Tailleur pour dames/Acte III

La bibliothèque libre.
Librairie Théatrale (p. 83-116).

ACTE TROISIÈME


Même décor qu’au premier acte.


Scène première

MOULINEAUX, ÉTIENNE.
Au lever du rideau, la scène est vide… On entend sonner.
Moment de silence.
Voix d’Étienne, dans la coulisse.

Ca ne fait rien, monsieur !

Moulineaux, sortant, très anxieux, de la porte de droite, premier plan.

On a sonné ! Qui est-ce ? (Appelant.) Étienne !… Eh bien, Étienne ?

Étienne, paraissant au fond.

Monsieur ?

Moulineaux.

Qui est-ce qui a sonné ?

Étienne, haussant les épaules, en faisant mine de remonter.

Oh ! C’est rien !

Moulineaux.

Comment, rien ?

Étienne.

Non, c’est un malade qui venait pour une opération… Il m’a demandé si monsieur y était… Je lui ai dit que oui… Alors il m’a dit que ça ne lui faisait plus mal et il est parti.

Moulineaux.

L’imbécile ! Eh bien, alors, quand ce n’est personne, on vient dire : « Monsieur, c’est personne ! »

Étienne.

J’ai pensé que c’était inutile.

Moulineaux, agacé.

C’est bien, allez.

Il passe au 1, — très absorbé.
Étienne, voyant sa tristesse, après l’avoir considéré un petit temps.

Monsieur est soucieux, je comprends ça. Je l’avais bien dit à monsieur ! Voilà une nuit de bal à l’Opéra qui ne lui aura pas porté bonheur. Aussi, étant donné qu’on fait les choses, il faut les faire proprement.

Moulineaux.

Hein !

Étienne

Monsieur aurait dû me dire : Étienne, je vais au bal… Je me serais mis dans le lit de monsieur.

Moulineaux.

Dans mon lit…

Étienne.

Oh ! monsieur ne me dégoûte pas (Moulineaux hausse les épaules.) J’aurais changé les draps, voilà tout ; et les apparences auraient été sauvées.

Moulineaux, tout à son idée fixe.

Non, mais où peut être ma femme ?

Étienne, comme lui, l’air tristement songeur.

Oui !… C’est ce que nous nous demandions tout à l’heure à l’office.

Moulineaux, même jeu.

Dans une heure, il y aura vingt-quatre heures qu’elle aura quitté le domicile conjugal.

Étienne, avec élan.

Oh ! monsieur, si ça pouvait s’arranger ! hein ?… Tâchez que cela s’arrange…

Moulineaux, avec découragement.

Ah !

Étienne, bien naïf.

Oh ! si, monsieur… pour moi ! monsieur fera bien cela pour moi… Je déteste quand on broie du noir autour de moi !… je suis une sensitive, monsieur… alors, je broie aussi et j’aime pas ça.

On sonne.
Moulineaux, dressant la tête.

On a sonné.

Étienne, toujours sur le même ton.

Ça ne fait rien.

Moulineaux.

Comment, ça ne fait rien ?

Étienne.

Non, on n’entrera toujours pas sans que j’ouvre. Alors… c’est convenu ? pour moi ?

Moulineaux, impatienté.

Oui, c’est bon ! allez !…

Étienne.

Merci. (Il tend la main : voyant que Moulineaux ne lui donne pas la sienne, il serre dans le vide.) Merci !

Moulineaux, passant à droite.

Et vous savez, hormis ma femme, je n’y suis pour personne.

Étienne.

Personne ?…

Moulineaux.

Quand ce serait le pape !… personne.

Il rentre dans son appartement. — Étienne va ouvrir.

Scène II

ÉTIENNE, AUBIN.
Étienne, au fond, empêchant Aubin d’entrer.

Non, monsieur, monsieur n’est pas là.

Aubin, (no 1).

Allons donc ! Le concierge m’a dit qu’il y était.

Étienne.

Et moi, c’est monsieur lui-même qui vient de me dire qu’il n’y était pas… Il doit mieux le savoir que le concierge.

Aubin.

Oui ? Eh bien, dites-lui que c’est M. Aubin…

Étienne.

Il m’a dit : quand ce serait le pape… Vous n’êtes même pas le pape.

Aubin.

Non. Mais j’ai absolument besoin de le voir à cause de ma femme.

Étienne.

Eh bien, lui, il ne veut voir personne à cause de la sienne.

Aubin.

Pourquoi cela ?

Étienne, avec importance.

Oh ! ça, ce sont des choses qui ne doivent pas sortir de la maison… Les secrets des maîtres, ça ne regarde qu’eux… et les domestiques… Et moi, vous savez… la discrétion même… Vous viendriez me dire : Étienne, est-ce vrai que ça branle dans le ménage depuis quelques jours ?… que monsieur a passé l’autre nuit dehors ? Est-ce vrai que cette nuit… chose bien plus grave… c’est madame qui n’est pas rentrée et qu’on l’attend toujours ?… je vous répondrais : non, non, non, je ne sais pas ce que vous voulez dire.

