Traditions indiennes du Canada Nord-Ouest/03/03

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Maisonneuve Frères et Ch. Leclerc (p. 283-306).


TROISIÈME SÉRIE


CONTES ET NOTIONS PHYSIQUES



I

ITI

(l’oiseau-tonnerre)


Iti est un oiseau gigantesque, qui demeure au pays des mânes avec le gibier émigrant. Il y séjourne tout l’hiver sous terre, à la retombée de la voûte céleste, bien loin, au Pied-du-Ciel, dans l’Ouest Sud-Ouest.

Mais lorsqu’il fait chaud de nouveau, lorsque le gibier ailé revient vers nous à tire d’ailes, vers notre pays accourt Iti, suivi de toutes les âmes ou revenants.

Alors, s’il fait vibrer les plumes de sa queue, nous entendons gronder le tonnerre, et s’il clignote des yeux, les éclairs de la foudre nous éblouissent, dit-on.

Celui-là est une divinité mauvaise, car elle cause la mort des hommes.


II

NINTTSI

(le vent)


C’est du Pied-du-Ciel que vient le Vent (l’Esprit).

Le vent d’Ouest dit un jour :

— Lorsque les Dènè seront affamés, j’accourrai pour les secourir.

Alors le vent du Sud-Ouest ajouta :

— Et moi donc, lorsque les hommes gèleront de froid, j’accourrai vers eux pour leur venir en aide.

C’est pourquoi le vent du Sud-Ouest souffle du côté du Très-Haut[1], et il est chaud, bienfaisant. Mais le souffle du vent d’Ouest {Tahan) est âpre et affamant. Son haleine mord, car elle est glacée.

 


III

KUHχJÉ ET KUNHÈ

(la nuit et la parque)


Deux vieillards demeuraient seuls avec leurs deux fils. L’un des deux, étant allé à la chasse au bord de la mer, ne revint pas lorsque la nuit tomba.

— Que fait donc mon fils ! se dit la vieille mère avec angoisse.

Et elle envoya son autre fils à la recherche de son frère.

Celui-ci le trouva. Tous les deux campèrent et demeurèrent dans la forêt pour y passer la nuit ensemble. Ils arrivèrent tous deux chez Kuhχè (Celui qui est ténébreux), et sa femme Kunhè (Celle qui piétine). Kunhè était juchée sur un arbre penché au-dessus de l’eau, et s’y balançait. Son mari était absent.

— Grand’mère, lui dirent les deux frères, nous poursuivions un orignal lorsque la nuit nous a surpris. C’est pourquoi nous nous sommes réfugiés chez toi.

Alors la vieille « Qui piétine » dit :

— Votre grand-père, mon mari, est une Ombre[2] puissante. Toutefois, demeurez ici.

Ce disant, elle saisit leurs têtes sur ses genoux et se mit à dévider leurs chevelures sur ses doigts osseux. Tout à coup, elle repoussa leurs têtes, elle les frappa de sa petite hache et les tua ; puis, elle s’en alla chercher l’orignal qu’ils avaient laissé dans la forêt.

Cependant le vieillard, père des deux jeunes gens, s’inquiétait de ne pas voir revenir ses deux fils, et il s’en alla à leur recherche. Il appela le vent à son secours, et le vent accourut, et il venta très fort. De cette sorte, le sentier que Kunhè avait tracé dans la neige, en allant chercher l’orignal, fut comblé et disparut. La vieille sorcière ne put revenir sur ses pas, elle perdit sa piste et fut obligée de bivouaquer deux fois hors de sa demeure.

Pendant ce temps, le vieillard avait retrouvé ses fils assassinés ; il avait dormi avec leurs cadavres, et les avait ressuscites par la vertu de sa magie.


IV

CHIW

(les montagnes)


Au commencement des temps, l’eau ayant fait périr tous les hommes, elle s’éleva au-dessus des plus hautes montagnes ; la terre disparut et des vagues immenses agitaient la mer, qui couvrait tout. C’est pour cela que la chaîne des Montagnes aux Antilochèvres (Montagnes-Rocheuses ) ressemble à de grandes vagues entrechoquées.

