Thresor de la langue françoise/Pair

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Pair, m. & n. C'est en general égal, semblable, equipollent, Par. Pareil, & en pluriel Pairs, sont les vassaux d'vn seigneur, qui sont tenus assister à leur seance en Cour, & à leurs plaids, lesquels ne sont en tous pais d'vne sorte Pares. Du-Tillet en son recueil des Roys de France, le Comte de Champagne d'ancienneté a esté creé Palatin, & decoré de sept Comtes ses vassaux & principaux membres & pairs de son Comté de Champagne leur chef. Les susdits sept Comtes sont assis auec celuy de Champagne en son palais pour le conseiller & honorer sa Cour : Et peu apres, le Comte de Ioigny se pretend Doien desdits pairs, &c.

Pairs de France, sont les douze grands seigneurs de Tiltre & Domaine eminent, Dues & Comtes, moitié Ecclesiastiques. Les Ducs Archeuesque de Rheims, Euesques de Laon & de Langres : Les Comtes Euesques de Beauuais, de Chaalons, & de Noyon. Moitié seculiers, Les Ducs de Bourgoine, de Normandie, de Guienne : les Comtes de Flandres, Champagne & de Tholose. Lesquels estoient & sont tenus à mesme deuoir aux plaids & Cour du Roy, qu'on dit à present lict de iustice, que sont les pairs des seigneurs inferieurs, & de ce est procedé qu'on dit la Cour de Parlement de Paris estre la Cour & seance des Pairs de France, pour estre le lieu arresté & sedentaire representant les plaids & audiences solennels & generales, que nos Roys au premier tenoient ores cy ores là, assistez desdits Pairs come de leurs assesseurs & conseillers nais, prenant l'aduis desquels ils decidoient ce qui s'offroit en tels plaids. Iadis anniuersaires, & par traict de temps iterez par iceux Roys en moins de temps. Et cette-cy est la raison de ce qu'on leur donne le tiltre de France, & de cette maniere de parler aussi, Le Roy tenant son lict de iustice (ou, Seant en son lict de iustice) en sa Cour de Parlement garnie de Pairs, vsitée quand on veut marquer cette grande & authentique seance de nos Roys, ou les grandes affaires de la couronne sont debatuës par ordre iudiciaire, comme fut la plaidoirie de la Reuersion du Comte de Flandres par la felonnie de Charles d'Austriche. Mons. Pasquier au deuxiesme liure de ses Recerches extrait ce mot de Patritius Latin, & en allegue des raisons & authoritez, lesquelles ie ne veux debatre, ne accorder. L'institution des fiefs, dont les sources & les premiers sont ceux qui de Dieu sont tenus & de l'espée, a introduict les Pairies, c'est à dire les assessoriats de conseillers, de fiefs, dominans, dont les Roys de France ne furent oncques sans, quoy que le nom fust diuers, & par reigle d'estat les seigneurs plus signalez de tiltre & seigneurie estoient de ce rang reduicts finalemet à douze, le Roy faisant le chef & le parfait du nombre de treize, court mystique, rapportant au College des douze Apostres, sommes pour tymbre & chef de Iesus Christ. Lesdits Pairs estoient la iustification de nos Roys en toutes leurs de liberations de conseil és affaires du Royaume, & des Ambassades des Princes alliez, & non confederez, car c'estoit tousiours par l'aduis des Pairs, & non de celuy seul des Roys, que le tout se disoit estre fait. On en retient encores auiourd'huy la façon de faire, quand le Roy a vne longue audience donnée, respond en peu de mots qu'il en communiquera à son conseil.

Pairs de France, qui estoient au nombre de douze, Duodecimuiri Franciæ, Primi siue Patricij Franciæ, Duodecim primi, patriciíque. Budæus.

Estre fait Pair de France, In collegium duodecim primorum Franciæ cooptari. B.

Les causes des Pairs de France, Causae patriciatuum. B.

Les douze Pairs de France ont leurs causes commises en Parlement, Quod duodecimuiri Franciæ à duodecimuiro petet, vel à priuato, vel priuatus ab eo, quod iudiciumcunque dictabit, vel colle-


gæ, vel priuato, vel ipsi à collega, vel priuato dictabitur : Curia iudex, quasi senatus dabitur. B.

Condamnez par les Pairs de France, Damnati sententia duodecim primorum.

Tenir en Pairrie, Duodecimuiratus iure potentatum possidere, vel patriciatus iure, vel eo iure quo Duodecim primi potentatus patriciales possident. B.