aspect des enfants est triste comme le local humide qui les renferme. Au lieu de cette gaîté, de cette vivacité qui distinguent ailleurs les élèves de l’enseignement mutuel, vous ne trouvez ici que teints pâles, que visages abattus, que langueur dans tous les mouvements. Les parents, avertis par une fâcheuse expérience, retirent successivement leurs enfants de l’école.

Gers ; arr. et cant. de Lectoures. — Saint-Mézard fournit un détestable local ; ce local, chambre humide, obscure, fort sale, fort basse, est en même temps la mairie ; on y grimpe par une échelle, dont la descente est fort dangereuse dans la saison des boues.

Aude ; arr. de Narbonne, cant. de Durban. — Le logement est fourni à sept instituteurs ; mais il est en très mauvais état, surtout à Saint-Laurent, où il n’y a ni pavé, ni vitres, ni fermeture de portes.

Cher ; arr. de Bourges, cant. de Mehun. — Mehun : — Réparations et travaux indiqués dès l’inspection de 1852. Un plafond pour garantir du froid, qui descend d’un grenier ouvert à tous les vents ; un escalier neuf, car il y a péril sur les marches usées et branlantes.

Eure ; arr. de Pont-Audemer. — La classe de l’instituteur de la Potterie-Mathieu (cant. de Saint-Georges-de-Vièvres) manque de tout, même de croisées.

Basses-Pyrénées ; arr. de Pau, cant. de Pau. — Les écoles ne sont ni planchéiées ni carrelées, et manquent de vitres, c’est-à-dire qu’elles sont malsaines et obscures.

Aisne ; arr. de Chateau-Thierry, cant. de Condé. — Les écoles de ce canton sont en général très-pauvres en instituteurs et en locaux pour les classes. Celles-ci sont presque partout sur terre, mal éclairées et mal pourvues de tables, bancs et autres ustensiles nécessaires.

Aisne ; arr. de Laon, cant. de Marle. — La plupart des salles données par les communes sont basses, mal aérées, mal carrelées, ou ne le sont pas du tout.

Landes ; arr. de Saint-Sever, cant. d’Aire. — Salles d’école délabrées, malsaines, ouvertes à toutes les intempéries de l’air ; écoliers malpropres, nu-pieds ; tout vous inspire le plus souvent la compassion.

Aube ; arr. de Nogent-sur-Seine, cant. de Marcilly-le-Hayer. — Avon-la-Fère : — La maison d’école d’Avon-la-Fère est dans un état pitoyable, sale, obscure et menaçant ruine.

Saint-Flavy : — La maison d’école appartient à l’instituteur ; elle est sale, obscure et privée de tout matériel. Des planches grossières, soutenues par de mauvais tréteaux, forment les tables.

Marne ; arr. de Vitry, cant. de Sompuis. — La commune de Sonois est disposée à faire un sacrifice bien nécessaire, pour réparer son école qui menace ruine. Dernièrement encore, une partie du plafond s’est entièrement détachée du reste, et pouvait, dans sa chute, causer un accident qui heureusement n’a pas eu lieu. Les bois sont pourris en grande partie ; les mortiers ne tiennent plus ; le plafond d’ailleurs, ne se trouve pas même, en certains endroits, à hauteur d’homme, à cause de la pente du toit.

Oise ; arr. de Bearnais, cant. du Coudray, comm. de Saint-Germer. — Le toit (de l’école), le plancher du grenier, l’escalier menacent ruine, si l’on n’y apporte un prompt remède.

Oise ; arr, de Clermont, cant. de Breteuil, comm. de Troussencourt. — L’on peut craindre à chaque instant que les enfants ne soient écrasés par la chute du plafond.

Pas-de-Calais ; arr. de Boulogne, cant. de Marquise. — Le bâtiment à l’usage de l’école de Bazinghen, est dans un état de délabrement tel, qu’il y a un danger imminent d’y laisser plus long-temps le maître et les élèves. Comme cette commune se trouve sur un point culminant et immédiatement exposée aux coups de vent de mer, il est plus que probable qu’il y aura une catastrophe, si des ordres ne sont pas immédiatement donnés pour le transfert de l’école.

Haut Rhin ; arr. d’Altkirch, cant. de Ferette. — Dürmenach : — L’école catholique tombe en ruine, et sans une énorme bûche dont l’instituteur a fait une espèce de colonne pour soutenir le plafond, il est probable que l’édifice se serait écroulé.

Seine-et-Marne ; arr. de Provins, comm. de Saint-Martin et de Chémétron. — L’inspecteur a remarqué que l’école était appuyée contre l’église ; qu’il n’y avait pas de logement pour l’instituteur, et que l’on traversait cette école pour entrer dans l’église, ce qui ne lui paraît pas convenable.

