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Traduction de la Septante et du Nouveau Testament/Daniel

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Traduction de la Septante et du Nouveau Testament
La Sainte Bible de l'Ancien Testament d’après les Septante et du Nouveau Testament d’après le texte grec par P. GIGUET - tomes 1 à 4, 1872.djvuPoussielgue (p. 480-530).
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DANIEL

CHAPITRE I

1. En la troisième année du règne de Joakim, roi de Juda, Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint à Jérusalem, et il l’investit.

2. Et le Seigneur lui livra le roi Joakim avec une partie des vases du temple de Dieu, et il emporta ces vases en la terre de Sennaar, où était le temple de son dieu, et il les déposa dans la maison du trésor de son dieu[1].

3. Et le roi dit à Asphanez, chef de ses eunuques[2], de lui amener quelques-uns des fils des captifs d’Israël de la race royale et des princes,

4. Jeunes gens sans infirmité, beaux de formes, initiés à toute sagesse, savants, doués de prudence et dignes d’habiter le palais en présence du roi, et il lui ordonna de les instruire dans la langue et les lettres des Chaldéens.

5. Et le roi ordonna que chaque jour on les nourrît durant trois ans des mets de sa table royale, et du vin dont lui-même buvait, et qu’ensuite ils se tinssent en présence du roi.

6. Et parmi eux se trouvèrent des fils de Juda, Daniel, Ananias, Azarias et Misaël.

7. Et le chef des eunuques leur donna des noms : il appela Daniel Baltasar, et Ananias Sidrach, et Misaël Misach, et Azarias Abdénago[3].

8. Mais Daniel eut à cœur de ne point se souiller des mets de la table du roi, ni du vin dont il faisait usage, et il pria le chef des eunuques de lui permettre de ne s’en point souiller.

9. Et Dieu accorda que Daniel obtînt les bonnes grâces et la compassion du chef des eunuques.

10. Et le chef des eunuques dit à Daniel : J’ai peur que le roi, mon maître, après m’avoir donné des ordres pour vos aliments et votre breuvage, ne vous voie peutêtre mauvais visage, en comparaison des jeunes gens de votre âge ; et vous me feriez condamner à mort par le roi.

11. Et Daniel dit à Amelsad, à qui le chef des eunuques avait confié la garde de Daniel, d’Ananias, de Misaël et d’Azarias :

12. Éprouve tes serviteurs pendant dix jours, et faisnous donner quelques graines[4] que nous mangerons ; et nous boirons de l’eau.

13. Puis regarde notre visage et le visage des jeunes gens qui se seront nourris de la table du roi ; et selon ce que tu auras vu, agis à l’égard de tes serviteurs.

14. Et il les exauça, et il les éprouva pendant dix jours.

15. Et au bout des dix jours il fut reconnu qu’ils avaient le visage meilleur et les chairs plus fermes que les jeunes gens nourris de la table du roi.

16. Alors Amelsad prit pour lui leurs mets et leur vin, et il leur donna des graines.

17. Et Dieu doua ces quatre jeunes gens de l’intelligence et du savoir, dans tous les exercices de la sagesse et des lettres ; et Daniel sut interpréter les visions et les songes.

18. Et à la fin des jours que le roi avait fixés pour qu’on les lui amenât, le chef des eunuques les introduisit devant Nabuchodonosor.

19. Et le roi leur parla, et, parmi tous ces jeunes gens, il ne s’en trouva point de comparables à Daniel, Ananias, Misaël et Azarias ; et ils demeurèrent en présence du roi.

20. Et dans toutes les questions de sagesse et de science sur lesquelles le roi les interrogea, il les reconnut dix fois plus habiles que les devins et les mages qui étaient en tout son royaume.

21. Et Daniel vécut ainsi jusqu’à la première année du règne de Cyrus.

CHAPITRE II

1. En la seconde année de son règne[5], Nabuchodonosor eut un songe, et son esprit en fut saisi de stupeur, et le sommeil s’éloigna de lui.

2. Et le roi ordonna de convoquer les devins et les mages, les sorciers et les Chaldéens[6], pour interpréter le songe qu’il avait eu. Ils vinrent donc, et ils comparurent devant le roi.

3. Et le roi leur dit : J’ai eu un songe, et mon esprit en a été frappé de stupeur au point de ne rien connaître à ce songe.

4. Et les Chaldéens dirent au roi en langue syriaque : 0 roi, vis à jamais, dis ton songe à tes serviteurs, et nous t’en donnerons l’interprétation.

5. Le roi répondit aux Chaldéens : Les paroles se sont éloignées de moi[7] ; si vous ne me faites connaître le songe et son interprétation, vous serez mis à mort, et vos maisons seront pillées.

6. Mais si vous me faites connaître le songe et son interprétation, vous recevrez de moi des dons, des présents et de grands honneurs ; seulement faites-moi connaître mon songe et son interprétation.

7. Ils répondirent une seconde fois, et dirent : Que le roi dise à ses serviteurs quel songe il a eu, et nous lui en ferons connaître l’interprétation.

8. Et le roi reprit, et dit : En vérité, je sais, moi, que vous voulez gagner du temps, parce que vous voyez que les paroles du songe se sont éloignées de moi.

9. Si donc vous ne me dites pas mon songe, je sais que vous êtes convenus entre vous de me dire des paroles fausses et altérées, jusqu’à ce que le temps se soit écoulé. Dites-moi mon songe, et alors je saurai que vous m’en ferez connaître aussi l’interprétation[8].

10. Les Chaldéens répondirent devant le roi, et ils dirent : Il n’est point d’homme sur la terre qui puisse faire connaître cette parole au roi, de même qu’il n’est point de grand roi ni de prince qui fasse pareille question à un devin, ou mage, ou Chaldéen.

11. Car la parole sur laquelle le roi nous questionne est grave, et nul autre que nous ne pourra la découvrir au roi, sinon des dieux dont la demeure n’est pas en la chair.

12. Alors le roi, plein de fureur et d’indignation, ordonna que l’on mît à mort tous les sages de Babylone.

13. Et sa sentence s’exécuta, et les sages furent mis à mort, et on chercha Daniel et ses amis pour les tuer aussi.

14. Alors Daniel parla avec réflexion et sagesse à Arioch, chef des cuisines[9] du roi, qui était sorti pour mettre à mort les sages de Babylone.

15. Ministre du roi, lui dit-il, à quel sujet cet ordre impitoyable est-il sorti de la bouche du roi ? Et Arioch fit connaître l’affaire à Daniel.

16. Et Daniel demanda au roi de lui accorder du temps, promettant de lui faire connaître l’interprétation du songe.

17. Et Daniel rentra dans sa maison, et il raconta l’affaire à Ananias, Misaël, Azarias, ses amis.

18. Et ils implorèrent les miséricordes du Dieu du ciel sur ce mystère, afin que ni Daniel ni ses amis ne périssent avec le reste des sages de Babylone.

19. Alors à Daniel, en une vision nocturne, le mystère fut révélé, et il bénit le Dieu du ciel,

20. Disant : Que le nom du Seigneur soit béni, maintenant et dans tous les siècles, parce que toute sagesse et toute intelligence lui appartiennent.

21. C’est lui qui change les heures et les temps, lui qui place et déplace les rois, lui qui donne la sagesse aux sages, et la prudence aux prudents.

22. C’est lui qui révèle les choses profondes et cachées, lui qui sait ce qui est dans les ténèbres ; et la lumière est avec lui.

23. Vous donc, Dieu de mes pères, je vous rends hommage et je vous loue, parce que vous m’avez donné la force et la sagesse, que vous m’avez appris ce que nous vous avons demandé, et que vous m’avez révélé la vision du roi.

24. Et Daniel alla trouver Arioch, que le roi avait chargé de mettre à mort les sages de Babylone, et il lui dit : N’exécute pas les sages de Babylone ; mais introduis-moi en présence du roi, et je donnerai au roi l’interprétation du songe qu’il a eu.

25. Aussitôt Arioch s’empressa d’introduire Daniel en présence du roi, et il lui dit : J’ai trouvé un homme des fils des captifs de la Judée, qui donnera au roi l’interprétation du songe.

26. Et le roi prit la parole, et il dit à Daniel, que l’on nommait Baltasar : Pourras-tu me faire connaître le songe que j’ai eu et son interprétation ?

27. Et Daniel répondit devant le roi, disant : Le mystère que le roi me demande, il n’appartient ni aux juges, ni aux mages, ni aux devins, ni aux augures, de le révéler au roi.

28. Mais c’est Dieu qui, dans le ciel, révèle tous les mystères, et qui a fait connaître au roi Nabuchodonosor ce qui doit arriver dans les derniers jours. Ton songe et les visions de ta tête sur ta couche, les voici :

29. O roi, tes pensées sur ta couche s’étaient portées sur ce qui doit arriver après le moment présent ; et Celui qui révèle les mystères t’a fait connaître ce qui doit arriver,

30. Et c’est à moi qu’il a révélé ce mystère, non à cause de la sagesse qui est en moi, ni dans les autres vivants ; mais afin que je te découvre, ô roi, l’interprétation de ton songe, et que tu connaisses les pensées de ton cœur.

31. Toi donc, ô roi, tu regardais ; et voilà qu’une statue se tint debout devant ta face ; cette statue était grande, et son aspect terrible.

32. C’était une statue dont la tête était d’or pur, les mains, la poitrine et les bras d’argent, le ventre et les cuisses d’airain ;

33. Les jambes de fer, et les pieds partie de fer, partie d’argile.

34. Tu regardais, quand une pierre détachée de la montagne, sans qu’une main la poussât, vint frapper la statue à ses pieds de fer et d’argile, et à la fin elle les broya.

35. Alors furent broyés à la fois l’argile, le fer, l’airain, l’argent et l’or, et ils devinrent comme la poudre qui l’été s’élève au-dessus d’une aire ; et un souffle violent les emporta, et l’on n’en trouva plus la place. Et la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne, et elle couvrit toute la terre.

36. Voilà ton songe, et nous allons en dire l’interprétation devant le roi.

37. O roi, tu es le roi des rois, à qui le Dieu du ciel a donné un empire puissant, fort et glorieux,

38. En tout lieu où demeurent les fils des hommes ; toi à qui il a soumis les bêtes fauves des champs, et les oiseaux du ciel, et les poissons de la mer ; toi qu’il a établi maître de toutes choses, tu es la tête d’or.

39. Et le royaume qui s’élèvera après toi sera moindre que le tien[10] ; puis viendra un troisième royaume, qui sera d’airain, et qui commandera à toute la terre.

40. Puis viendra un quatrième royaume qui sera fort comme le fer : de même que le fer broie et dompte toutes choses, il broiera et domptera toutes choses.

41. Et comme tu as vu les pieds et les doigts partie de fer, et partie d’argile, ce royaume sera divisé, et il sera détaché de ses racines de fer, comme tu as vu le fer mêlé à l’argile.

42. Et les doigts des pieds étant partie de fer, partie d’argile, une part de ce royaume sera forte, une autre sera broyée.

