Thsien-Tseu-Wen - Traduction Stanislas Julien/Traduction
Transcription phonétique.
Traduction mot à mot.
Traduction développée.
Notes philologiques et historiques[1].
Thien, ciel ; hiouen, bleu ; ti, terre ; hoang, jaune. Le ciel est bleu, la terre est jaune.
Yu-tcheou, l’univers ; hong, vaste ; hoang, désert. (Au commencement du monde), l’univers était vaste et désert. — Yu signifie « les côtés d’un toit, grand, ailes d’oiseau, » et tchou, « depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. » Ces deux mots réunis veulent dire l’univers.
Ji, soleil ; youei, lune ; ing, plein ; tse, décliner. : Quand le soleil a dépassé le point du midi, il décline vers le couchant ; quand la lune est dans son plein, elle décroît.
Chin, mansions (solaires et lunaires) ; sieou ; constellations ; lie, ranger ; tchang, étendre.
Les mansions célestes ont une place marquée ; les constellations sont répandues dans le ciel.
Par chin, on entend les parties du ciel dépourvues d’étoiles, où le soleil et la lune entrent chaque mois en conjonction.
Le mot sieou désigne les vingt-huit constellations qui sont distribuées par sept à l’est, au nord, à l’ouest et au sud.
Han, froid ; lai, venir ; tchou, chaleur ; wang, s’en aller.
Quand le froid vient, la chaleur s’en va.
Thsieou, automne ; cheou, recueillir, récolter ; fong, hiver ; thsang, cacher, serrer.
En automne, on récolte les produits de la terre ; en hiver, on les serre.
Jun, lune intercalaire ; yu, excédant ; tch’ing, faire, compléter ; soui, année.
Avec un excédant de jours, on forme une lune intercalaire ; avec une lune intercalaire, on complète l’année.
L’année se compose de 365 jours 1/4. C’est avec un excédant de jours et de fractions de jours qu’au bout d’un certain temps on forme une lune intercalaire. Dans l’espace de dix-neuf ans, les Chinois intercalent sept lunes qui tombent la 3° année, la 6me, la 9me, la 11me, la 14me, la 17me et la 19me (Dictionnaire de Basile).
Lou, tuyaux de bambou mâles ; liu, tuyaux de bambou femelles ; thiao, mettre d’accord ; yang, sons mâles ou aigus.
A l’aide des six tubes de bambou appelés Lou, et des six nommés Liu, on met d’accord les sons In et les sons Yang.
La glose nous apprend que, pour le besoin du parallélisme, on a omis le mot in (vulgo principe femelle) qui est sous-entendu. Cette idée chinoise est fort obscure pour nous. Il faut lire, dans le tome VI des Mémoires de Péking, le Mémoire où le P. Amyot explique l’usage de ces douze tubes de bambou, de longueur et de tons différents, qui répondent chacun à un mois de l’année. Suivant ce savant missionnaire, les six premiers tubes, qui donnent des tons aigus, correspondaient aux nombres impairs, savoir : au 1er, au 3me, au 5me, au 7me, au 9me, au 11me ; les six autres qui donnent des sons graves, correspondaient aux nombres pairs : au 2e, 4me, 6me, 8me, 10me et 12me. Les six de la première série et les six de la seconde, furent placés de suite, ce qui constitua deux ordres de tuyaux ; le premier ordre fut appelé Yang, c’est-à-dire du premier ordre, Parfait, etc., et le second, In, c’est-à-dire du second ordre, Imparfait. On voit que, par les mots in et yang, il ne faut pas entendre ici les deux principes mâle et femelle qui, suivant les Chinois, ont formé et continuent à former en se combinant ensemble tous les êtres de l’univers. Dans la musique chinoise, yang signifie ce qui est haut et fort, et in ce qui est bas et faible.
Yun, nuages ; teng, monter ; tchi, amener ; yu, pluie.
Les nuages montent et amènent la pluie.
Lou, rosée ; kie, lier, condenser ; weï, faire ; choang, gelée blanche.
La rosée se condense et forme la gelée blanche.
Kin, or ; seng, naître ; li, nom propre ; choui, rivière.
L’or naît dans la rivière Li.
Cette rivière est située dans le département de Li-kiang-fou, de la province du Yun-nan. On l’appelle aussi Kin-cha-kiang, la rivière au sable d’or. Les riverains lavent le sable de cette rivière et en tirent de l’or.
Yu, jade ; tch’ou, sortir ; Kouen, nom de montagne ; kang, sommet.
On trouve du jade dans les sommets du mont Kouen-lun.
A : Le mont Kouen-lun est situé dans le pays des Si-fan, nation thibétaine (suivant de Guignes, Histoire des Huns). Ce fut là, dit la glose B, que Pien-ho trouva jadis un précieux morceau de jade (renfermé dans sa gangue). Cette trouvaille fit son malheur. Pien-ho ayant offert cet objet à Hoaï-wang, roi de Thsou, ce prince crut que cet homme voulait le tromper et lui fit couper un pied. P’ing-wang, à qui il l’avait présenté ensuite, lui fit couper l’autre pied. Mais le roi Khing-wang ayant fait ouvrir la gangue, reconnut qu’elle renfermait un beau morceau de jade. Pour consoler Pien-ho, il lui donna le titre de Ling-yang-heou (marquis de Ling-yang), qu’il refusa d’accepter.
Kien, épée ; hao, dénomination ; Kiu-khioue.
Il y avait une épée qu’on appelait Kiu-khioue.
Yun-tch’ang, roi de Youe, avait ordonné à un armurier nommé Ngeou-ye-tseu de lui fabriquer cinq épées. Voici leurs noms : Kiu-khioue, Thse-chun-keou, Tchan-lou, Mo-ye, Yu-tch’ang.
Dans d’autres cas, kiu veut dire grand, et khioue, fente entre les battants d’une porte, portes du palais, défaut, faute, etc.
Tchou, perle, pierre précieuse, tch’ing, nommer ; ye, nuit ; kouang, éclat.
Il y a une pierre précieuse qu’on appelle Ye-kouang, c’est-à-dire la pierre qui luit dans la nuit.
Ye-kouang-tchou, ou Ye-ming-tchou est le nom de l’escarboucle, pierre précieuse qui a beaucoup d’éclat et qui est d’un rouge foncé.
On raconte que le prince de Soui, ayant sauvé la vie à un serpent qui était blessé, quelque temps après ce serpent lui apporta une escarboucle pour lui témoigner sa reconnaissance.
Ko, fruit ; tchin, précieux, estimer ; li, la prune li ; naï, la prune nai.
Parmi les fruits, on estime les prunes Li et Naï.
Thsaï, végétaux ; tchong, priser ; kiaï, piment ; kiang, gingembre.
Parmi les végétaux, on fait grand cas du piment et du gingembre.
Hai, mer ; hien, salé ; ho, fleuve, rivière ; tan, fade, insipide.
L’eau de la mer est salée, celle des fleuves, des rivières est fade.
Lin, écailles, poissons ; thsien, s’enfoncer dans l’eau ; yu, plumes, oiseaux ; thsiang, voler.
Les poissons s’enfoncent dans l’eau, les oiseaux volent dans l’air.
Long, dragon ; sse, maître, chef ; ho, feu ; ti, empereur.
Dans l’antiquité, il y eut le maître des dragons (Fo-hi, surnommé Thaï-ho), et l’empereur du feu (Chin-nong).
Niao, oiseau ; kouan, magistrat ; Jin, homme ; hoang, roi, grand.
(Il y eut) aussi le magistrat des oiseaux (Chao-hao) ; et le roi des hommes (Hoang-ti, surnommé Hien-youen).
De 73 à 80 j’ai suivi la glose B. Le commentaire A explique autrement ces quatre dénominations. Du temps de Fo-hi, surnommé Thaï-hao, on vit sortir du fleuve un cheval-dragon, qui portait sur son dos le Ho-thou, ou Table du fleuve, sur laquelle étaient tracées les huit figures symboliques appelées pa koua. Par suite de cette circonstance, Fo-hi donna aux magistrats des noms de dragons de différentes couleurs, terminés par le mot chi, famille. Le magistrat du printemps s’appela le Dragon vert ; celui de l’été, le Dragon rouge ; celui de l’automne, le Dragon blanc ; celui de l’hiver, le Dragon noir.
Chi-nong régna par la vertu du feu ; c’est pour cela qu’on l’appela Ho-ti, l’empereur du feu.
Du temps de Chao-hao, on vit arriver un phénix. De là vient qu’il désigna les magistrats par des noms d’oiseaux, suivis du mot chi, famille. Par exemple Tsiu-kieou-chi était le chef de la cavalerie (tsiu-kieou signifie canard) ; Chi-kieou-chi, était l’intendant des ouvrages publics (chi-kieou signifie tourterelle), etc.
A : Le mot hoang veut dire grand ; on parle des grands princes de l’empire. L’expression jin-hoang est l’abréviation de San-hoang, les Trois grands princes, savoir : Thien-hoang-chi, le Grand prince du ciel (C : Fo-hi, qui traça les huit koua et enseigna la sagesse aux hommes) ; Ti-hoang-chi, le Grand prince de la terre (C : Chin-nong qui enseigna l’agriculture), et Jin-hoang-chi, le Grand prince des hommes (C : Hoang-ti, qui inventa les ba- teaux et les chars et rendit de grands services au peuple).
Chi, commencer ; tchi, faire ; wen, des caractères simples ; tseu, des caractères composés.
On commença à former les caractères de l’écriture.
Fo-hi traça les huit figures symboliques appelées koua, et inventa les chou-kie (tablettes bifides, où l’on gravait les termes d’un contrat, dont chaque partie conservait une moitié), pour remplacer les cordelettes nouées. Ces cordes étaient longues de douze pieds.
C : Tsang-hie ayant vu les traces laissées par des oiseaux, inventa l’écriture.
D’après le dictionnaire P’in-tseu-t’sien, le mot wen désigne les signes simples, comme ceux qui signifient soleil, lune, montagne, feu, eau ; le mot tseu, au contraire, désigne les mots composés de plusieurs éléments, par exemple le mot fou (une femme mariée), composé des signes femme-main-balai ; fa (attaquer) : un homme et une lance ; wen (entendre) : une oreille entre les deux battants d’une porte ; wen (interroger) : une bouche placée de même, etc.
Le commentaire A voit dans l’expression wen-tseu, les six sortes de caractères appelés Lou-chou, savoir : 1o Siang-hing, les caractères figuratifs ; 2o Hoeï-i, combinés ; 3o Tchi-sse, indicatifs ; 4o Tch’ouen-tchou, inverses ; 5o Kia-tsie, métaphoriques ; 6o Hing-ching, les caractères composés d’une figure et d’un son, comme le mot li (la carpe), formé du mot yu, poisson, et du signe li, lieu, qui est purement phonétique.
Nai, ensuite ; fo, revêtir ; i, vêtement supérieur ; tch’ang, vêtement inférieur.
Ensuite on porta des vêtements.
