Traité de pédagogie (trad. Barni)/Lexique

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Traduction par Jules Barni.
Texte établi par Raymond ThaminFélix Alcan (p. 128-139).




LEXIQUE


par ordre alphabétique


DES NOMS PROPRES ET DES EXPRESSIONS PHILOSOPHIQUES


employées par kant dans le traité de pédagogie


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Basedow (J. Bernard), 1723-1790. - Après avoir professé la morale et les belles-lettres en Danemark, il se tourna vers la pédagogie, et proposa un système d’éducation inspiré de Rousseau. Il fut aidé par le prince d’Auhalt-Dessau, et, en 1774, fonda à Dessau une école modèle, sous le nom de Philanthropinon. — Ses principaux ouvrages pédagogiques sont : De l’Education du prince ; et Recueil des connaissances nécessaires à l’instruction de la jeunesse.


Caractère. — Kant définit le caractère : « Une manière d’être conséquente, établie sur des maximes immuables. » (Critique de la raison pratique, Méthodologie.)

« Avoir du caractère absolument, c’est posséder cette propriété de la volonté par laquelle le sujet s'attache à des principes pratiques déterminés qu’il s’est invariablement posés par sa propre raison. Bien que ces principes parfois puissent être faux et vicieux, cependant la disposition de la volonté en général d’agir suivant des principes fixes (et sans sauter tantôt-ci, tantôt-là, comme les mouches), est quelque chose d’estimable et qui mérite d’autant plus l’admiration que c’est plus rare. « Il ne s’agit pas par là de ce que la nature fait de l’homme, mais de ce que l’homme fait de lui-même ; ce qui est l’œuvre de la nature est l’effet du tempérament (et le sujet est alors en grande partie passif) ; mais l’homme n’a de caractère que dans ce qu’il fait de lui-même……


« C’est donc avec raison qu’on présente d’une manière négative les principes concernant le caractère. Ce sont les suivants :

a) Ne jamais manquer à la vérité de propos délibéré ; être par conséquent retenu dans son langage, afin de ne pas s’attirer l’affront d’une contradiction.

b) Ne pas dissimuler ; c’est-à-dire paraître en face animé de bons sentiments, et, par derrière, se montrer malveillant.

c) Ne pas manquer à une promesse (licite) ; ce qui comprend jusqu’à la nécessité d’honorer un souvenir d’une amitié maintenant rompue, et de ne pas abuser de la confiance et de l’ouverture de cœur des autres envers nous.

d) Ne pas se lier d’intimité avec des hommes qui pensent mal, et, se souvenant du noscitur ex socio, etc. (1[1], n’avoir avec eux que des rapports d’affaires.

e) Ne pas se soucier du jugement superficiel et malveillant des autres ; ce serait déjà faiblesse de les imiter. De plus, la crainte de manquer à la mode, qui est chose passagère et changeante, doit être modérée ; et si la mode a déjà pris une grande influence, il ne faut pas du moins qu’elle exerce son empire jusque dans la moralité. » (Anthropologie, seconde partie.)


Catéchisme, Méthode catéchétique. — Un catéchisme est un livre qui procède par demandes et réponses. Et la méthode catéchétique est celle où le maître, ne se con tentant pas de parler seul, interroge ses auditeurs. Mais cette méthode elle-même se subdivise. Ou bien le maître s’assure seulement par des interrogations que la mémoire de l’élève est fidèle, et dans les livres, l’alternance des demandes et des réponses n’est qu’un procédé pour fixer l’attention et soulager la mémoire. C’est ce que Kant appelle la méthode mécaniquement catéchétique. C’est celle de nos catéchismes religieux. — Ou bien le maître s·adresse vraiment à la raison de l’élève et s’efforce de lui faire découvrir en lui-même et par lui-même ce qu’il lui veut enseigner : c’est la méthode socratique.

Kant a donné lui-même un exemple de cet enseignement catéchétique, tel qu’il l’entend, dans la Doctrine de la vertu (Méthodologie).


Civilisation. — Ce mot est pris plusieurs fois dans un sens actif. C’est une forme d’éducation, ou plutôt de culture, qui se règle sur le goût changeant de chaque siècle.


