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Traité de la résolution des équations numériques de tous les degrés/Chapitre 4

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CHAPITRE IV.

application des méthodes précédentes à quelques exemples.


25. Je prendrai pour premier exemple l’équation que Newton a résolue par sa méthode, savoir,

Je commence par chercher, par les formules du no 8, l’équation en qui résulte de cette équation : je fais donc

j’aurai

donc

et de là

de sorte que l’équation cherchée sera

Comme cette équation n’a pas les signes alternativement positifs et négatifs, j’en conclus sur-le-champ que l’équation proposée a nécessairement deux racines imaginaires, et par conséquent une seule réelle (no 16).

Ainsi les nombres à substituer à la place de seront les nombres naturels (no 6).

Je suppose d’abord positif, et je cherche la limite des valeurs de par les méthodes du no 12 ; je trouve ainsi sera la limite cherchée en nombres entiers, de sorte qu’il suffira de faire successivement ce qui donnera ces résultats : d’où l’on voit que la racine réelle de l’équation proposée sera entre les nombres et et qu’ainsi sera la valeur entière la plus approchée de cette racine (no 2).

Je fais maintenant, suivant la méthode du Chapitre III, j’ai, en substituant, et ordonnant les termes par rapport à l’équation

dans laquelle j’ai changé les signes pour rendre le premier terme positif.

Cette équation aura donc nécessairement une seule racine plus grande que l’unité (no 19), de sorte que, pour en trouver la valeur approchée, il n’y aura qu’à substituer les nombres jusqu’à ce que l’on trouve deux substitutions consécutives qui donnent des résultats de signe contraire.

Pour ne pas faire beaucoup de substitutions inutiles, je remarque qu’en faisant j’ai un résultat négatif, et qu’en faisant le résultat est encore négatif ; je commence donc par le nombre et je fais successivement Je trouve d’abord les résultats d’où je conclus que la valeur approchée de est donc

Je fais donc j’aurai l’équation

et supposant successivement j’aurai les résultats donc

Je fais encore j’aurai

et supposant j’aurai les résultats donc et ainsi de suite.

En continuant de cette manière, on trouvera les nombres

de sorte que la racine cherchée sera exprimée par cette fraction continue

d’où l’on tirera les fractions (no 23)

lesquelles seront alternativement plus petites et plus grandes que la valeur de .

La dernière fraction est plus grands que la racine cherchée ; mais l’erreur sera moindre que (no 23, 2o), c’est-à-dire moindre que donc, si l’on réduit la fraction en fraction décimale, elle sera exacte jusqu’à la septième décimale ; or, en faisant la division, on trouve ainsi la racine cherchée sera entre les nombres et

Newton a trouvé par sa méthode la fraction (voir sa Méthode des suites infinies), d’où l’on voit que cette méthode donne dans ce cas un résultat fort exact ; mais on aurait tort de se promettre toujours une pareille exactitude.

26. Quant aux deux autres racines de la même équation nous avons déjà vu qu’elles doivent être imaginaires ; néanmoins, si l’on voulait en trouver la valeur, on le pourrait par la méthode du no 17.

Pour cela, on reprendra l’équation en trouvée ci-dessus, et, en y changeant en et changeant ensuite tous les signes, on aura

et il ne s’agira plus que de chercher une racine réelle et positive de cette équation. Or, puisqu’elle a son dernier terme négatif, elle aura nécessairement une telle racine, dont on pourra trouver la valeur entière la plus approchée par la substitution successive des nombres naturels (no 3). En effet, en faisant on aura le résultat et en faisant on aura ainsi la valeur entière la plus approchée de la racine positive de cette équation sera

On fera donc maintenant et, en substituant, on aura, après avoir changé les signes,

Faisant successivement on trouvera, pour et les résultats donc sera la valeur entière approchée de .

On fera donc et l’on aura, en substituant et changeant les signes,

En faisant successivement on trouvera des résultats négatifs jusqu’à la supposition de qui donne pour résultat, de sorte que sera la valeur entière approchée de

On fera donc substituant et réduisant, on aura

et l’on trouvera pour la valeur approchée de , et ainsi de suite.

De cette manière, on approchera de plus en plus de la valeur de laquelle se trouvera exprimée par la fraction continue

d’où l’on tire ces fractions particulières

Connaissant ainsi on aura (no 17) ainsi on connaîtra

On substituera maintenant à la place de dans l’équation proposée, et, faisant deux équations séparées des termes tout réels et de ceux qui sont affectés de on aura les deux équations

On cherchera le plus grand commun diviseur de ces deux équations, et l’on poussera seulement la division jusqu’à ce que l’on arrive a un reste où ne se trouve qu’à la première puissance (numéro cité) ; ce reste sera

lequel, étant fait égal à donnera

Ainsi l’on aura la valeur de deux racines imaginaires et de l’équation proposée.