43. Et de même que tu as vu le fer confondu avec l’argile, de même il y aura des mélanges dans la race des hommes ; mais ce ne sera pas un tout parfaitement uni[11], pas plus qu’il n’y a d’alliage entre l’argile et le fer.

44. Et du temps de ces rois[12] le Dieu du ciel suscitera un royaume qui ne périra point dans les siècles ; et jamais son royaume ne sera subjugué par un autre peuple ; et son royaume nivellera et vannera tous les royaumes, et il se maintiendra durant tous les siècles ;

45. Comme tu as vu la pierre[13] se détacher de la montagne, sans qu’une main la poussât, et broyer l’argile, le fer, l’airain, l’argent et l’or. C’est ainsi que le grand Dieu a fait connaître au roi ce qui doit arriver après ces temps. Et véritable est le songe, et l’interprétation digne de foi.

46. Alors le roi Nabuchodonosor tomba la face contre terre, et il adora Daniel, et il ordonna qu’on lui offrit des oblations et de l’encens.

47. Et le roi, prenant la parole, dit à Daniel : En vérité, votre Dieu seul est le Dieu des dieux et le Seigneur des rois ; c’est lui qui révèle les mystères ; car tu n’aurais pu révéler celui-ci.

48. Et le roi glorifia Daniel ; il lui fit de grands et magnifiques présents, et il le mit à la tête de toute la province de Babylone, et il l’institua chef des satrapes et de tous les sages de Babylone.

49. Et sur la demande de Daniel le roi chargea de toutes les affaires de la province de Babylone Sidrach, Misach et Abdénago, et Daniel resta dans le palais du roi.

CHAPITRE III

1. La dix-huitième année de son règne, Nabuchodonosor fit faire une statue d’or, haute de soixante coudées, sur six d’épaisseur, et il l’érigea en la plaine de Déira, dans la province de Babylone.

2. Et il convoqua les grands, les généraux et les gouverneurs, les rois, les tyrans[14] et les dignitaires, et tous les chefs des provinces pour venir à l’inauguration de la statue.

3. Et les gouverneurs, les grands, les généraux, les rois, les principaux tyrans, les dignitaires et les chefs des provinces se rassemblèrent pour l’inauguration de la statue qu’avait érigée le roi Nabuchodonosor, et ils se placèrent debout devant la statue.

4. Et le héraut proclama à haute voix : Ceci vous est prescrit, peuples, tribus, hommes de toutes langues :

5. À l’instant où vous entendrez le son de la trompette et de la flûte, de la cithare, de la harpe et du psaltérion, et des instruments de toute sorte, tombez la face contre terre, et adorez la statue d’or que le roi Nabuchodonosor a érigée.

6. Et celui qui n’adorera pas, en tombant à genoux, sera jeté aussitôt dans la fournaise ardente où le feu est allumé.

7. Or ceci advint : dès que les peuples entendirent le son de la trompette et de la flûte, de la cithare, de la harpe et du psaltérion, et des instruments de toute sorte, les peuples tombèrent la face contre terre, et ils adorèrent la statue d’or que le roi Nabuchodonosor avait érigée.

8. Alors vinrent des hommes de la Chaldée et ils accusèrent les Juifs

9. Devant le roi, disant : 0 roi, vis à jamais !

10. O toi, tu as fait une ordonnance, disant : Que tout homme qui entendra le son de la trompette et de la flûte, de la cithare, de la harpe et du psaltérion, et des instruments de toute sorte,

11. Et qui ne tombera pas la face contre terre pour adorer la statue d’or, soit jeté dans la fournaise ardente où le feu est allumé.

12. Or il y a des hommes, des Juifs, que tu as chargés de toutes les affaires de la province de Babylone, Sidrach, Misach et Abdénago, qui n’ont point obéi à ton ordre, ô roi ; tes dieux, ils ne les honorent pas ; et la statue d’or que tu as érigée, ils ne l’adorent point.

13. Alors Nabuchodonosor, plein de colère et de fureur, commanda de lui amener Sidrach, Misach et Abdénago, et on les amena en présence du roi.

14. Et Nabuchodonosor prit la parole, et leur dit : Est-il vrai, Sidrach, Misach et Abdénago, que vous ne servez point mes dieux, et que vous n’adorez pas la statue d’or que j’ai élevée ?

15. Maintenant donc, si vous y êtes disposés, aussitôt que vous entendrez le son de la trompette, de la flûte et de la cithare, de la harpe et du psaltérion, et le concert des instruments de toute sorte, tombez la face contre terre, et adorez la statue d’or que j’ai faite. Que si vous ne l’adorez pas, à l’instant même vous serez jetés dans la fournaise ardente, où le feu est allumé ; et quel est le Dieu qui vous tirera de mes mains ?

16. Sidrach, Misach et Abdénago répondirent au roi Nabuchodonosor, disant : Il n’est pas nécessaire que nous te fassions une réponse à cette question.

17. Car notre Dieu qui est au ciel, le Dieu que nous servons, peut nous tirer de la fournaise ardente et nous sauver, ô roi, d’entre tes mains.

18. Et quand même il ne le ferait pas, sache, ô roi, que tes dieux nous ne les servons pas, et que la statue d’or que tu as élevée, nous ne l’adorons point.

19. Alors Nabuchodonosor, plein de colère, changea de visage[15] envers Sidrach, Misach et Abdénago, et il ordonna de rendre sept fois plus ardent le feu de la fournaise, jusqu’à ce qu’enfin il ne fût plus qu’un brasier.

20. Et il ordonna à des hommes robustes de mettre des entraves à Sidrach, Misach et Abdénago, puis de les jeter dans la fournaise ardente.

21. Aussitôt ces jeunes gens furent enchaînés sans qu’on leur ôtât ni leurs hauts-de-chausses, ni leurs tiares, ni leurs chaussures, et ils furent jetés au milieu des flammes de la fournaise ;

22. Car la parole du roi était pressante, et la fournaise était plus ardente que jamais.

23. Et Sidrach, Misach et Abdénago tombèrent tous trois enchaînés au milieu des flammes de la fournaise embrasée.

24. Et ils marchèrent au milieu des flammes, chantant Dieu et bénissant le Seigneur.

25. Et Azarias, debout, pria ainsi, et ayant ouvert la bouche au milieu des flammes :

26. Béni soyez-vous, dit-il, Seigneur Dieu de nos pères, soyez loué ; que votre nom soit glorifié dans tous les siècles !

27. Car vous êtes juste en toutes les choses que vous avez faites ; toutes vos œuvres sont vraies, vos voies sont droites, et tous vos jugements sont vérité.

28. Et vous avez fait des jugements équitables dans tous les maux que vous avez amenés contre nous et contre Jérusalem, ville sainte de nos pères, puisque vous avez fait toutes ces choses en vérité et en justice, à cause de nos péchés.

29. Car nous avons péché, nous nous sommes égarés en nous éloignant de vous[16], et nous avons failli en toutes choses.

30. Nous avons été indociles à vos commandements ; nous ne les avons pas observés ; nous n’avons point fait comme vous nous l’aviez prescrit pour que nous fussions heureux.

31. Et tout ce que vous avez amené contre nous, tout ce que vous nous avez fait, vous l’avez fait en justice et en vérité.

32. Et vous nous avez livrés aux mains d’ennemis pervers, d’infidèles abominables, d’un roi inique et le plus méchant de toute la terre.

33. Et maintenant il ne nous est plus permis d’ouvrir la bouche ; nous sommes un sujet de confusion et d’opprobre pour ceux qui vous servent et vous adorent[17].

34. Pour l’amour de votre nom, ne nous livrez pas à jamais ; ne rompez pas votre alliance.

35. Ne détournez pas de nous votre miséricorde, en considération d’Abraham, votre bien-aimé, d’Isaac, votre serviteur, de Jacob, votre saint,

36. À qui vous avez promis de multiplier leur postérité autant que les étoiles du ciel et que le sable du rivage de la mer.

37. Seigneur, nous sommes les moindres en nombre, parmi toutes les nations, et nous sommes humiliés aujourd’hui dans toute la terre, à cause de nos péchés.

38. Et dans le temps présent il n’y a plus pour nous ni chef, ni prophète, ni roi, ni holocaustes, ni sacrifices, ni oblations, ni encens, ni de lieu où nous puissions porter les prémices de nos fruits en votre présence,

39. Et obtenir votre miséricorde. Mais l’âme contrite et l’esprit humilié, puissions-nous être accueillis de vous,

40. Comme un holocauste de béliers et de taureaux comme l’oblation de dix mille agneaux gras, et qu’il arrive jusqu’à vous ! car ceux qui ont confiance en vous ne seront jamais confondus.

41. Et maintenant, nous nous consacrons à vous de tout notre cœur, nous vous craignons, et nous cherchons votre visage.

42. Ne nous couvrez pas de honte ; mais traitez-nous selon votre mansuétude et selon l’abondance de votre miséricorde.

43. Délivrez-nous par un de vos prodiges, et donnez la gloire à votre nom, ô Seigneur !

44. Et qu’ils tremblent tous ceux qui font connaître ces maux à vos serviteurs ; qu’ils soient humiliés par votre toute-puissance, et que toute leur force soit brisée.

45. Qu’ils sachent que vous êtes le Seigneur, le seul Dieu, le Dieu de gloire qui règne sur toute la terre.

46. Cependant les serviteurs du roi qui les avaient jetés dans la fournaise ne cessaient pas d’y brûler du naphte et de la poix, des étoupes et du sarment.

47. Et la flamme s’élevait au-dessus de la fournaise à quarante-neuf coudées ;

48. Et elle se promena, et brûla ceux des Chaldéens qu’elle trouva autour de la fournaise.

49. Et l’ange du Seigneur descendit en même temps vers ceux qui étaient dans la fournaise avec Azarias, et il secoua la flamme hors de la fournaise.

50. Et il fit souffler au milieu de la fournaise comme un vent chargé de rosée ; et le feu ne les atteignit aucunement, et il ne leur fit point de mal, et même il ne les incommoda point.

51. Alors tous les trois se mirent à chanter d’une seule voix, et ils glorifièrent Dieu, et ils le bénirent du fond de la fournaise, disant :

52. Soyez béni, Seigneur Dieu de nos pères ; soyez loué et infiniment exalté dans tous les siècles ! Que béni soit votre nom saint et glorieux ; qu’il soit célébré, qu’il soit exalté dans tous les siècles.

53. Vous êtes béni dans le temple de votre gloire sainte ; vous êtes au-dessus de toute louange et de toute gloire dans tous les siècles.

54. Vous êtes béni, vous qui regardez les abîmes, vous qui êtes assis sur les chérubins[18] ; vous êtes infiniment loué et exalté dans tous les siècles.

55. Vous êtes béni sur le trône de votre royauté ; vous êtes infiniment loué et exalté dans tous les siècles !

56. Vous êtes béni dans le firmament du ciel ; vous êtes chanté et glorifié dans tous les siècles.

57. Œuvres du Seigneur, bénissez toutes le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles[19].