Aubin.

Ah ! madame Moulineaux n’est pas rentrée au domicile conjugal ?

Étienne, naïvement.

Oh ! comment le savez-vous ?

Aubin.

Vous venez de me le dire !…

Étienne.

Moi ! (À part.) Il a de l’aplomb.

Aubin.

Pas rentrée ! C’est comme ma femme… Après le scandale d’hier, je ne l’ai pas revue… C’est incroyable !…

Étienne, riant bêtement.

Ah ! la dame de monsieur aussi… Il paraît que c’est contagieux, alors.

Aubin, il passe à droite.

Mais ça ne peut pas durer ; je sais qu’elle doit venir, aussi ai-je eu l’idée de venir ici… Je sais que c’est vers ces heures-là qu’elle doit aller chez le docteur…

Étienne.

Oh ! mais vous savez, pour votre dame comme pour tout le monde aujourd’hui, c’est porte close… tant que monsieur n’aura pas retrouvé madame… (On sonne.) On a sonné. Je vous demande pardon…

Il sort vivement par le fond.
Aubin, au public, passant à gauche.

Il n’y a pas à dire, il faut que j’aie une explication avec ma femme… Je désavouerai Rosa, voilà tout !


Scène III

AUBIN, ÉTIENNE, puis MADAME AIGREVILLE, YVONNE.
Étienne, entrant vivement.

Monsieur… justement ce sont ces dames… Je vous conseille de vous en aller.

Aubin.

Quelles dames ?

Étienne.

Madame Moulineaux et sa mère.

Aubin.

La femme du docteur ! Vraiment ! il a de la chance, elle revient, elle !

Madame Aigreville.

Monsieur Moulineaux ! Allez le prévenir que je suis là, moi, madame Aigreville.

Aubin.

Madame Aigreville ! Sa Majesté !…

Étienne.

J’y vais. Ah ! Monsieur va être bien heureux !

Il entre à droite premier plan.
Madame Aigreville.

C’est son affaire ! Mais ça m’étonnerait !

Aubin.

Sa Majesté… Madame Aigreville ? Ca n’est pas clair !… (À madame Aigreville.) Je vous demande pardon. Alors vous n’êtes pas…

Madame Aigreville.

Quoi donc ?

Aubin.

La reine du Groënland !

Madame Aigreville.

Moi ! la… (Elle rit.) C’est son eczéma qui lui remonte.

Aubin.

Non ?… mais alors j’ai pris des vessies pour des lanternes.

Madame Aigreville.

Hein !

Aubin.

Euh ! non, ce n’est pas ce que je voulais dire. (Saluant.) Mon Dieu, madame, je vois que vous aurez sans doute à causer avec le docteur ! Je me retire.

Il salue.
Madame Aigreville.

Monsieur !

Aubin, saluant Yvonne.

Madame ! (À part.) Charmante, la femme du docteur !

Il sort.
Madame Aigreville.

Et toi, tu sais, pas de faiblesses !

Yvonne[1].

N’ayez pas peur, maman !


Scène IV

Les Mêmes, MOULINEAUX.
Moulineaux, s’élançant au-devant d’Yvonne.

Enfin, Yvonne ! Ah ! dans quelle inquiétude tu m’as mis ! (no 3).

Madame Aigreville, arrêtant Moulineaux au passage.

Arrière, monsieur… (no 2).

Moulineaux.

Hein !

Madame Aigreville.

Ne vous méprenez pas sur le motif de notre présence ici !

Moulineaux.

Mais…

Madame Aigreville.

Ah ! vous avez cru que cela se passerait ainsi ! Non ! Je sais quels devoirs mon rôle de mère m’impose !…

Moulineaux.

Aïe !… Si elle s’en mêle !

Madame Aigreville.

Mon gendre, puisque tant est que vous l’êtes, je vous ramène votre femme.

Moulineaux.

Hein ! Ah ! belle-maman, voilà un beau mouvement !

Il veut s’élancer.
Madame Aigreville, l’arrêtant.

Arrière donc !… Ce n’est pas comme vous l’entendez !… Nous avons longuement réfléchi, ma fille et moi, et voici ce que nous avons décidé.

Moulineaux, se montant.

Parbleu, si votre fille vous a écoutée, ça va être joli !

Madame Aigreville.

Il n’y aura plus rien de commun entre votre femme et vous…

Moulineaux, riant jaune.

Là… qu’est-ce que je disais ?

Madame Aigreville.

J’avais d’abord pensé à me retirer avec ma fille chez moi… C’est ainsi que nous avons passé cette nuit au Grand Hôtel… chambre 432… au quatrième sur la place. Mais il ne convient pas que nous soyons livrées aux commentaires du monde. Ma fille vivra sous le même toit que vous ! Pour sauver les apparences.

Moulineaux, à part.