27. Prenons pour second exemple l’équation

On aura encore ici et par conséquent ensuite

d’où

et, de là,

et enfin

de sorte que l’équation en sera

Puisque les signes de cette équation sont alternatifs, c’est une marque que la proposée peut avoir toutes ses racines réelles (no 16) ; et, comme d’ailleurs cette équation n’est point divisible par il s’ensuit que l’équation en n’aura point de racines égales (no 15).

On fera maintenant (no 11) et, ordonnant l’équation par rapport à on aura

Le plus grand coefficient négatif étant on pourrait prendre (no 12) mais on peut trouver une limite plus rapprochée en cherchant le plus petit nombre entier qui rendra positives ces trois quantités

et l’on trouvera que satisfait à ces conditions ; de sorte qu’on aura (no 11), et par conséquent

On mettra donc (no 13, 2o), dans l’équation proposée, à la place de ce qui la réduira à celle-ci :

dans laquelle il n’y aura plus qu’à substituer les nombres naturels à la place de Or, suivant la méthode du no 13 (3o), on trouve que la série des résultats ne contient que deux variations de signes, lesquels répondent à de sorte que l’équation proposée n’aura que deux racines positives, lesquelles tomberont, l’une entre les nombres et et l’autre entre les nombres et d’où l’on voit-que la valeur entière la plus approchée de l’une et de l’autre sera (no 2).

Faisons maintenant négatif pour avoir aussi les racines négatives (no 4), et l’équation se changera en

laquelle, ayant son dernier terme négatif, aura sûrement une racine positive (no 3), et il est clair qu’elle n’en aura qu’une seule, puisque nous avons déjà trouvé les deux autres ainsi on pourra d’abord trouver la valeur entière approchée de cette racine, en substituant à la place de les nombres jusqu’à ce que l’on rencontre deux substitutions qui donnent des résultats de signe contraire (no 3) or on trouve que ces substitutions sont et de sorte que sera la valeur entière la plus approchée de dans l’équation précédente ; et par conséquent de dans la proposée.

Ayant ainsi trouvé que l’équation a trois racines réelles, deux positives et une négative, et ayant trouvé en même temps leurs valeurs entières approchées, on pourra approcher autant qu’on voudra de la vraie valeur de chacune d’elles par la méthode du Chapitre III.

Considérons d’abord les racines positives, et faisons dans l’équation

elle deviendra celle-ci

laquelle, à cause que est la valeur approchée de deux racines, aura nécessairement (no 19, 2o) deux racines plus grandes que l’unité.

J’essaye d’abord si je peux trouver les valeurs approchées de ces deux racines par la substitution des nombres entiers et, comme il n’y a que le terme de négatif, il suffira (no 13, 1o) de pousser les substitutions jusqu’à ce que l’on ait c’est-à-dire jusqu’à or, en faisant j’ai les résultats d’où je conclus que les racines cherchées sont, l’une entre les nombres et et l’autre entre les nombres et de sorte que les valeurs approchées de seront et

On fera donc :

1o et l’on aura

équation qui n’aura plus qu’une racine réelle plus grande que l’unité (no 19, 2o) ; ainsi l’on supposera successivement jusqu’à ce que l’on trouve deux substitutions consécutives qui donnent des résultats de signe contraire ; or on trouve que donne et donne donc sera la valeur entière approchée de .

On fera donc et, substituant, on aura, en changeant les signes,

On supposera de même et l’on trouvera que la valeur entière approchée de sera

On fera et ainsi de suite.

2o On fera et, substituant dans l’équation précédente en on aura, après avoir changé les signes,

cette équation n’aura, comme la précédente én qu’une seule racine réelle plus grande que l’unité, de sorte qu’il n’y aura qu’à faire

ce qui donne les résultats d’où l’on conclut que est la valeur entière approchée de .

On fera donc et l’on aura, en changeant les signes,

d’où l’on trouvera, de la même manière que ci-dessus, que la valeur entière approchée de sera

Ainsi on fera et ainsi de suite.

Donc les deux racines positives de l’équation proposée seront

d’où l’on tirera, si l’on veut, des fractions convergentes, comme dans l’exemple précédent (nos 23 et 24).

Pour trouver maintenant la valeur approchée de la racine négative, on reprendra l’équation

dans laquelle on a déjà trouvé que la valeur entière approchée est ainsi l’on fera ce qui donnera, en changeant les signes,

et comme cette équation ne peut avoir qu’une seule racine réelle plus grande que (no 19, 2o), on en trouvera la valeur approchée en faisant jusqu’à ce que l’on rencontre deux résultats

consécutifs de signe contraire, ce qui arrivera lorsque de sorte que la valeur dont il s’agit sera

On fera donc etc.

De cette manière, la racine négative de l’équation proposée sera


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