Traité élémentaire de la peinture/307

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Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 252-253).


CHAPITRE CCCVII.

D’où vient qu’une même campagne paroît quelquefois plus grande ou plus petite qu’elle n’est en effet.

Les campagnes paroissent quelquefois plus grandes ou plus petites qu’elles ne sont ; cela vient de ce que l’air qui est entre l’œil et l’horizon, est plus grossier ou plus subtil qu’il ne l’est ordinairement.

Entre les horizons également éloignés de l’œil, celui qui sera vu au travers d’un air plus grossier paroîtra plus éloigné, et celui qui sera vu au travers d’un air plus pur, paroîtra plus proche. Les choses d’une grandeur inégale étant vues dans des distances égales, paroîtront égales, si l’air qui est entre l’œil et ces grandeurs inégales, a la même disproportion d’épaisseur que ces grandeurs ont entre elles ; c’est-à-dire, si l’air le plus grossier se trouve entre la moindre grandeur ; et cela se prouve par le moyen de la perspective des couleurs, laquelle fait qu’une montagne paroissant petite à la mesurer au compas, semble néanmoins plus grande qu’une colline qui est près de l’œil ; de même qu’on voit qu’un doigt près de l’œil couvre une grande montagne, laquelle en est éloignée.