La chaîne des Montagnes aux Antilopes, qui se déroule à gauche du Naotcha (Mackenzie) jusqu’à la mer glaciale, s’appelle Ttsu-chiw nadéko : les Montagnes des Grands-Pics. Mais celle qui borde la rive droite du fleuve, en s’allongeant au bord de l’eau, s’appelle Tchané ttsu-chiw : les Montagnes du Vieillard (leur Noë).

Ces deux chaînes forment ensemble ce que l’on appelle la Route des Géants.

De l’autre côté du fleuve et au delà de la chaîne des Grands-Pics se déroule une troisième rangée de montagnes que nous appelons Betta-sitsin nadéninhay[3], ou la rangée de Bettasitsin.

À cette époque primitive, l’île aux Caribous (qui est en haut du Grand-Rapide du Mackensie) était une pirogue ; c’était le canot de Celui qui use le ciel de sa tête {Ya-na-kfwi-odinza). C’est lui qui l’y a placé et il y est resté intact. Voilà ce que nous entendons dire depuis notre tendre enfance.


V

FEU INTÉRIEUR ET TERRE INFÉRIEURE


Dans la terre se trouve un étançon qui la soutient, et que l’on appelle Ti-gottcha-wéha.

Plus bas, il existe du bois souterrain qui brûle sans cesse et qui produit ces multitudes de mouffettes qui brûlent et fument le long du fleuve.

Les habitants de cette terre inférieure sont en tout semblables à ceux de la terre que nous occupons. Ils y habitent, comme les ours demeurent

 dans leur bauge, durant l’hiver. C’est avec ces 

gens-là que demeurent les belettes, les rats, les souris et les serpents.

Ils y vivent sans doute de quelque nourriture inconnue. On les a jetés au feu, et c’est pourquoi nous appelons ces habitants de la terre souterraine Kρon-tρa yêkρon (Ceux qui brûlent dans le feu).


VI

NÀH-AY TCHÔ

(le grand nàh bondissant)


Un petit garçon, dont la mère était allée quérir du linge et des hardes chez les peuples du bord de la mer, alla au-devant de sa mère accompagné de sa mère-grand.

Tout à coup l’enfant dit :

— Grand’mère, voilà ma mère qui revient de la mer, mais voilà aussi le Grand-Bondissant qui est couché là.

— Va donc chercher ta mère, dit la vieille. Mais aussitôt on entendit un grand craquement d’os, le grand Nâhay avait bondi, avait avalé l’enfant, l’avait ingurgité, englouti dans son estomac.


Un homme demeurait seul avec sa femme. Quand le mari allait à la chasse, la pauvre femme demeurait entièrement isolée dans la forêt.

Un jour, après que le mari fut parti, la femme entendit que l’on criait : « Il s’est égaré ! »

— Qui peut hurler comme cela ? se demanda-t-elle ; ce ne peut être que le grand Bondisseur.

Aussitôt elle coucha dans sa loge une façon de bonhomme fabriqué avec des guenilles, puis elle sortit et grimpa dans un arbre afin de s’y cacher, par la peur que lui causait le Nâhay.

Peu après, le grand Bondisseur arriva lentement ; il pénétra dans la tente, il flaira le bonhomme de linge et s’en retourna sans y planter les dents.

Puis il revint encore ; il retourna même à la loge de la pauvre femme deux, trois, quatre nuits successives ; mais comme il n’y trouvait jamais personne que le bonhomme de guenilles, il se lassa et s’en alla pour tout de bon.

La dixième nuit fut la dernière qu’il la visita, et quand il partit de la demeure Dènè, la femme l’entendit qui criait :

— Que fait-elle donc, cette femme ? Elle est sans doute aux aguets pour garder ses guenilles !

