Traité élémentaire de la peinture/339

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Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 287-288).


CHAPITRE CCCXXXIX.

De la carnation, et des figures éloignées de l’œil.

Il faut qu’un Peintre qui représente des figures et d’autres choses éloignées de l’œil, en esquisse seulement la forme par une légère ébauche des principales ombres, sans rien terminer ; et pour cette espèce de figures, il doit choisir le soir ou un temps nébuleux, évitant sur-tout, comme j’ai dit, les lumières et les ombres terminées, parce qu’elles n’ont pas de grace, elles sont difficiles à exécuter, et étant vues de loin, elles ressemblent à des taches. Souvenez-vous aussi de ne pas faire les ombres si obscures, que par leur noirceur elles noient et éteignent leur couleur originale, si ce n’est que les corps soient placés dans un lieu entièrement rempli de ténèbres ; ne marquez point les contours des membres ni des cheveux ; ne rehaussez point les jours de blanc tout pur, si ce n’est sur les choses blanches, et que les clairs fassent connoître la véritable et parfaite teinte de la couleur de l’objet.