Traité de documentation/Le Livre et le Document/Corrélations entre les divers éléments du Livre et du Document

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Editiones Mundaneum (p. 360-362).

28 CORRÉLATIONS ENTRE LES DIVERS ÉLÉMENTS DU LIVRE ET DU DOCUMENT

280 Généralités.

Une étude générale des corrélations du livre prendra place dans le cadre suivant, dont certaines parties seulement ont été traitées ci-après.

281
Corrélations en général : rapports entre les divers éléments, parties, espèces. Fonction du livre et du document.
282 Corrélation avec les idéalités :
111.1xx Le Vrai (La Science).
111.2 Le Beau (L’Esthétique).
111.3 Le Bien (Morale). Le livre et l’action.
283 Corrélation avec les utilités.
111.1 Santé. Hygiène.
111.2 Économie.
111.3 Droit.

Le tableau général des corrélations est donné in fine de l’ouvrage.

283.2 L’Économie et le Commerce des Livres. Biblio-économie.

Le livre, sa confection, sa circulation, sa conservation, sa répartition, son utilisation sont des matières à opération économique. Il y a une Biblio-économie.

Comment, d’autre part, les facteurs économiques influencent-ils le Livre ?

Le livre et l’économie. — Dans le livre sont représentés les trois catégories économiques : le capital par les éditeurs, le travail par les ouvriers des industries du livre, l’intelligence par les auteurs. On peut aussi classer les auteurs parmi les travailleurs, étant donné d’une part le rôle prépondérant qu’ils jouent dans la confection du produit et le fait d’autre part que leur apport d’intelligence ne s’applique pas à la direction de l’industrie du livre elle-même.

Étudié sous son aspect économique, le livre nous fait retrouver chez lui les grandes catégories de la période moderne.

1. La division du travail.

2. La commercialisation : valeur nouvelle qui s’ajoute aux autres.

3. L’industrialisme, capitalisme (part plus grande des capitaux fixés dans l’établissement des imprimeries).

Production. — Toutes les questions économiques générales se posent pour le livre.

Elles sont orientées vers l’organisation des cinq forces : Capital, Travail, Savoir, Consommation, État coordinateur.

L’organisation des écrivains devant les éditeurs, des lecteurs devant les uns et les autres pour les prix et la qualité.

Si l’on prend en considération les frais de transport aux États-Unis, les frais d’assurance, les droits de douane, de commission et la différence dans le coût du papier, on peut aisément calculer qu’un livre vendu en France au prix de fr. 3.50 pourrait être mis en vente aux États-Unis, s’il y était imprimé, au prix de 2 fr. et peut-être au-dessous de ce prix.

La part des auteurs. — Travail intellectuel. Vivre de son esprit : écrire dans les journaux, faire des traductions, donner des leçons.

La commercialisation du livre. — On se plaint du mercantilisme des directeurs qui au lieu d’exercer une bienfaisante magistrature, n’ont que le souci de s’enrichir. On peut se plaindre même du mercantilisme des « marchands de papier ».

La littérature industrielle que dénonçait déjà Nizard vise simplement au succès, c’est-à-dire au tirage.

Demain, un syndicat puissant de littérateurs et d’éditeurs jettera à profusion sur le marché mondial une abondante et ignoble littérature de guerre. La littérature militariste qui s’est ajoutée à la littérature policière se développera d’une façon intense et complexe. (Guilheaux.)

Il est désirable que les producteurs intellectuels, artistes, hommes de lettres, savants, puissent trouver des moyens de vie en dehors des œuvres qu’ils produisent pour leur propre satisfaction et dont le public ne peut apprécier assez vite la valeur pour qu’ils en puissent vivre comme producteurs.

Comment l’intelligence peut-elle se protéger contre la tyrannie de l’or ? Charles Mauras a traité cette question dans « L’Avenir de l’Intelligence ».

La Confédération des travailleurs intellectuels dans les différents pays, la Confédération internationale des Travailleurs intellectuels (C. I. T. I.) s’emploient à la défense des intérêts économiques et juridiques des écrivains.

La Société des Gens de Lettres s’occupe des intérêts matériels des écrivains. Aussi tel feuilleton est de reproduction interdite aux journaux qui n’ont pas traité avec elle.

Le domaine de la documentation est partagé entre la Commercialisation (action d’industrialisation et d’organes privés opérant pour un profit) et son inverse (action d’individus et d’organismes de caractères publics ou privés opérant sans profit et pour le bénéfice de la communauté).

Le commerce dispose de moyens quasi illimités sous la forme de capital rentable. Celui-ci par ses avances ou crédit permet d’entreprendre des travaux à récupération éloignée. La communauté dispose des fonds publics et de ressources volontaires qui sont aussi considérables mais qui ne sont pas mis à disposition du travail et des services avec la quantité, la rapidité et la régularité désirables.