A : Dans la haute antiquité, les hommes se couvraient de peaux d’oiseaux et de quadrupèdes. Cet usage dura jusqu’à l’empereur Hoang-ti, qui ordonna à son ministre Hou-tsao de fabriquer des vêtements.
C : Du temps de l’empereur Hoang-ti, il y eut un homme doué de facultés divines, nommé Khi-pe, qui inventa le vêtement supérieur (i) et le vêtement inférieur (tch’ang), et commença à les porter.
T’oui, quitter ; weï, place, trône ; jang, céder ; koue, royaume.
Des empereurs quittèrent leur trône et cédèrent leur royaume ;
Yeou-yu, nom propre ; Thao-t’ang, nom propre.
Ce furent Yeou-yu (l’empereur Chun) et Thao-thang (l’empereur Yao).
C : Yao céda son trône et son royaume non à Tan-tchou, son fils, mais à Chun. Chun régna dans le pays de Yeou-yu. Il ne céda point son trône et son royaume à son fils Chang-kiun, mais à Yu.
A : Yao eut d’abord la principauté de Thao, et ensuite celle de Thang ; c’est pour cela qu’on le surnomma Thao-thang-chi.
Thao répond au district actuel de Ting-thao-hien, dans le département de Yen-tcheou-fou, de la province de Chan-tong. Thang répond au département actuel de P’ing-yang-fou, dans la province de Chan-si.
Tiao, consoler ; min, peuple ; fa, attaquer, combattre ; tsoui, crime.
Ceux qui consolèrent les peuples opprimés et châtièrent les princes coupables,
Tcheou, nom de dynastie ; fa, nom propre ; chang, nom de dynastie ; thang, nom propre.
Furent Wou-wang, dont le petit nom était Fa, empereur de la dynastie des Tcheou, et Tching-thang, empereur de la dynastie des Chang.
Tso, s’asseoir ; tch’ao, palais impérial ; wen, s’informer ; fao, la droite voie.
Ces princes, assis dans leur palais, interrogeaient leurs ministres sur la droite voie, ou l’art de bien gouverner.
Tchoui, laisser pendre ; kong, croiser ; p’ing, pacifier ; tchang, éclairer.
Laissant retomber les plis de leurs vêtements et croisant les mains, ils pacifiaient et éclairaient le peuple.
L’expression tch’oui-kong, indique la facilité avec laquelle ils gouvernaient ; comme si l’on disait qu’ils régnaient les bras croisés, sans se donner de peine ou de mouvement.
Ngaï, aimer ; hio, nourrir ; li, noir ; cheou, tête.
Ils aimaient et nourrissaient le peuple aux cheveux noirs.
C : L’empereur Wen-wang, de la dynastie des Tcheou, donnait de la soie à ceux qui manquaient de vêtements, et du riz à ceux qui n’avaient pas de quoi manger.
Tch’in, sujet, assujétir ; fo, soumettre ; Jong, Kiang, noms de peuples.
Ils soumettaient les barbares de l’Ouest et du Nord-Ouest.
Hia, éloigné ; eul, voisin ; i, un ; thi, corps.
Les peuples, éloignés ou voisins, ne faisaient qu’un corps.
Ces princes ne mettaient point de différence entre les peuples étrangers et leurs propres sujets. Ils considéraient les uns et les autres comme ne faisant qu’un corps, qu’une seule et même nation, et les comblaient également de bienfaits.
So, se mettre à la tête ; pin, se soumettre ; koueï, aller ; wang, roi.
Se donnant les uns aux autres l’exemple de la soumission, ils se rendaient d’eux-mêmes auprès du roi.
Ming, chanter ; fong, phénix ; tsai, être dans ; tchou, bambou.
Le phénix chantait au milieu des bambous.
A : Dans l’antiquité, le phénix (oiseau fabuleux) apparaissait lorsque l’empereur gouvernait avec sagesse et pratiquait la vertu.
Pe, blanc ; kiu, poulain ; chi, manger ; tch’ang, jardin.
Le poulain blanc mangeait les herbes du jardin.
C : Si le prince n’était pas vertueux, le phénix n’apparaissait pas et l’on ne voyait pas venir le poulain blanc, qui était la monture du sage (sic).
Les quatre mots (133-136) se trouvent dans le Livre des Vers, liv. II, chap. 4, od. 2.
Hoa, réforme ; pi, s’étendre ; thsao, plantes ; mou, arbres.
Les réformes, dues aux vertus de l’empereur, s’étendaient jusqu’aux plantes et aux arbres.
Lai, avantage, profit ; ki, atteindre ; wan, dix mille ; fang, pays.
Ses bienfaits parvenaient à tous les pays de l’empire.
Kai, or ; thseu, ce, ces ; chin, corps ; fa, cheveux.
Sse, quatre ; fa, grand ; ou, cinq ; tch’ang, règle.
Kong, respect ; wei, penser, considérer ; kio-yang, nourrir.
Khi, est-ce que ; kan, oser ; hoei, détruire ; chang, blesser.
B : Comme nous vivons au milieu des quatre grandes choses (la terre, l’eau, le feu, le vent), et que nous portons en nous-mêmes les cinq règles (l’humanité, la justice, les rites, la prudence, la fidélité), nous devons penser avec respect que nous tenons de notre père et notre mère notre corps et nos cheveux ; est-ce que nous oserions les blesser ou les détruire ?
Les mots quatre-grands et cinq-règles présentaient une sérieuse difficulté. Pour donner à ces quatre vers un sens plausible, j’ai été obligé de les traduire ensemble, en suivant la construction du commentaire B.
Il y a là une idée empruntée au Livre de la Piété filiale : les membres de notre corps, nos cheveux et notre peau, nous les avons reçus de notre père et de notre mère, et nous n’osons les blesser ni les détruire.
Niu, la femme ; mou, aimer ; tching, la chasteté ; kie, la pureté.
La femme doit aimer la chasteté et la pureté.
Les mots tching et kie forment un mot composé qui signifie chaste et chasteté.
C : Quand une femme n’est pas encore mariée, si elle s’éloigne de sa maison elle doit voiler son visage ; si elle sort pendant la nuit, elle doit s’éclairer avec une bougie ; autrement il ne lui est pas permis de sortir. Jadis Tcheou-tou avait épousé la fille de Tchao-ing ; il mourut au bout de deux ans. Sa femme prit un couteau et se coupa le nez pour qu’aucun homme ne la demandât en mariage et qu’elle ne fût pas exposée à convoler en secondes noces.
Nan, homme ; hiao, imiter ; thsai, talent ; liang, bonté, vertu.
Les hommes doivent prendre pour modèles ceux qui ont du talent et de la vertu.
Tchi, connaître ; kouo, fautes ; pi, nécessairement ; kaï, changer, se corriger.
Quand on connaît ses fautes, il faut se corriger.
Te, obtenir ; neng, pouvoir (posse), capacité ; mou, gardez-vous de ; wang, oublier, perdre.
Quand vous avez acquis une capacité, une qualité morale (une des cinq vertus appelées Ou-tch’ang (151-152), ne l’oubliez pas, ne la perdez pas.
Wang, pas, non ; fan, parler ; pi, celui-là ; toen, court, défaut, imperfection,
Ne parlez pas des défauts des autres.
Fei, non, pas ; chi, s’appuyer sur, se vanter de ; ki, soi-même ; tch’ang, long, longueur, supériorité.
Ne vous vantez pas de votre supériorité.
Sin, promesse ; sse, faire ; kho, pouvoir ; feou, répéter, vérifier.
Faites en sorte que vos promesses puissent être vérifiées.
Khi, vase, capacité ; yo, désirer ; nan, difficile ; liang, mesurer.
Il est à désirer qu’un homme ait une capacité tellement grande qu’il soit difficile de la mesurer.
B : « Le mot khi, capacité, est ici pour tou-liang, « sentiments élevés, généreux. » Comme si l’on disait : L’homme doit avoir des sentiments tellement élevés, généreux qu’il soit difficile d’en donner une juste idée.
Me, nom propre ; fei, s’affliger ; sse, soie ; jen, teindre.
Le sectaire Me-ti s’affligeait en voyant teindre la soie.
C : Il comparait la soie blanche, teinte en rouge, aux hommes candides et purs qui se corrompent dans la société des hommes vicieux.
Chi, vers ; tsan (Basile : louer ; kao-yang, agneau.
Le Chi-king (le Livre des Vers), fait l’éloge des agneaux.
A, B : Le Livre des Vers, liv. I, chap. 2, od. 7, loue les magistrats du royaume de Tchao-nan, qui étaient droits et intègres, et dont la vertu était comparable à la blancheur des peaux d’agneaux et des étoffes de soie de même couleur.
King, regarder en haut, admirer ; hing, action ; wei, seulement ; hien, sage,
Celui-là seul est sage qui admire les belles actions et les imite.
L’expression king-hing se trouve dans le Livre des Vers (liv. II, chap. 7, od. 4) ; mais là elle signifie un grand chemin (en mandchou : amba dchougôn). Comme le commentaire A explique king par regarder en haut, c’est à tort qu’il rappelle l’usage qui en est fait dans ce passage du Chi-king.
Khe, pouvoir (posse) ; nien, penser ; tso, devenir ; ching, saint.
A : Celui qui est capable de penser aux cinq vertus (151 — 152) et de les pratiquer, peut devenir un saint.
Les quatre mots de ce vers se trouvent dans le Chou-king, chapitre To-fang.
Te, vertu ; kien, établir ; ming, nom, réputation ; li, ériger, fonder.
Quand la vertu d’un homme est bien établie, sa réputation est prompte- ment fondée.
Hing, corps ; touan, droit ; piao, ombre ; tching, droit.
Quand notre corps est droit, l’ombre qu’il projette est droite.
J’ai suivi A qui rend hing, par thi, corps, et piao, par ombre (ing). D’après le dictionnaire King-tsi-tsouan-kou, piao signifie quelquefois non-seulement le style ou l’aiguille droite d’un cadran solaire, mais encore l’ombre du style de ce cadran (kouei-ing).
Khong, vide ; kou, vallée ; tch’ouen, transmettre ; ching, voix, son.
Dans une vallée vide, les sons se propagent.
Hiu, vide, désert ; thang, palais, salle ; si, réitérer ; thing, entendre.
Dans une salle déserte, l’écho répète la voix (mot à mot : on entend itérativement).
Ho, malheur ; in, à cause de ; ngo, vice, mauvaise action ; tsi, s’assembler, s’amasser.
Nos malheurs proviennent de nos mauvaises actions.
Fo, bonheur ; youen, à cause ; chen, vertu, bonnes actions ; Khing, faire des présents, récompenser.
Le bonheur nous est donné en récompense de nos vertus.
Tchi, pied ; pi, pierre précieuse ; fei, non, pas ; p’ao, précieux, estimer.
Une tablette de jade large d’un pied, n’est pas ce qu’il faut estimer.
Thsun, pouce ; in (pour kouang-in), le temps ; chi, être, cela ; king, montrer du zèle pour une chose.
