Traité des sièges et de l’attaque des places/36

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TABLE

Pour les différentes grandeurs des mines dont on se peut servir dans les siéges, réglées suivant la moindre épaisseur des terres qu’elles ont à chasser, depuis 5 pieds jusqu’à 40 ou depuis 10 pieds de hauteur de rempart jusqu’à 80.
Hauteurs des rem­parts au-des­sus des cham­bres.
Profondeurs des gale­ries jus­qu’aux cham­bres.
Mesures des cham­bres en pieds et pouces courans.
Quantités de poudre nécessaires à la charge des mines.
10 pieds. 15 pieds. 0 pieds. 17 pouc. 1110 liv.
12 16 0 18 1118
14 17 0 10 1128
16 18 0 11 1142
18 19 1 11 1160
20 10 1 12 1182
22 11 1 13 1109
24 12 1 14 1142
26 13 1 15 1180
28 14 1 17 1226
30 15 1 19 1277
32 16 1 10 1336
34 17 1 11 1403
36 18 2 11 1479
38 19 2 12 1564
40 20 2 14 1657
42 21 2 15 1761
44 22 2 16 1875
46 23 2 18 1000
48 24 2 19 1136
50 25 2 10 1294
52 26 3 10 1444
54 27 3 11 1617
56 28 3 13 1803
58 29 3 14 2004
60 30 3 16 2218
62 31 3 17 2447
64 32 3 18 2692
66 33 3 10 2952
68 34 3 11 3229
70 35 4 10 3522
72 36 4 12 3883
74 37 4 13 4161
76 38 4 14 4510
78 39 4 16 4873
80 40 4 17 5258

USAGE DE CETTE TABLE[1].

Usage de la table précé­dente.
Connaissant la hauteur du rempart, connaître la capacité de la mine qui lui convient.
exemple.

Si le rempart a 30 pieds de haut, cherchez dans la première colonne, hauteurs des remparts, le chiffre 30 : vous trouverez vis-à-vis dans la seconde colonne, 15, qui est l’enfoncement du mineur dans les terres ; dans la troisième, le chiffre 1 pied 8 pouces, dénote la dimension de la chambre en tous sens ; c’est-à-dire un pied 8 pouces de haut, sur un pied 8 pouces de large, et autant de profondeur ; et dans la quatrième colonne vous trouverez 277 livres, qui est le nombre de livres de poudre nécessaire à charger la chambre, auquel vous pouvez ajouter un tiers ou un quart[2], en considération de la solidité du revêtement, et de l’humidité des poudres ; ainsi, si à 277 vous ajoutez 93, viendra 370 livres pour la charge de la mine ; la grande précision est ici peu nécessaire ; il peut être ainsi de toutes les autres.

Nota. 1o Que quand on fixe la longueur des galeries directes à moitié de la hauteur, cela ne se doit pas toujours prendre au pied de la lettre, et doit s’entendre sans compter les retours.

Cas où il s’agit de revêtemens très-élevés. 2o Que quand il s’agit d’ouvrir de grandes élévations, il vaut mieux séparer les mines en plusieurs chambres, parce que cela fait bien plus d’ouverture.

De sorte que s’il s’agissait d’ouvrir un rempart de 80 pieds de haut, la première colonne donnerait 80 pieds ; la deuxième, 40 de galerie ; la troisième, 4 pieds 7 pouces de chambre, et la quatrième 5258 livres de poudre pour la charge ; et en ce cas, on pourrait pousser la galerie en avant de six pieds de moins, et ajouter environ le tiers de 5258, viendrait 7010 livres de poudre pour la vraie charge, qui, divisée en trois, produirait de quoi charger une mine treflée à trois chambres, dont la charge, si elle était égale, serait de 2336 livres de poudre pour chacune ; mais attendu que celle du milieu doit être enfoncée de 7 à 8 pieds plus que les autres, j’y mettrais 3010 livres de poudre, et 2000 livres dans chacune des autres ; ce qui ne pourrait manquer de produire un grand effet.

