Tartuffe ou l’Imposteur/Édition Louandre, 1910/Acte IV
ACTE IV
Scène 1
L’éclat que fait ce bruit n’est point à votre gloire ;
Et je vous ai trouvé, monsieur, fort à propos,
Pour vous en dire net ma pensée en deux mots.
Je n’examine point à fond ce qu’on expose ;
Je passe là-dessus, et prends au pis la chose.
Supposons que Damis n’en ait pas bien usé,
Et que ce soit à tort qu’on vous ait accusé :
N’est-il pas d’un chrétien de pardonner l’offense,
Et d’éteindre en son cœur tout désir de vengeance ?
Et devez-vous souffrir, pour votre démêlé,
Que du logis d’un père un fils soit exilé ?
Je vous le dis encore, et parle avec franchise,
Il n’est petit, ni grand, qui ne s’en scandalise ;
Et si vous m’en croyez, vous pacifierez tout,
Et ne pousserez point les affaires à bout.
Sacrifiez à Dieu toute votre colère,
Et remettez le fils en grâce avec le père.
Je ne garde pour lui, monsieur, aucune aigreur ;
Je lui pardonne tout ; de rien je ne le blâme,
Et voudrais le servir du meilleur de mon âme :
Mais l’intérêt du ciel n’y saurait consentir ;
Et, s’il rentre céans, c’est à moi d’en sortir.
Après son action, qui n’eut jamais d’égale,
Dieu sait ce que d’abord tout le monde en croirait ;
À pure politique on me l’imputerait :
Et l’on dirait partout que, me sentant coupable,
Je feins, pour qui m’accuse, un zèle charitable ;
Que mon cœur l’appréhende, et veut le ménager
Pour le pouvoir, sous main, au silence engager.
Et toutes vos raisons, monsieur, sont trop tirées.
Des intérêts du ciel pourquoi vous chargez-vous ?
Pour punir le coupable, a-t-il besoin de nous ?
Laissez-lui, laissez-lui le soin de ses vengeances,
Ne songez qu’au pardon qu’il prescrit des offenses,
Et ne regardez point aux jugements humains,
Quand vous suivez du ciel les ordres souverains.
Quoi ! le faible intérêt de ce qu’on pourra croire
D’une bonne action empêchera la gloire ?
Non, non ; faisons toujours ce que le ciel prescrit,
Et d’aucun autre soin ne nous brouillons l’esprit.
Mais, après le scandale et l’affront d’aujourd’hui,
Le ciel n’ordonne pas que je vive avec lui.
À ce qu’un pur caprice à son père conseille ?
Et d’accepter le don qui vous est fait d’un bien
Où le droit vous oblige à ne prétendre rien ?
Que ce soit un effet d’une âme intéressée.
Tous les biens de ce monde ont pour moi peu d’appas,
De leur éclat trompeur je ne m’éblouis pas :
Et si je me résous à recevoir du père
Cette donation qu’il a voulu me faire,
Ce n’est, à dire vrai, que parce que je crains
Que tout ce bien ne tombe en de méchantes mains ;
Qu’il ne trouve des gens qui, l’ayant en partage,
En fassent dans le monde un criminel usage,
Et ne s’en servent pas, ainsi que j’ai dessein,
Pour la gloire du ciel et le bien du prochain.
Souffrez, sans vous vouloir embarrasser de rien,
Qu’il soit, à ses périls, possesseur de son bien ;
Et songez qu’il vaut mieux encor qu’il en mésuse,
Que si de l’en frustrer il faut qu’on vous accuse.
J’admire seulement que, sans confusion,
Vous en ayez souffert la proposition.
Car enfin le vrai zèle a-t-il quelque maxime
Qui montre à dépouiller l’héritier légitime ?
Et, s’il faut que le ciel dans votre cœur ait mis
Un invincible obstacle à vivre avec Damis,
Ne vaudrait-il pas mieux qu’en personne discrète
Vous fissiez de céans une honnête retraite,
Que de souffrir ainsi, contre toute raison,
Qu’on en chasse pour vous le fils de la maison ?
