Traité élémentaire de la peinture/210
Texte établi par Jean-François Deterville, Deterville, Libraire, 1803 (nouv. éd. revue, corrigée et augmentée de la Vie de l’Auteur) (p. 174-175).
CHAPITRE CCX.
De la bonne grâce des membres.
Il faut que les membres soient proportionnés au corps avec une grâce qui puisse exprimer ce que vous voulez représenter par votre figure ; et si elle doit paroître agréable et noble, vous lui donnerez des membres sveltes et nobles, qui n’aient point de muscles trop marqués ; vous toucherez même légèrement et d’une manière douce, ceux qu’il est nécessaire de faire paroître, et que les membres, principalement les bras, ne soient point noués et roides, c’est-à-dire, qu’aucun membre ne soit étendu en ligne droite avec le membre qui lui est joint ; et s’il se trouve qu’à cause de la position de la figure, la hanche droite soit plus haute que la gauche, vous ferez tomber à-plomb la jointure de l’épaule qui est la plus haute, sur la partie la plus élevée du côté gauche, et que cette épaule droite soit plus basse que la gauche ; que le creux de la gorge soit toujours directement sur le milieu de la jointure du pied qui porte la figure ; que la jambe qui ne soutient pas le corps ait son genou plus bas que l’autre genou, et proche de l’autre jambe. Pour ce qui est des attitudes de la tête et des deux bras, elles sont presque infinies, c’est pourquoi je ne veux point en donner des règles particulières ; j’avertirai seulement qu’elles doivent être libres, aisées, gracieuses, variées de plusieurs manières, de peur que les membres ne paroissent roides, comme s’ils étoient de bois.