Traité élémentaire de la peinture/284

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Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 230).


CHAPITRE CCLXXIV.

Des ombres et des jours, et en particulier des ombres des carnations.

Pour distribuer les jours et les ombres avec jugement, considérez bien en quel endroit la lumière est plus claire et plus éclatante, et en quel endroit l’ombre est plus forte et plus obscure. Pour ce qui est des carnations des jeunes gens, je vous avertis sur-tout de ne leur point donner d’ombres qui soient tranchées, parce que leur chair qui n’est point ferme et dure, mais molle et tendre, a quelque chose de transparent, ce qu’on reconnoît en regardant sa main, après l’avoir mise entre le soleil et l’œil ; car elle paroît rougeâtre, avec une certaine transparence lumineuse ; et si vous voulez savoir quelle sorte d’ombre convient à la carnation que vous peignez, faites-en l’étude et l’expérience sur l’ombre même de votre doigt ; et selon que vous la voudrez plus claire ou plus obscure, tenez le doigt plus près ou plus loin de votre tableau, et l’imitez.