Ce fut fini ; il partit pour tout de bon. La femme le comprit bien, car elle descendit de son arbre et rentra de nouveau dans sa loge.


Le mari d’une femme dènè était parti pour la chasse et ne revenait pas. Son fils, encore en bas âge, étant sorti pour jouer hors de la tente, se mit à donner des signes de grande frayeur.

— De quoi a-t-il donc peur ? Qu’a-t-il donc vu ? se demandait sa mère ; sans doute il aura vu quelque monstre.

Alors là-bas, au bord de la mer, au même lieu où son mari avait passé tout à l’heure, elle vit un grand Bondisseur couché sur le sable. C’est de lui que voulait parler le petit enfant.

Comment faire pour se défendre du Nâhay ? Elle s’en alla chercher une grande quantité de résine de sapin, la fit fondre, en forma un gros pain qu’elle fixa au bout d’un bâton ; puis, lorsque le grand Bondisseur se présenta, à l’entrée de sa tente, elle lui poussa cette boule de résine toute chaude dans la gueule. Le monstre en eut les mâchoires empâtées, le museau englué ; il se retira aussitôt pour se débarrasser de cette résine et ne revint plus à la tente.


VII

EKKWEN

(le maigre)


Un petit chien blanc arriva un beau jour chez des Dènè. Il se trouvait, dans la loge où il entra, deux jolies femmes, qui aussitôt se disputèrent ce chien.

— Ce chien sera à moi ! Je veux l’avoir ! s’écrièrent-elles.

Ce chien était maigre, très maigre, il était à jeun depuis longtemps ; pour atteindre la loge, il avait dû se jeter à la nage et traverser le fleuve. Il tremblait de froid. Les filles s’en moquèrent donc, disant :

— Que tu es maigre, chien, que tu es maigre !

Un vieillard les reprit de leur manque de cœur.

— Pourquoi vous raillez-vous de ce chien ? dit-il aux jolies filles. Ce n’est peut-être pas un chien ; c’est peut-être un très puissant et habile sorcier.

Il prit donc le chien blanc, et il le plaça au-dessus du foyer pour le faire sécher ; il le mit sur le boucan afin que la fumée le séchât vite.

Tout à coup, le petit chien tomba de son échafaud, et devint un grand monstre qui se jeta sur les habitants de la loge, les mordit, les tua, et les dévora. C’était Ekkwen.

Le vieillard avait grande envie de le prendre au lacet ; mais il ne savait comment faire. Il alla donc chercher une grosse perche, à l’extrémité de laquelle il fixa un collet à orignal ; puis il attisa le feu de manière à le rendre violent. Ekkwen rôdait autour du foyer cherchant une nouvelle proie. Le vieillard lui passa son lacet autour du cou, le secoua, le tirailla pour l’étrangler, et finalement le jeta dans le feu, où il fut brûlé.


VIII

NÂH — DUWI

(le nâh rampant ou le serpent)


Jadis deux sœurs avaient bivouaqué après le départ d’une caravane en marche, vu qu’on était parti avant elles. Parvenues au bord de la mer, elles campèrent, et l’aînée demanda à sa cadette qu’elles couchassent ensemble. Mais elle ne le voulut pas, et campa seule.

Tout à coup, l’aînée fut réveillée par un long sifflement ; elle se leva et, au clair de la lune, inspectant les alentours du bivouac, là-bas, dans le portage qui descendait vers la mer, elle vit, étendu sur l’eau, un être semblable à un grand ver vivant. On l’entendait manger et broyer les membres d’un être humain.

Aussitôt la jeune fille se glissa doucement autour du campement ; elle avança en tapinois et en se cachant, elle courut vers la caravane et dit aux Dènè :

— Voilà qu’à l’instant même, le Nâh rampant dévore ma sœur cadette qu’il a surprise.

Des hommes accoururent sur les lieux ; après de longues recherches, on atteignit un grand arbre entre les branches duquel se cachait le serpent ; mais ils ne purent venir à bout de le tuer.