Basses-Pyrénées ; arr. de Mauléon, cant. de Mauléon. — En général, les écoles se tiennent à la porte des églises, quelquefois en plein air ; le sol en est froid, malsain ; les élèves presque tous pieds nus. J’ai instamment prié les autorités à pourvoir à un local meilleur et plus sain. Pendant l’hiver, quelques instituteurs tiennent l’école dans l’intérieur des églises.

Basses-Pyrénées ; arr. de Pau, cant. de Garlin. — La classe se fait presque partout sous le vestibule ou porche de l’église, ouvert à tous les vents, et où les enfants doivent se geler pendant l’hiver, et sont exposés aux courants d’air pendant l’été.

Seine-et-Oise ; arr. de Pontoise, cant. de Luzarches. — Bellefontaine : — École établie sous le clocher ! c’est assez dire qu’elle est en mauvais état.

Fosses : — Cette école, qui est établie dans une des chapelles de l’ancienne église, est fort malsaine et aussi mal tenue.

Aisne ; arr. de Soissons, cant. de Vailly. — Dans plusieurs communes, il n’y a pas de local pour l’école ; on ne trouve ni à en acheter ni à en louer. Telle est la situation de Louper.

Basses-Pyrénées ; arr. de Mauléon, cant. de Saint Jean-Pied-de-Port. — L’instituteur d’Arnéguy avait pour local une mauvaise petite chambre à un rez-de-chaussée, humide et insalubre, qui tombe en ruine. La commune avait commencé à y faire des réparations. En attendant, l’instituteur Etcheberry réunit les élèves en plein air, de l’autre côté du pont qui sépare la France de l’Espagne, sous le soleil d’Espagne.

Nord ; arr. d’Avesnes. — Un homme (puisse-t-il avoir des imitateurs), un homme généreux a voulu doter sa commune d’une école : il voulait le bien ; il a dû le vouloir envers et contre tous. Enfin, l’école s’est élevée, malgré les obstacles ; modeste au dehors, mais riche en dedans de tout ce qu’il fallait. Pendant la construction, le maître, jeune homme de la commune, s’instruisait à Paris, dans une école normale, aux frais de celui qui a tout payé, qui paie encore tout, mais largement, magnifiquement. Aussi, l’école est-elle fréquentée dix mois de l’année. Puisse-t-elle prospérer long-temps, et avec elle son bienfaiteur !

Vosges ; arr. de Neuf-Château, cant. de Neufchâteau. — En général, les écoles primaires, dans les cantons que j’ai parcourus, sont évidemment en progrès. Il reste encore quelques traces de leur état passé, mais elles s’effacent tous les jours. Matériel des écoles ; instruction des enfants et des maîtres ; morale de ceux-ci, tout devient sensiblement meilleur.

Ces chambres sans plafond, presque sans fenêtre, où l’on entassait, pour ainsi dire, les enfants dans une atmosphère malsaine, on les a remplacées, dans beaucoup de communes, par des salles vastes, bien aérées, bien éclairées : dans quelques communes, la maison d’école est le plus beau bâtiment du village.

Ardennes ; arr. de Rocroy. — À Liard, une très-petite école, près de tomber en ruine, renferme en hiver près de cent enfants. Dans ce petit local sombre, un maître plein de zèle et de dévouement, a formé des élèves qui calculent fort bien et entendent bien les principes de la grammaire ; mais les anciens de la commune disent que leurs pères ayant été instruits dans cette école, elle est encore bonne pour leurs enfants. À Girondelle, où l’école est humide et trop petite, on trouve la même insouciance.

Oise ; arr. et cant. de Beauvais, comm. de Savignies. — Il n’y a pas de lieux d’aisances pour les enfants.

Oise ; cant. de Songeons, comm. de Laueuse. — L’école est petite, il n’y a point de lieux commodes où les enfants puissent satisfaire leurs besoins.

Oise ; arr. de Beauvais, comm. de Serifontaine. — Les enfants sont obligés de faire leurs nécessités dans une rue adjacente, ce qui n’est, ni propre, ni décent ; aussi les voisins s’en plaignent-ils.

Moselle ; arr. de Sarreguemines. — Les maisons d’école, dont la construction ne remonte qu’à 5 ou 6 ans, ne peuvent déjà plus contenir le nombre des enfants de la commune.

Vosges ; arr. de Neuf-Château, cant. de Châtenois. — Le manque de salles convenables arrête aussi les progrès de l’instruction. Sur vingt-quatre qu’il y a dans ce canton, onze au moins ne conviennent pas.

Gard ; arr. d’Alais. — Peu de communes ont des maisons d’école ; il faut prendre le plus grand soin de celles qu’on va être obligé de construire. Le mobilier est en général nul.

