Traité élémentaire de la peinture/273

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Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 219-220).


CHAPITRE CCLXXIII.

Du jugement qu’un Peintre fait de ses ouvrages, et de ceux des autres.

Quand les connoissances d’un Peintre ne vont pas au-delà de son ouvrage, c’est un mauvais signe pour le Peintre ; et quand l’ouvrage surpasse les connoissances et les lumières de l’ouvrier, comme il arrive à ceux qui s’étonnent d’avoir si bien réussi dans l’exécution de leur dessin, c’est encore pis ; mais lorsque les lumières d’un Peintre vont au-delà de son ouvrage, et qu’il n’est pas content de lui-même, c’est une très-bonne marque, et un jeune Peintre qui a ce rare talent d’esprit, deviendra sans doute un excellent ouvrier : il est vrai qu’il fera peu d’ouvrages, mais ils seront excellens, ils donneront de l’admiration, et, comme on dit, ils attireront.