Traité élémentaire de la peinture/018

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Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 13).


CHAPITRE XVIII.

Qu’il faut s’accoutumer à travailler avec patience, et à finir ce que l’on fait, devant que de prendre une manière prompte et hardie.

Si vous voulez profiter beaucoup et faire de bonnes études, ayez soin de ne dessiner jamais à la hâte ni à la légère. À l’égard des lumières, considérez bien quelles parties sont éclairées du jour le plus grand ; et entre les ombres, remarquez celles qui sont les plus fortes, comment elles se mêlent ensemble, et en quelle quantité, les comparant l’une avec l’autre. Pour ce qui est des contours, observez bien vers quelle partie ils doivent tourner, et entre leurs termes, quelle quantité il s’y rencontre d’ombre et de lumière, et où elles sont plus ou moins fortes, plus larges et plus étroites ; et surtout ayez soin que vos ombres et vos lumières ne soient point tranchées, mais qu’elles se noient ensemble, et se perdent insensiblement comme la fumée ; et lorsque vous vous serez fait une habitude de cette manière exacte de dessiner, vous acquerrez tout d’un coup et sans peine, la facilité des praticiens.