Meuse ; arr. de Commercy. — Il est un abus que nous avons observé dans les campagnes, c’est l’absence de tous moyens hygiéniques, l’oubli général et constant de renouveler l’air par l’ouverture des croisées ou des ventilateurs. Aussi, avons nous appris sans étonnement, qu’après quinze jours de présence, la plupart des enfants tombent malades, et quittent l’école.

Moselle ; arr. de Sarreguemines. — Il serait à désirer que M. le Ministre de l’instruction publique, en envoyant à tous les comités des plans de maisons d’école, y joignît aussi un tableau indicatif de la grandeur de chaque salle, suivant le nombre des enfants, en y ajoutant un dixième d’espace en sus, eu égard à l’accroissement de la population. De plus, le plan d’une maison d’école à construire devrait toujours être soumis à M. le recteur de l’académie, avec un avis préalable du comité qui indiquerait en outre le nombre d’élèves pour lequel la salle serait destinée.

Yonne ; arr. de Tonnerre, cant de Crusy. — Les communes, en général, n’ont pas une juste idée d’une maison d’école et, à en juger par celles qui sont en construction ou qui ont été regardées comme suffisantes par l’autorité supérieure de l’arrondissement, il est à croire que cette autorité, et les architectes eux-mêmes, ne conçoivent guère mieux ce que la loi entend par convenable. Il me paraît urgent que l’autorité ait là-dessus des instructions nettes, précises, afin de hâter les réparations, les agrandissements, l’assainissement des maisons d’école existantes, et de diriger les constructions commencées ou à faire dans les termes de la loi.

Aude ; arr. de Narbonne. — Chez M. C…… à Villesèque, quelques élèves sont assis par terre.

Aude ; arr. de Narbonne, cant. de Durban. — Le mobilier est partout nul, et les communes n’ont pas les moyens d’y pourvoir. Dans la plupart des écoles, les élèves sont obligés de s’asseoir par terre.

Pyrénées-Orientales ; arr. de Perpignan, cant. de Prades et Vinça. — Fréquemment les élèves sont assis, dans les écoles, sur le pavé, et pour écrire ils doivent se placer tout droits devant la table qui sert de support à leurs cahiers : position que je signale comme pouvant leur déranger les fonctions de l’estomac, et être éminemment préjudiciable à leur avancement.

Moselle ; arr. de Sarreguemines. — Je n’ai vu généralement qu’une ou deux tables très-larges, où les enfants étaient assis des deux côtés, et la moitié tournant le dos au maître.

Seine ; arr. de Sceaux, cant. de Villejuif. — Le mobilier est aussi mal approprié pour le genre d’instruction qu’on y reçoit ; ce sont presque partout de vieilles tables larges et incommodes.

Oise ; arr. de Beauvais. — Les maîtres ne s’attachent point assez à ce que les élèves tiennent proprement leurs cahiers et soient silencieux. La plupart des instituteurs ayant été élevés dans des écoles de village, n’ont aucune idée de la bonne tenue d’une école, et par conséquent de l’intérêt qu’ils doivent y attacher.

Saône-et-Loire ; arr. de Châlons, cant. de Sennecey. — Les cahiers pourraient être mieux tenus, ils sont quelquefois couverts de taches d’encre. On remédierait à cet inconvénient en rendant les encriers immobiles, en les enfonçant au niveau des bancs et en les recouvrant d’une plaque mobile de fer-blanc.

Basses-Pyrénées, arr. de Pau, cant. de Pau. — Les cahiers ne sont pas proprement tenus ; ils accusent la négligence des élèves et souvent celle du maître, et l’on voit qu’ils ont traîné sur les bancs ou sur les tables de cuisine. Il serait bon qu’il y eût dans chaque classe une armoire ou un tiroir où seraient déposés les livres et les cahiers, qui ne font que se salir ou se gâter à la maison.

Gironde ; arr. de Libourne, cant. de Sainte-Foy. — Il s’agirait de faire représenter au plafond de la salle d’école l’image du Créateur, entourée de paroles écrites qui constituent son essence ; partant de cette idée fondamentale, les murs intérieurs de l’école seraient couverts d’inscriptions tirées de l’Évangile, toutes purement morales, afin qu’elles puissent convenir à tous les cultes ; de telle sorte que les enfants ne pourraient jamais distraire les yeux de leur ouvrage sans les porter sur des objets propres à les rendre meilleurs. Par ce moyen, les murs de l’école deviendraient pour ainsi dire parlants.

Jura ; arr. de Lons-le-Saulnier, cant. de Canliège. — On trouve dans l’école de Perrigny une multitude de cartes géographiques, de figures de géométrie et d’astronomie exécutées sur les murs et sur le plafond, par l’instituteur lui-même.