Croyez-moi, c’est donner de votre prud’hommie,
Monsieur…
Certain devoir pieux me demande là-haut,
Et vous m’excuserez de vous quitter si tôt[1].
Scène 2
Et l’accord que son père a conclu pour ce soir
La fait, à tous moments, entrer en désespoir.
Il va venir. Joignons nos efforts, je vous prie,
Et tâchons d’ébranler, de force ou d’industrie,
Ce malheureux dessein qui nous a tous troublés.
Scène 3
(À Mariane.)
Je porte en ce contrat de quoi vous faire rire,
Et vous savez déjà ce que cela veut dire.
Relâchez-vous un peu des droits de la naissance,
Et dispensez mes vœux de cette obéissance.
Ne me réduisez point, par cette dure loi,
Jusqu’à me plaindre au ciel de ce que je vous doi ;
Et cette vie, hélas ! que vous m’avez donnée,
Ne me la rendez pas, mon père, infortunée.
Si, contre un doux espoir que j’avais pu former,
Vous me défendez d’être à ce que j’ose aimer,
Au moins, par vos bontés, qu’à vos genoux j’implore,
Sauvez-moi du tourment d’être à ce que j’abhorre ;
Et ne me portez point à quelque désespoir,
En vous servant sur moi de tout votre pouvoir
Et, si ce n’est assez, joignez-y tout le mien ;
J’y consens de bon cœur, et je vous l’abandonne :
Mais, au moins, n’allez pas jusques à ma personne ;
Et souffrez qu’un couvent, dans les austérités,
Use les tristes jours que le ciel m’a comptés.
Lorsqu’un père combat leurs[2] flammes amoureuses !
Debout. Plus votre cœur répugne à l’accepter,
Plus ce sera pour vous matière à mériter.
Mortifiez vos sens avec ce mariage,
Et ne me rompez pas la tête davantage.
Je vous défends, tout net, d’oser dire un seul mot.
Ils sont bien raisonnés, et j’en fais un grand cas :
Mais vous trouverez bon que je n’en use pas.
Et votre aveuglement fait que je vous admire.
C’est être bien coiffé, bien prévenu de lui,
Que de nous démentir sur le fait d’aujourd’hui !
Pour mon fripon de fils je sais vos complaisances ;
Et vous avez eu peur de le désavouer
Du trait qu’à ce pauvre homme il a voulu jouer.
Vous étiez trop tranquille, enfin, pour être crue ;
Et vous auriez paru d’autre manière émue.
Il faut que notre honneur se gendarme si fort ?
Et ne peut-on répondre à tout ce qui le touche
Que le feu dans les yeux, et l’injure à la bouche ?
Pour moi, de tels propos je me ris simplement ;
Et l’éclat, là-dessus, ne me plaît nullement.
J’aime qu’avec douceur nous nous montrions sages ;
Et ne suis point du tout pour ces prudes sauvages
Dont l’honneur est armé de griffes et de dents,
Et veut au moindre mot dévisager les gens.
Me préserve le ciel d’une telle sagesse !
Je veux une vertu qui ne soit point diablesse,
Et crois que d’un refus la discrète froideur
N’en est pas moins puissante à rebuter un cœur.
Mais que me répondrait votre incrédulité,
Si je vous faisais voir qu’on vous dit vérité ?
De vous le faire voir avec pleine lumière ?…
Je ne vous parle pas de nous ajouter foi ;
Mais supposons ici que, d’un lieu qu’on peut prendre,
On vous fît clairement tout voir et tout entendre :
Que diriez-vous alors de votre homme de bien ?
Car cela ne se peut.
Il faut que, par plaisir, et sans aller plus loin,
De tout ce qu’on vous dit je vous fasse témoin.
Et comment vous pourrez remplir cette promesse.
Et peut-être à surprendre il sera malaisé.
Et l’amour-propre engage à se tromper soi-même.
Faites-le-moi descendre.
(À Cléante et à Mariane.)
Et vous, retirez-vous.
Scène 4
J’ai mon dessein en tête, et vous en jugerez.