Il faut, même les plus courts instants, montrer du zèle pour l’étude. Mot à mot : c’est même dans un pouce de temps (qu’il faut) montrer du zèle pour l’étude.
A : On lit dans le philosophe Hoaï-nan-tseu : Le saint homme (Confucius) n’estimait pas une tablette de jade large d’un pied, mais il appréciait beaucoup un pouce de temps.
Tse, servir ; fou, père ; sse, servir ; kiun, prince.
Les dispositions requises pour servir son père et son prince,
Youe, appeler ; yen, crainte ; yu, avec, et, king, respect.
S’appellent la crainte et le respect.
Le sens de servir que j’ai donné à tse, est tiré de la glose C.
Hiao, doué de piété filiale ; tang, il faut ; ke, épuiser ; li, force.
Un fils, doué de piété filiale, doit faire tous ses efforts pour servir ses parents.
Tchong, fidèle ; tse, alors ; tsin, épuiser ; ming, vie.
Un sujet fidèle sacrifie sa vie pour son prince.
Lin, s’approcher ; chin, profond ; li, marcher sur ; po, mince.
Un fils, qui sert ses parents, doit être timide et circonspect comme s’il approchait d’un abime ou s’il marchait sur une glace mince ;
Ces quatre mots se trouvent dans le Livre des Vers, livre II, chap. 5, ode 1.
So, de bonne heure ; hing, se lever ; wen, réchauffer ; thsing, rafraîchir.
Se lever de bonne heure, réchauffer en hiver leur lit et le rafraichir en été.
C : Réchauffer leur couverture en hiver, et, en été, avec un éventail, rafraichir leur oreiller.
Ces quatre mots se trouvent dans le premier chapitre du Livre des Rites.
Sse, ressembler ; lan, nom de plante ; sse, particule ; hiang, odorant.
Un fils vertueux ressemble à l’épidendrum qui répand une bonne odeur ;
Jou, comme ; song, pin ; tchi, particule relative ; ching, florissant.
Il est comme le pin qui est toujours florissant.
A : En hiver, le pin ne perd pas ses feuilles ; c’est pour cela qu’on l’appelle ching, florissant.
A : La vertu de l’homme est comme un doux parfum ; elle est constante et pure ; elle est toujours florissante comme le pin qui ne perd point son vert feuillage.
Tchouen, fleuves ; lieou, couler ; pou, pas ; si, s’arrêter.
Les fleuves coulent sans s’arrêter.
Youen, une eau stagnante ; tch’ing, claire, limpide ; thsiu, prendre ; ing, réfléchir, image d’un objet réfléchi.
Si une eau stagnante est limpide, elle réfléchit les objets.
Yong, figure ; tchi, contenance ; jo, comme ; sse, pensée, penser, réfléchir.
Ayez l’air et la contenance d’un homme qui réfléchit.
Yen, parole ; thse, expression ; ngan, calme ; ting, fixer.
Que vos paroles et vos expressions soient calmes et réfléchies.
A : Ngan-ting a le sens de grave et calme (tch’in-tsing). Gonçalvez rend ce dissyllabe par socegado, qui est tranquille, en repos ; Morrisson (II, n° 10, 227), même sens. Mais dans le Livre des Rites, livre I, où se trouvent ces trois mots construits autrement (ngan-ting-thse), la version mandchou rend ting par toktobou, rendez fixe, arrêté, déterminé ; comme si l’on di- sait : Parlez avec calme, en pesant toutes vos expressions.
To, ferme ; thsou, commencement ; tch’ing, véritablement ; mei, beau ;
Il est vraiment beau d’être ferme dans le commencement (de ses études).
Chin, attentif ; tchong, fin ; i, il faut ; bon, excellent, honorable.
Mais il faut être attentif et diligent jusqu’à la fin ; cela est louable.
A : Les mots mei et ling, signifient également beau, louable, excellent. Le mot : étant mal placé, j’ai été obligé de suivre les trois gloses, qui, d’après les principes de la grammaire, le construisent avant chin, être attentif.
Comme le mot ling signifie aussi ordonner, on pourrait traduire : On doit ordonner aux jeunes gens d’être attentifs et diligents jusqu’à la fin.
Yong, glorieux, honorable ; nie, occupation ; so, ce qui ; ki, fondement.
Les occupations littéraires les plus honorables sont celles qui ont une base solide.
Tsi, réputation ( ?) ; chin, extrême ; wou, ne pas avoir ; king, bornes.
C’est alors que votre réputation devient très-grande et s’étend à l’infini.
Le mot tsi signifie ordinairement, livre, liste, registre.
A : Explique tsi, par : avoir de la réputation et obtenir des louanges (yeou-ching-yu), B et C par réputation (ching-ming). Ce sont des acceptions que je n’ai trouvées nulle part. J’ai dû cependant les suivre, car autrement je n’aurais pu donner un sens plausible à ce vers.
Ho, instruction ; yeou, surabondant ; teng, monter ; sse, charge.
Lorsqu’on possède une grande instruction, on arrive aux emplois ;
Che, prendre, occuper ; tchi, fonction publique ; thsong, suivre ; tching, administration.
On remplit des charges, on prend part à l’administration.
C rapporte, à l’occasion des deux vers précédents, une histoire fort curieuse. Jadis Sou-thsin avait quitté sa famille dans le but de voyager pour son instruction, mais il ne put obtenir un emploi. Quand il fut revenu vers les siens, sa belle-sœur, en le voyant, ne se leva point, et sa femme ne lui offrit pas un siège. Sou-thsin dit en soupirant : « Parce que je n’ai pu parvenir, ma belle-sœur et ma femme ne se sont point levées en me voyant. » Alors, il se mit à étudier pendant la nuit, et, quand il se laissait aller au sommeil, il se piquait la cuisse avec une alène. Au bout de deux ans, il avait acquis une instruction complète. Il entra au service du roi de Thsi et devint son ministre. Il parla aux princes de six royaumes et les réunit ensemble pour repousser les attaques du roi de Thsin. Il voyageait sur un char ou à cheval, et était couvert de riches vêtements. Quand il revint dans sa famille, il vit sa belle-sœur qui avait fait soixante li (six lieues) pour aller au-devant de lui. Sou-thsin lui dit : « Lorsque je revins autrefois, vous ne vous êtes pas levée ; aujourd’hui, pourquoi avez vous fait soixante li pour me voir ?
— J’ai appris, répondit-elle, que, mon beau-frère avait obtenu la dignité de ministre, et qu’il s’était couvert de gloire aux yeux de tout l’empire. Qui est-ce qui ne vous montrerait pas de l’affection ? Voilà pourquoi je suis venue à votre rencontre.
— Si j’ai été élevé en dignité, s’écria Sou-thsin en soupirant, c’est à ma belle-sœur (à vous) que j’en suis redevable. »
Thsun, conserver ; i, marque d’accusatif ; kan, doux ; thang, poirier.
On conserva l’arbre Kan-thang ;
Khiu, partir ; eul, au contraire ; i, augmenter ; yong, chanter.
Quand il fut parti, on le célébra encore davantage.
A : Sous la dynastie des Tcheou, Tchao-kong, ou Tchao-pé, administrait le midi de la Chine. Un jour, qu’il faisait sa tournée d’inspection, il se reposa sous un kan-thang (sorte de poirier). Dans la suite, c’est-à-dire après sa mort, les habitants songeant à ses vertus s’attachèrent à cet arbre et défendirent de l’abattre.
Suivant C, il s’asseyait sous un poirier pour juger les procès et arranger les différents des hommes du peuple.
Le second vers fait allusion à un ode du Livre des Vers (liv. I, chap. 2, od. 5), relative à cet arbre sous lequel se reposait Tchao-pé : « Ne coupez pas les branches, dit le poëte ; c’était sous cet arbre que se reposait Tchao-pé. »
Yo, musique ; tch’ou, différencier ; koueï, noble ; tsien, vil, ignoble.
La musique sert à distinguer les nobles des roturiers.
C : Dans les danses accompagnées de musique, l’empereur avait huit groupes de danseurs, les princes feudataires en avaient six, les ta-fou, cinq, et les hommes du peuple, deux. C’est ainsi qu’on mettait une différence entre le prince et ses sujets.
Li, rites ; pie, séparer, distinguer une chose d’une autre ; thsun, noble ; pi, bas, méprisable.
Les Rites établissent une différence entre les hommes d’un rang élevé et ceux d’une basse condition.
C : Les Rites marquent les rangs des supérieurs et des inférieurs ; à la cour, on observe la différence du prince et des sujets ; dans la famille, celle des aînés et des jeunes, etc
Chang, supérieur ; ho, être doux, bienveillant ; ka, inférieur ; mo, être paisible.
Quand les supérieurs sont bienveillants, les inférieurs leur obéissent avec amour.
C : Par supérieurs et inférieurs, on entend le prince et les sujets, le père et les frères aînés, les fils et les frères cadets.
B : Quand les supérieurs ne maltraitent point les inférieurs, ceux-ci ne leur désobéissent pas.
Fou, mari ; tch’ang, conduire ; fou, épouse ; soui, suivre.
A : Le mari commande et la femme obéit.
Wai, au dehors ; cheou, recevoir ; hiun, doctrine, enseignement.
Au dehors, un garçon reçoit les leçons d’un maître ;
Ji, entrer ; fong, recevoir ; mou, institutrice ; i, règle.
Au dedans de le maison, une fille reçoit de son institutrice des règles de conduite.
C : Le mot mou (vulgo, mère) désigne ici une institutrice.
Tchou, les ; hou, sœurs du père ; pé, frères aînés du père ; cho, frères cadets du père.
B : Nos tantes et nos oncles (méritent nos respects).
Yeou, comme ; tseu, fils ; pi, comparer à ; eul, enfants.
B : Les fils de nos frères, nos neveux, sont comme nos fils, et peuvent être comparés à nos propres enfants.
Khong, beaucoup ; hoaï, porter dans son cœur ; hiong, frère aîné ; ti, frère cadet.
Aimez beaucoup vos frères aînés et vos frères cadets.
Thong, semblable ; khi, vie ; lien, unir ; tchi, rameau.
Ils ont reçu la même vie que vous, et sont comme des rameaux qui tiennent à un même arbre.
B : Le père et la mère peuvent être considérés comme un arbre, dont les frères aînés et cadets sont les rameaux.
Kiao, être en relation avec ; yeou, ami ; theou, aller vers ; fen, partager.
Dans nos relations avec nos amis, nous recherchons ceux qui partagent nos sentiments.
Thsie, couper, diviser ; mo, polir ; tchin, aiguille, piquer avec une aiguille ; koueï, compas, régler.
Nous devons étudier avec ardeur, réprimander nos amis et redresser leur conduite.
C : Ces quatre mots se prennent ici au figuré. Thsie et mo s’appliquent à l’artiste qui coupe le jade ou l’ivoire, et qui les use ou polit sur la meule. Les étudiants doivent limiter pour perfectionner leur instruction. Le mot tchin se dit du chirurgien qui pratique l’acuponcture, et le mot koueï, exprime l’action de l’ouvrier qui se sert du compas pour arrondir les objets qu’il travaille. L’auteur compare à l’effet de ces deux instruments, les réprimandes et les bons conseils que nous devons adresser à nos amis quand ils s’écartent du devoir.