Oui ? Oh ! bien, je me charge bien, une fois seul avec ma femme…

Madame Aigreville.

Et j’habiterai avec elle !…

Moulineaux, sursautant.

Hein !

Madame Aigreville.

Pour être son conseil et son défenseur.

Moulineaux.

Ah bien ! ça va être gai !

Madame Aigreville.

Nous ferons absolument ménage à part, nous prendrons chacun une moitié de l’appartement. (Montrant l’appartement de Moulineaux.) Ceci, côté des hommes… Ceci côté des dames, ici, salle mixte !

Moulineaux.

Oui, pour les parlementaires…

Madame Aigreville.

Voilà comme j’entends régler notre existence et apporter la paix dans le ménage.

Moulineaux, riant jaune.

Ah bien ! je vous fais mon compliment… (Éclatant.) Mais c’est fou, voyons !… On n’a pas idée de ça ! car enfin, que me reproche-t-on, au bout du compte ?… Oui, enfin, dis-le, Yvonne, que me reproches-tu ?

Yvonne.

Moi ?

Madame Aigreville, vivement.

Ne réponds pas, Yvonne !

Moulineaux, furieux.

Ah ! bien ! vous allez la laisser parler, vous, par exemple !…

Madame Aigreville.

Pas d’emportement, monsieur !

Yvonne, passant au 2.

Comment, monsieur, vous avez le front de me demander ce que j’ai à vous reprocher ?

Madame Aigreville.

Oui, il a le front…

Moulineaux, brutal.

Je ne vous parle pas, à vous !…

Yvonne.

D’abord, je vous prie de parler plus poliment à ma mère.

Moulineaux.

Ce sera bien pour vous, par exemple… Eh bien ?

Yvonne.

Comment, je vous surprends dans un magasin de couture en tête à tête avec une femme, l’étreignant contre votre poitrine.

Moulineaux, vivement.

Pardon, elle n’était pas à moi !

Yvonne.

Qui ?

Moulineaux.

La femme ! On venait de me la passer.

Il accompagne sa phrase d’une mimique explicative.
Yvonne.

Vraiment, et c’est pour cela que vous la serriez dans vos bras ?

Moulineaux.

Moi ? oh ! non, si tu avais regardé… je ne serrais pas !

Yvonne.

Je vous dis que vous la serriez dans vos bras et elle s’y trouvait mal !…

Moulineaux, saisissant la balle au bond.

Ah ! tu vois bien… elle s’y trouvait mal… Voilà qui te prouve suffisamment…

Yvonne.

Allons donc… vous courez après les couturières…

Madame Aigreville.

Et vous me les présentez comme des clientes !…

Moulineaux, avec volubilité passant au 2.

Mais non, ça, c’est autre chose ! Ne mêlons pas. (À madame Aigreville.) La femme que vous avez vue, c’est madame Aubin, la femme de M. Aubin. Tandis que l’autre…

Madame Aigreville, aigre.

C’est la femme à qui ? (no 1.)

Moulineaux, vivement.

À M. Aubin.

Madame Aigreville, même jeu.

Oui ? Alors il est bigame ?

Moulineaux, même jeu.

Voilà !… Euh, mais non, mais non ! oh ! il n’y a pas moyen de s’entendre ! (À madame Aigreville.) Aussi c’est vous qui embrouillez les choses. De quoi vous mêlez-vous, après tout ! Est-ce que ça vous regarde ?

Madame Aigreville.

Comment, de quoi je me mêle !

Moulineaux, furieux.

Vous vous immiscez là dans notre vie privée… Ce n’est pas vous que j’ai épousée, n’est-ce pas ? Donc, je n’ai d’explications à donner qu’à ma femme et je n’ai pas besoin de vous.

Madame Aigreville.

N’espérez pas que je vous laisse avec Yvonne !… Merci ! la pauvre enfant, dans vos filets !

Moulineaux, haussant les épaules, exaspéré.

Dans mes filets ! dans mes filets !… Les grands mots !… Je vous dis que je veux causer seul avec ma femme, il me semble que j’en ai le droit !

Madame Aigreville.

Non !

Moulineaux, la voix rauque, étouffant un cri de rage.

Oh !

On sent qu’il est sur le point d’étrangler sa belle-mère, il se réprime, il remonte au fond à grands pas, puis redescend à l’extrême gauche.
Yvonne.

Ma mère, consentez à ce qu’il demande… Que monsieur n’ait rien au moins à nous reprocher !

Madame Aigreville.

Mais je te connais, tu vas te laisser entortiller !

Yvonne.

Ne craignez rien.

Madame Aigreville.

Soit, je vous laisse. Vous ne direz pas que je n’y mets pas du mien… Et toi, ne plie pas !… (À part.) Ah ! la pauvre enfant ! dire que si je n’étais pas là… elle serait déjà réconciliée !… (Faisant la moue à Moulineaux.) Hou !

Elle sort 2e plan à gauche.