Mettez-vous là, vous dis-je ; et, quand vous y serez,
Gardez qu’on ne vous voie et qu’on ne vous entende.
Mais de votre entreprise il vous faut voir sortir.
(À son mari, qui est sous la table.)
Au moins, je vais toucher une étrange matière :
Ne vous scandalisez en aucune manière.
Quoi que je puisse dire, il doit m’être permis ;
Et c’est pour vous convaincre, ainsi que j’ai promis.
Je vais par des douceurs, puisque j’y suis réduite,
Faire poser le masque à cette âme hypocrite,
Flatter de son amour les désirs effrontés,
Et donner un champ libre à ses témérités.
Comme c’est pour vous seul, et pour mieux le confondre,
Que mon âme à ses vœux va feindre de répondre,
J’aurai lieu de cesser dès que vous vous rendrez,
Et les choses n’iront que jusqu’où vous voudrez.
C’est à vous d’arrêter son ardeur insensée,
Quand vous croirez l’affaire assez avant poussée ;
D’épargner votre femme, et de ne m’exposer
Qu’à ce qu’il vous faudra pour vous désabuser,
Et… L’on vient. Tenez-vous, et gardez de paraître.
Scène 5
Mais tirez cette porte avant qu’on vous les dise ;
Et regardez partout de crainte de surprise.
(Tartuffe va fermer la porte, et revient.)
Une affaire pareille à celle de tantôt
N’est pas assurément ici ce qu’il nous faut :
Jamais il ne s’est vu de surprise de même.
Damis m’a fait pour vous une frayeur extrême ;
Et vous avez bien vu que j’ai fait mes efforts
Pour rompre son dessein et calmer ses transports.
Mon trouble, il est bien vrai, m’a si fort possédée,
Que de le démentir je n’ai point eu l’idée :
Mais par là, grâce au ciel, tout a bien mieux été,
Et les choses en sont dans plus de sûreté.
L’estime où l’on vous tient a dissipé l’orage,
Et mon mari de vous ne peut prendre d’ombrage.
Pour mieux braver l’éclat des mauvais jugements,
Il veut que nous soyons ensemble à tous moments ;
Et c’est par où je puis, sans peur d’être blâmée,
Me trouver ici seule avec vous enfermée,
Et ce qui m’autorise à vous ouvrir un cœur
Un peu trop prompt peut-être à souffrir votre ardeur.
Que le cœur d’une femme est mal connu de vous !
Et que vous savez peu ce qu’il veut faire entendre
Lorsque si faiblement on le voit se défendre !
Toujours notre pudeur combat, dans ces moments,
Ce qu’on peut nous donner de tendres sentiments.
Quelque raison qu’on trouve à l’amour qui nous dompte,
On trouve à l’avouer toujours un peu de honte.
On s’en défend d’abord : mais de l’air qu’on s’y prend,
On fait connaître assez que notre cœur se rend ;
Qu’à nos vœux, par honneur, notre bouche s’oppose,
Et que de tels refus promettent toute chose.
C’est vous faire, sans doute, un assez libre aveu,
Et sur notre pudeur me ménager bien peu.
Mais, puisque la parole enfin en est lâchée,
À retenir Damis me serais-je attachée,
Aurais-je, je vous prie, avec tant de douceur
Écouté tout au long l’offre de votre cœur,
Aurais-je pris la chose ainsi qu’on m’a vu faire,
Si l’offre de ce cœur n’eût eu de quoi me plaire ?
Et, lorsque j’ai voulu moi-même vous forcer
À refuser l’hymen qu’on venait d’annoncer,
Qu’est-ce que cette instance a dû vous faire entendre,
Que l’intérêt qu’en vous on s’avise de prendre,
Et l’ennui qu’on aurait que ce nœud qu’on résout
Vînt partager du moins un cœur que l’on veut tout ?
Que d’entendre ces mots d’une bouche qu’on aime ;
Leur miel, dans tous mes sens, fait couler à longs traits
Une suavité qu’on ne goûta jamais.
Le bonheur de vous plaire est ma suprême étude,
Et mon cœur de vos vœux fait sa béatitude ;
Mais ce cœur vous demande ici la liberté
D’oser douter un peu de sa félicité.