Alors une vieille femme se leva, et, lançant au serpent le petit bâton avec lequel elle tordait les peaux qu’elle tannait, elle le tua.

— L’estomac de ce monstre se trouve placé près de son anus, dit-elle.

Elle jeta donc au Nâh son bâton ; il l’avala, et le bâton s’arrêta à l’anus du monstre, qui en mourut.

Ce fut ainsi qu’elle en vint à bout.


Une autre fois, deux frères étaient en quête de nourriture durant l’été. Il y avait du lard et de la viande sèche chez eux.

— Où donc sont les animaux ? se demandaient-ils.

Tout à coup, ils entendirent siffler pendant la nuit et s’en étonnèrent.

— Mon aîné, dit le frère cadet, c’est évidemment le Grand-Ver qui produit ce bruit. Il mange sans doute là où l’on entend siffler. Courons-y.

Les deux frères s’y transportèrent, et virent sur le sentier quelque chose de très gros et de fort long. Alors, ils se mirent en embuscade et se sauvèrent loin du monstre.

Il était beau, si beau que dès qu’on l’avait vu, on ne pouvait plus en détacher les yeux[4].

Ils lui jetèrent un grand os, la croupe d’un ruminant. Le Nâh rampant l’avala ; l’os s’engagea à son anus, il s’y arrêta, et le monstre en mourut.

IX

GHU TTUWÉ

(la sangsue de mer)


De la mer jusqu’au ciel il s’élevait, le grand serpent de mer, et, si l’on avait le malheur de s’en approcher, on était perdu.

Lorsqu’on voulut le détruire, on arma de viande fraîche un hameçon énorme, qu’on lia à une grosse corde, et on le jeta à l’eau. Tout à coup, du fond de la mer, le monstre s’élance ; il avale le crochet armé, replonge et va mourir au fond des eaux.


X

KKWINPÈ ET TρUTSIÉ

(les plongeons)


Kkwinpè, le Plongeon noir, et Tρutsié, le Plongeon à tête blanche, se promenaient sur un beau lac. Tous les deux étaient noirs.

Le Corbeau les aperçut et leur dit :

— Comment ! nos têtes sont toutes les trois semblables !

Alors, piqué de jalousie, il leur lança de la craie après la tête, et atteignit Tρutsiè, qui, depuis, en eut la tête blanchie.


XI

TρUTSIÈ

(le pleureur aquatique)


Le fils de Tρutsiè, le Plongeon à tête blanche, gémissait sur le rivage. Alors sa mère chanta pour l’apaiser, et lui dit :

— Mon fils, c’est en vain que tu m’appelles, mon fils, car mes entrailles sont dures[5].

 


XII

KFWÈ-TρÈ-NIHA

(la roche qui trempe à l’eau)


La Roche qui trempe à l’eau a dit au Tchippewayan : « Pousse-moi, si tu le peux ! »

Alors, lui, pensez-vous qu’il ait pu la satisfaire ! Eïyanhéhè ! Eïyanhéhè[6] !


XIII

TSA KLO-TρAY KWILLA

(le castor et la grenouille)


Quand le castor apparut sur terre, il prononça cet apophtegme : « Autant il y a d’écaillés à ma queue, autant y aura-t-il de castors sur terre. »

C’est pourquoi il y a tant de castors sur la terre.

Alors la grenouille fit aussi une prophétie et dit : « Il y aura trois lunes chaudes dans l’année, et trois lunes froides. »

Et c’est pourquoi il en est ainsi.


XIV

KFWA

(la réglisse)


La souris s’introduisit sous terre, et elle se mit à arracher des racines de réglisse.

— Qu’elles sont rances ! qu’elles sont jaunes ! disait-elle.

On l’entendit qui marmottait de la sorte sous terre.

C’est pourquoi on appelle la réglisse kfwa (la rance) parce que ses racines sont jaunes comme du lard rance.