58. Cieux, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

59. Anges du Seigneur, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

60. Eaux de la terre, eaux du ciel, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le, infiniment dans tous les siècles.

61. Armée du Seigneur[20] bénis tout entière le Seigneur ; chante-le, exalte-le infiniment dans tous les siècles.

62. Soleil et lune, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

63. Étoiles du ciel, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

64. Pluie et rosée, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

65. Vents, bénissez tous le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

66. Chaleur et feu, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

67. Nuits et jours, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

68. Lumière et ténèbres, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

69. Froidure et chaleur, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

70. Glaces et neiges, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

71. Éclairs et nuées, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

72. Que la terre bénisse le Seigneur ; qu’elle le chante, qu’elle l’exalte infiniment dans tous les siècles.

73. Monts et collines, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

74. Plantes de la terre, bénissez toutes le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

75. Mer et fleuves, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

76. Fontaines, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

77. Monstres marins qui vous mouvez dans les ondes, bénissez tous le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

78. Oiseaux du ciel, bénissez tous le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

79. Bêtes fauves et troupeaux, bénissez tous le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

80. Fils des hommes, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

81. Israël, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

82. Prêtres, bénissez le Seigneur ; chantcz-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

83. Serviteurs, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

84. Esprits et âmes des justes, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

85. Saints et humbles de cœur, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles.

86. Ananias, Azarias, Misaël, bénissez le Seigneur ; chantez-le, exaltez-le infiniment dans tous les siècles, parce qu’il nous a tirés des enfers[21], qu’il nous a sauvés des mains de la mort, délivrés du milieu de la fournaise en flammes, et protégés au milieu du feu.

87. Rendez gloire ensemble au Seigneur, parce qu’il est bon, parce que sa miséricorde est éternelle.

88. Hommes pieux, bénissez le Seigneur, Dieu des dieux ; chantez-le et rendez-lui gloire, parce que sa miséricorde est éternelle.

89. Et Nabuchodonosor les entendit chanter des hymnes, et il fut frappé d’étonnement, et il se leva précipitamment, et il dit aux grands qui l’entouraient : N’avons-nous pas jeté au milieu du feu trois hommes enchaînés ? et ils dirent au roi : Oui, seigneur.

90. Et le roi dit : Et moi, je vois quatre hommes sans liens, se promenant au milieu des flammes, et la destruction n’est pas avec eux[22], et l’aspect du quatrième ressemble à un fils de Dieu[23].

91. Alors Nabuchodonosor s’approcha de la porte de la fournaise ardente, et il dit : Sidrach, Misach, Abdénago, serviteurs du Dieu tout-puissant, sortez et venez ! Et Sidrach, Misach et Abdénago sortirent du milieu des flammes.

92. Et les satrapes, et les généraux, et les gouverneurs et les lieutenants du roi se rassemblèrent, et ils virent ces hommes sur qui le feu n’avait eu nulle puissance en leur corps ; pas un cheveu de leur tête n’était brûlé ; leur vêtement n’était point altéré, et nulle odeur de feu n’était en eux.

93. Et le roi Nabuchodonosor prit la parole, et il dit : Béni soit le Dieu de Sidrach, de Misach et d’Abdénago, qui a envoyé son ange, et délivré ses serviteurs, parce qu’ils avaient eu confiance en lui ; ils désobéirent à la parole du roi, et ils abandonnèrent leurs corps à la flamme, pour ne point adorer ni servir d’autre dieu que leur Dieu.

94. Et moi je proclame ce décret : Tout peuple, toute tribu, tout homme, de quelque langue qu’il soit, qui proférera un blasphème contre le Dieu de Sidrach, de Misach et d’Abdénago, sera exterminé ; ses maisons seront livrées au pillage ; parce qu’il n’est point d’autre Dieu qui puisse sauver ainsi.

95. Ensuite le roi rétablit Sidrach, Misach et Abdénago à la tête de la province de Babylone ; et il les éleva en honneur, et les jugea dignes de commander à tous les Juifs qui étaient dans son royaume.

96. Le roi Nabuchodonosor[24] dit à tous les peuples, à toutes les tribus, à tous les hommes de langues diverses Que la paix se multiplie parmi vous.

97. Les signes et les prodiges que vient d’accomplir devant moi le Dieu très haut, il me plaît de vous annoncer en personne

98. Combien ils sont grands et irrésistibles ; son royaume est le royaume éternel, et sa puissance s’étend de génération en génération.

CHAPITRE IV

1. Moi, Nabuchodonosor[25], comme j’étais en paix et florissant dans mon palais,

2. J’eus un songe, et il m’effraya, et je fus troublé sur ma couche, et les visions de ma tête me troublèrent.

3. Et, de moi-même, je donnai ordre d’amener en ma présence tous les sages de Babylone, et qu’ils me fissent connaître l’interprétation de mon songe..

4. Et les devins et les mages, les sorciers et les Chaldéens arrivèrent, et je dis mon songe devant eux, et ils ne m’en firent pas connaître l’interprétation ;

5. Jusqu’à ce que vînt Daniel, que l’on nommait Baltasar[26], selon le nom de mon dieu, et qui avait en lui l’Esprit-Saint de Dieu, et je lui dis :

6. Baltasar[27], comme chef des devins, je sais que l’Esprit-Saint de Dieu est en toi, et que nul mystère pour toi n’est impénétrable ; écoute donc la vision de mon songe, et dis-m’en l’interprétation.

7. Je regardais sur ma couche, et voilà qu’un arbre était au milieu de la terre, et sa hauteur était grande.

8. L’arbre crût encore et se fortifia, et sa cime arrivait jusqu’au ciel, et son tronc jusqu’aux extrémités de la terre.

9. Ses feuilles étaient belles, et ses fruits abondants ; et l’aliment de tous les êtres se trouvait en lui ; sous son ombre s’abritaient les bêtes sauvages, et sur ses rameaux les oiseaux du ciel faisaient leurs nids, et de lui toute chair se nourrissait.

10. J’étais attentif sur ma couche à cette vision de la nuit, et voilà qu’un veillant[28] et un saint descendit des cieux.

11. Et, parlant à haute voix, il dit : Abattez l’arbre, arrachez ses rameaux, secouez ses feuilles, et dispersez ses fruits ; que les bêtes soient chassées de dessous lui, et les oiseaux du ciel de ses branches.

12. Cependant laissez en terre la souche de ses racines ; quant à lui, qu’il reste étendu en des chaînes de fer et d’airain, parmi l’herbe qui l’entoure, à la rosée du ciel ; et qu’avec les bêtes il ait sa part de l’herbe de la terre.

13. Son cœur deviendra différent du cœur des hommes ; et un cœur de bête lui sera donné ; et sept fois les temps changeront sur lui[29].

14. Telle est la sentence du veillant[30] et la parole des saints, afin que les vivants sachent que le Seigneur est le dominateur du royaume des hommes, et qu’il le donne à qui bon lui semblera, et qu’il élèvera pour le gouverner celui qui est en mépris parmi les hommes.

15. Tel est le songe que j’ai eu, moi, le roi Nabuchodonosor, et toi, Baltasar, dis-m’en l’interprétation ; car nul des sages de mon royaume ne peut me la donner ; mais toi, Daniel, tu le peux, parce que l’Esprit-Saint de Dieu est en toi.

16. Alors Daniel, surnommé Baltasar, réfléchit environ une heure, et ses pensées le troublèrent. Enfin Baltasar répondit : Seigneur, dit-il, que ton songe soit pour ceux qui te haïssent[31], et son interprétation pour tes ennemis !

17. L’arbre que tu as vu grand et fort, dont la cime allait au ciel, et le tronc sur toute la terre ;

18. Dont les feuilles étaient florissantes et les fruits abondants, en qui se trouvait l’aliment de tous, et sous lequel s’abritaient les bêtes sauvages, tandis que les oiseaux du ciel faisaient leur nid dans ses rameaux ;

19. Cet arbre, ô roi, c’est toi-même ; car tu as grandi et tu t’es fortifié, et ta grandeur n’a cessé de croître, et elle est allée jusqu’au ciel, et ta domination jusqu’aux extrémités de la terre.

20. Or quand le roi a vu le veillant et le saint descendre du ciel, et que le saint a dit : Arrachez l’arbre, détruisez-le, mais laissez en terre la souche de ses racines ; quant à lui, qu’il reste étendu en des chaînes de fer et d’airain, parmi l’herbe qui l’entoure, exposé à la rosée du ciel, et qu’il partage avec les bêtes l’herbe des champs, jusqu’à ce que les temps aient changé sept fois sur lui :

21. Voici ce que cela signifie, ô roi, et c’est la sentence du Très-Haut, qui d’avance vient avertir le roi mon maître.

22. On t’exclura du commerce des hommes, et ta demeure sera parmi les bêtes sauvages, et l’on te donnera ta part de fourrage comme à un bœuf, et tu passeras les nuits à la rosée du ciel, et les temps changeront sept fois sur toi, jusqu’à ce que tu reconnaisses que le Très-Haut est le maître du royaume des hommes, et qu’il le donne à qui bon lui semble.

23. Et puisqu’il a été dit : Laissez en terre la souche des racines de l’arbre, ta royauté subsistera, après que tu auras reconnu la puissance du ciel.

24. C’est pourquoi, ô roi, que mon conseil te soit agréable ; rachète tes péchés par des aumônes, et tes iniquités par la compassion pour les indigents, et Dieu peut-être sera longanime à tes offenses.

25. Or les choses suivantes arrivèrent au roi Nabuchodonosor :

26. Après le douzième mois[32], comme il se promenait dans son palais royal, en Babylone,

27. Le roi prit la parole, et dit : N’est-ce point là Babylone la grande, que j’ai bâtie pour être ma résidence royale, dans ma force et ma puissance, en l’honneur de ma gloire ?

28. Cette parole était encore dans la bouche du roi, quand une voix vint du ciel, disant : À toi, roi Nabuchodonosor, il est dit : Ton royaume t’échappe.

29. On va te chasser loin des hommes, et ta demeure sera parmi les bêtes sauvages ; on te donnera du foin comme à un bœuf, et les temps changeront sept fois sur toi, jusqu’à ce que tu reconnaisses que le Très-Haut est le maître du royaume des hommes, et qu’il le donnera à qui bon lui semble.

30. À l’heure même, cette parole sur Nabuchodonosor s’accomplit : il fut chassé loin des hommes, il mangea de l’herbe comme un bœuf[33], et son corps fut baigné par la rosée du ciel, jusqu’à ce que ses cheveux eussent crû comme la crinière d’un lion, et ses ongles comme les griffes des oiseaux.

31. Et à la fin des jours moi, Nabuchodonosor, je levai les yeux au ciel, et les pensées me revinrent, et je bénis le Très-Haut, et je louai l’Éternel, et je lui rendis gloire, parce que sa puissance est inébranlable, et son royaume pour toutes les générations.

32. Et tous ceux qui habitent la terre sont comptés pour rien. En l’armée du ciel et parmi les habitants de la terre, il fait à sa volonté, et nul ne peut résister à sa puissance, ni lui dire : Qu’avez-vous fait ?