Conscience. — C’est la loi considérée en nous, dit Kant ; elle nous dicte la conduite à tenir et juge celle que nous avons tenue.


Culture. — C’est la partie positive de l’éducation. C’est ce que l’art ajoute à la nature. Toutefois, comme cet art peut être lui-même naturel, il y a une culture libre ; c’est le jeu. Mais l’éducation est surtout une culture forcée. Kant distingue encore la culture qui n’est que le développement des facultés naturelles, par exemple et surtout de l’intelligence, et qu’il appelle, pour cette raison, culture physique (de φύσιζ, nature), de la culture qui se rapporte à la liberté, et qu’il appelle culture morale.


Dessau. — Capitale du duché d’Anhalt-Dessau. Voir Basedow et Philanthropinon. Devoir. — Nous reproduisons ici un célèbre passage de la Critique de la Raison pratique, non seulement parce qu’il est célèbre, mais parce qu’il fait bien comprendre le sens élevé dans lequel on prend ce mot : devoir.

« Devoir ! mot grand et sublime, toi qui n’as rien d’agréable ni de flatteur et commandes la soumission, sans pourtant employer, pour ébranler la volonté, des menaces propres à exciter naturellement l’aversion et la terreur, mais en le bornant à proposer une loi, qui d’elle-même s’introduit dans l’âme et la force au respect (sinon toujours à l’obéissance), et devant laquelle se taisent tous les penchants, quoiqu’ils travaillent sourdement contre elle, quelle origine est digne de toi ? Où trouver la racine de ta noble tige, qui repousse fièrement toute alliance avec les penchants, cette racine où il faut placer la condition indispensable de la valeur que les hommes peuvent se donner a eux-mêmes ? » (Ire partie, liv. I.)


Didactique. — Par culture didactique (du grec, διδάκτων, enseigner) Kant entend l’enseignement. Aussi cette culture, dit-il, est-elle l’œuvre du professeur, eu quoi elle se distingue de la culture pragmatique, qui se rapporte à la prudence et qui est l’œuvre du gouverneur (Voir le mot Prudence). La culture didactique elle-même peut se donner de différentes façons. Ou bien le professeur discourt devant les élèves qui se contentent de l’écouter, ou bien il les interroge pour leur faire découvrir ou examiner ce qu’il veut leur apprendre.


Dignité humaine. — Ce mot n’a pas un sens banal pour Kant, car toute la morale pourrait se résumer dans le souci de la dignité humaine. « L’honnête homme, frappé par un grand malheur qu’il aurait pu éviter, s’il avait voulu manquer à son devoir, n’est-il pas soutenu par la conscience d’avoir maintenu et respecté en sa personne la dîgnité humaine, de n’avoir pas à rougir de lui-même, et de voir s’examiner sans crainte’ !, (Critique dt la Raison pratique, Ire partie, liv. I.)


Direction, Directeur. — Kant nous dit lui-même qu’elle « est ce qui sert de guide dans la pratique de ce que l’on veut apprendre ». Elle se rapporte à la prudence, tandis que l’instruction se rapporte à la science ou à l’habileté (Voir ce mot). Entre la direction et l’instruction même antithèse qu’entre la pratique et la théorie. De nos jours on prend directeur dans le sens de directeur de conscience. Le sens de Kant est plus large.


Discipline. — Nous avons longuement traité de la discipline dans notre préface. Elle est la partie négative et préparatoire de l’éducation. Elle empêche la nature de se corrompre. On a retrouvé dans des fragments posthumes de Kant la pensée suivante : « On dit dans la médecine que le médecin n’est que le serviteur de la nature ; il en est de même du moraliste. Écartez les mauvaises influences du dehors : la nature saura bien trouver d’elle-même la voie la meilleure. » Cette moraie qui écarte les mauvaises influences du dehors est proprement la discipline, morale préliminaire qui affranchit l’âme, et la rend capable de vraie moralité.


Dresser. — Kant fait remarquer que ce mot vient de l’anglais to dress (habiller). Cela implique le caractère tout extérieur de ce genre d’éducation.