XV

LE CHANT DES PERDRIX


Quand les coqs de bruyères gloussent, ils disent :

Ti gokkè naχé-dié wéha ! — « Sur cette terre est notre patrie ! »


XVI

LE CHANT DES CYGNES


Quand les cygnes-trompettes s’en vont, en automne, ils sonnent du clairon dans les nues en criant :

— Voilà que nous nous en retournons vers les terres chaudes et fertiles !


XVII

LE CHANT DES BRUANTS


Quand le bruant couronné de blanc chante, aux premiers jours du printemps, il dit :

— Les habitants des Montagnes-Rocheuses sont des hommes bien ridicules !

(Racontées par Lizette Kha-tchô-ti, Chamane Peau-de-Lièvre, en 1870, au fort Bonne-Espérance (Mackenzie).)


TEXTE ET TRADUCTION LITTÉRALE

du conte no vi (troisième partie, page 291)


NA-HAY
(le bondisseur )

Yénnènè Une femme son dènè homme nazé chassant bé ullé ; n’y était pas ; bé tchinzé son fils (qui) netcha illé était grand ne pas tρinadéta : sortit :

— Enén ! — Mère ! bétsékhéwa  ! sa femme aussi ! énén, mère, bétsékhéwa ! sa femme aussi ! adi. dit-il. Ton Sa mère lui ttsen à diniha illéw. ne fit aucune attention. ρon-ensi : « Ey ! Tout à coup : « Ah ! ttasin quelque chose tchô d’énorme gunl’i, il y a, yeri de quoi koρon adi ?  » parle-t-il ? » Yénnènè La femme tρin-nadétl’aw, étant sortie, yamat’ué la mer pa au bord de té-dènè son homme nadéta-yinlé gu où il avait passé nahay tchô un Bondissant grand wéta, gisait, éyi celui-là llon donc aéndi, il disait, bé tchinzè ! son fils !

Ayétitsuté ullé, On ne savait que faire, dzé de la résine, wésé, elle ramassa, kotρaentl’a, elle la mit dans un vase, yénifwil’, la fit fondre, té-kρuñi- sa tente otρiéta kokpatanétchu, très bien elle ferma, tsé le seuil kkè sur la dzé résine niniχé. elle plaça.

Nahay Le Bondissant χô grand yihè dedans nadéyaw, entrant, b’inρon son museau dedans yintρel, elle poussa kkendihè (la résine), naρon- en arrière édédél’a, le rejeta, b’inρon son nez kottè englué χhè ainsi t’inttcha loin ttsen au lui nintsé. elle repoussa.


LISTE DES HÉROS, DES DIVINITÉS
ET DES MONSTRES PEAUX-DE-LIÈVRE


Chi-ahini ou Chi-kρa-attini (le chasseur).

Béoniχon-gottinè-tρa-éyay (le voyageur parmi la nation de la nuit).

Bétsuné-yènéchyon (l’enfant élevé par sa grand’mère).

Ebœ-ékon (ventre-bouclier).

Edζéè (le Cœur de la nature, de l’univers).

Ehna-guhini (celui qui voit par derrière comme par devant).

Ekfwen-étl’é (la chouette).

Ekhè-ta-yétl’è (le jeune homme bondissant).

Ekka-dèkhini (le navigateur parmi les obstacles).

Ekkètlay-tchéné (le vent)

Ekkwen (le maigre).

Etié-ra-kotchò (le renne gigantesque).

Etρinta-Yènnènè (la femme invisible).

Etsen-nullé (le bien-aimé).

Etsié-dékfwoë (le grand-père Jaune).

Ettchuñé (le porc-épic).

Fwa-éké ou Fwa-naéké (le pédéraste).

Ghu-tuwé (le ver géant).

Inkfwin-wétay (assis très haut).

Intton-pa (Fleur-blanche).

Iti (l’oiseau-tonnerre, le lumineux).

Kha-tρa-éndiè (le mangeur de lièvres).