33. Au même instant les pensées me revinrent, et je rentrai dans les honneurs de ma royauté, et ma forme me fut rendue[34], et mes princes et mes grands me recherchèrent, et une plus grande magnificence me fut rendue.

34. Maintenant donc, moi, Nabuchodonosor, je louerai et j’exalterai, et je glorifierai le Roi du ciel, parce que toutes ses œuvres sont vraies, que ses sentiers sont la justice, et qu’il est en son pouvoir d’humilier tous ceux qui marchent dans leur orgueil[35].

CHAPITRE V

1. Le roi Baltasar offrit un magnifique repas à ses grands au nombre de mille, et devant les mille convives il y avait du vin.

2. Et Balthasar buvait, et dans l’ivresse du vin i dit que l’on apportât les vases d’or et d’argent enlevés par Nabuchodonosor son père au temple de Jérusalem, et que le roi et ses grands, ses concubines et ses femmes, bussent dans ces vases.

3. Et l’on apporta les vases d’or et d’argent que l’on avait rapportés du temple de Jérusalem, et le roi et ses grands, ses concubines et ses femmes burent dans ces vases.

4. Ils burent du vin, et ils louèrent leurs dieux d’or et d’argent, d’airain, de fer, de pierre et de bois.

5. Au même instant apparurent des doigts d’homme, et ils écrivirent devant le luminaire sur l’enduit du mur du palais du roi, et le roi suivait du regard le mouvement des phalanges de la main qui écrivait.

6. Alors le roi changea de visage, et ses pensées le troublèrent, et la ceinture de ses reins se dénoua, ses genoux s’entre-choquèrent.

7. Et le roi, criant de toute sa force, ordonna d’amener les mages, les Chaldéens et les sorciers. Et il dit aux sages de Babylone : Celui qui lira ce qui est écrit, et qui m’en fera connaître l’interprétation, sera revêtu de pourpre, et il aura autour du cou un collier d’or, et dans mon royaume il commandera le troisième après moi.

8. Et tous les sages du roi s’avancèrent, et ils ne purent lire ce qui était écrit ni en donner au roi l’interprétation[36].

9. Et le roi Baltasar fut troublé, et il changea de visage, et ses grands furent troublés comme lui.

10. Et la reine[37] entra dans la salle du festin, et elle dit : Roi, vis à jamais, que tes pensées ne se troublent pas, et ne change pas de visage !

11. Il est dans ton royaume un homme en qui est l’Esprit de Dieu ; et du temps de ton père la vigilance et la sagesse furent trouvées en lui, et le roi Nabuchodonosor ton père le fit chef des devins, des mages, des Chaldéens et des sorciers,

12. Parce que l’esprit était supérieur en lui, et que la prudence et la sagesse étaient en lui pour interpréter les songes, pour répondre aux questions difficiles, pour dénouer les choses inextricables ; c’est Daniel[38], et ton père l’appelait Baltasar ; maintenant donc, qu’on l’appelle, et il te fera connaître son interprétation.

13. Alors Daniel fut introduit devant le roi, et le roi dit à Daniel Es-tu Daniel, l’un des fils des captifs de la Judée qu’a transportés mon père ?

14. J’ai ouï dire que l’Esprit de Dieu est en toi, et que la vigilance, l’intelligence et une sagesse supérieure ont été trouvées en toi.

15. Or maintenant les sages, les mages, les sorciers sont venus devant moi, pour lire cette écriture, et m’en faire connaître l’interprétation ; et ils n’ont pu me rien dire.

16. Et moi, j’ai appris que tu peux interpréter les jugements ; si donc tu peux lire cette écriture et me l’interpréter, tu seras revêtu de pourpre, tu auras un collier d’or autour du cou, et tu commanderas dans mon royaume, le troisième après moi.

17. Et Daniel dit en présence du roi : Que tes présents te restent, donne à un autre les dons de ton palais[39] ; pour moi, je te lirai ce qui est écrit, et je t’en ferai connaître l’interprétation.

18. Roi, le Dieu très-haut a donné à Nabuchodonosor ton père la royauté et la magnificence, les honneurs et la gloire.

19. Et devant la grandeur que Dieu lui avait donnée, les peuples, les tribus, les hommes de toutes langues étaient tremblants et pleins de crainte devant son visage ; ceux d’entre eux qu’il voulait tuer, il les tuait ; ceux qu’il voulait frapper, il les frappait ; ceux qu’il voulait glorifier, il les glorifiait ; et ceux qu’il voulait humilier, il les humiliait.

20. Et quand son cœur se fut élevé, et que son esprit se fut endurci dans son orgueil, il fut précipité du trône, et ses honneurs lui furent enlevés.

21. Et il fut chassé loin des hommes, et un cœur lui fut donné comme aux bêtes, et sa demeure fut parmi les ânes sauvages ; on lui donna sa part de fourrage comme à un bœuf, et son corps fut baigné par la rosée du ciel, jusqu’à ce qu’il eût reconnu que le Dieu très-haut est le maître du royaume des hommes, et qu’il le donne à qui bon lui semble.

22. Et toi donc, son fils Baltasar, tu n’as pas non plus humilié ton cœur devant Dieu : ne sais-tu point toutes ces choses[40] ?

23. Tu t’es enorgueilli contre le Seigneur Dieu du ciel, et l’on a apporté devant toi les vases de son temple ; et toi et tes grands, tes concubines et tes femmes, vous avez bu du vin dans ces vases ; et tu as loué les dieux d’or et d’argent, d’airain, de fer, de pierre et de bois, qui ne voient, n’entendent ni ne comprennent ; et le Dieu qui tient en sa main ton souffle et toutes tes voies, tu ne l’as point glorifié.

24. C’est pourquoi il a envoyé de devant lui les doigts de cette main, et lui a ordonné de tracer cette inscription.

25. Or, cette inscription, la voici : Mané, Thécel, Pharès.

26. Et voici l’interprétation de ces paroles : Mané, Dieu a mesuré ton règne, et en a marqué la fin.

27. Thécel, ta royauté a été placée sur la balance, et elle a été trouvée trop légère.

28. Pharès, ton royaume a été divisé, et donné aux Mèdes et aux Perses.

29. Et Baltasar donna ses ordres : et l’on revêtit Daniel de pourpre, et on lui mit autour du cou un collier d’or, et le roi lui-même le proclama le troisième chef du royaume[41].

30. Et cette même nuit fut tué Baltasar, le roi chaldéen.

31. Et le Mède Darius reçut[42] le gouvernement de son royaume, à l’âge de soixante-deux ans.

CHAPITRE VI

1. Et il plut à Darius d’instituer cent vingt satrapes pour être en tout son royaume ;

2. Et au-dessus d’eux, trois gouverneurs, dont l’un fut Daniel, pour que les satrapes leur rendissent compte, et que lui-même n’en fût pas surchargé.

3. Et Daniel fut au-dessus d’eux, parce qu’il y avait en lui un esprit supérieur, et le roi le mit à la tête de tout son royaume.

4. Or les autres gouverneurs et les satrapes s’efforcèrent de trouver un sujet d’accusation contre Daniel, et ils ne purent trouver contre lui ni grief, ni délit, ni soupçon, parce qu’il était fidèle.

5. Et les gouverneurs se dirent : Nous ne trouverons pas de sujet d’accusation contre Daniel, sinon à cause des lois de son Dieu.

6. Alors les gouverneurs et les satrapes comparurent devant le roi, et lui dirent : O roi Darius, vis à jamais !

7. Tous les officiers de ton royaume, généraux et satrapes, magistrats et intendants, ont tenu conseil pour qu’il fût rendu un édit royal, et formellement ordonné que tout homme qui durant trente jours fera une demande soit à un dieu, soit à un homme autre que le roi, sera jeté dans la fosse aux lions.

8. Maintenant, ô roi, rends l’édit, et publie-le, afin que rien ne soit changé à cẽ qu’ont résolu les Perses et les Mèdes.

9. Et le roi Darius fit publier l’édit.

10. Or Daniel, aussitôt qu’il sut ce que prescrivait l’édit, entra dans sa maison, à l’étage supérieur, les fenêtres ouvertes[43] ; tourné vers Jérusalem, trois fois par jour il se mit à genoux, priant son Dieu, et lui rendant grâces, comme il avait coutume de le faire auparavant.

11. Cependant ces hommes l’épièrent, et ils surprirent Daniel rendant grâces à son Dieu et lui faisant sa prière.

12. Et s’approchant du roi, ils lui dirent : 0 roi, n’as-tu point rendu cet édit, que tout homme qui, durant trente jours, fera une demande à un dieu ou à un homme autre que le roi, soit jeté dans la fosse aux lions ? Et le roi répondit : Ce que vous dites est véritable, et l’édit des Perses et des Mèdes ne sera pas violé.

13. Et ils reprirent, disant au roi : Daniel, l’un des fils des captifs de la Judée, ne s’est point soumis à ton édit, et trois fois par jour il demande à son Dieu ce qu’il veut lui demander.

14. Aussitôt que le roi eut ouï ces paroles, il en fut fort contristé, et il fut combattu par le désir de sauver Daniel, et jusqu’au soir il fut combattu par le désir de le sauver.

15. Mais ces hommes dirent à Darius : Sache, ô roi, qu’il est réglé chez les Mèdes et les Perses que nul changement ne peut être fait à un édit, à un décret du roi.

16. Et le roi donna ses ordres, et l’on emmena Daniel, et on le jeta dans la fosse aux lions, et le roi dit à Daniel : Ton Dieu que tu sers avec constance, lui-même te délivrera[44].

17. Et l’on apporta une pierre, et on la posa sur l’ouverture de la fosse, et le roi la scella de son anneau et de l’anneau de ses grands, afin que rien concernant Daniel ne fût changé.

18. Et le roi rentra dans son palais ; mais il se coucha sans avoir soupé ; on ne lui présenta point d’aliments, et le sommeil s’éloigna de lui. Et Dieu ferma la gueule des lions, et ils ne firent aucun mal à Daniel.

19. Et le roi se leva de grand matin, dès les premières lueurs du jour, et il alla en toute hâte à la fosse aux lions.

20. Et, quand il fut près de la fosse, il cria à haute voix : Daniel, serviteur du Dieu vivant, ton Dieu, que tu sers avec constance, a-t-il pu te sauver de la gueule des lions[45] ?

21. Et Daniel dit à Darius : Roi, vis à jamais !

22. Mon Dieu m’a envoyé son ange, et il a fermé la gueule des lions, et ils ne m’ont fait aucun mal, parce qu’à ses yeux j’ai été trouvé juste, et qu’à ton égard, ô roi, je n’ai fait aucune offense.

23. À ces mots le roi fut extrêmement réjoui, et il ordonna de retirer Daniel de la fosse, et il fut trouvé sain et sauf, parce qu’il avait mis sa confiance en Dieu.