B rapporte les quatre mots à celui qui reprend et corrige ses amis.
Jin, humanité ; thse, l’affection, la bienveillance ; in, la compassion ; tse, la miséricorde,
Thsao - thse, inconsidérément ; fo, pas ; li, s’écarter de,
Sont des vertus dont il ne faut pas s’écarter inconsidérément.
Tsie, la modération ; i, la justice ; lien, l’intégrité ; thouï, l’humilité.
La modération, la justice, l’intégrité, l’humilité.
Thien-p’ei, renversement ; fei, non ; kouai, manquer.
B : Même dans le malheur et l’exil, ne doivent pas nous manquer.
Sing, nature ; tsing, calme ; thsing, passions ; i, se livrer au repos.
Quand la nature de l’homme est calme, ses passions se tiennent en repos.
Sin, cœur ; tong, mouvoir, être ému ; chin, esprit ; p’i, être fatigué.
Quand le cœur est agité, l’esprit se fatigue.
Cheou, garder ; tchin, pureté ; tchi, volonté ; mouan, suffire, avoir assez.
Quand nous conservons la pureté de notre nature, notre volonté est satisfaite.
A : Quand nous conservons l’humanité, la justice, la prudence, etc., dans leur pureté native, nous pouvons alors satisfaire notre volonté de manière qu’il ne nous manque rien.
Tcho, courir après ; wou, chose ; i, esprit ; i, aller d’un endroit à un autre,
Lorsque nous courons après les choses sensibles, notre esprit se laisse entrainer par elles.
A : La musique, la volupté, les plaisirs de la table troublent notre esprit et l’entraînent.
Kien, ferme ; tchi, tenir ; ya, droit ; thsao, résolution.
Si vous tenez fermement une résolution droite, c’est-à-dire si vous persévérez dans une conduite vertueuse.
Hao, beau ; thsio, fonction publique ; tseu, de soi-même ; mi, lier.
De brillantes charges vous arriveront d’elles-mêmes.
A explique ainsi mi, lier, attacher : Si vous observez fermement les cinq règles du devoir (l’humanité, la justice, etc.), vous serez un homme vertueux. Alors le roi vous donnera un emploi et de brillantes fonctions s’attacheront d’elles-mêmes à votre personne.
B et C expliquent tseu-mi par, se succéder, arriver l’un après l’autre.
C : Sous la dynastie des Han postérieurs, Houan-yong étant pauvre, se vit obligé, à l’âge de dix ans, de garder les moutons. Il avait toujours un livre à la main. Son oncle lui dit : « Dans une position aussi misérable que la vôtre, à quoi bon lire toujours ? » Houan-yong persista fermement dans l’amour de l’étude. Il tenait un livre en labourant ; quand il avait un peu de repos, il récitait ce qu’il avait appris. Bientôt il acquit l’intelligence complète des cinq livres canoniques ; il donna des leçons et eut jusqu’à deux cents disciples. Quand l’empereur Kouang-wou-ti fut monté sur le trône (l’an 25 de J. C.), il l’appela auprès de lui pour être le précepteur du prince impérial. Ses fils et ses petits fils obtinrent tous des emplois.
Tou, i, capitale ; Hoa-hia, la Chine. Les capitales de la Chine.
Tong, orient ; si, occident ; eul, deux ; king, capitale.
Étaient les deux capitales de l’Orient et de l’Occident.
C : Tch’ing-wang, de la dynastie des Tcheou, bâtit la ville de Lo. Plus tard, l’empereur P’ing-wang se transporta à l’Orient et en fit sa résidence. Sous la dynastie des Han postérieurs, l’empereur Kouang-wou-ti s’y établit avec sa cour, et on l’appela Tong-king, la capitale de l’Est ; c’est aujourd’hui Ho-nan-fou.
Sous la dynastie des Tcheou, l’empereur Wou-wang prit pour sa résidence Hao-king ; les Thsin établirent leur cour à Hien-yang, et les Han occidentaux à Tchang-’an, qu’on appela Si-king, la capitale de l’Ouest ; c’est aujourd’hui Si-’an-fou.
Pei, tourner le dos à ; Mang, nom de montagne ; mien, être en face de ; Lo, nom de rivière.
La première est située derrière la montagne Mang ; la seconde fait face à la rivière Lo.
La montagne Mang est située au nord de la ville de Ho-nan-fou.
A : La rivière Lo prend sa source dans la montagne Mong-ling, du district de Lo-nan, dépendant de l’arrondissement de Chang-tcheou. Cette rivière coule dans la direction de l’est, et traverse la partie méridionale de la ville de Ho-nan-fou. Ensuite, du côté de l’est, elle arrive au district de Kong-hien, et va se jeter dans le fleuve jaune.
Feou, flotter ; Wei, nom de rivière ; kiu, s’appuyer sur ; King, nom de rivière.
A droite, la capitale de l’Ouest est baignée par la rivière Weï ; à gauche, elle est défendue par la rivière King.
C : La rivière Weï prend sa source dans la montagne Niao-chou-chan, du district de Weï-youen, dépendant du département de Lin-yao-fou.
C : La rivière King prend sa source dans la montagne Khien-theou-chan, dans le département actuel de P’ing-liang-fou. Elle coule au sud-est, arrive au district de Kao-ling, dépendant de Si-’an-fou, et se jette dans la rivière Weï.
Kong, palais ; tien, palais ; p’an-yo, majestueux, imposant.
Les palais de ces capitales étaient grands et majestueux.
Leou, pavillon ; kouan, galerie élevée ; fei, voler ; king, étonner.
Les pavillons, les hautes galeries, s’élevaient dans les airs et excitaient l’admiration.
Thou, peindre ; sie, peindre ; k’in, oiseaux ; cheou, quadrupèdes.
Sur les murs intérieurs, on avait représenté des oiseaux et des quadrupèdes.
Hoa, peindre ; thsaï, coloré ; sien, un immortel ; ling, un esprit, un génie.
On avait peint de différentes couleurs les immortels et les esprits.
Ping, brillant ; che, maison ; pang, à côté ; khi, ouvrir.
Des maisons brillantes s’ouvraient à côté (de ces palais).
Kia, grand ; tchang, tapisserie ; toui, être en face ; ing, colonne.
De grandes tapisseries étaient placées en face des colonnes.
Sse, étendre ; yen, natte double ; si, natte simple.
On étendait par terre des nattes de bambou.
A : Les deux mots yen et si désignent des nattes pour s’asseoir.
C : Chaque natte avait neuf pieds de long. Dans le palais impérial, on étendait de l’est à l’ouest neuf nattes qui couvraient ensemble un espace de quatre-vingt-onze pieds ; du sud au nord, on en étendait sept qui avaient ensemble une longueur de quarante-neuf pieds.
Kou, frapper ; se, instrument de musique ; tchoui, souffler dans ; seng, instrument de musique.
On touchait le se, et on jouait du seng.
Le se était un instrument de musique composé de trente-six cordes et long de huit pieds deux pouces.
Le seng était une espèce d’orgue composé de treize tuyaux de bambou, montés sur la moitié d’une calebasse. L’extrémité de chaque tuyau était munie intérieurement d’une hanche appelée en chinois hoang. (Diction. de Basile, 7605.)
Ching, monter ; kiaï, degrés ; na-pi, palais.
Lorsque les hauts dignitaires montaient les degrés du palais,
Suivant le dictionnaire King-tsi-tsouan-kou, liv. XXXVIII. f. 8, le palais de l’empereur s’appelle na-pi, parce que c’est là qu’il reçoit (na) les paroles des hommes, c’est-à-dire les avis de ses ministres.
Pien, bonnet ; tch’ouen, se mouvoir ; i, soupçonner ; sing, étoiles.
Leurs bonnets s’agitaient, et de loin on les aurait pris pour des étoiles.
Yeou, la droite ; hong, entrer dans ; Kouang-nei, nom de palais.
A droite (à l’ouest), on pénétrait dans le palais appelé Kouang-nei.
Tso, la gauche ; ta, pénétrer dans ; Tch’ing-ming, nom de palais.
A gauche (à l’est), on pénétrait dans le palais appelé Tch’ing-ming.
A. C : Kouang-nei et Tching-ming, étaient deux palais qu’avait fait construire l’empereur Kouang-wou-ti, de la dynastie des Han.
Kouang signifie large, vaste ; nei, intérieur ; tch’ing, recevoir ; maing, lumière.
C : Thong et ta ont le même sens : pénétrer dans.
Ki, marque du passé ; tsi, rassembler ; Fen, nom d’ouvrages ; Tien, nom d’ouvrages.
On y avait rassemblé les Fen et les Tien.
A : Les Fen, au nombre de trois, (San-fen) rapportaient les faits relatifs aux trois empereurs (San-hoang), Fo-hi, Chin-nong et Hoang-ti ; les Tien, au nombre de cinq, rapportaient les faits relatifs aux cinq empereurs (Ou-ti). Ils contenaient cinq parties du Chou-king, savoir : 4° le Yao-tien ; 2 le Chun-tien ; 3° le Tu-yu-mo ; 4° le Kao-yao mo ; 5° le I-tsi.
I, aussi ; tsiu, réunir ; kiun, nombreux ; ing, homme éminent.
On y avait aussi réuni des lettrés éminents.
B : L’empereur réunissait, dans son palais, les hommes distingués par leur sagesse, leur vertu et leur talent, pour s’entretenir avec eux et profiter de leurs avis.
Thou, nom d’homme ; kao, écrits originaux ; Tchong, nom d’homme ; li, nom d’une écriture.
On y voyait des manuscrits de Thou-tou, et des caractères li de Tchong-yao,
Thou-tou, qui vivait sous l’empereur Tchang-ti, de la dynastie des Han (73-88 avant J. C.), excellait dans le genre d’écriture abrégée et cursive appelée Thsao-chou.
Sous le règne de Chi-hoang-ti, de la dynastie des Thsin, Tching-mo commença à changer les antiques caractères Ta-tch’ouen, en une écriture appelée li, ou écriture des bureaux, parce qu’elle était abrégée, expéditive et très-commode pour l’usage des employés (li).
Thsi, vernis ; chou, livre ; pi, mur ; king, livre canonique.
Les livres écrits avec du vernis et le livre canonique trouvé dans un mur.
À : Les anciens, avant l’invention de l’encre, écrivaient avec du vernis sur des planchettes de bambou.
Lorsque l’empereur Chi-hoang-ti ordonna de brûler les livres, Teng, descendant de Confucius à la huitième génération, cacha dans le creux d’un mur, le Chou-king (le Livre des annales impériales). Sous la dynastie des Han, Kong, roi de Lou, ayant démoli l’ancienne maison de Confucius, trouva cet ouvrage qu’on appelle aujourd’hui Kou-wen-chang-chou, c’est-à-dire, le Livre antique en caractères anciens.
