Traité élémentaire de la peinture/271

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Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 218-219).


CHAPITRE CCLXXI.

Qu’il est impossible de retenir tous les aspects et tous les changemens des membres qui sont en mouvement.

Il est impossible qu’aucune mémoire puisse conserver toutes les vues et les changemens de certains membres de quelque animal que ce soit. Je vais le démontrer par l’exemple d’une main qui est en mouvement, et parce que toute quantité continue est divisible à l’infini, le mouvement que fait l’œil qui regarde la main, et se meut de A en B, peut être aussi divisé en une infinité de parties :


or, la main qui fait ce mouvement change à tous momens de situation et d’aspect, et on peut distinguer autant d’aspects différens dans la main, que de parties dans le mouvement ; donc il y a dans la main des aspects à l’infini ; ce qu’il est impossible qu’aucune imagination puisse retenir. La même chose arrivera, si la main au lieu de baisser d’A en B, s’élève de B en A.