Traité élémentaire de la peinture/235

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Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 192-193).


CHAPITRE CCXXXV.

En quelle action l’homme a plus de force ou lorsqu’il tire à soi, ou lorsqu’il pousse.

L’homme a beaucoup plus de force lorsqu’il tire à soi que quand il pousse, parce qu’en tirant, les muscles des bras, qui ne servent qu’à tirer, se joignent à ceux qui servent à pousser, agissent avec eux et augmentent leur force ; mais lorsque le bras est étendu tout droit pour pousser, les muscles qui donnent au coude son mouvement ne servent de rien à cette action, et ils ne font pas plus d’effort que si l’homme tenoit l’épaule appuyée contre la chose qu’il veut remuer du lieu où elle est : or il n’y a point de nerfs ni de muscles qui contribuent à cet effet, que ceux qui servent à redresser les reins courbés, et ceux qui redressent la jambe pliée, qui sont sous la cuisse et au gras de la jambe ; d’où il s’ensuit que pour tirer à soi plusieurs forces, savoir celles des bras, des jambes, du dos et même de l’estomac, selon que le corps est plus ou moins courbé, s’unissent et agissent ensemble ; mais quand il faut pousser, quoique les mêmes parties y concourent, néanmoins la force des bras y est sans effet ; parce qu’à pousser avec un bras étendu tout droit et sans mouvement, elles n’aident guère davantage que si on avoit un morceau de bois entre l’épaule et la chose que l’on pousse.