Scène V

YVONNE, MOULINEAUX, puis MADAME AIGREVILLE.
Moulineaux, au bout d’un temps, et après le départ de madame Aigreville, se dirige à pas lents et silencieusement vers Yvonne qui est à l’extrême droite, puis très calme.

Écoute, Yvonne, oublie un moment que tu as une mère et crois-moi… Ces deux femmes, c’est le secret de M. Aubin et pas le mien. Je ne les connais pas… Quand je te dirai que ce sont deux… deux sujets, là… J’ai été appelé là-bas comme médecin… pour un cas pathologique très curieux… de la médecine comparée. Je ne peux pas t’expliquer cela, c’est de la science, il faut des études spéciales. Mais crois-moi, c’est absolument fini… Tu m’as surpris en train de faire une expérience… Elle n’a pas réussi !… et je l’ai abandonnée.

Yvonne.

Cela vous est facile à dire à présent !

Madame Aigreville, passant la tête par la porte.

Est-ce que c’est bientôt fini ?

Moulineaux, brutal.

Mais non… Quand ce sera fini, on vous appellera.

Madame Aigreville.

Ne le crois pas, tu sais !

Elle rentre.
Moulineaux, à part, et rageur.

Peste, va ! (À Yvonne, très doux.) Je t’assure que tout ce que je te dis est vrai. (À part.) Il est des cas où un galant homme a le devoir d’altérer la vérité.

Yvonne, faiblissant

Oh ! si je pouvais vous croire !

Moulineaux, avec élan.

Mais crois-moi donc !

Yvonne.

Oh ! ce serait si bon, la confiance !… mais voilà, je ne peux pas… vous devez me mentir.

Moulineaux, très chaud

Mais non, qu’est-ce qui te fait croire ça ?

Yvonne.

C’est maman !

Moulineaux, avec une rage concentrée et un rire amer.

Ah ! ta mère… ta bonne petite mère… Mais ça n’est pas une raison, ta mère !…

Yvonne, qui ne demande pas mieux que de fléchir.

Alors vous oseriez prêter serment… ?

Moulineaux.

Mais…

Yvonne.

Oh ! pour convaincre ma mère… Jurez-moi que vous me dites la vérité…

Moulineaux, à part avec conviction.

Elle est assommante, sa mère ! (Levant la main.) Je jure que c’est la vérité ; toute la vérité, rien que la vérité… (À part.) Oh ! ça, oui, par exemple.

Le serment doit être lié avec l’aparté, pour en être comme la déduction.
Yvonne.

Oh ! merci… Alors la dame avec qui je vous ai vu, vous ne la connaissez pas ?

Moulineaux.

C’est-à-dire que si tu me trouves encore avec elle, je te permets de penser ce que tu voudras ! là ! Tu pardonnes ?

Yvonne.

Oh ! non… non, pas comme ça… plus tard… Quand maman sera partie.

Moulineaux.

Embrasse-moi, au moins !

Aubin paraît au fond.
Yvonne

Ah ! ça, c’est autre chose.

Moulineaux embrasse Yvonne.

Scène VI

Les Mêmes, AUBIN.
Aubin, qui a vu Moulineaux embrasser Yvonne. À part, avec stupéfaction.

Oh ! Machin est l’amant de la femme du docteur !…

Il demeure sur le seuil de la porte, et écoute.
Moulineaux.

Tu es un ange !

Yvonne.

Alors vous serez bien raisonnable, et vous ne ferez plus comme l’autre nuit… Au lieu de la passer ici, gentiment… où avez-vous été ? Oh ! nous nous expliquerons à ce sujet !

Aubin, scandalisé.

Oh !

Moulineaux.

Tu n’auras jamais plus rien à me reprocher.

Yvonne.

Oh ! je vous reproche d’être un mauvais mari, de ne pas bien aimer votre femme.

Moulineaux.

C’est toi qui n’aimes pas ton mari !…

Aubin, même jeu.

Ah ! ça, c’est nouveau, par exemple. (Haut.) Hum ! C’est moi… j’arrive, je n’ai rien entendu…

Il redescend au no 1.
Moulineaux.

Lui !… Sapristi !… il va tout gâter !… (Haut.) Euh ! je vous présente madame Moulineaux.

Aubin.

Oui, oui, je sais… j’ai bien vu !… (Il rit en saluant.) Ah ! ah ! mon gaillard ! mes compliments.

Moulineaux, étonné.

Qu’est-ce qu’il a ?…

Aubin.

Et comment ça va, à part ça ?… Vous êtes-vous occupé de nous ?

Moulineaux, vivement.

Oui, oui, certainement. (À part.) Je sens la bombe, je sens la bombe !

Aubin.

Vous avez commencé la robe de ma femme ?

Moulineaux.

Hein ! oui… parlons d’autre chose : avez-vous été à la Chambre, aujourd’hui ?

Yvonne, à qui la question d’Aubin n’a pas échappé.

Quelle robe, mon ami ?

Moulineaux, prenant l’air dégagé.