Droit. — Le droit pour Kant est la science du bien considéré au point de vue des relations humaines, tandis que la morale est la science du bien considéré en soi, ou plutôt par rapport à l’intention de l’agent. Le droit et la morale réunies constituent la science des mœurs.

Un catéchisme du droit est donc un catéchisme du juste et de l’injuste dans les relations sociales. Entendement. — « L’entendement est la connaissance du général. » (Traité de Pédagogie.)


Formel. — Ce mot joue un grand rôle dans la philosophie kantienne qui oppose partout la forme à la matière. Mais il est pris en un sens tout spécial dans deux passages du Traité de Pédagogie. Dans le passage où, à propos des langues, Kant écrit ce que M. Barni a traduit ainsi : « On peut les apprendre en suivant une méthode formelle, » cette méthode formelle consisterait simplement à apprendre les mots par cœur.

Dans un autre passage, Kant appelle désirs formels ceux qui ne se rapportent pas à un objet matériel. Tels le désir de la liberté, le désir du pouvoir, etc.


Franklin (Benjamin) 1706-1790. — Homme politique des États-Unis qui eut une grande part à la Déclaration, le l’indépendance et eut l’honneur de représenter en France son pays. — Savant physicien qui reconnut l’identité de la foudre et du fluide électrique et inventa le paratonnerre. — Moraliste d’un profond sens pratique, et auteur d’un grand nombre d’écrits populaires, parmi lesquels la Science du Bonhomme Richard.


Gœttingue. — Ville du royaume de Hanovre. Université célèbre fondée en 1735 par George II, et dite Georgia Augusta.


Gouverneur. — Le gouverneur élève, tandis que le précepteur instruit. Il est le véritable éducateur. (Voir le mot Directeur.)


Habileté. — L’habileté est la connaissance des moyens propres à atteindre certaines fins. La prudence est l’art de se servir de cette connaissance. Ni l’une ni l’autre ne se préoccupent de la valeur de la fin à atteindre.


Idéal. — Dans la Critique de la Raison pure (Dialectique transcendentale, liv. II, ch. iii), Kant définit un idéal en disant que c’est « la perfection de chaque espèce d’êtres possibles ». Les idéaux ont une vertu pratique et « servent de fondement à la possibilité de certains actes »… « La vertu et, avec elle, la sagesse humaine, dans toute leur pureté, sont des idées. Mais le sage (des stoïciens) est un idéal, c’est-à-dire un homme qui n’existe que dans la pensée, mais qui concorde parfaitement avec l’idée de la sagesse. De même que l’idée donne la règle, l’idéal en pareil cas sert de prototype pour la complète détermination de la copie, et nous n’avons pas d’autre mesure de nos actions que la conduite de cet homme divin que nous trouvons dans notre pensée, avec lequel nous nous comparons, et d’après lequel nous nous jugeons et nous corrigeons, mais sans jamais pouvoir atteindre sa perfection. »


Imagination. — Ce mot est pris par Kant dans un sens particulier et précis : « L’imagination est l’application du général au particulier. » (Traité de Pédagogie.)


Jugement. — Juger, pour Kant, c’est subsumer, c’est-à-dire faire rentrer un objet sous un concept. « Ceci est un livre. » Je subsume l’objet que je désigne par « ceci » sous le concept « livre ». — « Le jugement indique l’usage que l’on doit faire de l’entendement, » c’est-à-dire des concepts, c’est-à-dire encore du général.


Lichtenberg (G.-Chrisl 1742-1799. Professeur de physique à Gœttingue et écrivain satirique.


Maxime. — La maxime d’une action est 1’intention éclairée qui préside à cette action, la formule qui la dicte. Agir d’après des maximes est le contraire d’agir mécaniquement. C’est agir en être raisonnable.


Mécanisme, Mécanique. — Kant prend ces mots en mauvaise part. Une éducation mécanique n’est fondée sur aucun principe chez l’éducateur et ne fait appel à aucun principe chez l’élève. Kant compare la conduite d’un homme élevé mécaniquement à un jeu de marionnettes où tout gesticule bien, mais où l’on chercherait en vain la vie sous les figures. (Critique de la Raison pratique, liv. II, ch. ii, § 9.)