24. Et le roi donna ses ordres, et l’on amena les hommes qui avaient accusé Daniel, et on les jeta dans la fosse aux lions[46], eux, leurs fils et leurs femmes ; et avant qu’ils eussent touché le fond de la fosse, les lions s’en emparèrent et leur broyèrent tous les os.

25. Alors le roi Darius écrivit à tous les peuples, aux tribus, aux hommes de toutes langues, à tous les habitants de la terre : Que la paix se multiplie parmi vous !

26. Le présent édit est rendu par moi pour toutes les principautés de mon royaume, afin que chacun soit plein de crainte et de tremblement devant la force du Dieu de Daniel ; car lui seul est le Dieu vivant, et il demeure dans tous les siècles, et son royaume ne périra jamais, et son règne durera jusqu’à la fin des temps.

27. Il protège et il sauve, et il fait des signes et des miracles dans le ciel et sur la terre ; c’est lui qui a tiré Daniel de la griffe des lions.

28. Et Daniel vécut plein de prospérité, sous le règne de Darius et sous le règne de Cyrus le Perse[47].

CHAPITRE VII

1. La première année du règne de Baltasar, roi des Chaldéens, Daniel eut un songe et des visions comme sa tête reposait sur sa couche, et il écrivit sa vision.

2. Moi, Daniel, je regardais, et voilà que les quatre vents du ciel se déchaînèrent sur la grande mer.

3. Et quatre grandes bêtes[48] sortirent de la mer, différentes les unes des autres.

4. La première était comme une lionne, et ses ailes étaient comme les ailes d’un aigle ; et pendant que je la regardais, ses ailes lui furent arrachées ; et elle fut relevée de terre, et elle se tint sur des pieds d’homme, et un cœur d’homme lui fut donné[49].

5. Et voilà que la seconde bête ressemblait à une ourse, et elle était couchée sur le flanc, et elle tenait dans ses dents trois côtes[50], et on lui disait : Lève-toi, et rassasie-toi de carnage.

6. Après cela, je regardai, et voilà qu’il y avait une autre bête, comme un léopard ; et elle avait sur le haut du corps quatre ailes d’oiseau[51], et elle avait quatre têtes[52], et la puissance lui avait été donnée.

7. Après cela, je regardai, et voilà qu’il y avait une quatrième bête, effroyable, horrible, et d’une force prodigieuse ; et ses dents étaient de fer ; et elle allait dévorant, broyant, foulant le reste à ses pieds[53] ; et la différence était très-grande entre elle et toutes les bêtes qui la précédaient ; et elle avait dix cornes.

8. Je fis attention à ses cornes ; et voilà qu’au milieu d’elles s’éleva une petite corne, et devant elle trois des premières cornes furent déracinées ; et voilà que cette corne avait des yeux, comme des yeux d’homme, et une bouche disant de grandes choses[54].

9. Et je regardai jusqu’à un endroit où des trônes étaient placés ; et l’Ancien des jours était assis ; et sa robe était blanche comme de la neige, et ses cheveux ressemblaient à la laine la plus pure ; son trône était de flamme et ses roues un feu ardent[55].

10. Un fleuve de feu coulait en sa présence ; il avait des mille milliers de serviteurs ; et des myriades de myriades l’assistaient ; le jugement s’assit, et les livres furent ouverts.

11. Je fus attentif alors au bruit des paroles superbes que cette corne disait, quand la bête fut tuée, exterminée, et son corps jeté au feu pour être brûlé.

12. Et la puissance des autres bêtes leur fut ôtée[56] ; mais leur vie fut encore prolongée quelque temps.

13. Je considérais cette vision de la nuit ; et voilà qu’avec les nuées du ciel vint comme le Fils de l’homme, et il s’avança jusqu’à l’Ancien des jours, et il se présenta devant lui.

14. Et il lui fut donné pouvoir, honneur et royauté ; et les peuples, les tribus et les hommes de toutes langues le servirent. Sa puissance est une puissance éternelle qui ne passera point, et son royaume ne périra jamais.

15. Pour moi, Daniel, mon âme frémit en tout mon être, et les visions de ma tête me troublèrent.

16. Et je m’approchai de l’un des assistants, et je cherchai à apprendre de lui le sens vrai de toutes ces choses, et il me dit la vérité, et il me fit connaître l’interprétation de ces choses.

17. Ces quatre bêtes sont les quatre empires qui s’élèveront sur la terre et qui seront renversés.

18. Et les saints du Très-Haut recueilleront la royauté, et ils la conserveront pendant les siècles des siècles.

19. Et je m’informai avec soin de la quatrième bête, parce qu’elle était différente de toutes les autres, et encore plus épouvantable ; ses dents étaient de fer et ses griffes d’airain ; et elle allait dévorant, broyant et foulant le reste à ses pieds.

20. Et je m’informai des dix cornes de sa tête, et de cette autre qui s’était élevée et avait déraciné quelquesunes des premières, et qui avait des yeux et une bouche disant de grandes choses, et dont l’aspect était plus terrible que celui des autres bêtes.

21. J’étais attentif, et cette corne engagea la bataille avec les saints, et elle prévalut sur eux[57],

22. Jusqu’à la venue de l’Ancien des jours ; et il rendit justice aux saints du Très-Haut ; et le temps arriva, et les saints possédèrent le royaume.

23. Et l’assistant me dit : La quatrième bête sera le quatrième empire sur la terre ; elle dominera sur tous les royaumes ; elle dévorera toute la terre ; elle la foulera aux pieds et la détruira.

24. Et ses dix cornes sont dix rois qui s’élèveront, et après eux un autre s’élèvera, qui surpassera en mal tous les précédents et subjuguera trois rois.

25. Et il parlera contre le Très-Haut, et il effacera les saints du Très-Haut, et il pensera changer les temps et la loi ; et les saints lui seront livrés pendant un temps, et deux temps, et un demi-temps[58].

26. Et le jugement sera rendu, et la royauté lui sera ôtée, et il sera effacé, et il sera détruit à jamais.

27. Et la royauté, la puissance et la magnificence des rois qui sont sous le ciel a été donnée aux saints du Très-Haut[59]. Et son royaume est un royaume éternel, et toutes les dominations le serviront et lui obéiront.

28. Là finit le songe. Pour moi, Daniel, mes pensées me troublèrent longtemps, et je changeai de visage, et je conservai toutes ces paroles en mon cœur.

CHAPITRE VIII

1. En la troisième année du règne de Baltasar, une vision m’apparut à moi, Daniel, après celle qui m’était d’abord apparue.

2. J’étais dans le palais à Suse[60], qui est au pays d’Élam, et j’étais sur la rive du fleuve Ubal.

3. Et je levai les yeux, et je regardai ; et voilà qu’un bélier[61] se tenait devant l’Ubal. Et il avait de grandes cornes, et l’une était plus grande que l’autre[62], et allait toujours croissant.

4. Et je vis le bélier frappant de ses cornes du côté de la mer, de l’aquilon et du midi ; et devant lui nulle bête ne pouvait tenir, et nul ne pouvait échapper à ses coups[63], et il fit ce qu’il voulut, et il devint grand[64].

5. Et j’étais là, le regardant ; et voilà qu’un jeune bouc vint du sud-ouest, sur la face de toute la terre, et il ne touchait pas à terre ; et ce bouc avait une corne entre les yeux[65].

6. Et il arriva jusqu’au bélier qui avait des cornes, celui que j’avais vu en face de l’Ubal ; et il s’élança contre lui dans toute la force de sa fureur.

7. Et je le vis atteindre le bélier, et il se rua sur lui, et il le frappa, et lui brisa les deux cornes et le bélier fut sans force pour lui résister en face. Puis il le jeta contre terre, et il le foula aux pieds, et nul n’était là pour délivrer le bélier de ses coups.

8. Or le bouc grandit à l’excès ; et pendant qu’il croissait en force, sa grande corne se brisa, et quatre autres cornes[66] lui poussèrent au-dessous de celle-ci, des quatre côtés du ciel, d’où viennent les vents.

9. Et de l’une de ces cornes sortit une autre corne puissante[67], qui s’éleva prodigieusement contre le midi et contre un peuple fort[68] ;

10. Et même elle s’éleva jusqu’à l’armée du ciel[69] ; et elle fit tomber du ciel une partie de l’armée et une partie des étoiles, et elles furent foulées aux pieds.

11. Et il en fut ainsi, jusqu’à ce que le chef de l’armée eût délivré ses captifs ; et à cause de ce bouc les sacrifices furent interrompus, et il prospérera, et le sanctuaire sera désolé.

12. Et au lieu de victimes les offrandes furent le péché, et la justice fut renversée à terre. Pour lui, il fera son œuvre, et il prospérera.

13. Et j’entendis l’un des saints qui parlait, et l’un des saints dit à un autre qui m’était inconnu[70] : Jusques à quand durera cette vision des sacrifices abolis, du péché, cause de cette désolation, du sanctuaire et de l’armée céleste foulés aux pieds.

14. Et le premier répondit : Du soir au matin, durant deux mille quatre cents jours, puis le sanctuaire sera purifié[71].

15. Et ceci advint : tandis que moi, Daniel, j’avais cette vision et que je cherchais à la comprendre, voilà que la vision d’un homme se dressa devant moi.

16. Et j’entendis une voix d’homme[72], entre l’Ubal et moi, et elle appela et dit : Gabriel, explique à celui-ci sa vision.

17. Et Gabriel s’approcha, et il se tint auprès de moi, et pendant qu’il venait j’étais frappé de crainte ; et je tombai la face contre terre, et il me dit : Comprends, fils de l’homme ; car cette vision s’accomplira au temps marqué.

18. Et pendant qu’il me dit ces paroles, je retombai encore la face contre terre, et il me toucha, et il me remit debout sur mes pieds.

19. Et il me dit : Je vais te faire savoir ce qui adviendra aux derniers jours de la colère ; car c’est aussi le temps marqué pour l’accomplissement de ta vision.

20. Le bélier que tu as vu ayant des cornes est le roi des Mèdes et des Perses[73].

21. Le bouc est le roi des Hellènes ; et la grande corne qu’il avait entre les deux yeux est leur premier roi[74].

22. Et quand elle a été brisée, les quatre cornes qui se sont élevées au-dessous sont quatre rois qui s’élèveront parmi les nations, mais non par leur propre force.

23. Et à la fin de leurs règnes, quand la mesure de leurs péchés sera remplie, un roi s’élèvera, au front impudent, comprenant les énigmes[75].

24. Et sa force sera grande, et il détruira des choses admirables, et il prospérera, et il entreprendra, et il détruira les forts et le peuple saint.

25. Et le joug de sa chaîne sera bien dirigé ; la fraude à la main, il se glorifiera en son cœur ; il fera périr par ses ruses une multitude d’hommes, et il s’affermira par la ruine de plusieurs ; et il les écrasera comme un œuf dans la main.

26. Cette vision que tu as eue du soir au matin est véritable ; mets-y le sceau[76], parce qu’elle ne s’accomplira qu’après bien des jours.