Rien, une robe de chambre… C’est-à-dire, non… une robe que j’ai commandée pour sa femme, une robe de santé.

Yvonne.

De santé ?

Moulineaux, même jeu.

Oui, une robe homéopathique… avec de l’électricité dedans… C’est encore de la science… (À part.) Oh ! si je pouvais le faire entrer sous terre.

Yvonne.

Oh ! cela me paraît louche !

Moulineaux.

Mais non, tu ne vas pas encore te mettre des idées dans la tête ?…

Aubin.

Il la tutoie devant moi ! il n’a aucun tact.

Moulineaux.

Ne sois donc pas soupçonneuse !… aie toujours confiance en moi… Qu’il te suffise de savoir que je n’aime et n’aimerai jamais que toi !

Yvonne, d’un air de doute.

Oh !


Scène VII

Les Mêmes, BASSINET.
Aubin, voyant entrer Bassinet.

Ciel ! le mari !

Il tire son mouchoir, et fait des signaux désespérés à Moulineaux qui lui tourne le dos.
Moulineaux.

Puisque je te répète que je t’aime, je t’aime, je t’aime !

Bassinet, (no 2).

Ah ! charmant !

Aubin, faisant des signaux.

Eh ! monsieur Machin ! monsieur Machin !

Voyant que Bassinet le regarde, pour se donner une contenance, il affecte de s’éventer avec son mouchoir tout en faisant des salutations à Bassinet. — Bassinet, étonné, tire son mouchoir, et exécute les mêmes gestes que Aubin.
Moulineaux, tendrement (no 3).

Yvonne ?

Il veut l’embrasser.
Yvonne, (no 4).

Mais, voyons, pas devant tout le monde !

Moulineaux.

Quoi ? je n’en rougis pas.

Aubin

Ça, c’est le comble ! Et l’autre qui ne bronche pas… (Voyant Bassinet se diriger vers Moulineaux.) Ah ! si.

Bassinet, s’avance avec une gravité comique et frappe sur l’épaule de Moulineaux

Eh bien, dites donc ! je suis là, moi, vous savez !

Aubin.

Il éclate, ça va être terrible !

Moulineaux, maussade, sans prendre même la peine de se retourner.

Hein ? Quoi ?

Bassinet, bon enfant.

Eh bien !… bonjour ! Vous ne me dites pas bonjour ?

Moulineaux.

Ah ! bonjour, bonjour !

Aubin, ahuri.

Hein ! et voilà tout… (À Moulineaux.) Comment M. Machin !…

Yvonne, vivement.

Machin ! Pourquoi t’appelle-t-il Machin ?

Moulineaux, embarrassé.

Hein ? tu crois qu’il m’a appelé… C’est possible ! il est si mal élevé… (À part.) Si je n’emmène pas Yvonne, il va mettre les pieds dans le plat ! (Haut.) Je crois que ta mère t’appelle.

Ils passent devant Bassinet qui tient le milieu de la scène.
Yvonne.

Mais non.

Moulineaux

Mais si, mais si… Allons, viens… tout à l’heure…

Il sort avec Yvonne, gauche, 2e plan.

Scène VIII

AUBIN, BASSINET.

Moment de silence. — Aubin et Bassinet se regardent. — Puis Bassinet indique du doigt la porte par où est sorti Moulineaux et tous deux éclatent de rire.

Aubin, continuant de rire.

Non, il est cynique ! (À Bassinet.) Et vous ne dites rien ?

Bassinet.

De quoi !

Aubin.

Hein ! de… de rien ! (À part.) Il est donc sourd ?

Bassinet, riant à Aubin.

Dites donc, je crois que nous les avons dérangés !…

Aubin, ahuri.

Oui, je… (À part.) Non, mais dans quel siècle vivons-nous ?

Bassinet, même jeu.

Ils sont gentils !

Aubin, riant par complaisance.

Très gentils ! très gentils !… (À part.) Il n’a aucun sens moral !… (Haut.) Mon cher, je ne suis pas bégueule, mais je ne comprends pas que vous ne surveillez pas plus votre femme…

Bassinet, interloqué.

Ma femme ! (À part.) Il est décousu. (Haut.) Dam ! laissez-moi le temps.. Je ne l’ai retrouvée que depuis hier.

Aubin.

Ah ! vous ne l’avez retrouvée…

Bassinet.

Oui. (À part.) À propos de quoi me parle-t-il de ma femme ?… (Haut.) Il faut vous dire qu’elle m’avait planté là.

Aubin.

Pour le couturier…

Bassinet.

Non, pour un militaire.

Aubin.

Ah ! aussi !… (À part.) Oh ! mais c’est une gaillarde !

Bassinet.

Il y avait un temps infini que je la cherchais, quand hier, au moment où je m’y attendais le moins, v’lan ! je la trouve dans les bras de qui ?…

Aubin.

De M. Machin ?

Bassinet, ahuri.

Machin !… précisément. Comment savez-vous ?…

Aubin.

