Thresor de la langue françoise/Besant

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(2p. 75-76).
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Besant, m. acut. Qu'on dit par adionction Besant d'or, est vne piece de monoye d'or vsitée és pays d'Asie & d'Afrique frontiere de la mer mediterranée, laquelle n'estoit marquée de coing au commencement, ains exposée au poids de l'ordonnance des Sultans des pays, & depuis fut marquée des coings particuliers d'iceux Sultans. Nic. Gilles escrit en la vie du Roy S. Louys, qu'il fut mis, & ceux de son armée, à raço de huict mil Besants Sarracinois, par Melech Sultan qui les tenoit prisonniers. L’adiection de ce mot, dor, semble inferer qu’il y auoit aussi des bezants d’argent. Mais non fait, car nous disons cent escus d’or sol, & l’Italien aussi Cento scudi doro ; Ce qui n’infere pas pourtant qu’il y ait des escus d’argent. Le mot procede de Bysantium, qui fut le nom primerain de la cité qui est appelée Constantinople. Toutesfois en aucunes contrées de ce royaume on dit bled bernage, ou grain bernage, pour tel bled ou espece de grain qui vient & croit au terroir particulier du pays, comme le fermier rend à son maistre tant de muyds de grain bernage par an, c’est à dire de tels grains qui viennent & croissent és terres de sa ferme, & en ceste signification le mot semble venir de cestuy Latin Verna, qui signifie vn serf ou esclaue nay chez nous d’vne ou d’vn nostre esclaue, außi Arua à nobis subiguntur, quódque ferunt, quasi domi nostrae natum videtur ? Et rapporteroit aucunement à la premiere signification deuant dite, parce que le bernage d’vn seigneur, est proprement la suyte, train, & compagnie de ses domestiques, comme si on disoit vernagé, Famulitium, famulorum grex, comme Cic. In Pisonem, dit grex nouitiorum. Les Rois de France ont de long temps accoustumé en presenter treize á l’offrande de la messe de leur sacre à Reims. Et combien que lesdites pieces d’or n’ayent plus de cours, toutesfois pour entretenir l’ancienne coustume, le Roy Henry deuxieme de ce nom en fit tout expres forger treize pour son sacre, & furent nommez Bysantins, valans enuiron vn double ducat la piece.

Les Besants sont encore vsitez és armoiries, comme on void en plusieurs anciens escus, & ne retiennent pas tousiours le metail dont originairement ils sont, ains souuent en couleur, ores de sable, ores d’azur, ou autre. Et l’ancienne tapisserie de la chambre du Thresor à Paris est semée de Bezants, maistre Iean Bacquet au narré de l’establissement de ladite chambre du Thresor, aualué le Bezant d’or à cinquante liures tournois Françoises.