Kfwin-pélé (la tête légère).

Klô-da-tsôlé (la souris au museau pointu).

Kfwi-détéllè (les Têtes-Rasées).

Kottènè-tchôp (les hommes géants, litt. : les grandes entrailles).

Kotchilé (les deux frères).

Kotiéζè (les deux sœurs).

Kotsiratρèh (celui qui agit par la baguette).

Kρon-édin (l’homme sans feu).

Kun-hè (celle qui piétine).

Kun-yan (le Sensé).

Kun-yan-bétiéζé (la sœur du Sensé).

Kkwinpè (le plongeon noir).

L’atρa-natsandé (celle que l’on se ravit de part et d’autre).

L’atρa-niha (le détroit).

L’ènnènè (les femmes mutuelles).

L’ey-nènè (l’autre monde).

L’in-akhéni (les Pieds-de-Chien).

L’in-tchan-ρè (les Flancs-de-Chiens).

Nâh-duwi (le serpent).

Nâh-hay (le bondissant).

Nan-di-gal’é (la terre on fait).

Na-yéti-éwer (celui qui opère par sa pensée).

Néwèsi-bè-yañé (le Fils de Dieu).

Nni-otisintànè (l’Enfant-Mousse).

Pélé (le loup blanc).

Rata-yan (les Pygmées, litt. : les Petits Élans).

Ratρonnè (le Voyageur).

Sa-kké-dènè (l’homme de la lune).

Sa-wétay (assis sur l’astre).

Suré-khé (les deux sœurs).

Tchané-ζélé (le Vieillard chauve).

Tρa-tsan (le corbeau, litt. : Excrément de l’onde).

Tρatsan-èko (le corbeau qui court).

Tρutsié (le plongeon à tête blanche).

Ttséku-kρuñé (la femme aux œufs).

Ttsintané-kkiñèttô (le petit batelier).

Ya-mon-kha (l’horizon blanc).

Ya-na-kfwi-odinζa (celui qui use le ciel de sa tête).

Yanna tchon-édentρini (celui qui remplit le ciel de son corps couché).

Ya-tρèh-nonttay (celui qui a traversé le ciel en volant).

  1. Il y a contradiction avec ce qui a été dit à la page 112, Inkfwin, le zénith, désignant le nord et non le sud. Je ne suis pas responsable des contradictions de ces récits.
  2. Magicien, jongleur, chaman.
  3. Je ne puis traduire ce nom qui renferme un nom propre bizarre ; je crois cependant qu’il signifie : la rangée où nous souffrîmes la faim.
  4. Dire que ces hyperboréens ont conservé un tel souvenir des grands serpents des genres Python et Boa, qu’ils connaissent même la propriété de fascination que ces ophydiens exercent envers leurs victimes, alors qu’il n’y a pas le plus petit orvet dans tout le nord de l’Amérique au-delà du 54° de latitude !
  5. Allusion à la grande dureté de la peau des plongeons, qui permet de les écorcher et de faire de cette peau des blagues à tabac et autres colifichets.

    Ces deux vers sont en vieux dènè. Le rythme y est joint à une sorte de rime, et on les récite en chantant.

  6. Allusion railleuse, en manière de défi, aux fréquentes incursions des Dènè-Tchippewayans sur les terres des Dènè-Flancs-de-chiens et Peaux-de-lièvre, pour en ravir les femmes et les filles.

    La Roche-qui-trempe-à-l’eau est un éperon détaché des Montagnes-Rocheuses, qui forme précipice au bord du Mackenzie, entre les forts Simpson et Norman.

    C’est parce que les Tchippewayans n’ont jamais osé poursuivre leurs ennemis aussi loin, et qu’ils paraissent s’être arrêtés au confluent de la rivière des Liards, que les Peaux-de-lièvre mettent ce défi dans la bouche de cette roche déifiée.

    Ces vers sont rimés et se chantent. Ils contiennent un équivoque érotique.