C explique autrement les mots thsi-chou (vernis-livre). Le philosophe Tchoang-tseu, dit-il, était le gardien des arbres qui donnent le vernis (thsi) ; il composa l’ouvrage intitulé Nan-hoa-king ; voilà pourquoi on dit ici Thsi-chou, le Livre du vernis,
Fou, hôtel ; lo, ranger ; tsiang, général ; siang, ministre.
Les généraux et les ministres habitaient des hôtels séparés.
Lou, chemin ; hie, se réunir ; hoa, acacia ; khing, les hauts dignitaires du titre de khing.
Sur les chemins, on voyait réunis les homme d’Etat appelés Hoaï-khing.
C : Dans l’antiquité, les grands dignitaires appelés Kong et Khing, jugeaient les procès du peuple sous des acacias et des jujubiers.
C : Hie (Basile, 252) est ici synonyme de kia (1810), expression que B explique par p’ing (7365, ensemble) être ensemble.
Hou, famille ; fong, donner un fief ; pa, huit ; hien, district.
Par famille, on donnait en fief huit districts ;
C : Quand l’empereur Kao-tseu, de la dynastie des Han, eut pacifié l’empire, il donna en fief huit districts à chaque ministre ou haut dignitaire qui avait rendu de grands services à l’État. Les revenus de ces huit districts étaient pour eux une fortune.
Kiu, maison ; ki, donner ; thsien, mille ; p’ing, soldats.
Par maison, on donnait mille soldats.
C : Aux ministres et hauts fonctionnaires qui s’étaient distingués par leur vertu, l’empereur donnait un corps de mille soldats pour les entourer d’une puissance imposante.
Kao, haut ; kouan, bonnet ; p’ei, accompagner ; lien, char impérial.
Coiffés de bonnets élevés, ils accompagnaient le char de l’empereur.
Khiu, pousser, ko, moyeu, roue ; tchin, mouvoir, agiter ; ing, ruban du bonnet.
Ils poussaient les roues et agitaient (et l’on voyait s’agiter) les rubans de leurs bonnets.
Chi, génération ; lou, revenu ; tch’i, fastueux ; fou, riche.
Ils avaient des revenus héréditaires et vivaient dans le luxe et l’opulence.
C : Ils héritaient, de génération en génération, des revenus et des charges de leurs pères.
A rapporte ce vers aux fils des ministres et des hauts fonctionnaires.
Tch’e, char ; kia, atteler ; fei, gras ; k’ing, char léger.
Ils montaient sur des chars légers, attelés de superbes chevaux (A).
B rapporte khing aux vêtements : ils faisaient atteler à leurs chars des chevaux gras, et portaient de légers vêtements de fourrure (i-khing-khieou).
Thse, plan, stratagème ; kong, mérite ; meou, florissant ; chi, solide.
Quand ils s’étaient distingués par l’éclat de leurs plans, et la solidité de leurs mérites.
Le, graver ; pei, table de pierre ; khe, graver ; ming inscription sur métal (B, C.).
On gravait leur éloge sur des tables de pierre ou de métal.
P’an-khi, nom de rivière ; I-in, nom d’homme.
Thaï-kong-wang péchait dans la rivière P’an-khi ; I-in labourait dans les plaines appelées Hoa-ye. (B).
Cette rivière coulait au sud-est du district de P’ao-k’i, dépendant du département actuel de Fong-thsiang-fou. Dans le voisinage de cette rivière, on voit encore la maison de pierre de Thaï-kong-wang.
Tso, aider ; chi, temps, siècle ; ’O-heng, nom de magistrature.
L’un aida son siècle ; l’autre remplit la charge de ’O-heng.
B : L’expression tso-chi se rapporte à Thaï-kong-wang, qui fut général en chef, et qui, en cette qualité, soutint par son courage la maison impériale des Tcheou.
B : I-in remplit la charge de ’O-heng, et finit par devenir ministre de l’empereur Tch’ing-t’ang.
A : Le mot ’o signifie s’appuyer sur ; le mot heng veut dire égal, ajusté. L’empereur s’appuya sur ce magistrat, pour gouverner d’une manière juste et équitable.
Cette expression (’O-heng) se trouve au commencement du chapitre Thaï-kia, du Chou-king, où elle est employée dans le sens de ministre.
Yen, prendre ; tse, habitation, résidence ; khio-feou, nom de lieu.
Tcheou-kong s’établit à Khio-feou.
A : Tcheou-kong reçut la principauté de Khio-feou, dans le royaume de Lou. Ce pays répond aujourd’hui au district du même nom, dépendant du département de Yen-tcheou-fou, dans la province de Chan-tong.
Wei, ne pas avoir, sans ; Tan, nom d’homme ; cho, qui est-ce qui ? ing, faire.
Si ce n’eût pas été Tan, qui est-ce qui aurait pu faire cela ?
A : Tan était le petit nom de Tcheou-kong.
A : Si ce n’eût été le mérite de Tcheou-kong-tan, quel est l’homme qui aurait pu fonder cette principauté du royaume de Lou ?
A explique ing par tsao, faire, commencer (inchoare).
Houan-kong, nom de prince ; kouang, réformer, redresser ; ho, réunir.
Houan-kong réunit les princes feudataires et rétablit la paix, littéralement : redressa (l’empire).
A : Houang-kong, roi de Thsi, se mit à la tête de tous les princes feudataires, et apaisa les troubles de l’empire.
Tsi, aider ; jo, faible ; fou, soutenir ; k’ing, pencher.
B : Il aida la faible maison des Tcheou, et la soutint lorsqu’elle penchait vers sa ruine.
Suivant A, les deux verbes aider et soutenir s’appliquent aux princes feudataires : il secourait, sauvait ceux qui étaient faibles, dépourvus de soldats, et soutenait ceux qui étaient en danger d’être renversés.
Khi, nom d’homme ; hoei, faire revenir ; Han, nom propre ; Hoeï, nom propre.
Khi ramena le prince Han-hoeï.
A : Khi était un des quatre sages appelés Sse-hao, les quatre hommes purs, dont les noms étaient : Khi-li-ki, Tong-youen-kong, Hia-hoang-kong, et Yong-li. Ils vivaient dans les derniers temps de la dynastie des Thsin. Pour échapper aux troubles de l’empire, ils s’étaient retirés sur le mont Chang-chan. L’empereur Kao-tsou, de la dynastie des Han, les ayant invités à venir près de lui, ils ne répondirent point à son appel. Quelque temps après, Kao-tsou voulut ôter à son fils Tchang-liang le titre de prince impérial, mais ce projet ne fut point exécuté. Après la mort de Kao-tsou, le prince royal monta sur le trône, et de- vint l’’empereur Han-hoeï-ti. Ce prince ayant été sur le point d’être renversé, il fut rétabli sur son trône par l’influence et les efforts des quatre sages nommés plus haut.
A : C’est par abréviation que l’on cite seulement Khi-li-ki ; il faut sous-entendre les trois autres.
Youe, nom d’homme ; khan, émouvoir ; Wou-ting, nom propre.
Fou-youe causa de l’émotion à l’empereur Wou-ting.
A : Wou-ting était un sage prince de la dynastie des Chang. Il rêva que le souverain maître du ciel lui donnait un excellent ministre. A son réveil, il fit faire son portrait, et ordonna de le chercher dans tout l’empire. Dans les plaines de Fou-yen, on trouva un homme nommé Youé, dont la figure se rapportait au portrait de la personne que Wou-ting avait vue en songe. L’empereur le fit ministre.
Tsun-i, homme éminent, mi-wou, s’efforcer.
A : Des hommes de talent faisaient leurs efforts pour aider l’empereur.
A : Tsun, celui qui l’emporte, par ses talents, sur mille hommes ; i, celui qui l’emporte sur cent hommes.
B explique i, par tch’i, gouverner.
Suivant A, mi-wou a le sens de min-mien, faire des efforts ; cependant le dictionnaire mandchou Thsing-han-wen-haï l’explique par narkhôn somis-khôn, secret, caché. B adoptant ce sens, dit que des ministres, doués de talents supérieurs, aidaient l’empereur de leurs conseils, dans les profondeurs du palais.
To, nombreux ; sse, lettré ; chi, ce, ces ; ning, être en paix.
Grâce à ces nombreux lettrés, qui le secondaient, Wen-vang put régner en paix.
A rapporte chi aux lettrés : lai-chi-to-sse, il s’appuyait sur ces nombreux lettrés.
Tsin, nom de royaume ; Thsou, nom de royaume ; keng, tour à tour ; pa, être le chef des princes feudataires.
Wen-kong, roi de Tsin, et Tchoang-weng, roi de Thsou, furent tour à tour les chefs des princes feudataires.
A : Le royaume de Tsin répondait à la province actuelle du Chan-si, et Thsou à celle du Hou-kouang. Les rois de Tsin et de Thsou succédèrent à Houang-kong, et, l’un après l’autre, devinrent les chefs des princes feudataires. L’histoire cite cinq de ces chefs, savoir : Houang-kong de Thsi, Wen-kong, de Tsin, Mo-kong de Thsin, Siang-kong, de Song, et Tchoang-wang de Thsou. C’est pour abréger que l’auteur cite seulement Tsin et Thsou.
Tchao, Wei, noms de royaumes ; K’ouen, accablé ; hong, former une ligue.
Les princes de Tchao et de Weï furent tantôt accablés (vaincus), tantôt formèrent une ligue.
A : Le roi de Tchao avait établi sa cour à Han-tan, aujourd’hui Tchao-tcheou ; le roi de Weï ayait pour capitale Ta-liang, aujourd’hui Khaï-fong-fou. Du temps des guerres civiles, Sou-thsin avait persuadé aux princes de six royaumes de se joindre à lui, pour combattre Thsin. Dans la suite, Tchang-i persuada aux princes de ces six royaumes de s’associer avec lui pour se mettre au service de Thsin.
Le sens de former une ligue, donné à hong, est tiré de A ; mais B et C expliquent khouen-hong par : furent tantôt faibles, tantôt forts, tantôt vaincus, tantôt vainqueurs.
Dans ce dernier cas, le mot hong doit être traduit par : agir avec violence.
Kia, emprunter ; thou, chemin ; mie, détruire ; Koue, nom de royaume.
On emprunta le droit de passage à travers le pays de Yu pour détruire Koue.
Koue répond aujourd’hui à Chen-tcheou, de la province du Ho-nan. A : Kien-kong, roi de Tsin, voulait attaquer le royaume de Koue. Comme il fallait passer par le royaume de Yu, il employa un stratagème imaginé par un de ses conseillers nommé Siun-si. Il gagna le prince de Yu en lui donnant des tablettes de jade du pays de Tchouï-ki, et des chevaux du pays de Khiu, afin de pouvoir traverser ses terres et d’aller attaquer le royaume de Koue. A leur retour, les troupes de Tsin s’emparèrent aussi du royaume de Yu, et reprirent les tablettes de jade ainsi que les chevaux qu’on avait donnés au roi pour obtenir le passage.
Tsien-thou, nom de pays ; hoei, s’assembler ; ming, s’engager par serment.