27. Après cela, moi, Daniel, je fus alité et je tombai dans la langueur[77] ; puis je me levai, et je m’appliquai aux affaires du roi, et je fus émerveillé de ma vision ; mais il n’y eut personne pour la comprendre.

CHAPITRE IX

1. En la première année du règne de Darius, fils d’Assuérus, de la race des Mèdes, qui régna sur l’empire des Chaldéens,

2. Moi, Daniel, je compris, au moyen des livres[78], le nombre des années que la parole du Seigneur avait fait connaître à Jérémie le prophète, sur le temps que devait durer la désolation de Jérusalem, et qui devait être de soixante-dix années.

3. Et je tournai mon visage vers le Seigneur mon Dieu, pour l’implorer et le prier[79], en jeûnant, et revêtu d’un cilice.

4. Et je fis ma prière au Seigneur mon Dieu, et je lui rendis gloire, et je dis : Seigneur, Dieu grand et admirable, qui gardez votre alliance, et réservez votre miséricorde en faveur de ceux qui vous aiment et observent vos commandements ;

5. Nous avons péché ; nous avons commis l’injustice et l’iniquité ; nous nous sommes retirés de vous ; nous avons dévié de vos ordonnances et de vos jugements,

6. Et nous n’avons point écouté vos serviteurs les prophètes, qui, en votre nom, parlaient à nos rois, à nos princes, à nos pères et à tout le peuple de la terre.

7. À vous, Seigneur, est la justice ; à nous la honte au visage, comme aujourd’hui à tout homme de Juda, à tout habitant de Jérusalem, à tout Israël, soit près d’ici, soit au loin, en toute région où vous les avez dispersés à cause des prévarications qu’ils ont commises.

8. En vous, Seigneur, est notre justice ; à nous la honte au visage, à nous, à nos rois, à nos princes et à nos pères ; car nous avons tous péchés contre vous.

9. À vous, Seigneur notre Dieu, les miséricordes et le pardon ; car nous nous sommes retirés de vous,

10. Et nous n’avons point écouté la voix du Seigneur notre Dieu, pour marcher dans les lois qu’il nous a données, face à face, par les mains de ses serviteurs les prophètes.

11. Tout Israël a transgressé votre loi ; il s’est détourné tout entier, pour ne pas entendre votre parole. Et votre malédiction est tombée sur nous, ainsi que l’imprécation écrite dans la loi de Moïse[80], serviteur de Dieu, parce que nous avons péché contre vous.

12. Et Dieu a confirmé ses paroles prononcées contre nous et contre les juges qui nous jugeaient, et qui ont amené sur nous de si grands maux, que jamais rien sous le ciel n’advint comme ce qui est advenu à Jérusalem ;

13. Comme il est écrit en la loi de Moïse : Tous ces maux sont arrivés sur nous, et nous n’avons point, prié devant la face du Seigneur notre Dieu, pour qu’il nous retirât de nos iniquités, et nous fit comprendre toute sa vérité.

14. Mais le Seigneur a veillé sur nous, et il a amené sur nous ces maux, parce que le Seigneur notre Dieu est juste en toutes ses œuvres, et que nous n’avions point écouté sa voix.

15. Et maintenant, Seigneur notre Dieu, qui par votre main puissante avez délivré votre peuple de la terre d’Égypte, et qui vous êtes fait alors un nom comme aujourd’hui, nous avons péché, nous avons commis l’iniquité !

16. Seigneur, votre miséricorde est pour tous ; que votre indignation et votre colère se détourne de votre ville de Jérusalem et de votre montagne sainte ; car nous avons péché, et à cause de nos iniquités et de celles de nos pères, Jérusalem et votre peuple sont devenus un sujet d’opprobre pour tous ceux qui nous entourent.

17. Et maintenant, Seigneur notre Dieu, écoutez la prière de votre serviteur et ses supplications ; faites briller votre face dans votre sanctuaire délaissé ; faites-le pour vous, Seigneur[81] !

18. Inclinez votre oreille, Seigneur mon Dieu, et exaucez-nous ; ouvrez les yeux, et voyez notre anéantissement et celui de la cité à laquelle était donné votre nom[82] ; car ce n’est point dans l’attente de vos jugements que nous jetons devant vous notre cri de pitié, mais en vue de vos abondantes miséricordes, ô Seigneur.

19. Exaucez-moi, Seigneur ; apaisez-vous, Seigneur ; aimez-moi, Seigneur : ne différez pas, ô mon Dieu, pour l’amour de vous-même ; car cette cité et ce peuple sont ceux à qui a été donné votre nom.

20. Et comme je parlais encore, comme je priais, et que je confessais mes péchés et les péchés d’Israël, mon peuple ; comme je jetais en face du Seigneur mon Dieu mon cri de pitié pour la montagne sainte ;

21. Tandis que je parlais encore, voilà que l’homme[83] Gabriel, qui m’était apparu au commencement de ma vision, vint en volant, et me toucha vers l’heure du sacrifice du soir.

22. Et il m’ouvrit l’intelligence, et il me parla et me dit Daniel, je suis venu pour t’apporter l’intelligence.

23. Au commencement de ta prière, un ordre m’est venu[84], et je suis venu pour t’instruire ; car tu es l’homme des désirs[85], dit-il. Réfléchis donc à ma parole et comprends ta vision.

24. Soixante-dix semaines ont été assignées[86] à ton peuple et à la cité sainte, pour que le péché soit à sa fin, que les péchés soient abolis, que les iniquités soient effacées et expiées, que l’éternelle justice soit ramenée, que le sceau soit mis à la vision et au prophète[87], et que le Saint des saints soit marqué de l’onction[88].

25. Sache donc et comprends qu’à partir de l’ordre qui sera donné de parler et de rebâtir Jérusalem, jusqu’au roi Christ, il y aura sept semaines et soixante-deux semaines ; et l’ancien temps reviendra, les places et les remparts seront relevés[89], et les temps accomplis.

26. Et après les soixante-deux semaines le Christ[90] sera mis à mort, et il n’y aura pas en lui de sujet de condamnation ; et il détruira la ville et le sanctuaire, à l’aide d’un chef qui surviendra[91] ; et ils disparaîtront dans un cataclysme, et à la fin de la guerre, qui sera abrégée, il livrera la ville aux désolations.

27. Et durant une semaine il confirmera l’alliance avec plusieurs. Et au milieu de la semaine[92] la victime et les libations me seront ôtées, et l’abomination de la désolation sera sur le temple, et la désolation aura sa fin à la consommation des temps.

CHAPITRE X

1. En la troisième année du règne de Cyrus, roi des Perses, une parole fut révélée à Daniel, que l’on nommait Baltasar. Et cette parole était véritable, et une grande force et une grande intelligence lui furent données en cette vision.

2. En ces jours-là, moi, Daniel, je fus pleurant durant trois semaines[93].

3. Je ne mangeai point de pain agréable au goût[94] ; ni chair ni vin n’entrèrent dans ma bouche, et je n’usai d’aucun parfum, jusqu’à ce que les trois semaines fussent accomplies.

4. Le vingt-quatrième jour du premier mois, j’étais sur les bords du grand fleuve que l’on appelle le Tigre.

5. Et je levai les yeux, et je regardai ; et voilà qu’il y avait un homme vêtu de lin, et ses reins étaient ceints d’or d’Ophaz[95] ;

6. Et son corps était comme Tharsis[96], et son front avait l’aspect d’un éclair ; et ses yeux étaient comme des lampes de feu ; ses bras et ses jambes avaient l’aspect de l’airain resplendissant ; et sa voix, quand il parlait, était comme la voix d’une multitude.

7. Et moi, Daniel, j’eus seul cette vision, et les hommes qui étaient avec moi ne la virent point ; mais un grand trouble les saisit, et ils s’enfuirent de terreur.

8. Et moi je restai seul, et j’eus cette grande vision ; et mes forces m’abandonnèrent, et la gloire de mon visage en fut altérée[97], et je ne pus recouvrer ma force.

9. Et j’entendis retentir ces paroles ; et, en les entendant, j’étais plein d’épouvante, et j’avais la face contre terre.

10. Et voilà qu’une main me toucha, et me releva sur mes genoux.

11. Et il me dit : Daniel, homme des désirs, comprends les paroles que je te dis, et tiens-toi debout ; car je suis envoyé vers toi ; et pendant qu’il me dit ces mots je me relevai tremblant.

12. Et il me dit : N’aie point peur, Daniel ; car du premier jour où tu as appliqué ton cœur à converser avec le Seigneur ton Dieu, et à t’affliger devant lui, tes prières ont été entendues, et je suis venu à tes prières.

13. Or le prince du royaume des Perses m’a résisté vingt et un jours, et Michel, l’un des archanges, est venu à mon aide, et je l’ai laissé au lieu où j’étais, avec le prince du royaume des Perses.

14. Et je suis venu t’enseigner les choses qui adviendront à ton peuple dans les derniers jours ; car cette vision est pour bien des jours encore[98].

15. Et pendant qu’il me dit ces paroles, je retombai la face contre terre, et je fus rempli d’épouvante.

16. Et voilà qu’une image du fils de l’homme me toucha les lèvres, et j’ouvris la bouche, et je parlai ; et je dis à celui qui se tenait devant moi : Seigneur, à votre vue mes entrailles ont été émues, et j’ai perdu ma force.

17. Et comment, ô seigneur, votre serviteur pourra-t-il s’entretenir avec vous, mon seigneur ? Je ne puis plus recouvrer aucune force, et il n’est plus de souffle en moi.

18. Et celui qui avait l’apparence d’un homme s’approcha, me toucha de nouveau et me raffermit.

19. Et il me dit : N’aie point peur, homme des désirs ; la paix soit avec toi ; sois homme et sois fort. Et pendant qu’il me dit ces mots je me fortifiai, et je dis : Parlez-moi, seigneur, car vous m’avez fortifié.

20. Et il me dit : Sais-tu pourquoi je suis venu te trouver ? Maintenant je vais retourner combattre le roi des Perses ; car comme j’entrais ici, le roi des Hellènes est venu[99].

21. Or je te dirai ce qui est prescrit en l’Écriture au livre de vérité : Nul ne m’assiste en toutes ces choses, sinon Michel, votre prince[100].

CHAPITRE XI

1. Je suis celui qui, en la première année du règne de Cyrus, se tint près de lui pour le fortifier et l’affermir.

2. Et maintenant je te ferai connaître la vérité : trois rois régneront encore sur la Perse[101] ; le quatrième prospérera et les surpassera tous en richesses ; et lorsqu’il sera en possession de ses richesses, il fera la guerre à tous les royaumes des Hellènes[102].

3. Et un roi puissant s’élèvera, et il sera maître d’un grand empire, et il fera ce qu’il voudra[103].

4. Et, au moment où son empire sera affermi, il sera brisé et partagé aux quatre vents du ciel[104] ; et il ne passera point à ses descendants, et il ne gardera point sa puissance selon ses désirs ; car sa royauté lui sera arrachée ; puis elle passera à d’autres après lui.

5. Et le roi du midi se fortifiera[105] ; mais l’un de ces princes prévaudra contre lui, et il dominera sur un grand royaume[106].