Je puis croire ces mots un artifice honnête
Pour m’obliger à rompre un hymen qui s’apprête ;
Et, s’il faut librement m’expliquer avec vous,
Je ne me fierai point à des propos si doux,
Qu’un peu de vos faveurs, après quoi je soupire,
Ne vienne m’assurer tout ce qu’ils m’ont pu dire,
Et planter dans mon âme une constante foi
Des charmantes bontés que vous avez pour moi.
Et d’un cœur tout d’abord épuiser la tendresse ?
On se tue à vous faire un aveu des plus doux.
Cependant ce n’est pas encore assez pour vous ;
Et l’on ne peut aller jusqu’à vous satisfaire
Qu’aux dernières faveurs on ne pousse l’affaire ?
On soupçonne aisément un sort tout plein de gloire,
Et l’on veut en jouir avant que de le croire.
Pour moi, qui crois si peu mériter vos bontés,
Je doute du bonheur de mes témérités ;
Et je ne croirai rien, que vous n’ayez, madame,
Par des réalités su convaincre ma flamme.
Et qu’en un trouble étrange il me jette l’esprit !
Que sur les cœurs il prend un furieux empire !
Et qu’avec violence il veut ce qu’il désire !
Quoi ! de votre poursuite on ne peut se parer,
Et vous ne donnez pas le temps de respirer ?
Sied-il bien de tenir une rigueur si grande ?
De vouloir sans quartier les choses qu’on demande,
Et d’abuser ainsi, par vos efforts pressants[4],
Du faible que pour vous vous voyez qu’ont les gens ?
Pourquoi m’en refuser d’assurés témoignages ?
Lever un tel obstacle est à moi peu de chose ;
Et cela ne doit pas retenir votre cœur.
Madame, et je sais l’art de lever les scrupules.
Le ciel défend, de vrai, certains contentements ;
Mais on trouve avec lui des accommodements[5].
Selon divers besoins, il est une science
D’étendre les liens de notre conscience,
Et de rectifier le mal de l’action
Avec la pureté de notre intention[6].
De ces secrets, madame, on saura vous instruire ;
Vous n’avez seulement qu’à vous laisser conduire.
Contentez mon désir, et n’ayez point d’effroi ;
Je vous réponds de tout, et prends le mal sur moi.
(Elmire tousse plus fort.)
Vous toussez fort, madame.
Vous êtes assurée ici d’un plein secret,
Et le mal n’est jamais que dans l’éclat qu’on fait.
Et ce n’est pas pécher que pécher en silence[7].
Qu’il faut que je consente à vous tout accorder ;
Et qu’à moins de cela, je ne dois point prétendre
Qu’on puisse être content, et qu’on veuille se rendre.
Sans doute il est fâcheux d’en venir jusque-là,
Et c’est bien malgré moi que je franchis cela ;
Mais, puisque l’on s’obstine à m’y vouloir réduire,
Puisqu’on ne veut point croire à tout ce qu’on peut dire,
Et qu’on veut des témoins qui soient plus convaincants,
Il faut bien s’y résoudre, et contenter les gens.
Si ce consentement porte en soi quelque offense[8],
Tant pis pour qui me force à cette violence ;
La faute assurément n’en doit pas être à moi.
Si mon mari n’est point dans cette galerie.
C’est un homme, entre nous, à mener par le nez.
De tous nos entretiens il est pour faire gloire,
Et je l’ai mis au point de voir tout sans rien croire.
Et partout là dehors voyez exactement.
Scène 6
Je n’en puis revenir, et tout ceci m’assomme.
Rentrez sous le tapis, il n’est pas encor temps ;
Attendez jusqu’au bout, pour voir les choses sûres,
Et ne vous fiez point aux simples conjectures.
Laissez-vous bien convaincre avant que de vous rendre ;
Et ne vous hâtez point, de peur de vous méprendre.
(Elmire fait mettre Orgon derrière elle.)