Dans le pays de Tsien-thou, les princes feudataires s’assemblèrent et firent une alliance.
Tsien-thou, nom d’un pays situé au nord-ouest du district actuel de Yong-tse, dépendant du département de Khaï-fong-fou.
A : Avant de prêter le serment de fidélité, les confédérés immolaient une victime et enduisaient leurs lèvres de son sang.
Dans la vingt-huitième année du roi Hi-kong, du royaume de Lou, Wen-kong, roi de Tsin, assembla les princes feudataires de six royaumes dans le pays de Tsien-thou, et fit alliance avec eux.
Ho, nom d’homme ; tsun, se conformer à ; yo, convenir d’une chose ; fa, loi pénale.
Siao-ho se conforma aux lois pénales qui avaient été convenues d’avance.
A : Kao-tsou, de la dynastie des Han, ayant franchi les portes des frontières, rétablit la paix dans l’empire, qui avait été occupé par les Thsin, fit des conventions avec les vieillards et établit trois articles de lois pénales : 1° celui qui aura tué un homme sera mis à mort ; 2°, 3° celui qui aura blessé quelqu’un, ou qui aura volé sera puni. Kao-tsou supprima les autres lois pénales des Thsin qu’il jugeait trop cruelles. Mais quelque temps après, pensant n’avoir pas fait assez pour réprimer les crimes, il ordonna à Siao-ho de recueillir les lois des Thsin et de composer un code en neuf sections.
On veut dire ici que Siao-ho composa le code pénal des Han, en se conformant aux lois pénales qui avaient été convenues d’avance entre l’empereur Kao-fsou et les vieillards, les sages de l’empire.
Han, nom d’homme ; pi, ruiné ; fan, cruel ; hing, châtiment.
Han-feï causa sa propre ruine par la cruauté de ses lois pénales.
A explique pi par khouen, ruiné, se ruiner soi-même (tseu-k’ouen), et fan, par ho (Basile 8865), sévère, cruel.
A : Han-fei, était un historiographe de la dynastie des Thsin, qui avait établi des lois pénales fort cruelles. Des hommes de l’ouest de la Chine l’ayant critiqué avec amertume, il les fit mettre à mort. Mais le ministre Li-sse le dénonça à l’empereur Chi-hoang-ti qui le fit jeter en prison. Il y mourut et fit ainsi son malheur par la cruauté de ses lois pénales.
Khi, Tsien, P’o, Mo, noms d’hommes ; yong, employer ; kiun, corps d’armée ; tsoui, extrêmement ; thsing, être habile.
Pe-khi, Wang-tsien, Lien-p’o, et Li-mo employèrent leurs troupes avec une grande habileté, c’est-à-dire se montrèrent d’habiles généraux.
À : Les deux premiers étaient d’excellents généraux de la dynastie des Thsin ; les deux autres étaient aussi d’habiles généraux du royaume de Tchao.
Siouen, étendre ; weï, puissance ; cha, sable ; mo, vaste (cha-mo, désert. de sables),
Ils étendirent la puissance de leurs armes jusqu’au désert de sable.
Tchi, répandre au dehors ; yu, louanges, éloge ; tan, rouge ; tsing, bleu.
Leur réputation se répandit au loin au moyen de la peinture.
B : Ils répandirent leur nom, leur réputation sur le rouge et le bleu.
L’expression tan-tsing se prend ici pour peinture ; elle signifie quelquefois un artiste qui peint, un peintre ; en mandchou : niroure faksi.
A : La réputation de ces quatre généraux s’étendit au loin et l’on peignit leur figure afin qu’on ne pût les oublier.
C : Dans la période Kan-lou (53-48 avant J. C.), l’empereur Siouen-ti fit peindre dans son palais vingt-trois personnages qui s’étaient distingués par leurs services.
Khieou, neuf ; tch’eou, provinces ; Yu, nom d’homme ; tsi, traces, vestiges.
L’empereur Yu porta ses pas dans les neuf provinces de l’empire.
A : Depuis l’empereur Hoang-ti, on commença à diviser l’empire en neuf provinces qu’on appela tcheou, et dont les noms étaient : Ki, Yen, Thsing, Siu, Yang, Khing, Yu, Liang et Yong. L’empereur Chun divisa l’empire en dix provinces ; mais lorsque l’empereur Yu eut réparé les ravages de l’inondation, il rétablit l’ancienne division en neuf provinces. Les trois dynasties des Hia, des In et des Tcheou la conservèrent.
Pe, cent ; kiun, districts ; Thsin, nom de dynastie ; ping, réunir ensemble.
Les cent districts furent réunis ensemble par les Thsin,
A : Il y en avait cent trois (dont on donne les noms) ; l’auteur a écrit cent pour faire un nombre rond.
L’empereur Chi-hoang-ti détruisit toutes les principautés entre lesquelles la Chine était partagée avant lui, et les réunit toutes ensemble sous sa domination.
Yo, montagne sacrée ; tsong, honorer ; Thaï-taï, nom de montagne.
Parmi les cinq montagnes sacrées, celle qu’on honore le plus est le mont Thaï-taï (le Thaï-chan).
A : La montagne sacrée de l’est est le Thaï-chan ; celle de l’ouest, le Hoa-chan ; celle du sud, le Heng-chan ; celle du nord, le Heng-chan ; celle du centre est le Song-chan.
Le premier mot heng se trouve dans Basile sous le n° 9677 ; le second sous le no 2821.
A : Le mont Thaï-chan est situé au nord de Thaï-’an-tcheou, dans la province de Chan-tong.
Chen, sacrifier à la terre ; tchou, s’appuyer sur ; Yun, Ting, noms de montagnes.
On sacrifia à la terre sur les monts Yun-chan et Ting-chan.
A : Lorsqu’on voulait sacrifier au ciel, on élevait un autel en terre, au haut d’une montagne ; cela s’appelait fong. Pour sacrifier à la terre, on enlevait de la terre ; cela s’appelait chen.
Le mot tchou veut dire ici, s’appuyer sur (i, 214).
Le mont Yun-chan est situé au sud-est de Thaï-’an-tcheou ; le mont Ting-chan s’élève au sud de Thaï-’an-cheou. Ce sont de petites montagnes situées au bas du Thaï-chan.
C fait une seule montagne de Yun-ting. Medhurst a traduit ce vers d’une façon singulière : Of the sacred places the principal is the speaking pavilion. Sa traduction offre des centaines de passages aussi peu d’accord que celui-ci avec les commentaires du Thsien-tseu-wen.
Yen, oie ; men, porte ; tse, rouge ; sai, barrière ; khi, poule ; thien, champs ; tch’i, rouge ; tch’ing, ville.
On remarque les endroits appelés Yen-men, Tse-saï, Khi-thien, Tch’i-tching.
A : Yen-men, est le nom d’une barrière ; elle est située au sud-est du district de Ma-i, dépendant du département de Thaï-thong-fou, de la province du Chan-si.
Tse-sai désigne la grande muraille de la Chine, construite par ordre de l’empereur Chi-hoang-ti. Du côté de l’ouest, elle commence à Lin-yao du côté de l’est, elle va jusqu’à la Corée ; sa longueur est de 10,000 li (4,000 lieues). La terre qu’on y a employée était de couleur rouge ; voilà pourquoi on l’appelle ici la barrière rouge.
Khi-thien est le nom d’un relai de poste ; il était situé dans l’arrondissement actuel de Ki-tcheou, de la province du Kouang-si.
Tch’i-tch’ing était la résidence de Tch’i-yeou, qui, dans la haute antiquité, excitait des troubles et résistait aux ordres de l’empereur. Hoang-ti marcha contre lui avec ses troupes, lui livra bataille dans la plaine de Tcho-lou et le tua. Ce lieu répond aujourd’hui à Siouen-fou, dans la province du Kiang-nan.
Kouen-tch’i, nom d’un lac ; Kie-chi, nom d’une montagne ; Kiu-ye, Thong-thing, noms de lacs.
On cite encore le lac Kouen-tch’i, la montagne Kie-chi, les lacs Kiu-ye et Thong-thing.
C : Le lac Kouen-ming était situé à l’ouest de Tchang-’an.
A : Le mont Kie-chan est situé au nord-ouest du district de Tch’ang-li, dans le département de Yong-p’ing-fou (province de Pe-tchi-li).
Kiu-ye était un lac situé à l’est du district du même nom, dans le département de Yen-tcheou-fou, province du Chan-tong. Ce lac est aujourd’hui desséché,
Thong-thing est un grand lac situé au sud-ouest de la ville départementale de Yo-tcheou-fou, province du Hou-kouang.
Kouang, large ; youen, mien-mo, continu.
C : Les lacs étaient larges et s’étendaient au loin ; les montagnes formaient des chaînes continues.
C explique mien-mo par continu, non interrompu.
Yen, creux des rochers ; yeou, caverne de montagne ; yao, profond ; ming, obscur.
Les grottes des rochers, les cavernes des montagnes étaient profondes et obscures.
Tch’i, gouverner ; pen, racine, fondement ; ici : avoir sa racine, son fondement ; yu, dans ; nong, l’agriculture.
Le gouvernement de l’État dépend de l’agriculture.
Wou, s’appliquer à ; tse, ce, cela ; kia, semer ; se, récolter.
Appliquez-vous à cela ; plantez et récoltez.
Cho, commencer ; tsai, travailler ; nan, Midi ; meou, arpent.
Au printemps, le laboureur commence à travailler dans les terres du Midi,
Ngo, moi ; i, semer ; chou, tsi, noms de millets.
Je sème les deux espèces de millet appelées chou et tsi.
Chouï, impôt ; chou, mûr ; kong, tribut ; sin, nouveau.
On offre pour les impôts des grains mûrs, pour le tribut des grains nouveaux.
B : On offre d’abord des grains en tribut au prince, qui lui-même commence par les offrir dans le temple des ancêtres, Voilà pourquoi il est dit ici : On offre en tribut du nouveau.
Khiouen, exhorter ; chang, récompenser ; tch’ou, destituer ; chi, élever en dignité.
L’empereur récompense les magistrats qui ont su encourager les agriculteurs ; il destitue ceux qui se sont mal acquitté de leurs devoirs, et donne de l’avancement à ceux qui ont montré du zèle.
Meng-kho, nom d’homme ; fun, estimer ; sou, pur.
A : Meng-kho, ou le philosophe Meng-tseu, estimait la pureté du cœur.
Li, historien ; Yu, nom d’homme ; ping, tenir ; tchi, droit.
L’historien Yu conservait la droiture.
A : C’était un Ta-fou du royaume de Wei.
Chou-ki, approcher ; tchong, milieu ; yong, invariable.
Pour approcher de l’invariabilité dans le juste milieu,
Tchong-yong a le sens précité et non celui d’invariable milieu, qu’on donne par erreur au titre du deuxième des livres classiques.
Lao, laborieux ; khien, humble ; kin, attentif ; tch’i, droit.
Il faut être laborieux et modeste, diligent et droit.