6. Et quelques années après ils s’uniront ; et la fille du roi[107] du midi ira trouver le roi de l’aquilon pour faire alliance avec lui ; mais elle ne retirera pas de là un bras puissant ; et la race du vainqueur ne se maintiendra pas ; et elle-même sera livrée[108] avec ceux qui la conduisaient, et la jeune fille, et celui qui la fortifiait en ces temps.

7. Mais un rejeton de la fleur de sa racine s’élèvera bientôt après ; et il s’avancera à la tête d’une armée, et il entrera dans les forteresses du roi de l’aquilon ; il combattra contre elles, et il s’en rendra maître[109].

8. Et il transportera en Égypte, avec les captifs, leurs dieux et leurs statues de fonte et leurs objets précieux d’argent et d’or ; et lui-même subsistera plus longtemps que le roi de l’aquilon.

9. Celui-ci à son tour entrera dans le royaume du roi du midi, puis il retournera en sa propre terre.

10. Et ses fils parmi maintes nations rassembleront une grande multitude ; et l’un d’eux[110] se mettra en campagne ; et en sa marche il s’avancera comme un torrent débordé ; il passera, il campera et rassemblera ses forces pour le combat[111].

11. Et le roi du midi s’effarouchera, et il s’avancera pour combattre le roi de l’aquilon ; et il lèvera une grande armée, et une grande multitude d’ennemis lui sera livrée[112].

12. Et il prendra captive cette multitude, et son cœur s’enorgueillira, et il massacrera des myriades d’ennemis ; mais il n’en sera pas plus puissant[113].

13. Car le roi de l’aquilon reviendra, et il conduira des troupes en plus grand nombre que la première fois ; et à la fin des temps et des années une armée envahissante arrivera avec une grande force et de grands approvisionnements.

14. Et en ce temps-là plusieurs se soulèveront contre le roi du midi, et des fils de ton peuple[114] s’élèveront comme un fléau pour accomplir une vision ; mais ils manqueront de force.

15. Car le roi de l’aquilon s’avancera ; il élèvera des terrasses ; il prendra des villes fortes ; et les bras du roi du midi soutiendront le choc, et ses troupes d’élite se lèveront ; mais ils ne seront pas de force à résister.

16. Et le roi de l’aquilon, après l’avoir ainsi envahi, fera tout ce qu’il voudra, et nul ne tiendra devant lui. Et il s’arrêtera en la terre de Sabé[115] ; et il la détruira de sa main.

17. Et il tournera son visage pour entrer en forces dans le royaume du midi, et toutes choses prospéreront devant lui ; il donnera au roi ennemi une fille des femmes pour le perdre ; mais il n’y réussira point, et elle ne sera pas à lui[116].

18. Alors il tournera son visage contre les îles, et il en prendra plusieurs ; et il arrêtera d’abord les princes de son opprobre ; mais son opprobre retombera sur lui[117].

19. Et il retournera son visage vers la force de sa terre ; mais il sera affaibli, et il tombera, et on ne le retrouvera plus[118].

20. Et de sa racine s’élèvera un rejeton[119] qui sera comme un plant sur le trône qu’il occupait avec gloire. Et en ces jours-là il sera encore brisé, mais non en face, non dans un combat.

21. Un autre prendra sa place[120], qui sera méprisé ; on ne lui aura point accordé les honneurs de la royauté ; mais il viendra avec ruse, et à force d’artifices il se rendra maître du royaume,

22. Et les bras de son adversaire[121] seront énervés devant sa face ; ils seront brisés, ainsi que le chef de l’alliance[122].

23. Et après leur traité, il trompera encore celui-ci ; il s’avancera, et prévaudra sur lui avec un petit nombre de troupes.

24. Il viendra en des régions paisibles et opulentes ; et il fera ce que n’ont fait ni ses pères ni les pères de ses pères ; il emportera leur butin, leurs dépouilles, leurs richesses, et il concevra de mauvais desseins contre l’Égypte ; mais cela n’aura qu’un temps.

25. Et sa force et son cœur s’élèveront avec une grande force contre le roi du midi ; et le roi du midi soutiendra aussi la guerre avec une force très-grande et très-redoutable ; mais ses armées ne tiendront pas, parce que de mauvais desseins auront été formés contre lui.

26. On mangera avec lui ; puis on le brisera, et son ennemi engloutira ses armées, et les morts tomberont en foule[123].

27. Et les deux rois, le cœur plein de perversité, assis à la même table, se diront des mensonges ; mais cela ne réussira pas, parce que leur fin arrivera au temps marqué.

28. Et le roi de l’aquilon retournera en sa terre avec de grandes richesses ; et son cœur sera opposé à l’alliance sainte, et il fera de grandes choses[124], et il rentrera dans son royaume.

29. Il reviendra au temps marqué, et marchera contre le midi ; mais cette dernière invasion ne sera pas comme la première.

30. Les Citians[125], sortis de leurs pays, marcheront contre lui ; et par eux il sera abaissé, et il battra en retraite ; il s’irritera contre l’alliance sainte[126], et agira contre elle ; puis il se remettra en campagne, et s’entendra avec ceux qui auront abandonné l’alliance sainte[127].

31. Et des rejetons de lui s’élèveront, et ils profaneront le sanctuaire de la Toute-Puissance, et ils feront cesser le sacrifice perpétuel, et ils le remplaceront par l’abomination de la désolation.

32. Et les impies feront alliance entre eux pour faire le mal ; mais un peuple connaissant son Dieu prévaudra et agira vaillamment.

33. Et les sages du peuple comprendront beaucoup de choses ; toutefois ils seront affaiblis par le glaive, par le feu, par la captivité, et par un pillage qui durera bien des jours.

34. Et dans leur détresse ils recevront un faible secours[128] ; mais plusieurs se joindront à eux avec des vues perfides,

35. Et parmi les sages quelques-uns auront beaucoup à souffrir pour être purifiés, élus et manifestés aux derniers jours[129] ; car ces choses doivent s’accomplir au temps marqué.

36. Et le roi fera selon sa volonté ; il s’élèvera, et il se glorifiera contre toute divinité, et il parlera un langage superbe, et il prospèrera jusqu’à ce que la colère de Dieu s’accomplisse ; car cela doit finir ainsi.

37. Et il ne reconnaîtra aucun des dieux de ses pères ; il sera épris des femmes, et ne reconnaîtra aucun dieu ; car il se croira plus grand qu’eux tous.

38. Et il honorera le dieu Maozim[130] en son temple, et il le glorifiera en lui offrant de l’or, de l’argent, des pierres précieuses et des choses de prix, ce dieu que ses pères ne connaissaient pas.

39. Et il donnera place dans les forteresses de refuge à un dieu étranger ; il multipliera ses honneurs ; il lui assujettira beaucoup d’hommes, et il partagera la terre pour en faire des présents.

40. Et au temps marqué il sera aux prises avec le roi du midi ; et le roi de l’aquilon conduira contre lui une multitude de chars, de cavaliers, de vaisseaux, et il envahira sa terre, et il la traversera, et il la foulera aux pieds.

41. Et il entrera dans la terre de Sébaïm[131], et beaucoup succomberont. Et voici ceux qui échapperont à sa main : Édom, Moab et la principauté des fils d’Ammon.

42. Et il étendra son bras sur la terre de Palestine, et l’Égypte ne sera pas sauvée.

43. Et il se rendra maître des lieux où sont cachés l’or et l’argent et tout ce qu’il y a de précieux en Égypte, en Libye et en Éthiopie, et dans leurs forteresses.

44. Puis des rumeurs, des nouvelles pressantes, de l’orient et du nord, le troubleront[132] ; et il viendra plein de colère pour exterminer beaucoup d’ennemis.

45. Et il dressera les tentes de son palais[133] entre les mers, sur la montagne sainte de Sébaïn, et il y viendra jusqu’à sa fin, et nul ne pourra le sauver.

CHAPITRE XII

1. En ce temps-là s’élèvera Michel le grand prince, celui qui veille sur les fils de ton peuple. Et ce sera un temps de tribulation, de tribulation telle qu’il n’y en a jamais eu de semblable depuis qu’il y a des nations sur la terre jusqu’à ce jour[134]. En ce temps-là sera sauvé tout homme de ton peuple qui sera inscrit dans le livre.

2. Et nombre de ceux qui dorment sous des amas de terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et la confusion éternelle.

3. Et les sages brilleront comme les luminaires du firmament, et nombre de justes comme les étoiles, dans les siècles et au delà.

4. Pour toi, Daniel, renferme ces paroles, scelle le livre jusqu’au temps de l’accomplissement de ces choses ; car beaucoup viendront y apprendre, et par lui la science se multipliera.

5. Et moi, Daniel, je regardai, et voilà qu’il y avait comme deux autres hommes se tenant l’un sur une rive du fleuve, l’autre sur l’autre rive.

6. Et l’un d’eux[135] dit à l’homme vêtu de lin, qui était au-dessus de l’eau du fleuve : Quand s’accompliront ces prodiges dont tu as parlé ?

7. Et j’entendis l’homme vêtu de lin, qui était au-dessus de l’eau du fleuve ; il leva les deux mains vers le ciel, et il jura par Celui qui vit éternellement qu’après un temps, deux temps et la moitié d’un temps à la fin de la dispersion, toutes ces choses seraient connues[136].

8. Et j’entendis, mais je ne compris pas, et je dis : Seigneur, quelle sera la fin de ces choses ?

9. Et il dit : Va, Daniel ; car ces paroles seront renfermées et scellées, jusqu’à ce que les temps soient venus.

10. Plusieurs seront élus, blanchis, éprouvés comme par le feu et sanctifiés ; et les pécheurs pècheront, et nul des pécheurs ne comprendra, mais les sages comprendront.

11. Et à partir du temps où a été supprimé le sacrifice perpétuel, l’abomination de la désolation durera douze cent quatre-vingt-dix jours.

12. Heureux celui qui attendra et parviendra jusqu’à mille trois cent trente-cinq jours !

13. Pour toi, va, et sois en repos ; car bien des jours et des heures s’écouleront encore avant que les temps s’accomplissent, et à la fin des temps tu ressusciteras pour recueillir ton partage.