Scène 7
Personne ne s’y trouve ; et mon âme ravie…
(Dans le temps que Tartuffe s’avance les bras ouverts pour embrasser Elmire, elle se retire, et Tartuffe aperçoit Orgon.)
Et vous ne devez pas vous tant passionner,
Ah ! ah ! l’homme de bien, vous m’en voulez donner !
Comme aux tentations s’abandonne votre âme !
Vous épousiez ma fille, et convoitiez ma femme !
J’ai douté fort longtemps que ce fût tout de bon,
Et je croyais toujours qu’on changerait de ton ;
Mais c’est assez avant pousser le témoignage :
Je m’y tiens, et n’en veux, pour moi, pas davantage.
Mais on m’a mise au point de vous traiter ainsi.
Dénichons de céans, et sans cérémonie.
Il faut, tout sur-le-champ, sortir de la maison.
La maison m’appartient, je le ferai connaître,
Et vous montrerai bien qu’en vain on a recours,
Pour me chercher querelle, à ces lâches détours ;
Qu’on n’est pas où l’on pense en me faisant injure ;
Que j’ai de quoi confondre et punir l’imposture,
Venger le ciel qu’on blesse, et faire repentir
Ceux qui parlent ici de me faire sortir.
Scène 8
Et la donation m’embarrasse l’esprit.
Si certaine cassette est encore là-haut.
- ↑ Euthyphron poursuivait son père devant les juges, et se vantait de faire une action agréable aux dieux ; Socrate l’ayant convaincu d’impiété, il rompit brusquement l’entretien, et se retira en disant, comme Tartuffe : « Je suis pressé, Socrate : il est temps que je te quitte. »
(Aimé Martin.) - ↑ Var. Lorsqu’un père combat les flammes amoureuses.
- ↑ Parlez à votre écot, c’est-à-dire : Parlez à ceux qui sont de votre écot, de votre compagnie.
(Petitot.) - ↑ Var. Et d’abuser ainsi par des efforts pressants.
- ↑ C’est un scélérat qui parle. (Note de Molière.) Il est probable que l’auteur avait cru cette observation nécessaire, pour prévenir les interprétations calomnieuses de ses ennemis.
- ↑ Dans la septième Provinciale, Pascal dit : « Quand nous ne pouvons pas empêcher l’action, nous purifions au moins l’intention ; et ainsi nous corrigeons le vice du moyen par la pureté de la fin. » Molière, en écrivant les vers ci-dessus s’est évidemment souvenu de Pascal. La plupart des commentateurs ont fait ce rapprochement entre les deux écrivains ; mais personne, que nous sachions, n’est remonté jusqu’à auteur qui, le premier, a attaqué la doctrine si éloquemment stigmatisée par Pascal. Cet auteur est Machiavel. Dans la Mandragore, le frère Timothée engage une femme mariée à prendre un amant, afin de donner un héritier à son mari, et après plusieurs arguments tirés de la situation, il ajoute : « Quand à l’acte en lui-même, c’est un conte de croire que ce soit un péché ; car c’est la volonté seule qui pèche, et non le corps ; déplaire à son mari, voilà le vrai péché : or, vous faites ce qu’il désire, il y trouve sa satisfaction, et vous n’agissez qu’à contre-cœur. Outre cela, c’est la fin qu’il faut considérer en toutes choses : celle que vous vous proposer est d’obtenir une place en paradis, et de contenter votre mari. La Bible dit que les filles de Loth se croyant restées seules au monde, eurent commerce avec leur propre père ; et comme elles avaient une bonne intention, elles ne péchèrent point. »
(La Mandragore, acte III, scène XI.) - ↑ Regnier avait dit dans sa treizième satire :
Le péché que l’on cache est demi-pardonné,
La faute seulement ne gît en la défense :
Le scandale, l’opprobre, est cause de l’offense.
(Petitot.) - ↑ Var. Si ce contentement porte en soi quelque offense.
- ↑ Dans cette scène, dit l’auteur de la Lettre sur l’Imposteur, Tartuffe démasqué appelait Orgon son frère, et entrait en matière pour se justifier : sans doute que Molière aura cru convenable de modifier ce passage.
(Petitot.)