Le dictionnaire Thsing-han-wen-hai rend tch’i par olkhoba, attentif, soigneux.
Ling, entendre ; in, son de la voix ; thsaï, examiner ; li, raison ; kien, observer ; mao, la figure ; pien, distinguer ; se, couleur.
Lorsque vous entendez parler quelqu’un, examinez ses principes, observez sa contenance, distinguez l’air de sa figure.
A : Examinez si ses paroles sont conformes ou opposées à la raison ; distinguez, à l’air de sa figure, s’il est vicieux ou vertueux.
I, laisser, léguer ; kioue, son, ses ; kia, excellent ; yeou, plan, projet.
Le sage doit léguer à ses enfants d’excellents plans de conduite,
Mien, s’efforcer ; khi, son, sa, ses ; khi, respect ; tchi, établir.
C : S’efforcer d’être respectueux, et s’établir (fermement dans la droite voie, de manière à n’être exposé à aucun danger).
Sing, examiner ; kong, corps, soi-même ; ki, critiquer ; kiai, s’abstenir de.
Examinez votre personne, reprenez-vous vous-même, détournez-vous du vice.
C : Le mot kiaï (10,083) est ici synonyme de kiai (3178), s’abstenir de, se garder de.
Tch’ong, faveur ; tseng, s’augmenter ; khang, s’élever ; ki, sommet, faite.
B : Un ministre, qui est arrivé au faîte des richesses et des honneurs, doit savoir s’arrêter et se contenter de sa fortune. Plus on est élevé, plus on est exposé à tomber ; plus la gloire est brillante, plus elle est près de s’éclipser.
Tai, peu s’en faut ; jo, disgrâce ; kin, approcher ; tchi, honte, déshonneur.
Quand la faveur s’augmente et arrive au faite, on n’est pas loin de la disgrâce et du déshonneur.
A : Tai a le même sens que kin, être près de.
Lin, forêt ; kao, colline ; king, heureux ; tsi, aller.
Dans ces circonstances, on est heureux de se retirer au sein d’une forêt, ou sur une haute colline.
C explique kao par : haute colline, et A par : terre au bord d’une rivière.
Liang, deux ; Sou, nom d’homme ; kien, voir ; ki, première tendance au mouvement ; kiai, délier ; tsou, cordon pour attacher le cachet officiel ; choui, qui est-ce qui ? pi, presser.
Les deux Sou, apercevant les premiers indices du danger, résignèrent leur charge. Qui est-ce qui les pressa de le faire ?
Sou-kouang et Sou-cheou, qui vivaient sous la dynastie des Han, étaient, l’un premier précepteur, l’autre second précepteur du prince impérial. Voyant approcher le danger, ils résignèrent leur charge et se retirèrent (C). Ils n’attendirent point qu’on les pressât de donner leur démission.
A : Kiaï-tsou, délier le cordon du cachet officiel, est synonyme de résigner sa charge.
Tsou a le même sens que cheou. On voit, dans le dictionnaire de Khang-hi, que c’était un cordon long d’un pied deux pouces qu’on passait par l’anneau du cachet. Mais, suivant Basile 7395), c’était une bande de soie longue de douze pieds et large de trois, à laquelle les magistrats attachaient leur cachet.
So, séparé ; kiu, demeurer ; hien, inoccupé, qui a du loisir ; tch’ou, habiter.
Ils se retirèrent à l’écart et jouirent d’un doux loisir (A).
Bet C rendent hten-tch’ou, par lieu désert (hien-kouang).
Tch'in, profond ; me, tranquille ; tsi-liao, vide, solitaire.
Ils furent profondément tranquilles au sein de la solitude.
À explique tsi-liao par vide, vacant, solitaire. :
Khieou, chercher ; kou, ancien ; sin, chercher ; lun, délibération.
Ils scrutaient l’histoire ancienne, ils cherchaient les délibérations des sages qui les avaient précédés.
C : Ils cherchaient par quels moyens les anciens sages avaient apaisé les désordres et préservé l’empire de sa ruine.
San, dissiper ; lu, souci, inquiétude ; siao-yao, être content, joyeux.
Ils dissipaient leurs soucis et vivaient heureux.
Siao-yao signifie proprement : se promener joyeusement ; en mandchou : sarachame yaboumbi ; Wells Williams : To roam or ramble in joyance. C rend cette expression par tseu-te, être content, joyeux.
Hin, content ; tseou, faire des rapports au prince ; loui, être embarrassé ; khien, se retirer.
Quand un ministre est content, il fait des rapports à l’empereur ; quand il se voit embarrassé ou compromis, il se retire.
En rendant khien par se retirer, j’ai suivi B ; mais ce mot n’a jamais eu un tel sens ; il signifie envoyer, chasser, exiler.
Tsi, être affligé ; sie, remercier ; houan, joyeux ; tchao, appeler, faire venir.
Quand le prince est mécontent, il remercie ses ministres (B) ; quand il est joyeux, il les appelle auprès de lui.
Dans ces deux vers (745-752), les commentateurs ont forcé l’acception de plusieurs mots pour trouver un sens plausible. C rend tseou par : il leur donne de l’avancement. B explique ts’i (s’affliger) par fer, être en colère (quand le prince est irrité). A donne à sie le sens de renvoyer, bannir les choses qui peuvent embarrasser quelqu’un ou le compromettre. Mais sie n’a point cette signification ; il veut dire ordinairement refuser, se retirer, résigner un emploi.
Sie n’a pas non plus le sens de remercier quelqu’un, pour dire le congédier, le destituer. J’ai cependant été obligé de suivre B.
A va plus loin encore que B et C. Il rapporte ces deux vers au sage qui vit dans la retraite. « Son cœur s’avance (tseou ?) chaque jour vers la joie. Toutes les choses qui peuvent le réjouir, il les appelle et les fait venir (échao) ; quant aux choses qui peuvent l’affliger, elles ne lui causent intérieu- rement aucun embarras. Il les chasse et les fait partir (sie ?). Lorsqu’il a ré- signé sa charge, il ne s’attriste plus pour le royaume ni pour le peuple. Il ne songe qu’aux agréments des bois et des rivages qui font toute sa joie. »
Khiu, canal ; ho, le nymphæa ; ti-li, humide.
Dans le canal, les nymphæas sont humides.
B rend ti-li par mouillé d’eau et C par humide de rosée. A, au contraire, rend cette expression par éclatant de couleur, d’une couleur éclatante.
Youen, jardin ; mang, plantes ; tch’e-ou, pousser ; thiao, branche.
Dans les jardins, les plantes poussent des branches.
Pi-pa, nom d’arbre ; wan, tard ; thsoui, être vert.
Le Pi-pa (Mespilus japonica) reste vert fort tard.
C : Les fruits de cet arbre se nouent après tous les autres.
A : Les feuilles de cet arbre ne tombent pas dans les quatre saisons.
Comme ce commentateur explique wan par soui-mou, le soir, la fin de l’année, il faudrait traduire suivant lui : le Pi-pa reste vert jusqu’à la fin de l’année, toute l’année.
Wou-thong, nom d’arbre ; tsao, de bonne heure ; tiao, se faner.
L’arbre Wou-thong (Eleococus oleifera) perd ses feuilles de bonne heure.
Tchin, vieux ; ken, racine ; wei, abandonner ; i, périr de soi-même.
A : Les vieilles racines des plantes sont abandonnées et meurent d’elles-mêmes.
C explique autrement wei-i : Quand les vieilles racines des plantes n’ont pas encore poussé des rejetons, elles restent cachées (wei-i) dans le sein de la terre.
Lo, tomber ; ye, feuille ; p’iao-yao, être emporté par le vent.
Les feuilles tombées sont emportées par le vent.
Yeou, se promener ; kouen, nom d’oiseau ; do, seul ; yun, se mouvoir.
Quand l’oiseau kouen se promène, il circule seul au-dessus de l’Océan.
Ling, s’élever en haut ; mo, toucher ; kiang, rouge ; siao, vapeurs de la partie la plus élevée du ciel.
Quand il prend son essor, il touche la voûte du ciel.
C : Kiang-siao veut dire le ciel.
Tan, aimer à ; do, lire ; wan, étudier ; chi, marché.
Wang-tchong aimait tellement à lire qu’il étudiait jusque dans le marché.
A : Wang-tchong vivait sous la dynastie des Han. Comme il était pauvre et manquait de livres, il fréquentait les librairies de la ville de Lo-yang.
I1 parcourait les livres exposés en vente, et il lui suffisait de les avoir lus une fois pour s’en rappeler le contenu.
Yu, attacher ; mo, les yeux ; nang, sac ; siang, caisse.
Il attachait ses yeux sur les sacs et les caisses remplis de livres.
I-yeou, peu important ; yeou, qui, lequel ; wei, craindre.
Observez-vous, même en parlant des choses les plus insignifiantes,
Le mot i, qui signifie souvent mépriser, faire peu de cas de, veut dire ici ce qui est futile, peu important.
Le sens littéral est : (des paroles) futiles, de peu d’importance, sont ce qu’on craint, ce qu’il faut craindre.
Cho, attacher à ; eul, oreille ; youen, mur ; thsiang, muraille.
Car on pourrait appliquer l’oreille à la muraille et vous entendre.
Kiu, préparer ; chen, aliment ; thsan, avaler ; fan, riz cuit.
Ti, convenir à ; kheou, bouche ; tch’ong, remplir ; tch’ang, intestins.
L’homme sobre prépare lui-même ses aliments et mange du riz ; ce qui convient à son goût, lui suffit pour remplir son estomac.
J’ai été obligé de rendre tchong par estomac, quoique ce mot ne signifie jamais qu’intestins. L’auteur aurait sans doute employé fo, ventre, s’il eût eu ce mot à sa disposition.
Pao, rassasié ; yao, se dégoûter de ; p’eng, faire bouillir ; tsai, faire cuire.
Celui qui est rassasié se dégoûte (A) du poisson bouilli et des volailles cuites (C).
Ki, avoir faim ; yu, se contenter de ; thsao, lie de vin ; kang, balle de riz.
Celui qui a faim se rassasie avec de la lie de vin et de la balle de riz.
Thsin, proches parents ; thsi, parents éloignés ; kou-khieou, ancien.
Lao, vieux ; chuo, jeune ; i, différent ; liang, aliments.
Les parents et les anciens amis, les vieillards et les enfants, mangent des aliments différents.
Tsie, femme du second rang ; yu, femme légitime ; tsi, teiller ; fang, filer.
Chi, se tenir près ; kin, bonnet ; wet, rideaux ; fang, chambre.
La femme du second rang et la femme légitime (C) teillent le chanvre et filent ; elles se tiennent près de leur mari, et lui présentent le bonnet dans la chambre à coucher.
Présenter le bonnet à un mari lorsqu’il est près de se coucher, est une expression consacrée, et se dit d’une femme qui sert son mari avec dévoûment et respect.
J’ai traduit yu par femme légitime d’après C ; mais A le rend par se tenir à côté, idée qui est exprimée plus bas par chi (830).
Wan, soie ; chen, éventail ; youen, rond ; kie, pur.