Il y a maintenant développement simultané dans les deux sens : commercialisation d’une part des services publics, travail scientifique d’autre part. La tradition a fait des travaux et des services de l’esprit des œuvres hors commerce, ainsi les savants, les poètes, les philosophes, les prêtres. (Les clercs ne faisaient œuvre servile.) Il y a eu de ce fait pour les biens intellectuels une sorte de communisme, bien que le petit nombre de lettrés, des écrivains dans le passé ait établi une différence entre les biens intellectuels et les biens moraux au partage desquels très tôt tous étaient appelés (les œuvres de religion, de morale, les œuvres de salut). De nos jours le socialisme et le communisme, éloignés au début de ce qui concerne l’intellectualité, entendent ériger certains travaux en services publics (Ex. : organisation des bibliothèques, des musées de l’édition, de la librairie, de la bibliographie, dans la Russie des Soviets).

d’autre part l’édition d’ouvrages est devenue presque entièrement commerciale, le magazine, le journal, la librairie l’est tout à fait, la critique aussi ; il y a des cabinets de lecture payants avec abonnements à domicile. Il y a des offices de documentation commercialisés.

283.4 Le Droit et le Livre.

1. En général.

Le droit qui a pour objet la réglementation des relations sociales étend son domaine sur les choses du livre. C’est d’une part la liberté et la réglementation de la presse (imprimerie, vente, circulation), d’autre part les droits privés auxquels donnent lieu les œuvres écrites, le vaste domaine de la propriété littéraire. Ce dernier droit comprend deux parties bien distinctes : le droit au maintien de l’individualité de l’œuvre, prolongement de l’individualité de l’auteur, le droit aux avantages économiques de l’œuvre en tant qu’objet ayant une valeur monnayable.

La liberté, la personnalité, la propriété sont les données des institutions générales d’ordre juridique. Elles se présentent à l’occasion du Livre et du document. Là où il y a une ou des choses, objet de production, un ou des agents humains de la production et un processus productif, là il y a des droits sur des choses ou des droits de personnes ou à l’égard de personnes, et des droits de faire ou de ne pas faire.

Toute une législation, locale, nationale, internationale, régit le livre. Elle est prolongée par des réglementations collectives, volontaires, éditées par les Associations et les syndicats. La liberté d’écriture, la censure officielle. Le droit d’auteur, les dispositions relatives à l’imprimé et à la presse, à l’affichage, le colportage, la vente et à la distribution postale des imprimés sont des parties du droit de la documentation. Les contrats collectifs entre auteurs et éditeurs, entre syndicats de typographes et patrons imprimeurs, entre libraires et éditeurs, entre bibliothèques, sont autant de dispositions et règlements organisant la vaste matière documentaire dans le cadre des lois générales et spéciales.

2. Droit international.

Le droit d’auteur international a été détermine par la Convention de Berne. Passée en 1886, revisée en 1908 et en 1914, elle assure dans les pays adhérents, la même protection à chaque auteur ressortissant d’un État unioniste qu’aux nationaux de ce pays, même si cette protection est plus étendue que celle prévue par la loi étrangère de l’auteur. En bénéficient toutes les œuvres littéraires, ou artistiques, en ce qui concerne les droite de reproduction, traduction, représentation et adaptation. Les États-Unis ne sont pas parties de la convention de Berne. D’après le système du copyright d’après lequel, pour voir respecter ses droits chez eux, un auteur devant jusqu’ici faire une déclaration de son œuvre et payer une taxe. Un mouvement se produit actuellement en faveur de l’entrée du pays dans l’Union. L’U. R. S. S. a établi le communisme dans le domaine littéraire comme dans le domaine économique. Elle s’approprie toutes les œuvres étrangères qu’elle juge intéressantes pour en faire tel usage qui lui semble bon.

La Convention de Berne de 1886 revisée à Rome en 1928, sera revue de nouveau en 1935. Dans la séance du 18 mai 1934 de l’Académie diplomatique internationale, M. Ernest Lemonon a préconisé le dépôt légal international et l’établissement de sanctions internationales pour le droit d’auteur.

Les citoyens doivent être garantis dans leur personne, leur domicile, leurs papiers, leurs propriétés contre toute perquisition et saisie. La Constitution de Pennsylvanie (art. 8 chap. 1 de la loi de 1873) le dit formellement.

Établissement d’un droit de domaine sur les ouvrages étrangers proposés au Congrès du Livre à Paris.


(*) L’élaboration de ce Traité, dont l’impression s’est poursuivie au cours de l’année 1933, a été interrompue en 1934 par les pénibles événements de la Fermeture du Palais Mondial exposés in fine. Les incidents précurseurs de cette fermeture sont survenus tandis que la composition en était arrivée à cette page 328.