Ah ! ce n’est pas malin à deviner. (À part.) Il est admirable de philosophie, le mari !

Bassinet.

Quand elle m’a vu, de bonheur elle m’a giflé… Ah ! je suis bien content !

Aubin.

Oui, battu et content… Ca ne m’étonne pas !

Bassinet, à part.

Non, c’est Moulineaux qui sera étonné quand je lui présenterai ma femme tout à l’heure…


Scène IX

Les Mêmes, MOULINEAUX.
Moulineaux.

Là, c’est arrangé !… j’ai fait à peu près entendre raison à belle-maman ! (À Bassinet.) Bonjour, mon cher, je vous demande pardon, tout à l’heure, je vous ai reçu un peu en l’air…

Bassinet, gagnant le 2.

Oh ! je comprends très bien, ça ne fait rien…

Moulineaux, à Aubin.

Ah ! vous êtes encore là, vous ?

Aubin, prenant Moulineaux à part, à l’extrême gauche.

Oui, j’ai un mot à vous dire.

Bassinet, bien naïvement, vient rejoindre leur groupe pour écouter.
Aubin, gêné par la présence de cet intrus, à Bassinet.

Je vous demande pardon…

Bassinet, naïf.

Faites donc, ne vous gênez pas pour moi…

Aubin, riant avec embarras.

C’est que c’est personnel…

Bassinet.

Ah ! parfaitement.

Il va s’asseoir à la table de droite et parcourt un livre pendant ce qui suit.
Aubin, à mi-voix, à Moulineaux.

Je vais vous dire, j’attends ma femme, c’est l’heure de sa consultation, et comme je ne l’ai pas revue depuis hier…

Moulineaux.

Ah ! fichtre !

Aubin.

Vous dites…

Moulineaux.

Non, je dis ah ! fichtre !

Aubin, (no 1).

Ah ! bien, je l’ai dit aussi, moi : « Ah ! fichtre » ! Seulement ça n’avance à rien et je voudrais arranger cela, parce que c’est trop bête !… Seulement, voilà, comment lui faire avaler Rosa ?…

Moulineaux.

Oui ! diable !

Aubin, subitement.

Oh ! quelle idée !… vous ne me contredirez pas ?…

Moulineaux.

Mais non, voyons, entre hommes !

Aubin, enchanté.

Je dirai que Rosa… était votre maîtresse.

Moulineaux, qui a acquiescé de la tête.

C’est ça !… hein ! non, qu’est-ce que vous dites ! Jamais de la vie !

Aubin, bien naturel.

Qu’est-ce que ça vous fait, il n’y aura qu’elle qui le saura ?

Moulineaux.

Merci ! ça suffit.

Aubin, suppliant.

Machin, cher M. Machin !…

Moulineaux.

Je vous dis que c’est de la folie… Non, non je ne le peux pas… Merci, que dirait madame Moulineaux ?

Aubin, ahuri regardant Bassinet et l’indiquant de la tête.

Ah ! vous croyez que…

Moulineaux.

Dam… mais adressez-vous à un autre !

Aubin.

À qui ?

Moulineaux.

Eh bien, je ne sais pas. (Bassinet chantonne, et attire l’attention de Moulineaux qui l’indique à Aubin.) À lui, par exemple. (Aubin fait un geste de révolte.) Quoi ? ça n’a pas d’importance !

Aubin, scandalisé.

Oh ! à lui !… et vous croyez que madame Moulineaux ne dira rien…

Moulineaux, bien naïf.

Qu’est-ce que vous voulez que ça lui fasse ?

Aubin, même jeu, ouvrant des grands bras.

Quelle morale, mon Dieu, quelle morale !… Enfin je veux bien, moi…

Moulineaux, à Bassinet, qui tout en chantonnant, s’est levé après avoir jeté le livre sur la table.

Tenez, voilà monsieur qui a quelque chose à vous demander !

Il s’écarte discrètement jusqu’à la table de droite.
Aubin, à Bassinet.

Oh ! voulez-vous me rendre un grand service ?

Bassinet, inquiet.

Moi ?

Aubin.

Oh ! un grand ! un immense !

Bassinet, embarrassé.

Diable !… c’est que… nous sommes à la fin du mois et…

Aubin, le rassurant.

Ca ne vous coûtera rien !

Bassinet, rassuré.

Ah ! allez !

Aubin.

Je suis en ce moment-ci très mal avec ma femme… Elle m’a pincé avec ma maîtresse !…

Bassinet, riant bien naïvement.

Oh ! c’est bête, ça !

Aubin, riant par complaisance.

Stupide ! (Sérieux.) En un mot, elle va venir ici tout à l’heure. Vous connaissez ma femme. Eh bien ! vous lui direz que madame de Saint-Anigreuse est votre maîtresse.

Bassinet, railleur.

Ah bien ! ça c’est une idée !

Aubin.

Oui !

Bassinet, pivotant.

Seulement elle est mauvaise !

