Trois mois dans les Pyrénées et dans le midi en 1858/Ascension de Crabioules

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Luchon, dimanche, 15 juillet.


ASCENSION DE CRABIOULES.


À deux heures, papa Redonnet, avec son petit rat-de-cave et ses gros souliers, vient frapper à ma porte. Les chevaux nous attendent. Habillé en hâte, et couru trouver P... Nous partons à deux heures quarante-cinq minutes avec Redonnet et Ladrix Guardien, guide à l’air fin et intelligent, et un garçon pour ramener les chevaux du lac d’Oo, nous attendre à la vallée du Lys. Traverse Luchon endormi ; le réveillant de quelques coups de fouet. Le ciel est parsemé d’étoiles.

Il y a quelque chose de mystérieux et de frappant à chevaucher la nuit entre les montagnes, et à se sentir enveloppé de leurs grandes ombres indistinctes. Monté toutes les pentes de la route de Saint-Aventin en pleine nuit.


Fausta Venus cielo nobis arridet ab alto


Elle est étincelante et précède le soleil. Bientôt les sommets derrière nous se découpent sur un ciel blanchissant ! Matutini albori. Cheminée alertement, humant la fraîcheur et le plaisir présumé.

Dans le fond, au delà d'Oo, on voit les glaciers au-dessus de la verdure, avec cette teinte cendrée gris perle qu'ils prennent à l'aube ou à la chute du jour, immédiatement avant ou après le soleil, et que je n'avais pas revue depuis la Suisse. La nature sort des limbes, et secoue l'engourdissement qui précède le réveil complet à la vie, à la lumière, à la couleur , au mouvement. Fredonné : La nature murmure l’hymne de son bonheur.

Aux cabanes d’Astau à quatre heures quinze minutes ; au lac d’Oo à cinq heures. Les sommets déjà touchés de la lumière, qui descend, envahit et anime de plus en plus le paysage. Les gens du lac, sortant du lit et grelottants, allument leur foyer. On sent le frisson du matin. Mangé un morceau de pain à la cabane. Nous passons le lac en bateau. Il est encore endormi, mort et terne ; pas un souffle ni un rayon sur ses eaux sombres et uniformes. La cascade tombe morne. Mais il y a un certain charme dans ce recueillement en elle-même de la vie qui n’est pas encore née. Das an sich sein. Nous sommes dix minutes sur l’eau.

Au-dessus du lac, à la hauteur de la cascade, on s’enfonce dans un couloir étroit et pierreux qui arrive par un petit port en vue du second lac (Espingo), à six heures vingt-cinq minutes. Laissé à droite Espingo, lac bleu, abrité sous un grand mur de rochers, qui l’enveloppent et le dominent, et ayant devant nous le troisième lac (Saounsal), d’un vert clnir blanchâtre. La scène en face de Page:Tonnellé - Trois mois dans les Pyrénées et dans le midi en 1858.djvu/86 Page:Tonnellé - Trois mois dans les Pyrénées et dans le midi en 1858.djvu/87 Page:Tonnellé - Trois mois dans les Pyrénées et dans le midi en 1858.djvu/88 Page:Tonnellé - Trois mois dans les Pyrénées et dans le midi en 1858.djvu/89 Page:Tonnellé - Trois mois dans les Pyrénées et dans le midi en 1858.djvu/90 Page:Tonnellé - Trois mois dans les Pyrénées et dans le midi en 1858.djvu/91 Page:Tonnellé - Trois mois dans les Pyrénées et dans le midi en 1858.djvu/92 Page:Tonnellé - Trois mois dans les Pyrénées et dans le midi en 1858.djvu/93 Page:Tonnellé - Trois mois dans les Pyrénées et dans le midi en 1858.djvu/94 Page:Tonnellé - Trois mois dans les Pyrénées et dans le midi en 1858.djvu/95 Page:Tonnellé - Trois mois dans les Pyrénées et dans le midi en 1858.djvu/96 Page:Tonnellé - Trois mois dans les Pyrénées et dans le midi en 1858.djvu/97 Page:Tonnellé - Trois mois dans les Pyrénées et dans le midi en 1858.djvu/98