Mérite, Méritoire. — Le mérite constitue une hausse morale. On mérite quand on fait plus qu’on ne doit. Et une telle conduite est dite méritoire.


Morale, Moralisation, Moralité. — La moralisation enseigne à agir, et la moralité consiste à agir d’après la seule idée du devoir. Voici, selon Kant, le critérium par lequel on reconnaît que l’idée du devoir peut s’appliquer à une action : « Agis d’après une règle telle que tu puisses vouloir qu’elle soit une loi universelle.


Newton (Isaac) 1612-1727. — Ses principaux titres de gloire sont : la découverte du binome qui porte son nom ; — celle du calcul infinitésimal ; — celle des principales lois de l’optique ; — celle de la loi de la gravitation universelle. Ce grand savant était aussi un philosophe.


Obligation. — L’obligation est ce qui caractérise le devoir. Le devoir commande sans contraindre. L’obligation diffère par là de la force et de la nécessité. Mais le devoir commande sans condition. Il diffère par là des règles de l’intérêt et des maximes de la prudence. Celles-ci impliquent et supposent toujours que je veux atteindre une certaine fin. Elles sont hypothétiques. Le devoir lui, est un impératif, et un impératif catégorique. Ce qui signifie que ses ordres sont absolus. « Fais ce que dois, advienne que pourra. »


Parnasse. — Montagne de Grèce, où la Fable plaçait la résidence d’Apollon et des Muses. Penser. — Penser, pour Kant, c’est rattacher le particulier au général. Penser véritablement ses actions, ce sera donc les rattacher aux principes d’où elles dérivent. On comprend par là ce que c’est qu’agir en être pensant, et non en machine.


Philanthropinon. — École modèle et poursuivant un but philanthropique, fondée par Basedow à Dessau.


Physique. — Ce mot, qui, vient du φύσιζ (nature), a chez Kant son sens étymologique. L’éducation physique a rapport à la nature, c’est-à-dire au corps et à l’intelligence, mais non à la moralité qui doit s’ajouter à la nature.


Platon, 429 ou 430-347 ou 348 avant. J.-C. — Il est le plus célèbre des disciples de Socrate dont il expose la doctrine, réfléchie et interprétée par sa propre pensée, en d’éloquents et poétiques dialogues.


Pragmatique. — La culture pragmatique a rapport à la prudence, dans le sens le plus restreint de ce mot, c’est-à-dire à l’art de se servir des hommes pour nos propres fins. Un passage de l’Anthropologie (seconde partie), éclaircit le sens de ce mot. « De tous les êtres vivants qui habitent la terre l’homme est capable de gouverner les choses par des dispositions techniques…, de gouverner les autres par des dispositions pragmatiques, qui consistent à tirer parti des autres hommes pour ses propres fins, et d’agir sur lui-même par des dispositions morales.


Pratique. —. : On nomme pratique ce qui se rapporte à la liberté. » L’éducation pratique ne se rapporte pas seulement à ce que nous appelons aujourd’hui le sens pratique. Elle comprend : 1° l’habileté ; 2° la prudence ; 3° la moralité (Traité de Pédagogie, De l’éducation pratique). Elle est même surtout l’éducation morale. Prudence. — « Les règles de l’intérêt ou maximes de la prudence représentent la nécessité pratique d’une certaine action comme moyen pour quelque autre chose qu’on désire….. Dans ces règles, il n’y a pas à se demander si le but que l’on se propose est bon ou mauvais ; il ne s’agit que de ce qu’il faut faire pour l’atteindre. Les préceptes que suit le médecin qui veut guérir radicalement son malade et ceux que suit l’empoisonneur qui veut tuer un homme à coup sûr ont pour tous deux une égale valeur en ce sens qu’ils leur servent également à atteindre leur but. Dans la jeunesse, comme on ne sait jamais quel but on aura à poursuivre dans le cours de la vie, les parents cherchent à faire apprendre beaucoup de choses à leurs enfants ; ils veulent leur donner de l’habileté pour toutes sortes de fins ; et ce soin même est si grand chez eux, qu’ils négligent d’ordinaire de former et de rectifier le jugement de leurs enfants sur la valeur même des choses qu’ils pourront avoir à se proposer pour fins. En général, la formule par laquelle on peut se représenter ces sortes de préceptes subordonnés ainsi à une certaine condition, c’est-à-dire à l’hypothèse d’un certain objet désiré, c’est un proverbe populaire : « Qui veut la fin veut les moyens. » (Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs.)

