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Textes choisis (Léonard de Vinci, 1907)/Léonard au lecteur

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Traduction par Joséphin Péladan.
Société du Mercure de France (p. 33-34).

LÉONARD AU LECTEUR

1. — Voyant que je ne pouvais pas trouver une matière de grande utilité ou plaisance, puisque les hommes nés avant moi ont pris pour eux tous les thèmes utiles et nécessaires, je ferai comme celui qui par pauvreté vient le dernier à la foire, et ne pouvant se fournir autrement, achète les choses déjà vues des autres et refusées à cause de leur peu de valeur.

Sur cette marchandise méprisée, refusée et venant de beaucoup de comptoirs, je mettrai mon mince pécule et ainsi j’irai non par les grandes villes, mais dans les pauvres bourgades, distribuant et recevant le prix que mérite la chose que je donne. (C. A. 119, r.)

2. — Commencé à Florence, dans la maison de Bracceo Martelli, au 22 mars 1508 : cela forme un recueil sans ordre de beaucoup de feuillets que j’ai copiés, espérant les classer en leur lieu, selon la matière dont ils traitent. Et je crois qu’avant d’être à la fin de celui-ci, j’aurai à répéter, plusieurs fois, les mêmes choses. Si cela arrive, lecteur, ne me blâme pas : les choses sont nombreuses et la mémoire ne peut les retenir toutes. — Je ne veux pas écrire cela l’ayant déjà dit, — et si je ne voulais pas tomber en cette erreur, il serait nécessaire chaque fois que je voudrais copier, afin d’éviter la répétition, que je relusse tout le passage, et cela me retiendrait longuement, car j’ai écrit à de longs intervalles de temps, et fragment par fragment. (R. 4.)

3. — Qu’il ne me lise pas celui qui n’est pas mathématicien, car je le suis toujours dans mes principes. (R. 3.)