À l’égard de la grandeur des chambres qui peuvent convenir à ces différentes quantités de poudre, il n’y a qu’à prendre garde au nombre de la quatrième colonne qui approche le plus de cette quantité ; ainsi 2952 étant le chiffre qui a le plus de rapport à 3010, je regarde vis-à-vis dans la troisième, et je trouve 3 pieds 10 pouces pour la hauteur, longueur et largeur de la chambre ; et à l’égard de celles à 2000 livres, la capacité des chambres se trouvera vis-à-vis le nombre de 2004, qui est celui de la quatrième colonne qui en approche le plus près ; je regarde donc à la troisième colonne vis-à-vis, et je trouve 3 pieds 4 pouces, qu’il faut entendre en tous sens, comme la précédente, pour la grandeur des chambres qui leur conviennent ; et ainsi de toutes les autres ; remarquant que bien que les règles de la table soient bonnes d’elles-mêmes, il se trouve de si grandes différences tant dans la qualité des terres, dont les unes glaises, les autres grasses, d’autres sablonneuses, et d’autres mêlées de roc ou rocailles, et même d’autres de roc solide, que dans la solidité des revêtemens, Observation importante sur l’usage de la table. dont les uns se défendent incomparablement mieux que les autres ; d’ailleurs il y a tant d’inégalité dans la force des poudres, que le plus sûr est de fortifier toujours la charge ; le plus ne pouvant faire de mal[3], si ferait bien le moins.

Du compas­sement des feux. 3o Bien qu’il ait été parlé de l’importance extrême d’égaler les feux pour les pouvoir donner juste à plusieurs chambres à la fois, je dois répéter ici qu’il n’y a rien de plus nécessaire, et que non-seulement on doit bien prendre garde de tenir la saucisse sèchement, et non trop pressée dans les augelets ; mais qu’il la faut bien compasser ; en sorte qu’il n’y en ait pas un demi-pouce de long à l’un des bras de la mine plus qu’à l’autre ; et dans celles où il y a plusieurs fourneaux, comme les galeries doivent être de différentes longueurs, il faut faire aller la saucisse de droite à gauche dans la galerie, en forme de zigzag, comme elles sont représentées : aux planches 17, 18 et 19, et surtout bien placer le foyer, qui est le lieu choisi pour donner feu à la mine.

  1. Calcul des chambres et des charges, sans le secours de la table.

    Au défaut de cette table qu’on ne peut pas toujours avoir avec soi, il y a un moyen simple pour trouver la mesure des chambres, et la quantité de poudre qui leur convient.

    1o Prenant le neuvième de la moindre épaisseur de terre ou de maçonnerie jusqu’à la mine, l’on aura la mesure des chambres en tous sens.

    2o Pour la quantité de poudre, prenant le cube de la moindre épaisseur de terre ou maçonnerie, et retranchant la dernière figure, le reste sera la quantité nécessaire sur le pied de 18 livres par chaque toise cube. Mais si l’on n’en veut donner que 15 livres, il faudra retrancher un sixième du nombre resté ; de même pour 12 livres par toise cube, il faudrait retrancher un tiers.

    exemples.

    Supposons une moindre épaisseur de 20 pieds, le neuvième sera 2 pieds 3 pouces pour la mesure de la chambre en tous sens.

    Pour les poudres, supposant la même épaisseur de 20 pieds, le cube de 20 est 8000 ; retranchant la dernière figure, reste 800, qui est la quantité de poudre à 18 livres par toise cube. Que si l’on n’en voulait donner que 15 livres, comme 15 diffère de 18 d’un sixième, il faudrait retrancher un sixième de 800, resterait 667, nombre assez conforme à celui de la table, parce qu’on l’a faite sur le pied de 15 livres par toise cube. Ainsi à 12 livres par toise cube, il faudrait retrancher un tiers, parce que 12 est d’un tiers moindre que 18 ; ôtant le tiers de 800, restera 534 livres pour la quantité de poudre nécessaire à une mine enfoncée de 20 pieds, remarquant qu’à 18 livres c’est beaucoup, et qu’à 12 livres c’est bien peu. (Note du manuscrit.)

  2. Ici Vauban ajoute un tiers ; précédemment il n’avait ajouté qu’un cinquième, page 175, mais il avait supposé la chambre plus grande qu’elle ne l’était, pour avoir un nombre rond.
  3. Cormonlaingne trouve qu’il y a des inconvéniens à augmenter les charges, les pierres et les terres, lorsque les charges sont trop fortes, étant chassées avec violence du côté des attaques, les entonnoirs très-évidés, et les brèches peu praticables. (Mémorial pour l’attaque, fin du chap. XIII.)