Un éventail de soie est arrondi et élégant.
In, argent ; tcho, chandelle, bougie ; hoeï-hoang, brillant.
Une bougie de cire brille comme l’argent (A).
B, C rendent in-tcho par la lune : Un éventail de soie est brillant comme la lune.
Tcheou, jour ; mien, dormir pendant le jour ; si, le soir ; mei, dormir le soir.
Lan-sun, nattes de bambou ; yu, dent, ivoire ; tch’oang, lit.
Le jour ou la nuit, on dort sur des nattes de bambou ou dans un lit orné d’ivoire.
B, C rendent lan-sun par nattes de bambou, et A par nattes de bambou de couleur bleue (lan).
Hien, corde d’instrument de musique ; ko, chanter ; thsieou, vin ; yen, repas, festin.
Dans un festin, on boit aux sons de la musique et au bruit des chansons.
Tsie, joindre ; pet, petite tasse ; kiu, lever en haut ; chang, goblet.
On choque les petites tasses, on élève en haut les goblets.
Kiao, lever en haut ; cheou, main ; tun-tso, frapper des pieds contre terre.
On lève les mains en haut, on frappe du pied la terre.
Youe-yu, se réjouir ; tsie, et ; khang, paix, félicité.
On s’abandonne à la joie et l’on est heureux.
Ti, fils légitime ; heou, venir après ; sse-sou, continuer (B).
Un fils légitime succède à ses parents et continue leur lignée.
Tsi-sse, offrir un sacrifice aux ancêtres ; tching, offrir un sacrifice en hiver ; tch’ang, offrir un sacrifice en automne.
Il offre des sacrifices à ses ancêtres ; il en offre d’autres en automne et en hiver.
A : Le sacrifice du printemps s’appelle yo (Basile, 6995) ; celui de l’été s’appelle ti (7070) ; il faut les sous-entendre.
C : Au printemps on offre un sacrifice pour demander que les fruits de la terre naissent ; en été, pour qu’ils grandissent ; en automne, pour offrir des grains nouveaux dans le temple des ancêtres ; en hiver, pour remercier le génie de la terre de la maturité des grains.
Khi-sang, baisser le front jusqu’à terre ; sai, un seconde fois ; paï, saluer.
Dans ces cérémonies, on baisse la tête jusqu’à terre, et l’on salue à plusieurs reprises.
Song-kiu, craindre ; Kong-hoang, craindre.
On est pénétré d’un sentiment de crainte et de respect.
A : Les deux expressions song-kiu et k’ong-hoang ont également le sens de craindre.
Tsien-thie, lettre ; kien, abrégé ; yao, concis.
Celui qui écrit une lettre doit être bref et concis.
Kou, voir ; ta, répondre ; chin, examiner ; thsiang, expliquer une chose complètement.
Mais lorsqu’on est en présence de quelqu’un, il faut lui faire une réponse précise et complète,
Hiai, les os, les membres du corps ; heou, sale, être sale ; siang, songer ; yo, se laver.
Quand notre corps est sale, nous songeons à nous baigner.
Tchi, tenir ; je, chaud ; youen, désirer ; liang, frais.
Quand notre main a tenu un objet chaud, nous désirons la rafraîchir.
Liu, âne ; lo, mulet ; to, veau ; te, bœuf.
Hiai, être effrayé ; yo, sauter ; tch’ao, passer par dessus ; jang, s’enfuir.
L’âne, le mulet, le veau, le bœuf, sautent, s’élancent, s’enfuient quand ils sont effrayés.
A explique te par taureau.
Tch’ou, tuer ; tchan, décapiter ; tse, brigand ; t’ao, voleur.
On tue et l’on décapite les brigands et les voleurs.
Pou, prendre ; hou, saisir ; p’an, se révolter ; wang, fugitif.
On prend, on saisit les révoltés et les fugitifs.
Par wang, A entend les révoltés qui se sont enfuis.
Pou, nom d’homme ; che, tirer de l’arc ; Liao, nom d’homme ; wan, balle.
Liu-pou était habile à tirer de l’arc ; I-liao, excellait à lancer des balles.
C : Liu-pou vivait sous les Han postérieurs. À cette époque Youen-chou voulait tuer Lieou-pi. Liu-pou résolut de mettre fin à leur querelle. Il engagea ces deux hommes à se réunir dans le camp. Il planta sa lance à la porte du camp, et dit : « Si je touche la lance avec une flèche, vous cesserez de combattre. » Ces deux guerriers y ayant consenti, Liu-pou toucha en effet la lance avec sa flèche, et aussitôt les deux armées ennemies firent la paix et se retirèrent.
I-liao était tellement habile à lancer des balles en l’air, comme les jongleurs, qu’il en tenait toujours une en main tandis que huit autres montaient et descendaient.
Ki, nom d’homme ; kin, guitare ; Youen, nom d’homme ; siao, jouer de la flûte.
Ki-khang jouait de la guitare ; Youen-tsie jouait de la flûte.
Ki-khang, pour échapper à un ennemi, alla s’établir dans le royaume de Thsiao, près du mont Ki-chan. Il prit le nom de Ki et en fit son nom de famille. Un jour qu’il se promenait à l’ouest de la rivière Lo, il rencontra un homme extraordinaire qui lui donna une poudre appelée Kouang-ling-san. Depuis cette époque, il surpassa par son talent tous les guitaristes de son temps.
C : Youen-tsie, surnommé Sse-tsong, était un homme de Khaï-fong-fou. Il excellait à jouer de la flûte, et se faisait entendre jusqu’à plusieurs centaines de pas.
Thien, nom d’homme ; pi, pinceau ; Lun, nom d’homme ; tchi, papier.
Mong-thien inventa le pinceau, et Thsaï-lun le papier.
C : Mong-thien vivait sous la dynastie des Thsin.
A : Thsaï-lun vivait sous l’empereur Ho-ti (entre les années 89-104 de J. C).
Kiun, nom d’homme ; kiao, habile ; Jin, nom d’homme ; tiao, pêcher,
Ma-kiun était habile à travailler le bois ; Jin-kong-tseu était habile à pêcher les gros poissons.
A : Ma-kiun avait construit une boussole et de plus un homme en bois (un automate) qui pouvait sauter et danser. L’imitation était parfaite.
Tchoang-tseu raconte à ce sujet un fait fabuleux : Jin-kong-tseu fabriqua un grand crochet et une grosse corde, y attacha pour appât cinquante bœufs, et les jeta dans la mer d’Orient. Il prit un poisson gigantesque et le fit sécher.
Chi, délier, dissiper ; fen, mêler ; li, être utile ; so, les usages du siècle.
Ils débrouillèrent les choses confuses, et rendirent service au monde,
C applique ces vers aux huit hommes qu’on vient de citer, par exemple : à Mong-thien, qui remplaça par le papier les tablettes de bambou dont l’on se servait pour écrire ; à Lun-tsaï qui, par l’invention des pinceaux, rendit de grands services aux écrivains et aux peintres ; à Ma-kiun, qui fabriqua une boussole et une foule de meubles utiles ; à Jin-kong-tse qui apprit aux hommes à gagner leur vie en péchant dans les rivières et les lacs, etc.
P’ing, ensemble ; kiaï, tous ; kia, excellent ; miao, merveilleux.
Tous ces hommes avaient des talents excellents et dignes d’admiration.
Mao, Chi, noms de femmes ; cho, beau ; tse, figure.
Mao-thsiang et Si-chi avaient une belle figure.
Kong, habile ; p’in, froncer les sourcils ; yen, gracieux ; siao, rire.
Elles fronçaient le sourcil avec art et souriaient gracieusement.
C’étaient les deux plus belles femmes de l’antiquité.
Les deux mots kiao-p’in ne peuvent à la rigueur s’appliquer qu’à Si-chi. Les auteurs disent qu’elle avait une manière charmante de froncer les sourcils, et que les femmes qui essayaient de l’imiter paraissaient laides.
Nien, année ; chi, flèche ; me, chaque ; thsoui, presser.
Les années sont rapides comme la flèche ; elles se pressent l’une l’autre sans arrêter.
I-hoeï, l’éclat du soleil ; lang-yao, est resplendissant.
Siouen-ki, la sphère ; hiouen est suspendue (sur son axe), kouan et tourne.
A : La sphère, dans son mouvement circulaire, imite les mouvements du ciel.
Hoeï, la lune à son dernier quartier ; pe, la lune qui commence à naître ; hoan, revenir ; tchao, éclairer.
A : La lune, à la fin de son cours (perd sa lumière) ; puis elle reparaît et revient nous éclairer.
Tchi, montrer ; sin, bois à brûler ; sieou, pratiquer ; hou, bonheur.
Le sage nous montre le bois à brûler, pour nous apprendre à assurer notre bonheur en pratiquant la vertu.
Il est impossible de donner un sens logique à ces quatre mots chinois, à moins d’emprunter la paraphrase qu’offrent les gloses A, C : Tant que le bois entretient le feu, le feu ne s’éteint pas ; tant que l’homme pratique la vertu, son bonheur ne cesse pas.
Yong, constamment ; soui, tranquille ; kie, heureux ; chao, s’efforcer.
Alors, grâce à nos efforts, nous sommes constamment tranquilles et heureux.
Kou, régler ; pou, le pas ; in, allonger ; ling, col.
Dans le palais, les ministres mesurent leurs pas et allongent le col en regardant dans le lointain.
Fou, baisser la tête ; niang, regarder en haut ; lang, galerie ; miao, temple.
Ils regardent tantôt en bas, tantôt en haut dans les galeries ou les temples.
So, attacher ; tai, ceinture ; king, respectueux ; tchoang, grave.
Ils attachent leur ceinture et paraissent graves et respectueux.
P’ei-hoeï, incertain, irrésolu ; tchen, regarder en haut ; thiao, regarder au loin.
Incertains, irrésolus, ils regardent de tous côtés.
P’ei-hoeï est diversement expliqué ; Basile : hésiter, être incertain, cou- rir çà et là, troublé par la crainte.
Kou, seul ; leou, illettré ; koua, peu de chose ; wen, entendre ; yu, stupide ; mong, bouché ; teng, semblable ; siao, se moquer.
Quand un homme étudie seul et est illettré, on se moque de lui comme de ceux qui sont stupides et bouchés.
Le dictionnaire P’in-tseu-thsien explique d’abord leou par « celui qui a peu vu ; » et ensuite par rude, grossier, sans littérature.
Wei, appeler ; yu, parole ; tsou, aider ; che, qui, que.
Ce qu’on appelle particules auxiliaires.
Yen, tsai, hou, ye.
Ce sont yen, particule finale ; tsai, particule de doute ou d’admiration ; hou, particule interrogative ; ye, sorte de point final.
- ↑ Dans les notes tirées des commentaires du Thsien-tseu-wen, nous avons rapporté la plupart des traits historiques et même des traits fabuleux qui y sont cités, dans l’espoir qu’on pourra s’en servir plus tard pour expliquer les difficultés que présentent souvent des ouvrages plus importants.