Tableau du royaume de Caboul et de ses dépendances dans la Perse, la Tartarie et l’Inde/Tome 3/Héraut

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HÉRAUT.

Cette ville, aufrefois Héri, est une des plus anciennes et des plus célèbres de l’Orient. Elle donna son nom à une vaste province lors de l’expédition d’Alexandre, et demeura long-temps la capitale de l’empire que Tamerlan laissa à ses enfans. De la maison de Timour elle a passé aux sophis de Perse, sur lesquels les Douraunées en ont fait la conquête en 1715. Reprise par Nadir-Schah en 1731, elle est retombée au pouvoir d’Ahmed-Schah en 1749, et n’a pas cessé d’appartenir aux rois de Caboul.

Héraut surpasse en magnificence toutes les villes de l’Afghanistan.

Elle renferme une superbe mosquée, surmontée de dômes et de minarets, couverts de ces tuiles vernissées dont les Persans font usage dans tous leurs édifices.

La ville est entourée d’un large fossé rempli d’eau de source et d’un haut rempart de briques cuites au soleil. Au nord est la citadelle, sur une éminence qui domine toute la ville. Sa population peut être de cent mille âmes, et est disséminée sur un espace considérable.

Les deux tiers sont des Hérautées, c’est-à-dire les desccndans des anciens habitans, lesquels professent tous la secte d’Hali. Le dixième de la population se compose de Douraunées ; le reste est formé d’Eimauks de Mogols, et de ce mélange d’étrangers que l’on voit dans toutes les villes afghanes.

Les villageois, qui peuplent les campagnes autour de la ville, sont presque tous Taujiks et de la secte des Sunnites.

Le revenu de la province de Héraut est d’un million de roupies (deux millions cinq cent mille francs). Plus de la moitié de cette somme est absorbée par la solde des troupes et par des gratifications ; le reste est versé dans le trésor des autorités locales, mais ne suffit jamais aux dépenses de la province. On envoie de Caboul un supplément de fonds.

Un gouvernement de cette importance a toujours été donné au fils ou à l’un des proches parens du roi. Timour-Schah en étoit investi du vivant de son père. Schah-Mahmoud l’a occupé, avant de disputer le trône à Schah-Zeimaun, et il est aujourd’hui entre les mains de son frère. Sa cour est fort brillante, mais il a perdu beaucoup de sa popularité en s’abandonnant aux conseils d’un ministre, qui est Persan d’origine.