Aubin.

Ah ! vous n’allez pas me refuser ça ?

Bassinet.

Parfaitement !

Moulineaux, bas à Bassinet, descendant jusqu’à lui.

Acceptez… il est président de plusieurs sociétés en formation… Il peut avoir besoin d’immeubles !

Bassinet.

Oui ?… (Résolument.) J’accepte !

Aubin.

Oui ?

Bassinet.

Cela n’engage à rien ?

Aubin.

À rien !

Bassinet, se dandinant.

Et dites-moi… hum ! elle est jolie ?

Aubin.

Qui ! la… ? Très jolie.

Bassinet, riant.

Une farceuse ?

Aubin.

Oui, assez.

Bassinet, riant en lui poussant une botte.

Une cocotte, enfin ?

Aubin, riant.

Oui, mais très bien… d’ailleurs, voici sa photographie. (Il tire une photographie de son porte-feuille et la remet à Bassinet.) Vous la montrerez à ma femme pour plus de vraisemblance.


Scène X

Les Mêmes, ÉTIENNE, MADAME AUBIN.
Étienne, annonçant.

Madame Aubin !

Aubin, lui fourrant la photographie dans la poche de côté de son paletot.

Ma femme !… Chut ! cachez ça. (À part.) Il était temps !…

Sortie d’Étienne.
Moulineaux[2], allant au-devant de Suzanne

Bonjour, chère madame.

Aubin, timidement.

Bonjour Suzanne.

Suzanne, dédaigneuse.

Vous ici, monsieur ?… C’est bien, je n’ai qu’à me retirer !…

Aubin, vivement.

Suzanne !… écoute-moi !… je te jure que je suis innocent…

Suzanne.

C’est bien, monsieur, vous expliquerez cela aux tribunaux, quand il en sera temps !

Fausse sortie.
Aubin.

Aux tribunaux ?… Mais jamais de la vie… Voyons, expliquons-nous… Tout notre malentendu est le résultat d’une méprise. Tu m’as surpris avec une dame, oui ! Je ne la connais pas, moi, cette dame… La preuve, c’est qu’elle est à monsieur. (À Bassinet.) N’est-ce pas ?

Bassinet, sans conviction.

Oui, oui… oui, oui, oui !

Aubin.

Tu vois ?

Suzanne.

À d’autres, monsieur !

Moulineaux, à Suzanne.

Ne soyez pas cruelle, madame !

Aubin.

Voyons, Suzanne, crois-moi. Je t’assure que tu t’es trompée ! (Bas à Bassinet.) Montrez la photographie, c’est le moment !

Bassinet, la cherchant dans sa poche.

Oui.

Il passe au 3.

Scène XI

Les Mêmes, ÉTIENNE, ROSA.
Étienne, annonçant.

Madame Bassinet !

Bassinet, à cette annonce, remonte vivement au fond.

Eh ! arrive donc !

Suzanne.

Dieu ! la maîtresse de mon mari !

Bassinet, présentant Rosa à Aubin.

Je vous présente…

Aubin, qui, préoccupé, n’a pas fait attention à l’entrée de Rosa, la reconnaissant.

Ciel ! Rosa !… Quel pétrin !…

Il se sauve par la droite, premier plan.
Bassinet.

Qu’est-ce qu’il a ?… (À Moulineaux.) Mon cher Moulineaux. Je vous présente ma…

Moulineaux, levant la tête.

Ah ! mon Dieu !… Rosa ici ! Filons !

Il se sauve par la gauche, premier plan.
Bassinet.

Eh bien ! qu’est-ce qu’ils ont ?…

Rosa, vexée.

Ils ne sont guère polis !…

Bassinet.

Ne fais pas attention, c’est la surprise ! (Remontant. À Suzanne.) Madame, voulez-vous me permettre de vous présenter…

Suzanne.

Je ne vous connais pas, madame !

Elle sort 2e plan à droite.
Rosa.

Hein !… encore ?…


Scène XII

BASSINET, ÉTIENNE, ROSA, YVONNE.
Bassinet.

Oui… euh ! elle n’a peut-être pas bien compris ! (Yvonne paraît, 2e plan gauche) Ah ! la maîtresse de la maison ! (À Yvonne.) Madame, permettez-moi de vous présenter…

Yvonne, stupéfaite, à Rosa.

Vous, ici ?… (À Bassinet.) Oh ! monsieur, vous continuez votre joli métier ?…

Elle rentre brusquement, 2e plan gauche.
Rosa, furieuse.

Ah, çà ! par exemple, ça dépasse les bornes…

Bassinet, bon enfant.

Mais non, ça m’arrive tous les jours.

Rosa.

Et vous ne dites rien ?…

Bassinet.

Si… si ! (Il remonte à la porte 2e plan gauche et frappe.) Attends ! va.


Scène XIII

BASSINET, ROSA, MOULINEAUX, puis AUBIN.
Moulineaux, croyant Rosa seule et courant à elle, bas et vivement.