Dans le Traité de Pédagogie (De l’éducation pratique), le mot prudence a un sens plus restreint et plus précis. Il désigne l’art d’appliquer notre habileté à l’homme, c’est-à-dire de nous servir des hommes pour nos propres fins.


Raison. — « La raison est la faculté d’apercevoir la liaison du général avec le particulier. » (Traité de Pédagogie.) On sait que Kant distingue la raison spéculative et la raison pratique. La raison spéculative est la raison dans son rapport avec la faculté de connaitre. La raison pratique est la raison dans son rapport avec la volonté. Rousseau (J.-J.) 1712-1778. — Ses principaux ouvrages sont : — Une réponse à cette question posée par l’Académie de Dijon : Le progrès des sciences et des arts a-t-il contribué à corrompre ou à épurer les mœurs ? — Une réponse à une autre question posée par la même Académie : De l’origine de l’inégalité parmi les hommes ; — la Nouvelle Héloïse ; le Contrat social ; — !’Émile ; — les Confessions ; — la lettre à d’Alembert sur les spectacles ; — l’Émile (1762), roman philosophique sur l’éducation, contenait les principes d’une véritable révolution pédagogique. Le naturalisme était partout opposé à l’ancien rationalisme. Le retentissement de cet écrit fut grand en France où il souleva de vives polémiques. Mais c’est en Allemagne que Rousseau trouva des disciples et que sa méthode fut appliquée. Parmi ces disciples, outre les pédagogues proprement dits, il faut citer les plus grands Allemands d’alors : Kant, Gœthe et Schiller.


Segner (Jean-André de}, 1704-1777. — Naturaliste et mathématicien allemand, fut successivement professeur à Iéna et à Gœttingue.


Scolaire. — Qui a trait à l’école, partant au travail. Culture scolaire et culture forcée sont synonymes, et s’opposent à culture libre. (Voir Culture.)


Scholastique. — La culture scolastique (du latin schola) n’est autre chose que l’instruction.


Socrate, Méthode socratique 470-400 avant J.-C. — célèbre par la révolution philosophique qu’il accomplit, et par sa mort. Il avait détourné ses contemporains des spéculations où la science d’alors se perdait, et avait « ramené la philosophie du ciel sur la terre ». Sa méthode consistait et se résumait dans la maxime : Connais-toi toi-même. qu’il ne cessait de répéter. Et il apprenait aux autres à se connaître, à lire en eux-mêmes en les interrogeant habilement. Cette interrogation est ce qu’on a appelé l’ironie socratique. Il prétendait qu’il faisait le même métier que sa mère, qui était sage-femme, et qu’il accouchait les esprits. — Ses plus célèbres disciples sont Xénophon et Platon. Mais toute la philosophie grecque, et même toute la philosophie humaine relève de lui, car il fut le fondateur de la morale comme science.

Strict. — On distingue en morale les obligations strictes et les obligations larges ou imparfaites. Les obligations strictes sont celles que détermine un devoir précis. Elles consistent le plus souvent à ne pas faire. Les obligations larges sont une marge laissée a l’initiative des bonnes volontés. Quelques moralistes se refusent à cette distinction, ou tout au moins prétendent que les obligations larges sont tout aussi obligatoires que les autres.

Tempérament. — Le tempérament est pour Kant notre manière de sentir, telle qu’elle dépend de notre constitution corporelle. C’est là d’ailleurs, lorsque ce mot est employé dans le langage psychologique, son sens classique.

Tongouse. — Peuple de la Russie d’Asie.

Tristram Shandy. — La vie et les opinions de Tristram Shandy (en 9 vol.) de Sterne (Laurence) 1713-1768, qui est aussi l’auteur du Voyage sentimental.


FIN








Notes de Kant[modifier]

  1. (1) Proverbe analogue à notre : « Dis-moi qui tu hantes… »

Notes du traducteur[modifier]