  1. Bel, principal dieu des Chaldéens.
  2. Cette expression s’emploie fréquemment dans les Livres saints, pour les ministres ou serviteurs des rois.
  3. Daniel signifie jugement de Dieu, en hébreu, et Baltasar en chaldéen, trésor de Bélus ; Ananias, protection de Dieu, et Sidrach, ambassadeur ; Misaël, suppliant, et Misach, ministre de la maison ; Azarias, Dieu sauveur, et Abdénago, favori du roi.
  4. Pois, lentilles ou autres légumes de cette sorte.
  5. De son règne effectif, après la mort de son père qui l’avait associé à l’empire.
  6. C’est-à-dire les astrologues.
  7. C’est-à-dire : Le souvenir m’en est échappé.
  8. Car il n’est pas plus difficile de me dire mon songe que de me l’interpréter.
  9. Dans la Vulgate, il y a chef des armées, et dans le texte hébreu, chef des bourreaux.
  10. Figuré par les mains, la poitrine et les bras d’argent ; les trois derniers royaumes sont, selon les interprètes : 1o celui des Mèdes ; 2o celui des Grecs après la conquête d’Alexandre ; 3o soit celui des Romains, soit les royaumes d’Égypte et de Syrie, sous les successeurs d’Alexandre.
  11. Ce mauvais mélange de fer et d’argile est le symbole de l’alliance mal assortie des deux triumvirats qui amenèrent la chute de la république romaine.
  12. Des rois de ces royaumes ; dans ce verset est prédit l’établisse-ment du royaume de Jésus-Christ, c’est-à-dire de l’Église catholique.
  13. Cette petite pierre est, selon les uns, la figure de Jésus-Christ ; selon d’autres, celle de la sainte Vierge, sa mère.
  14. Les tyrans, c’est-à-dire les chefs des finances, les ministres du trésor.
  15. C’est-à-dire : Changea de sentiments.
  16. Dans les voies de l’idolâtrie.
  17. Car les gentils, en les voyant si humiliés, leur reprochent de ne point adorer le vrai Dieu.
  18. Et sur les chérubins du ciel et sur les chérubins de l’arche.
  19. Ils invitent toutes les créatures à s’unir à eux pour bénir leur Créateur, non-seulement par leur beauté, mais encore par leurs actions, c’est-à-dire en accomplissant fidèlement les lois qui les régissent.
  20. Armée céleste puissances et vertus du Seigneur.
  21. C’est-à-dire d’un abîme où la mort semblait assurée.
  22. Ils n’éprouvent aucun mal de l’approche du feu.
  23. C’est-à-dire à un ange.
  24. Cette lettre fut écrite plusieurs années après, à la suite d’une autre vision expliquée par Daniel à Nabuchodonosor.
  25. Les deux versets précédents sont le début de la lettre de Nabuchodonosor à ses peuples, et cette lettre se continue au ch. IV.
  26. Trésor de Bel.
  27. Dans la Vulgate, collega, mon collègue, mon associé au trône.
  28. Un ange gardien ; peut-être celui d’Israël.
  29. Les temps sont ici des années ; ce verset montre que Nabuchodonosor a été sept ans en démence ; sa forme est devenue inculte, mais n’a pas été altérée.
  30. Et pourquoi cette sentence ? C’est afin que les hommes sachent que Dieu est l’unique et véritable roi.
  31. Comme s’il disait : Cette vision est si terrible, que je la souhaite à tes ennemis.
  32. S. Jérôme pense que ce délai fut accordé à Nabuchodonosor, parce que ce prince, touché des paroles de Daniel, avait fait quelques œuvres méritoires aux yeux de Dieu ; mais qu’ensuite il retomba dans son orgueil.
  33. Il n’est pas question ici d’une métamorphose, mais d’un accès de folie, suivi d’un retour à la raison.
  34. Je repris l’apparence que j’avais avant de laisser croître mes poils et mes ongles.
  35. Certains interprètes pensent que Nabuchodonosor, châtié et converti, mérita de Dieu le salut éternel ; saint Augustin est favorable à cette opinion.
  36. n’y avait que les lettres initiales de trois mots.
  37. La reine Nitocris ou aïeule du roi.
  38. On voit que le crédit de Daniel avait bien diminué, puisque le nouveau roi ne savait pas même son nom.
  39. Daniel ne veut point vendre au roi le don d’interprétation qu’il tient de Dieu.
  40. C’est-à-dire la faute et le châtiment du roi ton père.
  41. Si Daniel accepte maintenant des honneurs qu’il avait d’abord refusés, c’est en prévision des services qu’il pourrait rendre dans la suite à ceux de sa nation.
  42. Il reçut de Cyrus, son neveu, la vice-royauté de Babylone ; les historiens profanes le nomment Cyaxare.
  43. Daniel veut agir publiquement et prier aux yeux de tous.
  44. Étrange faiblesse d’un roi à l’égard d’un homme qu’il aimait ; comme Hérode à l’égard de saint Jean-Baptiste, comme Pilate à l’égard de Jésus.
  45. Ton Dieu a-t-il eu assez de bonté et de puissance pour te sauver ?
  46. Suivant la peine du talion.
  47. Qui lui succéda au trône de Babylone.
  48. Les quatre vents et les quatre bêtes, symbole de quatre empires.
  49. Symbole de Nabuchodonosor, privé de son cœur d’homme en punition de son orgueil, puis rétabli dans sa dignité d’homme et de roi.
  50. Symbole des empires de Babylone, de Médie et de Perse, réunis par Cyrus en un seul empire.
  51. Symbole de la rapidité des conquêtes d’Alexandre.
  52. Symbole des quatre généraux qui se partagèrent l’empire d’Alexandre, Ptolémée, Séleucus, Philippe et Antigone.
  53. Symbole de l’empire romain, qui devait écraser le monde.
  54. Symbole obscur de l’Antechrist, dont le caractère dominant sera l’orgueil.
  55. Symbole du Christ venant juger les hommes à la fin des temps.
  56. Symbole de la ruine de l’empire romain.
  57. Symbole du règne de l’Antechrist, où les vertus du ciel même seront ébranlées.
  58. Trois ans et demi,
  59. Symbole de l’Église triomphante.
  60. Suse, ville royale des Perses.
  61. Symbole de Cyrus, roi des Mèdes et des Perses, comme l’ange l’explique plus loin, vers. 20.
  62. Symbole de l’empire des Perses, plus grand que l’empire des Mèdes, tous réunis par Cyrus.
  63. A ses coups ; littéralement, à sa main.
  64. Symbole de Cyrus.
  65. Symbole d’Alexandre, détruisant d’un seul coup l’empire des Mèdes et des Perses.
  66. Les quatre généraux d’Alexandre. (Voir ch. vii, 6.)
  67. Antiochus Épiphane.
  68. Le peuple juif.
  69. Antiochus voulut même s’attaquer à Dieu, c’est-à-dire à la religion des Hébreux.
  70. En hébreu, pulmoni, un tel, un inconnu.
  71. Dans six ans quatre mois vingt jours, époque où finira le règne d’Antiochus.
  72. C’est l’archange Michel qui s’adresse à l’ange Gabriel.
  73. Cyrus.
  74. Alexandre, le premier, c’est-à-dire le plus grand.
  75. Antiochus, plein d’artifices et de perfidie.
  76. Pour la transmettre intacte à la postérité.
  77. Effrayé de ces visions prophétiques.
  78. Par la lecture des livres saints.
  79. En voyant que les prédictions allaient s’accomplir.
  80. Allusion aux menaces portées contre les prévaricateurs. (V. Lévit. et Deutér.)
  81. Non pour nos mérites, mais pour l’honneur de votre nom.
  82. Qu’on appelait la Cité de Dieu.
  83. On sait que cette expression s’entend de la forme humaine.
  84. Dieu m’a envoyé près de toi.
  85. L’homme des désirs, c’est-à-dire plein d’un pieux désir de connaître les futures destinées d’Israël ; ou, selon d’autres, homme désiré et choisi de Dieu.
  86. Ces soixante-dix semaines d’années forment quatre cent quatre-vingt-dix ans avant l’avènement de Jésus-Christ.
  87. Que la vision soit vérifiée et la prophétie accomplie.
  88. L’onction divine, qui doit unir dans le Christ la nature divine et la nature humaine.
  89. Grâce au zèle de Néhémias.
  90. Littéralement : L’Onction, pour l’Oint, le Christ.
  91. Titus, fils de l’empereur Vespasien.
  92. C’est-à-dire, au milieu de la soixante-dixième semaine d’années, le Christ sera crucifié et l’ancien Testament aboli.
  93. Parce que Cambyse, fils de Cyrus, était hostile à la Judée.
  94. Le prophète n’usa que de pain grossier, comme on faisait dans le deuil.
  95. Le même qu’Ophir.
  96. Du béryl, pierre précieuse venant de Tharsis.
  97. Littéralement : Ma gloire fut changée en corruption.
  98. Elle ne s’accomplira qu’après de longs jours.
  99. Le roi des Perses et celui des Hellènes se sont réunis contre vous.
  100. C’est-à-dire votre défenseur.
  101. Cambyse, fils de Cyrus, Smerdis le Mage, et Darius, fils d’Hystaspe.
  102. Le roi Xerxès, qui fit la guerre aux Grecs.
  103. Alexandre le Grand.
  104. Aux quatre généraux qui devaient, comme on l’a vu, succéder à Alexandre.
  105. Ptolémée, le premier qui occupa l’Égypte.
  106. Antiochus, roi de Syrie.
  107. Bérénice, fille de Ptolémée, devait épouser Antiochus.
  108. Bérénice mourut assassinée.
  109. Ptolémée Évergète vengea la mort de Bérénice.
  110. Antiochus, fils de Séleucus.
  111. Contre Ptolémée Philopator, successeur de Ptolémée Évergète.
  112. Et dans ce combat, Antiochus sera vaincu par Ptolémée.
  113. Parce que Antiochus lui aura échappé.
  114. C’est-à-dire Des fils d’Israël s’uniront au roi d’Égypte, malgré la défense du Seigneur, croyant accomplir une prophétie d’Isaïe.
  115. Terre de beauté, autrement dite la Judée.
  116. Cette fille des femmes fut Cléopâtre, qui ne voulut point trahir son mari, Ptolémée Épiphane.
  117. C’est-à-dire qu’Antiochus enfin trouvera des princes qui le couvriront de honte : allusion aux Romains et en particulier à L. Scipion, son vainqueur.
  118. Il périra assassiné.
  119. Séleucus Philopator, qui régna sans gloire et mourut de maladie.
  120. Antiochus Épiphane, frère de Séleucus.
  121. Les forces de l’armée qui combattait pour Démétrius, héritier du trône, seront anéanties.
  122. Ptolémée Philométor, neveu d’Antiochus Épiphane et fils de Cléopâtre.
  123. Antiochus, à force de ruses, viendra facilement à bout de Philométor, son jeune neveu, trahi par ses propres capitaines.
  124. C’est-à-dire beaucoup de mal aux Juifs.
  125. Les Romains. (Voy. Nombres, XXIV, 24, note.)
  126. Contre la religion des Juifs.
  127. Avec les Juifs prévaricateurs.
  128. Les frères Machabées.
  129. Il faut que les justes passent par les épreuves pour arriver à la récompense.
  130. Le dieu de la force, des forteresses.
  131. Sébaïm, Terré de beauté, comme plus haut, Sabé.
  132. C’est-à-dire les victoires des Machabées.
  133. Son palais ; littéralement : Éphadanon, qui signifie, selon les interprètes, le trône de l’Antechrist.
  134. Triomphe passager de l’Antechrist, et sa défaite par l’avénement du Messie.
  135. Dans la Vulgate : Et je dis…
  136. C’est-à-dire trois ans et demi après la persécution de l’Antechrist.