Malheureuse !… Comment, tu te présentes ici, chez moi… mais tu es folle !…

Rosa.

Mais quoi ?… je suis avec mon mari !

Moulineaux.

Ton mari. Où ?

Rosa.

Mais là, Bassinet ! qui m’a retrouvée hier…

Moulineaux, ahuri.

Comment, Bassinet ?…

Bassinet, venant entre eux.

Qu’est-ce qu’il y a donc ?

Moulineaux.

Rien !

Il lui pouffe de rire au nez. — Rosa a gagné la droite.
Aubin, sortant de droite, vivement et bas à Rosa.

Rosa, au nom du ciel, pas d’esclandre ! Va-t-en, ma femme est ici…

Rosa, passant au 1.

Ah ! mais vous m’ennuyez tous, à la fin !

Bassinet, allant à Aubin.

Pourquoi lui parlent-ils tous tout bas ?

Entrent Yvonne et madame Aigreville, de gauche, Suzanne, de droite.

Scène XIV

Les Mêmes, YVONNE, MADAME AIGREVILLE, SUZANNE.[3]
Yvonne, accompagnée de sa mère. À son mari.

Ah ! c’est trop fort, monsieur ! Il ne vous manquait plus que d’amener vos couturières au domicile conjugal !…

Moulineaux.

Hein ! Ah ! mais non, mais ils y tiennent ! Où ça ? quelle couturière ?

Yvonne, montrant Rosa.

Madame !…

Rosa.

Moi ?…

Madame Aigreville, montrant Suzanne qui est restée sur le pas de la porte de droite, deuxième plan.

Non, madame !

Suzanne.

Moi !

Elle descend entre Aubin et Moulineaux.
Moulineaux.

Il faudrait s’entendre, cependant ?

Aubin, montrant Suzanne.

Pardon, madame est ma femme.

Bassinet, montrant Rosa.

Et madame est la mienne ; je vous prie d’y réfléchir quand vous parlez d’elle !

Tous.

Sa femme !

Bassinet.

Parfaitement !

Aubin, faisant passer sa femme à l’extrême droite.

Sa femme ! et moi qui lui ai remis son portrait ! (À Bassinet.) Dites donc ! Rendez-moi la photographie.

Bassinet.

Hein ! la… Ah ! c’est juste.

Il retire la photographie de sa poche et veut la regarder.
Aubin, vivement.

Oh ! ne la regardez pas !

Bassinet, écartant Aubin de sa main gauche, et tirant le portrait de la main droite.

Bah ! pourquoi pas ?…

Aubin, insistant.

Non, je vous en prie !

Bassinet, regardant le portrait.

Oh !

Aubin, entre ses dents.

Vlan ! ça y est !

Bassinet.

Oh ! c’est drôle, elle ressemble à ma femme… (À Aubin.) Vous ne trouvez pas ?

Aubin, prenant l’air dégagé.

Hein ! ça… oh ! là non… Elle a bien trop de…

Bassinet, à Moulineaux.

Oh ! si, regardez donc… Vous ne trouvez pas que ça ressemble à ma femme…

Moulineaux.

Ça ! ah bien !… ça n’a pas assez de…

Bassinet, à sa femme.

Enfin, regarde, toi !

Rosa.

Oh ! mon ami, tu es dur pour moi !

Bassinet.

Comment, vraiment… au fait c’est vrai… ça ne te ressemble pas du tout.

Suzanne, à Aubin.

Comment, alors tout ça c’est donc vrai…

Aubin.

Mais je te le répète depuis une heure.

Suzanne.

Ah ! mon cher Anatole…

Aubin.

Va, je te pardonne.

Yvonne.

Et moi, me pardonneras-tu ?

Moulineaux.

Oh ! ne me demande pas pardon, ce serait trop !

Madame Aigreville.

Sont-ils bêtes… heureusement que je suis là, sans ça, ça recommencerait demain.

Yvonne.

Mon cher mari !

Moulineaux, tressautant.

Haigne !!

Aubin, auquel les paroles d’Yvonne n’ont pas échappé.

Son mari… mais alors le docteur Moulineaux…

Moulineaux, embarrassé.

Euh ! le docteur ?

Bassinet, montrant Moulineaux.

Eh bien ! c’est lui, parbleu !

Moulineaux.

L’imbécile !

Aubin.

Je vous croyais couturier.

Moulineaux, en confidence à Aubin.

Chut ! oui, je l’ai été… par procuration… C’est ma tante qui était couturière.

Aubin.

Oui ? Fallait donc le dire !

Moulineaux.

Je ne le pouvais pas.

Aubin.

Et pourquoi ça ?

Moulineaux.

Pour ma famille, c’est une tante naturelle !


FIN

  1. Y. 1 — Aig. 2.
  2. M. 1 — S. 2 — A. 3 — B. 4.
  3. R. 1 — Aig. 2 — Y. 3 — M. 4 — S. 5 — A. 6 — B. 7.